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jeudi 20 novembre 2014

(still) Channeling the quintessence of quelque chose

Photo courtesy of Sheol

Channeling the quintessence of quelque chose, mais on ne sait plus exactement quoi... Ça fait si longtemps qu'on écoute du death metal, du black metal, et que l'on sait qu'Il n'existe que dans notre phantasmagorie - la vraie vie étant autrement plus hardcore que dans les paroles de Marduk ou Darkthrone. Merci Brel, merci Ferré, autres sidérurgistes  du réel ignorant le palm muting et le tremolo picking. Ça fait longtemps aussi qu'on fait la part des choses entre rébellion adolescente et soumission systémique, une place doit exister entre, on cherche notre air, on ne se rêve plus mais on espère toujours, on n'a que peu de temps, la vie est courte et la mort nous en guérira bien assez tôt. On a besoin d'acier pour mettre dans le roseau de notre squelette, d'argile pour combler les trous de notre estomac. Notre cerveau spongieux prendrait bien un peu de phosphore, mais du collagène ferait aussi bien illusion. Mais. Mais. Mais... Morbid Angel, à qui l'on pardonnera son satanisme original nourri aux sources américaines libéralo-LaVeyenne, demeure dans notre vie et sa puissance évocatrice aussi. Je ne renierai en aucun cas ce que j'écrivais ici, ou ce que je lisais ailleurs ; la musique de ces américains reste cette symphonie tellurique se nourrissant des racines de la Terre pour taquiner les Grands Anciens terrés dans ce coin, là, de notre esprit.

Dans une petite ville de Province Française j'ai vu le petit cirque de David et Trey, et toute la porcelaine de mon âme a été réduite à néant en l'espace de deux petites heures. J'ai de nouveau dix-sept ans, la vie devant moi, le temps est courbé par un trou de ver nommé Death Metal Supreme. Iron Maiden me déniaise, Metallica me terrasse mais Morbid Angel est un choc extrême ; Emperor viendra ensuite mais la bande à David et Trey et Pete et Mike et Richard et Steve et Eric reste un sigillé d'éternité et de puissance, un élixir de jouvence granitique, de montagnes hallucinées et de torrents indomptables. Encore et toujours, hier comme demain, loin du siècle dernier emprisonnant ces dix-sept ans dans une capsule lycéenne aux couleurs passées, j'écoute Morbid Angel les matins gris et les jours sombres. Un baume au cœur pour se rappeler que les secured limitations sont une vue de l'esprit et que, tout sac de chair et d'os que je sois, ma volonté existe. La nuit ? Que non, c'est bien la lumière qui point à l'horizon de cet art ancré au cœur de la montagne Death Metal, mais qui pourtant la surplombe. Morbid Angel, plus que bien d'autres Grands Anciens pour certains titans endormis (Nocturnus...), reste au firmament de mon panthéon non plus par la violence de sa musique, mais bien par la résonance qu'il créa jadis en moi et qui, en cette soirée de novembre, fait un écho assourdissant dans le silence de ma vie. Channeling the quintessence of quelque chose.

To be Limoged in Chaos, that's what happened to me some time ago, witnessing the extraordinary full display of Covenant by Morbid Fuckin' Angel. David Vincent and mastermind Trey Azagthoth are now flanked by drummer Tim Yeung and guitarist Destructhor (of Myrkskog and Zyklon fame), two beasts in their own rights (watching Destructhor bent over his guitar almost to breakpoint, windmilling as it to fly like some lovecraftian madman is a sight to be seen !). From Rapture to God Of Emptiness everything went according to the grimmest plan, meaning a full-blast attack of ripping, mineral, esoteric death metal. Following the interpretation of Covenant, the band tore through some classic shit such as you-name-it, including some gems from the mighty Tucker / Rutan era. Absolutely sick while retaining the occult, obsidian magick deeply engrained in Morbid Angel's ravenous heart.

Le site de Morbid Angel.

...et toujours :
L'ère Tucker, chat tue
Morbid Angel : un bon coup de pied occulte

samedi 26 avril 2014

Contes morbides

Le black metal jugé par les vivants

L'Histoire (avec un grand H comme dans Hellhammer) se fait parfois plus black metal que le black metal et les amateurs d'anecdotes frappantes - les petites histoires faisant la grande - connaissent sûrement celle du Concile cadavérique. Pour des raisons fort éloignées de nos actuels grands problèmes politiques et sociaux, le pauvre pape Formose, déjà mort, sec comme Duff McKagan et rigide comme le cou de Tom Araya, fut exhumé pour répondre d'un crime de trahison. Les accusateurs (la noblesse italienne de la fin du neuvième siècle) lui attribuent un avocat charger de répondre à sa place (sans blague), et après avoir revêtu le cadavre putréfié d'atours pontificaux (« ça lui collait à la peau », oserai-je), décident de lui couper les doigts bénissants et de le jeter dans le Tibre plus habitué à charrier des courtisanes syphilitiques que des papes déterrés. Avant la baignade, ses habits nouvellement passés lui furent arrachés (des bouts de pape venaient avec)... et plouf, s'en fut fini du pauvre Formol - oups, Formose, qui disparut avec son cilice, sa dernière possession qu'on ne put lui ôter car trop enchâssée dans le cadavre. Dire qu'il avait toujours cru qu'il y avait quelque chose après la mort... c'était donc vrai !

Cet événement également connu sous le nom d'Horrible synode est l'un des plus lugubres qu'il me soit donné de connaître dès lors que l'on parle des histoires de l'Histoire, et à coup sûr il a dû être relaté à de nombreuses reprises sur diverses sorties black metal. Marduk, cependant et à mon sens, serait peut-être le meilleur candidat - Monsieur Håkansson étant un féru d'Histoire à prendre au sérieux - pour la raconter à nouveau (surtout depuis que le groupe, grâce à Monsieur Mortuus, s'est paré des atours les plus sinistres qu'il ait jamais connu).

Did you know about the Cadaver synod ? What a strange, utterly bleak story lurking in the darkest corners of History. I won't relate it in details here as a minimal search on the internet will tell everything you should know about this dismal case of a cadaver pope standing a post mortem trial. But come on... can things get more black metal than this ?

lundi 14 mai 2012

Voir Metallica et mourir


Il y a des choses à faire dans la vie : on n’est pas sur ce rocher pour rien. Il y a aussi des choses à voir : pour votre serviteur, assister à un concert de Metallica faisait partie de la liste. C’est donc fait. La grande objectivité qui caractérise ces pages dès qu’il est question des San-Franciscains sera de rigueur : (ne) comptez donc (pas) sur un live report des plus impartiaux ! Un mot sur le Stade De France, structure impressionnante et équipée de trois immenses écrans HD, chacun plus grand qu’un terrain de tennis : sans eux, je n’aurais absolument rien distingué du concert car trop loin sur les gradins (et placé au plus haut : vertigineuse impression quand on s’installe). Fin du quart-d'heure provincial...

Passons sur Gojira, à nouveau présent sur une tournée Metallica : ces mecs, dont la rifferie mécanique et métronomique doit beaucoup au jeu de Hetfield, doivent vraiment vivre un rêve éveillé. Cependant et bien que très client, impossible de vraiment apprécier : un son catastrophique m’aura contraint à bouger la tête de mémoire plus que de ressenti. J’avais l’impression d’être un de ces petits chiens en plastique à l’arrière des voitures, opinant du chef sans trop savoir pourquoi (les Japonais font ça très bien aussi). Mais entendre, plus qu’écouter, Gojira dans ces conditions n’était rien en comparaison de ce qui allait suivre… The Kills. Perplexité totale à la « what the fuck » : pourquoi eux ? Pourquoi ici ? Pourquoi cette place (j’opte pour un calcul machiavélique) ? Ce fut atroce : inutilement bruitiste (je sais la tendance noisy du groupe mais là…), et juste chiantissime, le tout desservi par un son horrible. Gros, énorme plantage de The Kills, qui n’avait rien à gagner ce soir-là : ouvrir de cette façon pour un groupe comme Metallica, c’est se donner aux lions dans une arène à l’exclusivité pourtant connue. Alison Mosshart, à qui on pincerait néanmoins bien les fesses, conclut tant bien que mal à grand renfort de doigts d’honneur adressés à une foule bien élevée et patiente, qui finit néanmoins par siffler à l’approche de l’heure fatidique. Il semble que je sois condamné aux premières parties pénibles sur les gros concerts en stade (le pire avait été atteint sur la tournée Early Years de Maiden, au Parc des Princes : j’avais du me tartiner Within Temptation, mais surtout, enfer et damnation, Dream Theater : une agonie mes amis. Une agonie)…

« Vos acouphènes ont vingt ans », proclame la bannière géante accrochée sur les flancs du stade. Vingt ans, peu ou prou, c’est bien la date de sortie (1991) de Metallica, cet album calibré pour le carton (approche quasi scientifique en la matière de Bob Rock, cf les fameux Un An Et Demi De La Vie De…) vendu à plus de trente millions d’exemplaires et qui aura propulsé Metallica à sa périhélie. Le Black Album, c’est aussi celui par lequel nombre d’entre-nous avons découvert gamins le groupe (vous vous souvenez quand vous expliquiez à vos copains que Metalloche c'est mieux que Guns ?), et c’est surtout celui qui aura clairement démocratisé le heavy metal « grand public » malgré son paradoxe (un contenu aussi noir que sa pochette en termes de paroles). Philippe Manœuvre, toujours visionnaire, n’a pas mis Metallica mais le Garage Days dans sa « discothèque idéale ». Présent ce soir-là, j’espère que cela lui aura soufflé l'idée de publier un second tome. Ou pas, en fait.

Metallica n’a plus rien à prouver depuis longtemps… Metallica n’a plus besoin d’argent depuis longtemps (sortir un machin dadaïste comme Lulu, vous pensez vraiment que c’était pour le vendre ? Si c’est le cas, think twice, think better. Idem pour la place : un groupe de cette stature, dans un tel lieu, la fait plutôt payer entre 100 et 200 euros que 65)… Je les attends, ils arrivent. Ca y est, les Saints-Pères prennent la scène. Oh putain. Ce n’est pas tout les jours qu’on assiste à une révélation mystique : je me fais l’effet d’être Paul Claudel derrière son pilier de Notre-Dame de Paris. Pour la set-list, vous la trouverez partout, mais attaquer à 200 à l’heure avec Hit The Lights, Master Of Puppets et No Remorse, ça donne le ton… Metallica est en forme, ça joue serré, et Jaymz a ressorti la veste à patches bardée de Saxon, Venom, Tank et autres Motörhead… le charisme extraordinaire de cet improbable saltimbanque redneck partagé entre le cambouis des moteurs qu’il affectionne bricoler et ses penchants pour l’art et l’essai opère et frappe : ses ouailles sont tout ouïes et la grand-messe qui s’annonce, bordel, promet le Grand Tremblement.

Le morceau de bravoure, bien sûr, c’est la célébration du Black Album après une vidéo commémorative sympathique bien que squeezant mesquinement Jason : quelle idée géniale que de l’entreprendre à rebours pour finir, avant les rappels, sur l’apothéose Enter Sandman (foule au bord de l’apoplexie) ! Le son étonnamment bon pour un stade ainsi que la bonne diction de Jaymz permettent, j’insiste, de se rendre compte de la qualité des paroles de l’album noir (Holier Than Thou, My Friend Of Misery, Sad But True, The God That Failed, Wherever I May Roam magique et pour l’occasion accompagnée d’une chouette vidéo…). On aura même bien supporté Nothing Else Matters qui, quoi qu’on en pense, reste traversée par cette fulgurance : elle invalide d’elle-même depuis vingt ans la première des critiques qu’on pourrait lui faire car, justement et loin de compter fleurette comme les dégoulinantes power-ballads de l’époque, la chanson traite de l’importance de rester soi-même sans se compromettre par rapport à ce qu’attendent les autres de vous. En clair, une ballade qui dit qu’elle vous emmerde. Joli subterfuge, non ?

Jaymz… que dire de plus ? A-t-il trouvé la fontaine de jouvence dans son jardin (qui serait sûrement classé Parcs & Forêts en France) de Marin County ? S’est-il libéré définitivement de ses mauvais génies ? Sa prestation fut impériale : vocale, instrumentale, et quel Monsieur Loyal – on avait l’impression d’être ses hôtes ce 12 mai 2012… On se serait passé des discours un peu démago (« Metallica family », on l’aura entendu un trop grand nombre de fois !), mais après tout c’était un passage obligé : ce qui choquerait, ce serait d’entendre ça de la bouche de Mortuus à un concert de Marduk. Je ne suis pas assez musicien pour juger de la prestation de Lars qui, bien qu’éreinté par beaucoup (qui certainement ne doutent pas jouer mieux que lui…), n’a pas été ridicule malgré quelques flottements sur les parties de double (One), mais ça passait à l’aise de façon générale. Reste Kirk, que je trouve toujours un peu « transparent » : la faute à son attitude limite désinvolte alors qu’il enquille quand même de sacrés soli, ou à ma faiblesse pour Hetfield dont le jeu rythmique focalise immanquablement mon attention ? Rien à dire sur Rob Trujillo : paraît qu’il faut un bassiste dans un groupe. Eh bien, Metallica a un bassiste. Blague à part, Trujillo est un monstre d’attitude, et on pressent, avec un sentiment diffus d’injustice, que Newsted est en passe d’être relégué au rang du troisième bassiste de Metallica (on oublie Mc Govney) en termes d’importance. Rude au regard des états de service impeccables de ce bon vieux Jason : le malaise entre lui et Metallica aura été permanent, couvant pendant 15 ans.

Bref, au-delà de la confirmation de l’extrême générosité du groupe (qui, je le rappelle, donne gratuitement tous ses concerts qualité soundboard sur son site), son excellente tenue sur scène rassure et promet : plus de deux heures apocalyptiques mais bon enfant pour un rêve réalisé… N’écoutez pas les pisse-froids (gageons que les Inrocks et autres prescripteurs de goûts auront vu en The Kills le principal attrait de la soirée dans le papier qu’ils écriront en se bouchant le nez) ! Car Metallica continue son miracle « Robert Hossein » permanent : faire du grand spectacle, pour le grand public, sans compromettre son art. De 7 à 77 ans, de Nothing Else Matters à Battery, tout le monde a vu son Metallica sur scène.  Judge not lest ye be judged yourself ; c’est avec Leur Sainte Parole que je conclurai cet article, encore une fois et sans surprise, d’une parfaite objectivité sur le sujet.

Un grand merci à Nicolas Gaire qui m'a permis d'utiliser ses chouettes photos pour les images placées en lien sur les noms des musiciens : retrouvez la totale ici. Les deux clichés visibles directement sont l'oeuvre de votre serviteur.

Hey friends… Just saw ‘Tallica last Saturday and believe me, ‘twas great. I mean, reeeaaally great. I just wrote an extended article ‘bout it in French so I don’t feel like translating it just for the sake of translating it but I wasn’t let down by the guys. As a commemorating gig mostly dedicated to the Black Album’s 20th anniversary, the four horsemen fiercely tore backwards into it, nailing each number down from Struggle Within to Enter Sandman. Bullet after bullet, it all went down "straight between the eyes". Baaad motherfuckers…

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vendredi 17 février 2012

Reich morbide

Le black metal au sens où je l'entends - et comme je l'entends au sens propre - n’est pas fait pour être beau ; d'esthétique il ne connaît que celle du chaos ; invertie et non-euclidienne ; rejetée par nature et par destination. Le black metal est un cadavre qui vit encore, un cancéreux en phase terminale qui ne mourra jamais et qui en a la superbe assurance, parfois la morgue : un éclair méchant au fond de ses prunelles putréfiées nous en donne régulièrement la preuve pour peu qu’on sache le trouver et l'écouter. Le black metal n'a rien d'une statue marmoréenne, laissant cela à ses cousins bien portants que sont le death puissant et victorieux ou le doom séculaire figé dans son hiver ; tout au contraire il est un transi asticoté, abscons et contrefait ; sa chair bleuie n’effraie peut-être plus grand-monde mais continue à provoquer hauts-le-cœur et malaise : vermoulue et spasmatique, le pus qu’elle exècre est pour certains, un nectar. Les repères esthétisants n’ont plus cours, car il leur échappe : les références sont déplacées et le sommet devient le fond comme l’éructe Vorphalack dans l'incantation lugubre qu’est Ceremony of Opposites. La crasse et la pisse maculent son ignoble corps dont la chétivité continue de surprendre – à l'inverse du death metal qui se manifeste dans la démonstration de force ; le black metal cultive le vice et rampe sournois dans la fange qui le nourrit et dans sa plus totale déréliction, il ne se laisse entendre qu’à l'état de glaire auditive telle l’horreur liquide coulée sur MoRT, ainsi régurgitée ponctuellement par certains de ses plus misérables hérauts.

Cet immondice musical n’est pas fait pour être compris et d’ailleurs, n'aime pas à s’expliquer ; restant pantois devant la piteuse littérature prétendument analytique produite actuellement à son envers ; préférant être subi ou apprécié généralement sans milieu ni demi teinte – comme toute forme d’expression extrême il a quelque chose d’une déclaration de guerre intime et en provoquera beaucoup ; dont quelques-uns seulement sauront capituler et s’abîmer dans son adulation (voire sa reproduction) comme je l’ai fait avec Samael, Emperor, AbigorOccultImmortal, Mayhem, Marduk et tant d’autres voici maintenant quelques lunes. Le black metal n’a jamais été musique mais avant, toujours, état d’esprit et survit traîtreusement dans la tête de ceux qui ont su l’accueillir une nuit - il meurt passagèrement mais existe toujours et bien qu’écoutant tant de choses différentes aujourd’hui, avec parfois du soleil et des couleurs, demeure pour moi une silencieuse et bruyante énigme qui continue à se faire, par-delà les années, son propre et sinistre écho. Récemment révélés ; Ondskapt (Arisen From The Ashes), Arckanum (Helvìtismyrkr), Saturnian Mist (Gnostikoi Ha-Shaitan).

Hard to find, these days, your dose of real black metal as you want it to be - amongst masses of uniformly played-and-produced records, though, it still lives. Crude and raw, foul smelling and evil sounding, that's how I love it to be - sometimes horror intertwines itself with an elegant form of cadaveric, hurling beauty and to me, that's what black metal is all about - definitely one of the strangest and strongest forms of artistic expression found on this side of the world.

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mercredi 22 décembre 2010

Stade terminal pour 2010

Qu’on le veuille ou non le metal, musique populaire au sens premier du terme, est fortement marqué par, sinon teinté de christianisme – un fait avéré à chaque Noël. Il suffit de constater année après année les conneries d’initiatives genre « Rob Halford Chante Le Père Noël » (cette année je crois que c’est Udo qui s’y colle), ou de remarquer dans les bacs le énième album du Trans-Siberian Orchestra concurrençant Jack Lantier sur ses terres. J’avais moi-même pensé à mettre à l’occasion de chaque dimanche de l’Avent une notule anecdotique relative à cette célébration – en commençant par cette interview nostalgique du Priest narrant comment le groupe, dans ses débuts fauchés, avait arrêté son tour-bus minable en pleine autoroute pour aller couper un sapin aperçu derrière la bande d’arrêt d’urgence, tout miteux et grisé par les dépôts de gaz d’échappement. Cet arbre une fois décoré – on ne sait comment - avait permis aux musiciens de se réchauffer un peu le cœur (toujours utile, à la veille de conquérir le monde). Mais bref, je n’ai pas eu le temps de faire ces quatre articles et on se contentera donc d’un petit récapitulatif d’une autrement triste année (Dio, Steele, Palomäki…).

Artistiquement et selon votre serviteur 2010 a été écrasé par deux albums ayant explosé à vue toute concurrence. Triptykon d’abord ; Eparistera Daimones couronnant un come back (Tom G. Fischer) comme on en a peu vu depuis celui de De Gaulle en cinquante-huit. Plus que la survivance d’un Celtic Frost, Tritptykon est avant tout la troisième incarnation de Hellhammer et le capitaine de ce corbillard sonique prouve que tout le pouvoir créateur de ses précédents groupes lui appartenait – à lui seul. En revanche je suis beaucoup plus circonspect sur l’EP « de compagnonnage » paru récemment et espère que cela ne deviendra pas un gimmick commercial puisqu’une telle sortie était déjà prévue pour compléter (sic) Monotheist. La seconde sortie de l’année, c’est bien sûr l’extraordinaire Lawless Darkness de Watain, où comment ouvrager un black metal hautement esthétisant sans lui concéder cette odeur d’humus de cimetière, ni la laideur contrefaite originale de cette musique – un paradoxe donc comme l’est tout grand album de black metal. Et quelle violence mes aïeux ! Violence dont la bonne production n’est pas la seule responsable (cache-misère trop fréquent), non, ce sont bien les compositions qui « élèvent » Watain à ce nouveau degré d’extrémisme.

Voilà pour 2010 – vous noterez l’implémentation sur cette nouvelle formule d’un lecteur de musique qui devrait, à l’heure où j’écris, fonctionner un peu mieux que l’estomac de Bret Michaels.

Wow, is 2010 already gone ? Almost it seems – and what a short year it was, wasn’t it ? It was also a sad one, punctuated by multiple “departures from the mortal”, as Marduk would put it. Ah, let’s get away with it – spirit of the dead outlives memories of the mortal. Artistically speaking 2010 will be remembered, that’s for sure, as Triptykon and Watain both have released critically acclaimed, astonishing works of fury and hell in Eparistera Daimones and Lawless Darkness : occult and heavy as fuck will be my last comment on these. Ya have to read French for more ! Bye bye, so long.

lundi 17 octobre 2005

Black is black !!! (and Marduk ist krieg)

Fut un temps pas si lointain où le metalleux extrémiste que j'étais ne jurait plus que par le True Evil Méchant Vilain Black Metal. Bouh. Après avoir franchi tous les paliers en matière de brutalité musicale, voici que la galaxie black metal s'ouvrait à moi. Un choc. Bref, une époque épique qui rime pour moi avec cheveux longs, soirées arrosées dans les bois (!!!), et terrorisme musical par le biais d'une pauvre Aria Pro II qui aurait probablement préféré avoir été recueillie par un gentil bluesman que par un jeune antichrist wannabe. Ouch. Tout ceci est désormais derrière moi et si autrefois je prenais un malin plaisir à aller au lycée vêtu du célèbre T-Shirt Let's Fucking Die d'Impaled Nazarene, aujourd'hui j'imagine à peine aller au travail sans m'être rasé. Mes rangers prennent la poussière, et la couleur a mystérieusement envahie ma garde-robe. Les mentions « no female vocals, no synth, just fuckin' raw black metal », « no effects on vox » (comprendre : la voix n'est pas trafiquée et je beugle vraiment comme un goret) ou encore « no fun, no mosh, no core » érigées en labels de qualité et autres professions de foi musicale gribouillées derrière des jaquettes de démos forcément monochromes me font maintenant sourire avec un peu de tendresse amusée. Et last but not least, j'ai retrouvé l'adresse de mon coiffeur. Alors, fini tout ça ? Eh bien non, pas tout à fait. Ce serait trop simple. Certaines découvertes faites à cette période demeurent toujours, à mon sens, des chefs-d'œuvre impérissables ayant marqué l’avènement de genres musicaux qui ont sonné le glas du « hard à papa ». Et bien que mes œillères soient tombées depuis longtemps (tenez, l'autre jour j'ai bien failli acheter un best of de Michael Jackson), certains albums datant de cette période tournent toujours très régulièrement sur ma platine.

Le fabuleux Opus Nocturne de Marduk par exemple, n'est-il pas une réussite totale, intemporelle ? D'une noirceur EXTRÊME, moins brutal que la suite, peut-être, mais tellement plus méchant et vicieux que n'importe quoi d'autre dans la carrière du groupe ! Opus Nocturne est noir. Inhumain. C'est une ode à la désolation, aux abysses, et des tueries comme Deme Quaden Thyrane, Sulphur Souls ou Materialized in Stone résonnent comme autant d'hymnes proclamant la chute de l'homme et le règne des ténèbres. Mais le meilleur titre de l'album (en fait, le meilleur titre de Marduk) reste ce morceau terrible, Automnal Reaper. Pas besoin de traduction, on a compris... No fun, no mosh, no core ! Ce morceau allie haine crachée à la face du monde, mélodie funèbre et violence extrême, et personnifie le Marduk d'alors comme aucun autre. La prod' n'est pas au rendez-vous, mais on s'en fout. C'est pas la puissance du son qui fait la qualité de la musique, et ça, faudrait le dire à Rammstein par exemple. Automnal Reaper est pour moi l'archétype du morceau black metal nordique des 90's. On pourrait continuer longtemps comme ça, et parler jusqu'à plus soif de tous ces albums fondateurs (donc précurseurs, l'aspect pionnier du black metal ne sera jamais assez commenté) comme Filosofem de Burzum, In the Nightside Eclipse d'Emperor, ou Nachthymnen d'Abigor (bien qu'autrichien). Reste qu'Opus Nocturne est le point d'orgue de la carrière de Marduk, qui bifurqua ensuite vers plus de brutalité au détriment du côté « rampant » de sa musique. Le genre black metal est très souvent parasité par une avalanche de clichés venant des groupes eux-mêmes : on est toujours plus true et evil que le voisin (qui met plus de rimmel pour avoir l'air plus méchant ; ça s'équilibre). Mais Opus Nocturne  à l'instar des précités ne fait pas semblant : cet album est haineux, violent, noir, désabusé au point d'en être nihiliste, et recèle, pour qui veut bien l'entendre, ce fond de beauté froide et triste qui caractérise tous les grands disques de cette époque (un feeling très semblable hante le Transylvanian Hunger de Darkthrone).

Aujourd'hui le style a bien changé : les prod' sont énormes, les photos léchées, et les digipacks, luxueux... mais surtout l'esprit n'est plus le même. Non pas qu'il n'y soit plus, mais il a définitivement changé. Le black metal a muté et certaines révolutions du genre peuvent être datées précisément : à titre d'exemple il y a clairement un avant et un après Enthrone Darkness Triumphant, l'album qui a fait exploser commercialement Dimmu Borgir et fait voler en éclat le postulat selon lequel le BM se devait d'être mal produit. Les amateurs de pur raw black metal ont cependant toujours de quoi se décrasser les oreilles, mais le cœur du mouvement a changé de zone géographique : désormais c'est à l'Est que ça se passe, et en particulier dans tous les ex-satellites de l'URSS. Les groupes les plus virulents pour qui « pure fuckin' armageddon » veut encore dire quelque chose sont à chercher de ce côté-ci, et c'est en toute logique s'y l'on y réfléchit... Un contraste intéressant lorsqu'on sait que la première vague BM (ou deuxième, selon les points de vue) était plutôt constituée d'ados issus des classes bourgeoise aisées voire très aisées (il est intéressant de mentionner notamment le milieu socio-professionnel des parents du petit Varg Vikernes), n'ayant rien en commun avec les sociétés laissées exsangues par les anciens régimes politiques de l'Europe de l'Est. Mais pas de politique ici, le seul message c'est celui-ci : rares sont les albums BM de la trempe d'Opus Nocturne. Et comme le disait la célèbre pub Osmose, « extreme artists make extreme music » !

There was a time in my life where I would only listen to the meanest black metal on earth (and beyond). As a true antichrist wannabe, I was occasionally abusing a shitty Aria Pro II, as well as drinking and roasting supermarket meat in the woods (of Belial). That’s all over now and I have broadened my musical landscapes – well, sort of. But hey, some releases harking back to that mythical past are still spinning on my stereo. Isn’t Opus Nocturne, for instance, a formidable and timeless achievement ? Hiding in its depths Marduk’s finest moments (Automnal Reaper, Sulphur Souls, Deme Quaden Thyrane…), this masterpiece is the perfect embodiment for mottos like “no fun, no mosh, no core” or “no fuckin’ synths, just raw black metal”. For those searching for true wintry metal feelings, Opus Nocturne is, along with fuckers like Transylvanian Hunger, Filosofem or Nightside Eclipse, a must-have. Even though nothing is the same today, with huge and often “plastical” productions and over-photoshopped artwork, you can still encounter true raw black metal and I must say that today’s eastern-european scene is a pretty pissed-off one ! So yeah, some of our ancient heroes lost their original spirit, but “pure fuckin’ armageddon” still means something for so many underground acts – and that’s fine by me.