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lundi 16 février 2015

Mestre des Bestes, Roy des Leus Hullants

C'est un peu un exercice de style pour moi que cette notule, car ce jet d'encre numérique se fait en direct de mon smartphone (certifié fabriqué par des travailleurs pas nés lors de la sortie du premier Watain), ma commune étant frappée d'un embargo franco-français type « agent Orange » sur Internet depuis trois putains de semaines. Avanti !

Il me serait difficile ici de pérorer trois ans sur le génie d'Emperor, sur pourquoi In The Nightside Eclipse et Anthems To The Welkin At Dusk sont toujours l'indétrônable expression d'un black metal sophistiqué (voir verso des anthèmes crépusculaires), car c'est après tout (hey) stupide et vain de vouloir assommer quelqu'un avec une œuvre qu'il ne connaîtrait pas / mal ; aurait découvert à un autre moment / autrement que soi-même. En d'autres termes ces albums - purs manifestes d'art total, ce que d'aucuns appelleraient aussi un « gros fuck » - me sont chers pour de multiples raisons n'ayant pas trait qu'au génie de composition, ni qu'à l'avant-gardisme de leur bestialité intellectualisée, ni qu'à l'intransigeance autistico-artistique d'Ihsahn qui aura su, par icelle, se préserver des éclaboussures des événements. Non, ces disques (plaisir que d'utiliser ce mot) me sont précieux parce qu'ils sont tombés dans ma vie au bon moment, trouvant en moi un réceptacle à cette musique classique d'un nouveau millénaire ou plutôt d'un inframonde insoupçonné. Towards The Pantheon, With Strenght I Burn, Thus Spake The Nightspirit, Inno A Satana, Ye Entrancemperium, Ensorcelled By Khaos... seront émulés pour toujours car la bannière sinistre et puissante que ces pièces convoquent rallie, générations après générations, de nouveaux sujets avides de bruit et de fureur, de sturm et de drang (aspect qui ne pouvait qu'être saisi, et rejaillir puissamment, dans la scène française via Forbidden Site et consorts).

Dyonisos est largué, Apollon azimuté, c'est le mestre des bestes qui mène la charge, sans compassion, sans mercy. Coulé dans son élégant chaos, le black metal sophistiqué qu'Emperor extirpait d'une poigne grêle et adolescente des tréfonds de sa Norvège rurale échappe aux principes admis de l'esthétique ; il demeure une étonnante assertion sonore où le lyrisme le dispute au féroce.


In The Nightside Eclipse and its follow-up Anthems To The Welkin At Dusk (not counting the Reverence EP, which is also a great release adorned with a grandiose version of Emperor's then-biggest "hit") are so dear to my heart. This body of work is not only a relentless manifesto of sophisticated black metal art, it is, to put it simply, the grimmest primal scream ever uttured from Norway's modern youthness as well as a valid art form derided and despised by many, adored by few. Long gone are the turmoils of the past, burning churches and thoughtless murders, as if black metal's decaying corpse begins, at long last, to let its iridescent soul to be seen.


...et toujours :

jeudi 20 novembre 2014

(still) Channeling the quintessence of quelque chose

Photo courtesy of Sheol

Channeling the quintessence of quelque chose, mais on ne sait plus exactement quoi... Ça fait si longtemps qu'on écoute du death metal, du black metal, et que l'on sait qu'Il n'existe que dans notre phantasmagorie - la vraie vie étant autrement plus hardcore que dans les paroles de Marduk ou Darkthrone. Merci Brel, merci Ferré, autres sidérurgistes  du réel ignorant le palm muting et le tremolo picking. Ça fait longtemps aussi qu'on fait la part des choses entre rébellion adolescente et soumission systémique, une place doit exister entre, on cherche notre air, on ne se rêve plus mais on espère toujours, on n'a que peu de temps, la vie est courte et la mort nous en guérira bien assez tôt. On a besoin d'acier pour mettre dans le roseau de notre squelette, d'argile pour combler les trous de notre estomac. Notre cerveau spongieux prendrait bien un peu de phosphore, mais du collagène ferait aussi bien illusion. Mais. Mais. Mais... Morbid Angel, à qui l'on pardonnera son satanisme original nourri aux sources américaines libéralo-LaVeyenne, demeure dans notre vie et sa puissance évocatrice aussi. Je ne renierai en aucun cas ce que j'écrivais ici, ou ce que je lisais ailleurs ; la musique de ces américains reste cette symphonie tellurique se nourrissant des racines de la Terre pour taquiner les Grands Anciens terrés dans ce coin, là, de notre esprit.

Dans une petite ville de Province Française j'ai vu le petit cirque de David et Trey, et toute la porcelaine de mon âme a été réduite à néant en l'espace de deux petites heures. J'ai de nouveau dix-sept ans, la vie devant moi, le temps est courbé par un trou de ver nommé Death Metal Supreme. Iron Maiden me déniaise, Metallica me terrasse mais Morbid Angel est un choc extrême ; Emperor viendra ensuite mais la bande à David et Trey et Pete et Mike et Richard et Steve et Eric reste un sigillé d'éternité et de puissance, un élixir de jouvence granitique, de montagnes hallucinées et de torrents indomptables. Encore et toujours, hier comme demain, loin du siècle dernier emprisonnant ces dix-sept ans dans une capsule lycéenne aux couleurs passées, j'écoute Morbid Angel les matins gris et les jours sombres. Un baume au cœur pour se rappeler que les secured limitations sont une vue de l'esprit et que, tout sac de chair et d'os que je sois, ma volonté existe. La nuit ? Que non, c'est bien la lumière qui point à l'horizon de cet art ancré au cœur de la montagne Death Metal, mais qui pourtant la surplombe. Morbid Angel, plus que bien d'autres Grands Anciens pour certains titans endormis (Nocturnus...), reste au firmament de mon panthéon non plus par la violence de sa musique, mais bien par la résonance qu'il créa jadis en moi et qui, en cette soirée de novembre, fait un écho assourdissant dans le silence de ma vie. Channeling the quintessence of quelque chose.

To be Limoged in Chaos, that's what happened to me some time ago, witnessing the extraordinary full display of Covenant by Morbid Fuckin' Angel. David Vincent and mastermind Trey Azagthoth are now flanked by drummer Tim Yeung and guitarist Destructhor (of Myrkskog and Zyklon fame), two beasts in their own rights (watching Destructhor bent over his guitar almost to breakpoint, windmilling as it to fly like some lovecraftian madman is a sight to be seen !). From Rapture to God Of Emptiness everything went according to the grimmest plan, meaning a full-blast attack of ripping, mineral, esoteric death metal. Following the interpretation of Covenant, the band tore through some classic shit such as you-name-it, including some gems from the mighty Tucker / Rutan era. Absolutely sick while retaining the occult, obsidian magick deeply engrained in Morbid Angel's ravenous heart.

Le site de Morbid Angel.

...et toujours :
L'ère Tucker, chat tue
Morbid Angel : un bon coup de pied occulte

samedi 19 avril 2014

Nox nomenclatura

Triton satanique à ventre rouge fan de Morbid Angel découvrant qu'il ne vivra pas assez longtemps pour entendre l'album Z de son groupe fétiche

Je n’ai jamais vu le death metal autrement que comme une démonstration de force brute, mais qui ne doit pas être dépourvue de sens. Un manifeste de puissance (ou volonté de, pour faire écho au philosophe cité à tort et à travers par ceux qui n’ont pas lu icelui). Et si je n’ai jamais été fan de « street death metal » comme je l’appelle, celui qui ne sait parler que de zombies ou de démons, c’est bien à cause de la conception précise que j’en ai. Un cahier des charges, auquel un groupe doit répondre pour remporter l’appel d’offre.

Une dimension spirituelle ouvrant sur des tréfonds (obscurs ou lumineux, là n’est pas la question. Chacun voit minuit à sa porte) que d’autres n’explorent pas, tout occupés à raconter la même invasion de morts-vivants sur dix morceaux trop proches. Pas de méprise – je n’ai rien contre Cannibal Corpse, génial à sa façon et qui symbolise de belle manière ce death sans prise de tête (souvent virtuose instrumentalement). Mais j’attends autre chose du style : une connexion, une résonance – si les guitares de Morbid Angel sont accordées si bas, ce n’est pas seulement par extrémisme musical : c’est bien parce qu’elles s’adressent aux fondations. Morbid Angel n’est pas qu’un groupe qui a mangé du cureton sur ses quatre ou six premiers albums, c’est avant tout la traduction musicale d’un self improvement bien particulier – celui de son guitariste-compositeur et de ses bassistes-chanteurs (Steve Tucker - ne jamais oublier que ce mec, avec Erik Rutan, a sauvé Morbid Angel alors que tout était réuni pour l'enterrement en première classe). J’ai racheté assez récemment Altars of Madness, et décidément, hormis quelques autres grands noms comme Immolation, Brutality parfois, et quelques seconds couteaux pourtant premières lames (Akercocke… écouter, voir et lire), je n’ai jamais trouvé mieux dans ce genre précis et exigeant qui devient pour le coup, avec Morbid Angel en particulier, très, très proche de ce qu'Emperor a pu faire sur Anthems... 

Outre cette profondeur réfléchissante (si. vraiment), le death metal tel que j’aime l’entendre doit aussi participer de l'agenda esthétique de l’extrême : on ne pratique pas un tel style, avec une telle exigence, pour le simple plaisir de faire du bruit (c’est très exactement ce que ni vous ni moi n’arriverons jamais à faire comprendre au profane méprisant. J’ai arrêté deux choses : essayer de faire comprendre au profane méprisant, et essayer d’écouter la musique du profane méprisant. La vie est si simple). Non, cette cacophonie du bizarre relève forcément d’une autre quête, moins triviale – et là, chacun y mettra ce qu’il voudra, mais je suis convaincu qu’une esthétique du chaos existe ici comme ailleurs (peinture notamment), qu’elle est aussi tordue que séduisante, et qu’elle est spécifiquement recherchée, travaillée, étudiée par les groupes de death que j’ai en tête. Un point de convergence majeur, même pas musical mais que je qualifierai « d’intention », avec le black metal - ce cousin machin si loin, si proche. J’omets volontairement de cette notule toute la scène scandinave la plus évidente, dont j’aime particulièrement certains noms – mais elle ne procède pas de la même évolution, n’est pas née dans les mêmes éprouvettes, et possède dans ses chromosomes un ADN foncièrement infusé de rock n’ roll que l’on ne retrouve pas dans le death me(n)tal ici concerné. Cette fameuse nomenclature - une perspective en profondeur finalement - ne s’y retrouve pas.

What should death metal be all about... Everyone of us might offer a different take on such an issue. Well, mine is just mine, but here it is. I strongly believe that potent death metal should be as agressive as thoughtful, explaining why I never really fell for the mass-produced, gorish generic DM. Favorites of mine include first and foremost Morbid Angel, Immolation, Brutality, as well as newer things such as Gojira when it comes to killer tracks such as Backbone (the circle is complete, as we just came back to Morbid Angel with that one !). To make a long statement short, "my" death metal should provoke empowerment by internal monologue, dealing with the strenght (rage ?) to overcome oneself. You won't get that feeling when listening to stories about how to kill a zombie by shoving a broom up his arse into his brains. But listening to Summoning Redemption, or At One With Nothing, that's the way to start the day. That's the fuckin' way, man.

vendredi 17 février 2012

Reich morbide

Le black metal au sens où je l'entends - et comme je l'entends au sens propre - n’est pas fait pour être beau ; d'esthétique il ne connaît que celle du chaos ; invertie et non-euclidienne ; rejetée par nature et par destination. Le black metal est un cadavre qui vit encore, un cancéreux en phase terminale qui ne mourra jamais et qui en a la superbe assurance, parfois la morgue : un éclair méchant au fond de ses prunelles putréfiées nous en donne régulièrement la preuve pour peu qu’on sache le trouver et l'écouter. Le black metal n'a rien d'une statue marmoréenne, laissant cela à ses cousins bien portants que sont le death puissant et victorieux ou le doom séculaire figé dans son hiver ; tout au contraire il est un transi asticoté, abscons et contrefait ; sa chair bleuie n’effraie peut-être plus grand-monde mais continue à provoquer hauts-le-cœur et malaise : vermoulue et spasmatique, le pus qu’elle exècre est pour certains, un nectar. Les repères esthétisants n’ont plus cours, car il leur échappe : les références sont déplacées et le sommet devient le fond comme l’éructe Vorphalack dans l'incantation lugubre qu’est Ceremony of Opposites. La crasse et la pisse maculent son ignoble corps dont la chétivité continue de surprendre – à l'inverse du death metal qui se manifeste dans la démonstration de force ; le black metal cultive le vice et rampe sournois dans la fange qui le nourrit et dans sa plus totale déréliction, il ne se laisse entendre qu’à l'état de glaire auditive telle l’horreur liquide coulée sur MoRT, ainsi régurgitée ponctuellement par certains de ses plus misérables hérauts.

Cet immondice musical n’est pas fait pour être compris et d’ailleurs, n'aime pas à s’expliquer ; restant pantois devant la piteuse littérature prétendument analytique produite actuellement à son envers ; préférant être subi ou apprécié généralement sans milieu ni demi teinte – comme toute forme d’expression extrême il a quelque chose d’une déclaration de guerre intime et en provoquera beaucoup ; dont quelques-uns seulement sauront capituler et s’abîmer dans son adulation (voire sa reproduction) comme je l’ai fait avec Samael, Emperor, AbigorOccultImmortal, Mayhem, Marduk et tant d’autres voici maintenant quelques lunes. Le black metal n’a jamais été musique mais avant, toujours, état d’esprit et survit traîtreusement dans la tête de ceux qui ont su l’accueillir une nuit - il meurt passagèrement mais existe toujours et bien qu’écoutant tant de choses différentes aujourd’hui, avec parfois du soleil et des couleurs, demeure pour moi une silencieuse et bruyante énigme qui continue à se faire, par-delà les années, son propre et sinistre écho. Récemment révélés ; Ondskapt (Arisen From The Ashes), Arckanum (Helvìtismyrkr), Saturnian Mist (Gnostikoi Ha-Shaitan).

Hard to find, these days, your dose of real black metal as you want it to be - amongst masses of uniformly played-and-produced records, though, it still lives. Crude and raw, foul smelling and evil sounding, that's how I love it to be - sometimes horror intertwines itself with an elegant form of cadaveric, hurling beauty and to me, that's what black metal is all about - definitely one of the strangest and strongest forms of artistic expression found on this side of the world.

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vendredi 21 mai 2010

Sicut Cadaver

The Apotheosis of War (Vasily Vereshchagin, 1871)

En 2010, malgré le marasme socio-économico-professionnel que nous connaissons, il en est une qui ne connaît pas la crise : si je la rencontre, ce ne sera pas, c'est sûr, dans le cadre de mon boulot. Elle fauche la scène, comme la grêle les blés. Après Peter Steele et notre vieux Ronnie (qui a connu les honneurs du canard local), après Debbie Abono (soutière du metal qui choisit, à l'âge où une dame prend censément sa retraite, de manager Exodus, Possessed et Vio-Lence) et quelques autres, voici que c'est Juhani Palomäki qui casse sa pipe (pas une news sur ce torche-cul qu'est Blabbermouth). Trente-deux ans, c'est jeune, c'est moins de moitié moins que Ronnie et je ne parle pas de l'âge canonique de Madame Abono. Cause non révélée (entre le suicide, le sida et la combustion spontanée, j'opte raisonnablement pour la première), mais effet déjà connu : un énorme coup de vieux dans les dents. Voici bien plus d'une bonne dizaine d'années que j'avais eu la chance de voir Yearning en concert avec Nightfall et SUP, et l'occasion de baragouiner quelques instants avec l'alors très jeune - mais moins que moi - chanteur-guitariste.

Yearning a sorti plusieurs albums et marcha plutôt bien en France, malgré le profil bas que s'est toujours imposé ce projet musical - difficile de parler de groupe. Parmi desdits albums, je recommande humblement With Tragedies Adorned, qui fait partie de la bande-son de mon adolescence, mais surtout Plaintive Scenes. Un album important dans la (re)construction de mes goûts, lorsque je suis passé du tout-américain aux genres et groupes plus confidentiels et « exotiques », fussent-ils du sud (Moonspell) ou du nord (Emperor). Et un disque que j'ai associé pour toujours, de façon incongrue vu son origine, à une traversée nocturne de l'Espagne. Seul éveillé dans un bus tout entier endormi filant vers Porto, mon amie d'alors calée à côté de moi, j'avais écouté en boucle ce chef-d'œuvre qui répondait à tout ce romantisme adolescent que j'avais au fond de moi. Je ne suis peut-être plus ni l'un, ni l'autre... mais amateur de Yearning, toujours. Salut l'artiste, tu es mort jeune, mais tu as fait beaucoup.

Naïveté de Yearning, le seul groupe finlandais qui savait utiliser les trémas et accents aigus dans son français.

What a sad year 2010 is – and a busy one for the reaper. Pete Steele, Ronnie Dio, Debbie Abono (an almost unknown figure whose role in the rise of American west coast thrash metal was an important one), the ‘Knot Paul Gray and other lesser-known people… It seems that wasn’t fuckin’ enough ‘cause now it’s young Juhani Palomäki’s turn to be swallowed into the void. What a pity – Yearning was a talented band criminally underrated ! Despite having never “made it” on the American market, Yearning did pretty well in Europe and especially France. I highly recommend Plaintive Scenes, the second release, which sums up everything that Yearning was : melodic yet heavy as fuck, while retaining an atmospheric and romantic touch which I call the “Finland style”. Sadly, the death of its founding member and mastermind is also the demise of Yearning.

samedi 18 juillet 2009

Transport(é) en commun

Photo : votre serviteur

Depuis quelque temps, la vie sociale (et la fin de celle de ma voiture) m'oblige à emprunter régulièrement les transports en commun. Difficile de cultiver sa bulle misanthropique coincé entre un vieil arsouille au souffle méphitique et une mère de famille flanquée de sa bruyante progéniture - simple exemple situationniste. Par chance, mais aussi par hasard, il se trouvera de temps en temps une jolie brunette ne demandant - ou pas - qu'à être matée. Ce que je ferai : je ne suis pas contrariant. Mais difficile quoi qu'il en soit de se garder un espace personnel dans un endroit où, par définition, cela n'existe pas. Difficile - mais néanmoins possible, notamment grâce à Emperor. Tenez, rien que le cri trafiqué au début de Towards The Pantheon : il est tellement long qu'à lui seul il vous passe deux arrêts.

J'ai près d'une centaine d'albums sur mon lecteur, mais décidément, il m'est difficile de mettre autre chose qu'In The Nightside Eclipse dans le bus : une ellipse salvatrice. Le feulement  abyssal d'Ihsahn, l'hystérie des guitares et la mélopée des claviers remplissent toujours leur office, confirmant que si Anthems... reste l'un des meilleurs albums metal à être jamais sorti, In The Nightside Eclipse demeure indétrônable lorsqu'il est question de pur black metal. Ça fait du bien, parfois, de se reconfirmer certaines choses. Matin ou soir, bus plein ou bus vide, tout cela n'a finalement guère d'importance dès lors que j'ai les norvégiens « dans les oreilles ».

Even today, after more than fourteen motherfucking years, Towards The Pantheon still makes the hair on the back of my neck stand up. I just can’t get enough of it, especially when Ihsahn’s insane scream kicks in (yeah I know, there are in fact two screams mixed up into one. Don’t go ruining my enthusiasm though, you lowlife Emperor’s subject). I especially love listening to In The Nightside Eclipse in the bus, while peering at a young mother’s opulent, pristine breast. Yeah, maybe I’m just a short-haired black metal pig after all – and I do believe it sometimes saves me from everyday’s void.

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L'Empereur Contre-Attaque

vendredi 19 janvier 2007

Paint it Black !

Au sujet d'Etude ; Torse, Effet de Soleil (1876), le critique d'art Albert Wolff, révulsé, écrivait à l'époque : « essayez donc d'expliquer à ce Renoir que le torse d'une femme n'est pas un amas de chairs en décomposition avec des tâches vertes, violacées, qui dénotent l'état de complète putréfaction chez un cadavre ». Quant à Alfred de Nieuwerkerke, voici le regard qu'il portait sur les impressionnistes : « ils font une peinture de démocrates. Ces hommes qui ne changent jamais de linge voudraient s'imposer aux gens du monde ? Cet art me déplaît et me dégoûte ». Certes, on pourrait appeler les impressionnistes « peintres de la lumière » et, par opposition, qualifier les musiciens de black metal de « musiciens de la nuit ». Reste que le parallèle est amusant et qu'encore une fois, un petit groupe de francs-tireurs au sein d'un domaine artistique peut décider de faire tabula rasa des conventions, des académismes et de la bienséance au nom de la liberté artistique - et donc d'expression.

Si les impressionnistes, avant-garde bariolée, soldatesque picturale soudée peut-être plus encore par le goût de la piquette montmartroise que par le pinceau, mirent des années avant de pénétrer ce bastion du classicisme qu'était le Salon de Paris, que dire alors de ces gamins qui, à l'orée des années quatre-vingt-dix, régénérèrent en le poussant dans ses paroxysmes un art si abrupt qu'il fut d'autant plus facile de l'escamoter dans la colonne des faits divers ? Cependant qu'Utrillo multipliait les séjours en maison d'arrêts, ses toiles, par lesquelles il payait en nature ses monumentales cuites, prenaient de la valeur dans les troquets sordides de la capitale. Lorsque le dernier membre incarcéré du line-up de In The Nightside Eclipse recouvra sa liberté, Emperor était devenu une légende de son vivant, n'attendant que la mort pour être mythifié !

Ce qu'écrivait Albert Wolff à propos de Renoir me rappelle finalement les vieilles chroniques d'albums devenus référentiels depuis. Tandis qu'Hard Force et consort (ou qu'on sort pas, d'ailleurs) parlaient de « dégénérés du bulbe » (sic) au sujet d'Emperor ou nous expliquaient que les deux frères d'Immortal (re-sic) étaient musicalement « à la rue », ces derniers façonnaient le nouveau visage du metal extrême au point qu'on en retrouve aujourd'hui les échos dans n'importe quel sous-groupe de metalcore US (un paradoxe en soi !). Renoir, de peintre bohème, devint un notable respecté auquel on s'adressait en n'omettant jamais de commencer par « Maître ». Si Ihsahn, fait citoyen d'honneur de sa ville natale de Notodden, ne demande pas tant d'honneur aux jeunes musiciens à qui il ouvre son studio et donne des cours de musique, ce sont en revanche ceux qui le brûlaient hier qui lui donnent aujourd'hui du « Maître ». Moralité : les gens évoluent, et les dégoûts d'une époque deviennent parfois les goûts de la suivante (sauf dans le cas d'Evol bien sûr...) !

nota bene : cette notule m'a été inspirée par la lecture de l'excellente biographie de Suzanne Valadon par Michel Peyramaure, qui m'a parfois rappelé, oserais-je le dire... The Dirt, la bio de Mötley Croüte ! Les Escaliers de Montmartre ; Le Temps des Ivresses sont à lire chez Pocket.

There’s not only metal in life – there’s also Impressionism, a pictural movement which I am fond of. And I’ve always made a parallel between it and black metal. Impressionism, a loose association of painters some of whom were unbelievable hard-partyin’, hard-druggin’, hard-livin’ motherfuckers, were also radicals, franc-tireurs whose art was breaking every existing rule (and in  some cases, the law). A real motley of a crew ! Garnering at first only hostility and miscomprehension, Impressionism finally became a respected, valid form of artistic expression – see what I mean ? I suggest you read a bio of painter Suzanne Valadon. Fuck, there’s as much sex, alcohol and, well, art in there as in The Dirt. Duh !

jeudi 21 décembre 2006

Auvergne Connection

Cette nouvelle entrée sera dédiée à la chronique de deux albums venant de paraître... Mettons les choses au point tout de suite : elles ne seront peut-être pas des plus aisées à trouver, mais ces deux galettes valent non seulement d'être écoutées, mais aussi et surtout d'être achetées ! Bref, selon la formule consacrée qui clôturait nombre de missives à la glorieuse époque du tape trading... support the real underground ! Prenez la peine de découvrir H.O.P.E et Morphoss.

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H.O.P.E : REASON & DIVINE
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H.O.P.E n'est autre que la concrétisation sonore d'un projet de longue haleine, celui du sieur Alkariis, baroudeur de l'extrême UG français depuis les mid-90's. Entre autres campagnes victorieuses auxquelles il participa, mentionnons seulement la croisade menée sous la bannière (impériale) d'Ancestral, horde black/death qui gagna ses lettres de noblesse aux côtés du proto-CNK et à coups de prestigieux supports (Forest of Souls, Loudblast, Septic Flesh, Your Shapeless Beauty, Avatar, Edge of Sanity sont ceux qui me reviennent à l'esprit). Longuement mûri, Reason & Divine (en référence à l'éternel conflit cartésien) est le premier album de cette entité que l'on aurait tôt fait de réduire à un one-man band, tant Alkariis a su s'entourer des bonnes personnes pour mener à bien ce projet ! Je pense en particulier au paisible ménestrel Guillaume qui a prêté son précieux concours guitaristique à cette œuvre.

Sous influences digérées et non pas régurgitées, Reason & Divine propose un blackened-metal symphonique de haute volée, audacieux et maîtrisé. Certes, les maîtres-à-penser d'Alkariis se rappellent ici et là à notre bon souvenir : on entend parfois l'Empereur hurler sa triste colère sous l'Espérance (My Own Interior Way, qui cache sa noirceur sous sa charpente metallico-synthétique), on distingue ailleurs la silhouette spectrale d'un Yearning, d'un Ulver ou d'un Arcturus au détour d'une mélodie de claviers inspirée (An Ordinary Morning), mais ces différentes balises permettent à l'auditeur d'entrevoir cette lignée de rois immortels desquels H.O.P.E descend. J'utilisais plus haut le terme audacieux et ne le retirerai pas ; l'usage fréquent de vocaux typés Muse ou même Radiohead risque de refroidir les plus étroits d'esprit (dont moi-même, bien évidemment !). Pour autant, ces passages venant contrebalancer les vokills mortuaires d'Athevros (impressionnante prestation, confere Le Château Noir) sont brillamment exécutés, jamais intrusifs, toujours à-propos : ils sont l'une des grandes forces de Reason & Divine. Le dionysiaque et l'apollinien, toujours... On mentionnera aussi quelques dérapages contrôlés dans une electro-coldwave de fort bon aloi : tendez l'oreille et vous distinguerez des traces résiduelles de Covenant ou Haujobb, notamment dans Absinthe...

Bref, le premier effort de H.O.P.E est un grand disque de metal, puissant mais sensible ; noir mais jamais résolument dépressif, rappelant parfois dans l'esprit les travaux récents et « poppisants » (eh oui !) de Samael. Au diable les étiquettes : bien que le squelette de l'affaire demeure fortement ancré dans l'extrême, c'est l'amour de la musique qui parle ici ! Bravo à Alkariis d'avoir eu cette opiniâtreté et d'avoir su mener ce projet à son terme. Certes, les qualités de l'œuvre seront aussi ses défauts pour certains (mieux vaut avoir l'esprit sacrément ouvert pour digérer tout ce qui compose Reason & Divine), mais indéniablement, cette première sortie de Back Stage Records mérite toute votre attention. A l'écoute de H.O.P.E, excellemment interprété et produit (OCYS Studio + mix chez les Crack Ov Dawn), une phrase de Dylan me vient à l'esprit : « Casser les règles ? Je ne casse pas les règles, car il n'y a pas de règles ».

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MORPHOSS : MARCHES FOR THE CONDEMNED
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Brutal thrash, anyone ? J'espère en tout cas que ce programme vous siéra, car il n'y a rien d'autre au menu de ce Marches For The Condemned. Et c'est tant mieux ! Condamné à thrasher, ainsi que sa précédente réalisation le proclamait, Morphoss aime le death, le thrash, et entre les deux son cœur balance tellement... qu'il a décidé de ne pas choisir ! Ce papillon funèbre bourrine à tout-va, tatane comme c'est pas permis, mais avec style, précision et bon goût. Quoique je vais peut-être retirer cette dernière appréciation, n'ayant pas encore parcouru les paroles certainement primesautières de Bestiality...

Très influencée par Slayer à qui elle pique les sempiternels gimmicks (dissonances harmoniques, soli plus torturés qu'une sorcière sous l'Inquisition), la bande ne s'est visiblement pas remise non plus de la scène scandinave de la première moitié des 90's à qui elle emprunte sans vergogne rythmiques ultra-catchy mais aussi, à l'occasion, son côté graveyard voire nécro. Écoutez donc Assassinate qui lorgne sur le Entombed des débuts, ou encore les premières mesures du sus-cité Bestiality qui ruent dans les brancards comme un bon vieux Unleashed de derrière les fagots (à moins que ce ne soit l'inverse, car une erreur semble avoir été commise sur le tracklisting) ! Cependant et à mon humble avis, Morphoss n'est jamais meilleur que lorsqu'il se fait plus heavy et mid-tempo : carnages assurés sur March of the Condemned ou The Trial. Que dire d'autre ? Difficile de chroniquer de façon intéressante un genre archi-balisé ou l'on s'efforce d'être le moins original possible, car là n'est pas le propos et Morphoss, résolument oldschool, ne souhaite surtout pas révolutionner les choses ! Précisons seulement que la prod, puissante et « pleine », souffre peut-être d'un mixage un peu trop proéminent de la voix.

Outre une section rythmique un peu plus jeune que le reste de la bande, aux oreilles que l'on imagine plus volontiers formées avec Slipknot ou Soulfly qu'avec Hellhammer ou Bathory, Morphoss compte aussi dans ses rangs deux guitaristes vétérans du thrash made in 6-3, dont l'affable Gun's « c'est çààààhhh », sodomite de volatiles le jour et adorateur de Kerry King la nuit. Le tableau (de chasse) ne serait pas complet sans le bien bel organe de Fabrice, ex-imprécateur d'Ancestral aussi à l'aise dans les growls d'outre-tombe que dans les vokills venimeux. Pour connaître la machine de guerre en concert, je peux vous assurer que l'implacable rage dégagée par les lascars en live a été capturée sans être matée avec bonheur ! Bref, avec ce genre de forçats les moutons électriques sont bien gardés et le thrash/death demeure ce qu'il doit être : un torrent sonore cataclysmique, comparable à un Styx seulement contenu dans son lit par la compréhension du genre et sa parfaite maîtrise instrumentale. Le verdict de la Cour ne saurait attendre plus longtemps : coupables, et fiers de l'être !

As a Frenchman I support national metal, especially when said metal is of the better kind. Please take a few moments to roam H.O.P.E’s and Morphoss’ Myspaces. Wanna know why ? Well, here we go. H.O.P.E is a one-man-band led by Mr. Alkariis, of the late gallic Ancestral fame, Reason & Divine being for now its first release. Well, to say “one-man-band” is not totally accurate, as able musicians are backing and fleshing Alkariis’ ideas. So what you get here is blackened symphonic extreme metal, taking as much from Muse as from Samael. Scratching your head, uh ? Well, you just gotta click on the Myspace link below ! Ok, after the Dionysian, avant-guardesque darkness displayed by H.O.P.E, let’s be überbrütal with Morphoss. Don’t need to bother ye faithful reader with many superlatives, what you should know about Morphoss can be summarized like this : "brutal and expletive fuckin' thrash". ‘Cause Marches of the Condemned will crush your head without mercy, and you won’t even have the time to say “Slayer”, “Entombed” or “Unleashed” before givin’ up the ghost. Thrashin’ death metal or deathin’ thrash metal, who gives a flyin’ fuck – Morphoss will feast on your miserable soul ! So be a man and check it out, or else Sharon Osbourne will slip into your sweaty couch on some moonless night (and I would be there, making a sextape of this).

H.O.P.E - Reason And Divine (Backstage Productions, 2006)

01 My Own Interior Way
02 Le Château Noir
03 An Ordinary Morning
04 My Second Self
05 Absinthe
06 Racine Mortelle
07 A Light Despair
08 HOPE

Morphoss - Marches For The Condemned (autoproduction, 2006)

01 The Trial
02 Condemned To Thrash
03 Opposition
04 Bestiality
05 Assassinate
06 March Of The Condemned
07 Dark Obscenity
08 The Sentence


Le Myspace de H.O.P.E.
La chronique d'Obsküre, et celle de VS Webzine.


Le site et le Myspace de Morphoss.
La chronique d'Obsküre, et celle des Accros du Metal.

vendredi 2 décembre 2005

L'Empereur Contre-Attaque

Photo - l'une de mes favorites car témoin de la furia adolescente de l'Empereur d'alors - prise en 1993 lors de la tournée avec les vampires de Cradle of Filth. Les norvégiens ouvraient pour les anglais (virez le directeur de casting).

Une bonne année métallique, ça s'évalue en fonction des albums sortis mais aussi au regard des annonces faites au public, certaines plus prometteuses que d'autres. En ce qui concerne le premier paramètre, 2005 aura été un millésime savoureux : quelques véritables chefs-d'œuvre ont paru ces derniers mois. En ce qui me concerne les blockbusters de l'année sont les derniers opus de Gojira, Destruction, Annihilator et Helloween (en gros 2005 est un remake de Papy fait de la résistance, si l'on exclut les jeunes français). Le second paramètre permettant de juger de l'intérêt de l'année, c'est donc son cortège de news. Et pour moi, incontestablement, l'événement c'est l'annonce du Retour du Roi, que l'on pourrait sous-titrer l'Empire Contre-Attaque. Bref, tout le monde a compris : l'ombre de l'Empereur s'étend à nouveau au-dessus du monde métallique, le monarque semble prêt à reprendre une couronne dont personne n'a été véritablement digne depuis son auto-sabordement. Et gageons qu'il le fera par la force ! Les shows récents semblent avoir ranimer la flamme : Ihsahn, Trym et Samoth pourraient bien revenir avec un album sous le bras avant qu'on n'ait le temps de dire « ouf ».

Alors quoi ? C'est un parjure ? Un défi ? Une erreur qu'il faudra commettre pour être réalisée ? C'est vrai que cette annonce semble plutôt incongrue... Emperor s'était retiré des affaires avec une classe seulement égalée par Immortal, entité ayant splittée elle-aussi au faîte de son excellence artistique. Deux groupes souffrant si peu la médiocrité, qu'ils ont préféré mettre un terme à leur carrière avant de commettre un éventuel faux-pas. Désormais l'attente succède à l'incrédulité et pour être tout à fait franc cette décision est un peu décevante question « attitude » : c'était si parfait de finir ainsi ! D'un autre côté un groupe aussi unique et intelligent ne pouvait pas avoir tout dit en si peu d'albums... à moins de se perdre ? Et le dernier chapitre - plus un album solo d'Ihsahn qu'un véritable Emperor - était si abscons, si dense, si impénétrable... qu'après tout il suggérait qu'un jour, les pièces manquantes au mystère Emperor seraient ajoutées. Et ce jour semble se concrétiser.

En tout cas si album il y a, ce n'est pas non plus pour demain : laissons d'abord l'Empereur se recomposer puis se réinventer. Espérons seulement qu'Ihsahn et Samoth nous préparent une troisième phase de carrière encore plus géniale que la deuxième (je mets délibérément de côté la première : la période 91-94 est indétrônable et l'Album de Black Metal Ultime s'appelle, pour encore de nombreux éons, In The Nightside Eclipse). Énigme à cent balles : comment faire mieux que Thus Spake the Nightspirit ou With Strenght I Burn ? Pour l'instant, ne je vois pas. Long live the mighty Emperor !

2005 was a good millesime for metal : I never thought I would fall in love with Gojira’s From Mars to Sirius, but this record’s a milestone in death metal history (as well as the long-awaited second coming of French death metal since the heydays of personal favorite Loudblast). Helloween and Destruction did put out pretty decent albums too, as well as Annihilator, ready to take over the world a second time – well, maybe. But isn’t the most important momentum of the year the return of fuckin’ Emperor ? Recent gigs went very well it seems, so why not imagine the mighty horde releasing a new album ? To tell the truth, I’m not so sure that would be a truly brilliant idea : the band’s split was a classy one, only matched by Immortal’s. Why the return now ? On the other hand, Prometheus remains so hermetic today – don’t you think it screams for a heir to be enthroned a second time ? But hey… if Emperor is ever likely to put out another release, how would it top Nightside Eclipse or Anthems to the Welkin – and is it only possible ?

dimanche 6 novembre 2005

Le couteau dans la plaie (c'est le cas de le dire !)

Je viens d'apprendre qu'un film cinéma va être réalisé prochainement sur la trame du bouquin (contestable mais passionnant) Lords of Chaos : The Bloody Rise of the Satanic Metal Underground de Michael Moynihan. Bref, un film basé sur les évènements criminels indissociables de l'avènement du black metal scandinave (le meilleur). On craint déjà le pire : embaucher des guignols pour leur faire jouer les rôles d'Euronymous, de Vikernes, de la joyeuse bande d'Emperor ou d'Immortal... pfff. C'est bidon. A la limite, pourquoi pas un documentaire ? Un tel format aurait été plus approprié, construit autour d'interviews des principaux concernés. Mais voir un connard « incarnant » Bård Faust Eithun poignarder un connard « incarnant » un homo dans une reconstitution cheap du parc olympique de Lillehammer, ça ne m'inspire que du mépris. On imagine notre ersatz de Faust affichant bêtement un rictus dément et commettant son forfait sous une pleine lune forcément grandiloquente. Message à l'accessoiriste : n'oubliez pas le célèbre T-shirt Free The Vikings. Ce qu'on peut craindre par-dessus tout c'est le traitement réservé à l'affaire Euronymous / Grishnack, ou comment transformer une sombre mais ô combien banale affaire « de fric et de fille » en mythe fondateur du black metal.

Cette petite société qu'on a tellement fantasmé au point de lui donner un nom (Inner Circle), a existé, quoi qu'en disent certains aujourd'hui. Cette bande d'adolescents provocateurs, passionnée de musique et d'occultisme, est responsable d'un des courants les plus intéressants qui soit musicalement parlant (ne serait-ce que par cette quête de brutalité, achevée pour certains qui n'eurent alors d'autre choix que de ralentir le tempo et de se réinventer). Pour le reste, les faits divers ayant fait les choux gras de la presse norvégienne en 1992 auraient pu se produire dans n'importe quel autre cercle, n'importe quel autre pays, n'importe quel autre style. Rien d'exceptionnel, juste la connerie ordinaire résultant d'une émulation pas toujours saine entre certains. Reste la musique : je doute qu'elle ait une place honorable dans ce navet qu'on nous prépare. Oui je sais, ce n'est pas bien de critiquer quelque chose sans l'avoir encore visionnée : pas grave, les producteurs n'ont pas le monopole de la connerie et je crache déjà sur cette merde. Pas vue, déjà condamnée.

nota bene : il existe un documentaire très récent consacré à cette scène : Metal Storm: The Scandinavian Black Metal Wars, de Kier-La Janisse (2005). Mais vu l'emphase du titre, là encore on peut craindre le pire...

Just learned a movie about the turbulent norwegian black metal scene of the nineties is in the starting blocks. Fuck it - how on earth such a project could be interesting ? Real connoisseurs know that this mischievous past had nothing to do with serious Satanism of any sort – we’re just talking about bored-out young musicians, ego-driven conflicts and escalating, teenage violence here. The Inner Circle did exist but was nothing but a bunch of kids messing around with cheap provocation and rubbish occultism. Let’s just talk about the music and the incredibly “avant-gardesque” artistic sense of these young men. I do not believe such a movie, moreover American, would do any justice to Scandinavian black metal.

lundi 17 octobre 2005

Black is black !!! (and Marduk ist krieg)

Fut un temps pas si lointain où le metalleux extrémiste que j'étais ne jurait plus que par le True Evil Méchant Vilain Black Metal. Bouh. Après avoir franchi tous les paliers en matière de brutalité musicale, voici que la galaxie black metal s'ouvrait à moi. Un choc. Bref, une époque épique qui rime pour moi avec cheveux longs, soirées arrosées dans les bois (!!!), et terrorisme musical par le biais d'une pauvre Aria Pro II qui aurait probablement préféré avoir été recueillie par un gentil bluesman que par un jeune antichrist wannabe. Ouch. Tout ceci est désormais derrière moi et si autrefois je prenais un malin plaisir à aller au lycée vêtu du célèbre T-Shirt Let's Fucking Die d'Impaled Nazarene, aujourd'hui j'imagine à peine aller au travail sans m'être rasé. Mes rangers prennent la poussière, et la couleur a mystérieusement envahie ma garde-robe. Les mentions « no female vocals, no synth, just fuckin' raw black metal », « no effects on vox » (comprendre : la voix n'est pas trafiquée et je beugle vraiment comme un goret) ou encore « no fun, no mosh, no core » érigées en labels de qualité et autres professions de foi musicale gribouillées derrière des jaquettes de démos forcément monochromes me font maintenant sourire avec un peu de tendresse amusée. Et last but not least, j'ai retrouvé l'adresse de mon coiffeur. Alors, fini tout ça ? Eh bien non, pas tout à fait. Ce serait trop simple. Certaines découvertes faites à cette période demeurent toujours, à mon sens, des chefs-d'œuvre impérissables ayant marqué l’avènement de genres musicaux qui ont sonné le glas du « hard à papa ». Et bien que mes œillères soient tombées depuis longtemps (tenez, l'autre jour j'ai bien failli acheter un best of de Michael Jackson), certains albums datant de cette période tournent toujours très régulièrement sur ma platine.

Le fabuleux Opus Nocturne de Marduk par exemple, n'est-il pas une réussite totale, intemporelle ? D'une noirceur EXTRÊME, moins brutal que la suite, peut-être, mais tellement plus méchant et vicieux que n'importe quoi d'autre dans la carrière du groupe ! Opus Nocturne est noir. Inhumain. C'est une ode à la désolation, aux abysses, et des tueries comme Deme Quaden Thyrane, Sulphur Souls ou Materialized in Stone résonnent comme autant d'hymnes proclamant la chute de l'homme et le règne des ténèbres. Mais le meilleur titre de l'album (en fait, le meilleur titre de Marduk) reste ce morceau terrible, Automnal Reaper. Pas besoin de traduction, on a compris... No fun, no mosh, no core ! Ce morceau allie haine crachée à la face du monde, mélodie funèbre et violence extrême, et personnifie le Marduk d'alors comme aucun autre. La prod' n'est pas au rendez-vous, mais on s'en fout. C'est pas la puissance du son qui fait la qualité de la musique, et ça, faudrait le dire à Rammstein par exemple. Automnal Reaper est pour moi l'archétype du morceau black metal nordique des 90's. On pourrait continuer longtemps comme ça, et parler jusqu'à plus soif de tous ces albums fondateurs (donc précurseurs, l'aspect pionnier du black metal ne sera jamais assez commenté) comme Filosofem de Burzum, In the Nightside Eclipse d'Emperor, ou Nachthymnen d'Abigor (bien qu'autrichien). Reste qu'Opus Nocturne est le point d'orgue de la carrière de Marduk, qui bifurqua ensuite vers plus de brutalité au détriment du côté « rampant » de sa musique. Le genre black metal est très souvent parasité par une avalanche de clichés venant des groupes eux-mêmes : on est toujours plus true et evil que le voisin (qui met plus de rimmel pour avoir l'air plus méchant ; ça s'équilibre). Mais Opus Nocturne  à l'instar des précités ne fait pas semblant : cet album est haineux, violent, noir, désabusé au point d'en être nihiliste, et recèle, pour qui veut bien l'entendre, ce fond de beauté froide et triste qui caractérise tous les grands disques de cette époque (un feeling très semblable hante le Transylvanian Hunger de Darkthrone).

Aujourd'hui le style a bien changé : les prod' sont énormes, les photos léchées, et les digipacks, luxueux... mais surtout l'esprit n'est plus le même. Non pas qu'il n'y soit plus, mais il a définitivement changé. Le black metal a muté et certaines révolutions du genre peuvent être datées précisément : à titre d'exemple il y a clairement un avant et un après Enthrone Darkness Triumphant, l'album qui a fait exploser commercialement Dimmu Borgir et fait voler en éclat le postulat selon lequel le BM se devait d'être mal produit. Les amateurs de pur raw black metal ont cependant toujours de quoi se décrasser les oreilles, mais le cœur du mouvement a changé de zone géographique : désormais c'est à l'Est que ça se passe, et en particulier dans tous les ex-satellites de l'URSS. Les groupes les plus virulents pour qui « pure fuckin' armageddon » veut encore dire quelque chose sont à chercher de ce côté-ci, et c'est en toute logique s'y l'on y réfléchit... Un contraste intéressant lorsqu'on sait que la première vague BM (ou deuxième, selon les points de vue) était plutôt constituée d'ados issus des classes bourgeoise aisées voire très aisées (il est intéressant de mentionner notamment le milieu socio-professionnel des parents du petit Varg Vikernes), n'ayant rien en commun avec les sociétés laissées exsangues par les anciens régimes politiques de l'Europe de l'Est. Mais pas de politique ici, le seul message c'est celui-ci : rares sont les albums BM de la trempe d'Opus Nocturne. Et comme le disait la célèbre pub Osmose, « extreme artists make extreme music » !

There was a time in my life where I would only listen to the meanest black metal on earth (and beyond). As a true antichrist wannabe, I was occasionally abusing a shitty Aria Pro II, as well as drinking and roasting supermarket meat in the woods (of Belial). That’s all over now and I have broadened my musical landscapes – well, sort of. But hey, some releases harking back to that mythical past are still spinning on my stereo. Isn’t Opus Nocturne, for instance, a formidable and timeless achievement ? Hiding in its depths Marduk’s finest moments (Automnal Reaper, Sulphur Souls, Deme Quaden Thyrane…), this masterpiece is the perfect embodiment for mottos like “no fun, no mosh, no core” or “no fuckin’ synths, just raw black metal”. For those searching for true wintry metal feelings, Opus Nocturne is, along with fuckers like Transylvanian Hunger, Filosofem or Nightside Eclipse, a must-have. Even though nothing is the same today, with huge and often “plastical” productions and over-photoshopped artwork, you can still encounter true raw black metal and I must say that today’s eastern-european scene is a pretty pissed-off one ! So yeah, some of our ancient heroes lost their original spirit, but “pure fuckin’ armageddon” still means something for so many underground acts – and that’s fine by me.

samedi 15 octobre 2005

Morbid Angel : un bon coup de pied « occulte »

De gauche à droite sur la photo : Steve Tucker, Pete Sandoval (rendez-lui ses frites svp) et le toujours classe Trey Azagthoth.

Groupe séminal dans son genre (et l'un des premiers à s'en revendiquer ouvertement en dédiant Altars of Madness à l'underground death & black metal, bien avant que les deux termes ne soient communément employés), Morbid Angel nait en 1984 et enregistre son premier album en 1989. Au départ très inspiré par Slayer et ses semblables (en particulier Possessed !), Morbid Angel se forge rapidement un style propre et ouvre de nouvelles voies dans un genre alors très codifié. Entre autres travaux plus expérimentaux, voire « progressifs », que ce que le death metal proposait alors, Trey Azagthoth et sa bande enfantent l'une des pierres angulaires du genre en 1991 : le monstrueux Blessed Are The Sick. Album extraordinairement brutal, vicieux, alambiqué et technique, BATS est un concentré de death complexe et obscur, traitant entre autre des anciennes divinités sumériennes. Les structures musicales classisantes des compositions (par opposition au traditionnel schéma rock) ont marqué au fer rouge le petit monde du metal extrême, et il suffit pour s'en convaincre d'écouter n'importe quel album d'Emperor ou d'Immortal (deux groupes qui connaissent leur Petit Morbid Angel Illustré par cœur). Mais finalement, le meilleur choix pour qui voudrait découvrir le groupe serait probablement d'écouter le live Entangled In Chaos paru en 1997, dont voici un petit tour d'horizon.

On lance le CD et la messe vient à peine de commencer... qu'elle est déjà dite ! Le show débute à la manière d'Altars Of Madness sur le cultissime Immortal Rites, mais avant tout, c'est l'immensité du son qui scotche au plafond. Bien au-delà des enregistrements studio antérieurs, le son de ce live est d'une puissance toute tellurique, seyant tout à fait à l'esprit Morbid Angel. On jurerait que les quatre lascars ont convoqué l'énergie de l'Univers lui-même, et comme aime à le dire le sieur Azagthoth, ce sont bien les vibrations de la planète qui déferlent dans ce maelström sonique et mystique qu'est la musique de Morbid Angel. Marquée de ce sceau très particulier qui reste la « griffe » de l'Ange Morbide, la brutale symphonie dispensée ici semble être vieille comme le monde, ancestrale, attendant simplement d'être réveillée par le quartet américain en ce soir de 1997. Le groupe transcende totalement son genre musical et fait exploser le carcan death metal bien trop étroit pour lui. C'est bien de death qu'il s'agit pourtant... mais il y a autre chose. Qui d'autre sait faire ça ? Peut-être Emperor, et encore...


Les principes régissant Morbid Angel sont perceptibles : mysticisme des compositions (toujours aussi brutales qu'elles sont spirituelles), démonstration de force imparable (qui oserait fouler la scène après ceci ?) et interprétation sans faille sont au rendez-vous. Les morceaux s'enchaînent à merveille, sans jamais laisser passer la moindre approximation que la musique ne saurait de toute façon souffrir. Les guitares du duo Azagthoth / Rutan taillent dans le vif, la batterie de Pete Sandoval (sûrement le meilleur batteur de la scène metal extrême) ne connaît aucune faiblesse. A noter : deux versions incroyables des morceaux Lord of All Fevers & Plague et Day of Suffering. Le coup de grâce est incontestablement asséné par l'ogre David Vincent qui fait trembler la scène avec sa basse monstrueuse et sa voix unique. Quasiment incantatoire, sa prestation hallucinée a dû ravir les dieux oubliés vénérés par l'Ange Morbide : les Grands Anciens, du fond des temps, ont du apprécier ce CD autant que les fans. Morbid Angel vainqueur par KO, dès la première plage.


Morbid Angel always had that unique vibe to them, both occult and brutal at the same time. Among blockbuster acts, Morbid Angel is only matched, in that aspect, by the mighty Emperor. Entangled In Chaos is a truly blistering live album and is as essential now as it was in 1997. Beginning with the now timeless classic Immortal Rites, Entangled In Chaos sports a telluric sound, perfectly fitting to the band’s aesthetics. But is that brutal, spirited symphony really “death metal” ? Man, there’s really something else in Morbid Angel’s stuff… You can pinpoint each principle by which Morbid Angel goes : mysticism and spirituality of the music, inexorable grinding force and, of course, flawless execution. To top it all, David Vincent’s powerful, incantatory delivery acts as a brutal prayer to the Old Ones of yore... Absolutely necessary if you ever pretended to be a metal head.

Entangled In Chaos (Earache, 1996)

01 Immortal Rites
02 Blasphemy of the Holy Ghost

03 Sworn to the Black

04 Lord of All Fevers and Plague

05 Blessed Are the Sick

06 Day of Suffering

07 Chapel of Ghouls

08 Maze of Torment

09 Rapture

10 Blood On My Hands

11 Dominate


Le site et le Myspace de Morbid Angel.