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samedi 16 avril 2011

Un feu qui brûle toujours

Froid, d'un impersonnel normalisé seyant si bien à l'iconographie crypto-fasciste qui fait fureur aujourd'hui dans le graphisme, le masque à gaz est un objet (bientôt de tous les jours, j'en suis sûr) trop récupéré : jeux vidéos, films, BD, couvertures de bouquins et, par dizaines, jaquettes d'albums médiocres... n'en jetez plus, la coupe est pleine. Alors certes, son usage est parfois brillant - les Cerbères de Jin-Roh et les cédénazis de la franchise Killzone en sont un exemple. Reste qu'hormis sur la tête d'un poilu en 1917, le masque à gaz n'est jamais si bien porté que par Knarrenheinz, la géniale mascotte de Sodom. Votre serviteur n'a pas l'envie, ni vous l'heur, de vous infliger un article chiant développant in extenso la carrière de ces panses à bière ultra-rhénanes, mais Sodom, le groupe, est bien l'objet de cette notule et plus spécifiquement l'excellent documentaire Lords Of Depravity. Plusieurs heures au programme, réunies sur quatre DVD bourrés jusqu'à la gueule comme une bombe sale l'est de clous.

Exception faite des parties live (une compilation bien torchée sur le premier volume, l'intégralité du concert de Wacken 2007 sur le second), Lords Of Depravity est avant tout l'histoire de Tom Angelripper, et en filigrane celle d'une certaine working class... Celle qui cherche à tout prix à s'extirper, échapper à son sort, forcer son destin prévisible : la mine pour Sodom, les fonderies pour Judas Priest, l'usine Volkswagen pour Protector... A travers l’épopée de Sodom, c'est en contrepoint la mythologie du metal qui est contée ici. Pour nombre de metalheads élevés, maintenant, à bien d'autres sources que celles des pères fondateurs, Sodom est peut-être un petit groupe bruitiste de has, ou pire, never been, mais rien n'est moins vrai et c'est bien l'impossible qu'ils ont accompli : grand moment que celui ou Bogg Kopec, gros chat repu fondateur de Drakkar Productions, raconte avec la malice d'un gamin ravi du sale tour qu'il vient de jouer comment Sodom a explosé le top 50 allemand avec Agent Orange. Pour continuer sur le thème de la working class, on notera avec intérêt qu'après avoir quitté Sodom Monsieur Grave Violator (ne cherchez pas : Sodom a toujours eu les pseudos les plus cool que tous ceux que vous pourrez trouver) joua l'un des rôles principaux dans Verlierer, un film générationnel aujourd'hui culte, traitant des jeunes apaches d'alors (et des bandes de skins avec qui ils se cognaient, il me semble que Grave Violator est d'origine turque mais que l'on me détrompe si ce n'est le cas).

Un très grand documentaire sur lequel je n'ajouterai rien de plus, sachez seulement qu'il tient toutes les promesses annoncées dès son ouverture à base de vieilles photographies noir et blanc illustrant la sinistre Ruhr industrielle et... métallique. De quoi se réconcilier avec ces putain d'allemands, finalement, même si c'est toujours eux qu'ont commencé.

Ok, let's be short for once : Sodom's double-boxed rockumentary Lords Of Depravity (Part I and Part II) is a must-have for all sodomaniacs around. Smart-minded Tom Angelripper will grace you with his wits and tales of high adventure so that you'll soon join the cult (if not a member already). It won't hurt, as Sodom refers to the city and not to the game you used to play with your cousin.


...et toujours :
Killed by death !

mardi 23 septembre 2008

Killed by death !

Dix ans de bons et loyaux services au sein de Sodom. Voilà ce que le monde du metal retiendra de la vie de Chris Witchhunter ! En cette époque lointaine où les productions thrash ultra-rhénanes étaient si approximatives et cacophoniques qu'elles en préfiguraient, longtemps à l'avance, le raw black metal, Sodom faisait figure de fer de lance - notamment grâce à ce brûlot satanique qu'est Obsessed By Cruelty et que je vois un peu, toutes proportions gardées, comme le Seven Churches européen - une relecture, plus crue encore, du célèbre Black Metal craché par Venom quatre ans auparavant. Une imagerie remplaçant la précédente, c'est le visage « militaire » de Sodom qui marqua cependant son époque : le diptyque formé par Persecution Mania et Agent Orange, aux pochettes griffées Andreas Marschall (le Ed Repka local), demeure pour votre serviteur l'apogée du bon goût à la teutonne (après la saucisse au râpé de patates).

N'écoutez pas les mauvaises langues persiflant que Chris Witchhunter aurait été victime de la boisson - il a été tué par la mort, comme vous dirait le père (à double-titre, concernant Sodom) Lemmy. Il parait même, figurez-vous, qu'il est mort de son vivant ! Bon, c'est vrai, une passion immodérée pour la bouteille lui vaudra de se faire expulser du groupe manu militari au début des années quatre-vingt dix... Au rayon Spinal Tap, Sodom se débrouille d'ailleurs pas mal question batteurs (mais précisons qu'Herman Rarebell ne fut jamais pressenti pour s'asseoir sur le tabouret). Une petite curiosité, plutôt méconnue me semble-t-il : Witchhunter joignit durant une courte période Quorthon au sein de Bathory. Selon la légende, volontiers racontée par l'inénarrable Tom Angelripper (des poètes, je vous dis), il réintégra Sodom avec pour seule explication : « pas assez de bières, là-bas » !

Quoi de mieux, pour découvrir un batteur, qu'un album live ? Le meilleur hommage que l'on puisse rendre à Witchhunter, c'est peut-être de réveiller les morts avec un bon vieux Mortal Way of Live de derrière les fagots (préférez à l'odieux cd officiel un pressage pirate reprenant l'excellente pochette du vinyle original). Un enregistrement public (sic) quelque peu précoce, c'est vrai, mais pas si mal enregistré cependant, et possédant un charme que l'on peinerait à retrouver aujourd'hui (et chez qui, d'abord ?). Alors certes, on notera quelques flottements au niveau du jeu de Witchhunter, mais on remarquera aussi qu'il l'infusait d'une bonne dose d'inventivité - des plans simples, mais auxquels fallait-il encore penser, en quelque sorte. Auf Wiedersehen, vieux poivrot !

Chris Witchhunter, or ten years of raising hell with Sodom… You can hear the guy on the groundbreaking record Obsessed By Cruelty, a true masterpiece when it comes to early, European thrashing black metal (yup, I just said thrashing black metal. You can use it if you feel like to). Witchhunter has just been promoted to Subterranean Truffle Inspector – or killed by death, put it the way you like it. It is a shame and he knows it. I believe the best way to honour his final hangover is to put your old Mortal Way of Live cd on your stereo while staring at its perverted cover. Auf Wiedersehen Chris, you old fart ! I really liked you (even if you were German – nobody’s perfect).

vendredi 12 septembre 2008

Habemus Metal...

...et au delà du clin d'œil à nos Killers nationaux, je rajouterai : duas et bene pendentes - il en a deux, et elles sont bien pendantes ! Au terme d'une journée homérique, l'objet tant convoité est mien, il ne m'aura coûté qu'une petite course contre la montre pour l'enlever à son méchant petit bac. Travaillant en plus dans un endroit assez excentré (à ma gauche, un labo de quarantaine, à ma droite, une zone industrielle avec un Cora dont l'accueil m'a assuré avec aplomb et erreur que Death Magnetic ne sortirait que lundi prochain - c'est-à-dire jamais), il ne me restait plus que la perspective de tracer en centre-ville à dix-sept heures trente, vous savez, l'heure des cons qui débauchent... comme moi. La différence étant qu'eux ne vont pas chercher le dernier Metalloche !

Bref il est là, et comme dit en latin, il est méchamment couillu. Mais est-il bon pour autant ? Lars Ulrich a-t-il découvert la double pédale ? James porte-t-il toujours les marcels de son carrossier, tire-t-il encore sur des nids d'oiseaux ? Une chose est sûre, Death Magnetic mérite une notule métallique... Bientôt sur votre écran, une chronique vraisemblablement totalement subjective, mais dont j'assumerai sans faillir toute l'outrecuidance et la mauvaise foi. Nom de dieu. Ceci après avoir rendu, je pense, un petit hommage au récemment décédé premier batteur de Sodom : first things first.

Man, I have been working - daydreaming - all day long, next to the leggy, bossy creature that serves as my superior. How exciting. Well I wasn't exactly dreaming about nasty things involving the above-mentioned hypersexual, female glass-wearing specimen (like fucking her like there was no tomorrow). No - I was thinking about D-Day, which is today, you know : the release of Metallica's latest. I tried to get ahold of it at noonbreak, speeding at the record store : fuckers working there told me that I was mistaking and that it wasn't D-Day, which is today, you know : the release of Metallica's latest. Fuck, I knew it was, 'cause I always know better when it comes to Metallifuckin'ca. At the end of the day, rushing like a fuckin' droogie heading for his final fix, I finally bagged it at Fnac. Well - is Death Magnetic worth the wait-and-run ? Yeah. Is there any need going into further analysis ? No.

...et toujours :

Hammer of Justice still crushes you
Read the Lightning
Vingt ans déjà !
SKOM : un divan pour le monstre

mardi 10 juin 2008

Hail the Hordes !

Cela fait déjà quatre ans, plus quelques jours, que Quorthon (ici avec Slayer) fut retrouvé mort dans son appartement de Stockholm, même pas quadra mais victime d'un cœur déjà défaillant. Loin de moi l'envie de convoquer une atmosphère endeuillée, mais je dois reconnaître que ça m'a fait quelque chose, comme on dit : ce trois juin 2004 m'a enlevé notamment la perspective, à jamais perdue, de voir un artiste continuer une œuvre qui me parlait naturellement (et peut-être la rehausser après quelques albums, ce n'est pas irrespectueux que de le dire, moins convaincants). Ce que je peux dire, c'est que Quorthon a démontré que l'on pouvait créer à partir de rien : un paradoxal nihilisme inversé qui caractérise également le punk - frère immédiat et évident du black metal. Une guitare, un ampli et trois accords pour une carrière à la fois musicale (Bathory et Quorthon), cosmétique (la définition d'une nouvelle esthétique du chaos musical aux côtés de quelques autres) et séminale (elle fera naître tant de vocations). Quorthon, c'est une vie dédiée à un art, peut-être mineur pour certains, mais majeur pour ceux qui le comprenne et l'aime. Et sans art... l'existence n'est rien.

Rendre hommage à quelqu'un peut s'avérer une tâche ardue, et c'est pourquoi je choisis lâchement de laisser la plume à Fernando Ribeiro de Moonspell. Par l'artifice d'un texte publié sur son blog en avril 2007, soit trois ans après la mort de Quorthon, Ribeiro a en effet su à merveille traduire, par les souvenirs qu'il invoque, l'effervescence de ces années adolescentes où le metal extrême représentait tout (ou presque) pour certains d'entre-nous ! Extraits plus ou moins librement traduits... :

« Les dernières heures du septième jour de juin finissent de s'écouler - ou ce sont déjà les premières du huitième - lorsque ce satané portable émet ce son merdique annonçant la réception d'un message. Inexplicablement naît en moi un pressentiment, la sensation que quelque chose cloche. Le SMS est bref : « Quorthon est mort ». L'expéditeur est une surprise : c'est Duarte, un ami et compagnon de longue date, que la vie s'est chargée d'éloigner mais pas d'effacer. Je le rappelle immédiatement et nous parlons de ce décès et d'autres choses encore, cependant que mon esprit commence un voyage dans le temps de quinze ans.

Les premières heures de cette même nuit, quinze ans plus tôt, finissent de s'écouler. Retentit alors la vieille sonnerie d'un téléphone qui était alors encore actuel. A l'autre bout du fil, Pedro Catarino, premier guitariste de Morbid God (qui a toujours été infoutu de se trouver un pseudo sérieux). Son ton hystérique contraste avec mon incrédulité : la rumeur de ces derniers jours a été confirmée noir sur blanc : sessions d'autographes, dates, lieux et horaires, confirmés par un encart dans Blitz ! Quorthon, donc Bathory, se rend au Portugal pour la promotion du prochain album, Hammerheart. Enthousiasmés, nous plongeons pour de bon dans l'"underground", moi et mes copains : Ares, qui s'appelait encore João Pedro, Nuno Saias, et Toureiro, qui n'avait pas encore acheté la batterie de Baalberith. Nous allons rencontrer notre idole, dont l'annonce de chaque album nous fait passer des mois d'attente impatiente, et pour qui nous sautons la cantine, préférant écouter des cassettes en grillant des clopes. Nous savons que nous n'oublierons jamais ce jour - et il allait changer nos vies à tout jamais.

Six heures du matin du jour dit, toujours quinze ans plus tôt. Je n'ai pas réussi à dormir, et je me dépêche de filer au rendez-vous, engoncé dans un t-shirt Sodom. J'aperçois Jó (Theriomorphic) à l'arrêt de bus, là où se tient aujourd'hui le plus grand centre commercial d'Europe. Nous sommes arrivés très tôt, et toute la bande, endormie et rêveuse, emprunte bus, métro et bateau jusqu'aux rues mythiques d'Almada. Il y a foule au Tubitek (le disquaire qui accueille l'évènement, ndSheol), et l'on aperçoit une haute stature blonde qui se dessine en haut de la rue, à côté de Boss, son père. Mon cœur bat la chamade, nous le hélons répétitivement dans un mauvais anglais. Non loin de lui, le charismatique Miguel Fonseca de Thormentor, que nous admirons. Quorthon est parti manger en sa compagnie, et nous les suivons tandis que certains d'entre-nous repartent chercher les albums que nous avons oublié de prendre pour la session de dédicaces. Et de se cacher derrière nos hot-dogs en buvant timidement quelques bières, heureux et fiers comme Artaban ! Nous arrivons tous en même temps à la session : Zé de Decayed est là, Belathauzer avec son t-shirt des Dead Kennedys, ainsi qu'un connard avec un t-shirt des JO de Barcelone. L'unique exemplaire promotionnel portugais de Hammerheart est à notre portée, et nous échangeons nos impressions et discutons jusqu'à l'heure fatidique du retour chez nous.

J'ai croisé bien des gens que je n'aurais jamais cru rencontrer, et j'ai parlé avec bien des gens avec qui jamais je n'aurais pensé discuter un jour. Je n'ai vu Quorthon qu'à cette occasion. Nous ne nous sommes jamais croisés à nouveau, je n'en ai pas eu l'opportunité. Mais j'ai vécu ce jour de la même façon que je le vivrais aujourd'hui, et ce que nous pensions tous à l'époque est encore valable aujourd'hui, comme une lumière qui ne s'éteindrait pas. Je me suis connecté sur ma boîte mail et j'ai reçu un message d'Ares, auquel j'ai répondu. Nous n'avions plus communiqué depuis peut-être sept ans. J'ai téléphoné à Duarte. J'étais encore il y a deux semaines attablé tranquillement avec Belathauzer à la FNAC. Nous sommes toujours ceux qui pensaient que « nous n'oublierons jamais ce jour », car il a changé nos vies à jamais . Et c'est ce jour-là, d'il y a quinze ans, que nous avons célébré et dont nous nous souviendrons - bien plus que celui de sa mort ».

nota bene 1 : une vidéo tournée au caméscope ce jour-là existe, les connaisseurs y reconnaîtront quelques pointures de la scène lusitanienne - parmi lesquelles Fernando Ribeiro, déjà le même nez, mais pas encore la même coupe.

nota bene 2 : en prime, le chouette 
hommage rendu à Quorthon par Abbath & Associés sur l'indispensable album Between Two Worlds (vous savez, le meilleur Immortal depuis At the Heart of Winter).

Already four years have passed since Quorthon’s death – boy, the man wasn’t even 40. I was genuinely saddened by this unexpected news – the departure of an artist in its own right. His music still speaks to me today, and will for my remaining time. Fernando Ribeiro of the Moonspell fame wrote down some time ago a truly moving tribute about Bathory and the man behind it – above it is, roughly translated from Portuguese by your humble servant. In French, bien sûr.

Le Myspace de Bathory.

...et toujours :

Album ou le repos du guerrier 
Le grand pardon

jeudi 24 janvier 2008

To Protect And To Slay

On a tous, dans cet immense chaos néanmoins systémique, constitué des différentes écoles métallurgiques, nos petits chouchous. Ces groupes un peu moins connus, un peu moins cités et donc synonymes, dans nos petites caboches, d'injustice du siècle. Oui, celui-là par exemple, qui est aussi important pour toi qu'anecdotique pour moi. Vous voyez l'idée. J'en ai plusieurs, mais me contenterai aujourd'hui de mettre sur la table de dissection le cadavre - refroidi depuis quelques éons - de Protector. Un combo né, comme tous ses confrères allemands, dans une MJC vert-de-gris (merveilleux pays) et qui frappe fort dès son patronyme. Protector ; il faut reconnaître que ça claque comme doit claquer celui de tout bon défenseur de la foi. Probablement trouvé pendant le cours d'anglais, il va sans dire - après tout, le logo a bien été dessiné pendant le cours de maths. L'école allemande ? Un vrai bienfait pour le metal (tu trouves le nom de ton groupe le matin et t'enregistres ta première démo l'après-midi dans la MJC sus-citée. Le jeu ? On verra ensuite, on a dit qu'on faisait du metal) !

Plusieurs raisons alimentent mon amour pour Protector, mais ce qui demeure pour moi son principal attrait et son unicité, c'est l'inexorable dévastation de son thrash-death slayerien, et surtout cette mise en place complètement américaine à partir de Golem. Oui, Protector est éminemment brutal, oui, Protector bastonne avec une efficacité toute germanique, et oui, mille fois oui, Protector est crade et roots comme tout brûlot de thrash européen de l'époque qui se respectait. Oui, mais Protector demeure carré et plus précis que n'importe lequel de ses frères d'armes, à l'exception notable du Kreator post-Coma. Et à l'inverse de la bande à Mille, Protector n'a pas perdu, en contrepartie de cette mécanique de haute précision, sa part la moins avouable : celle du diable. Bien sûr j'adore Sodom, Kreator plus que tout, Destruction, Assassin et tous les grands noms du thrash teuton (qui a aussi ses moins grands, qui se souvient des horribles Poltergeist ?), mais Protector demeure mon petit... protégé. Plus de densité, plus d'embardées vers le death, un penchant notable et pas encore si courant pour truffer ses morceaux de passages mid-tempo ravageurs, et donc ce côté « horlogerie suisse » qui n'était pas, loin s'en faut quand on parle du thrash ultra-rhénan des années 80, une option standardisée... Il faudra en effet attendre des influences aussi énormes que celle d'un Morbid Angel ou d'un Cannibal Corpse pour que quelques tours de clé soient donnés aux charmantes approximations procédant des Possessed, Hellhammer et autres Venom.

A Shedding of Skin, tuerie à la bestialité inégalée sur laquelle tous les démons de la terre semblent rugir par le gosier de Wiebel, reste pour moi l'album le plus marquant. Une fois terminée son intro arpèges/bruitages bucoliques très tiamatesque, déboule une quarantaine de minutes de folie furieuse, flirtant régulièrement avec le black metal lorsque tous les potards sont à onze... Whom Gods Destroy (c'est pas metal ça comme titre ?), Mortuary Nightmare et Retribution In Darkness demeureront les hymnes les plus puissants du Protectorat mais tout le reste est à l'avenant. L'incontournable instrumental, passage obligé de tout grand disque thrash, est présent sous le nom de Necropolis. Un album « no fillers, just killers ». La production âpre et crunchy de Harris John (quelle surprise...) et la pochette du futur célèbre Joachim Luetke parachèvent un chef-d'œuvre... qui ne doit cependant pas éclipser le reste de la discographie du groupe - en particulier le très misanthropique premier mini. Cependant le talent ne fait pas tout et A Shedding of Skin, prétendant au trône obsédé par la cruauté musicale, ne parvînt pas à s'imposer commercialement en cette année 1991 déjà surchargée en la matière. Rien n'avait commencé... que tout était déjà fini !


Que retenir du groupe aujourd'hui ? Simplement que l'extrême agression du blackened-thrash teuton (abreuvé directement à la source du Styx, à l'instar de son frérot sud-américain), la précision virtuose du death metal made in Tampa (confere les faux airs canniboulesques du morceau A Shedding...) et l'énergie des thrasheurs de la Bay Area, à l'instar de Calgon 3 en 1, ça existait... et ça se trouvait chez Protector. Aujourd'hui Hansi Müller et Olly Wiebel sont retirés de la scène et travaillent dans l'usine locale des Voitures du Peuple (ou comment le metal peut changer votre destin... ou pas !), Michael Hasse ne risque pas de revenir de là où il est, et seul le sympathique Martin Missy maintient une timide flamme au moyen d'un groupe-hommage, The Protectors, et d'une page web très documentée qui n'intéresse que les pelés dans mon genre. Le golem est inerte, mais ses enfants sont légion : Urm est toujours fou et hurle sa superbe schizophrénie thrash / death au détour des riffs d'un Blood Red Throne, pour n'en citer qu'un. Sa campagne est terminée depuis bien longtemps, alors que le Protectorat repose en paix sans sombrer dans un bien irrespectueux oubli.

Wow, man, do I love fuckin’ Protector. I can’t believe how this metallic german war machine is forgotten by all nowadays – fuck it, they were true defenders of the faith, absolutely flawless throughout their career, and yet we’re still talkin’ about fuckin’ Tankard. Go figure ! So yeah, I wholeheartedly confess my unconditional love for the Protectorate’ slayerian thrash death metal attack. Brutal as fuck and as mercilessly nailed as Jesus was on the cross, deadly precise (the american way !) while retaining the savageness of the German thrash metal acts, what more can you wish for ? Inexorable devastation, yup, that’s what Protector had to offer and be sure that two decades later it will still blow you far, far away. I’m particularly fond of A Shedding of Skin, a nasty motherfucker released in Holy Metal Year 1991, A.D. Olly Wiebel really screams his guts out on this one ! Just listen to Whom Gods Destroy (can a song’s name get more metal than that for fuck’s sake ?), Mortuary Nightmare or Retribution In Darkness, then suffer and obey your new masters… Unfortunately A Shedding of Skin failed to reach its audience and the mighty Protector began to fall from metal grace. A real letdown for these talented musicians – please keep the oriflamme of the once powerful Protectorate burning high and bright : their doing shall not be buried by time and dust !

A Shedding Of Skin (Major Records, 1991)

01 Intro
02 Mortuary Nightmare
03 A Shedding of Skin
04 Face Fear
05 Retribution In Darkness
06 Doomed To Failure
07 Thy Will Be Done
08 Whom Gods Destroy
09 Necropolis
10 Tantalus
11 Death Comes Soon
12 Unleashed Terror
13 Toward Destruction

Le
mausolée-Myspace (malheureusement aucun morceau de A Shedding of Skin, album déjà hors-canal historique suite au départ, pour cause d'agoraphobie, de Martin Missy) de Protector.


Le
Myspace de The Protectors, groupe-hommage emmené par ledit Missy.

vendredi 8 décembre 2006

Stream of (social) Consciousness

Hormis sur ses deux premiers albums, consacrés aux sempiternels démons censés venir nous botter le cul pendant notre sommeil (toujours pas arrivés), Kreator a toujours pris soin de fignoler des textes coup-de-poing, au fil anarcho-gauchiste aussi tranchant que les riffs les portant. Enemy of God, dernière livraison en date, ne fait pas exception à la règle malgré un titre qui induirait en erreur quiconque n'y regarderait à deux fois. Mille Petrozza, toujours aussi révolté, continue d'inscrire son groupe dans le gros thrash social qui tâche, laissant bouchers éventreurs et autres démons cacochymes à ses compatriotes Destruction et Sodom. Ne parlons pas du nectar houblonneux, sujet d'inspiration infinie creusé avec bonheur - pour certains - et exclusivité par les poètes éthyliques de Tankard (au secours). Alors certes, d'aucuns diront que ça ne va pas pisser bien loin, et que ce n'est pas l'étude géopolitico-sociale la plus pertinente qu'il nous ait été donné de lire. Et c'est vrai ! Mais enfin, le but n'a jamais été d'écrire une thèse et cela reste de la musique, du thrash d'excellent niveau et hypermoderne pour un groupe de cet âge - notons même une coloration Gothenburg qui vient teinter la fin de l'album de sonorités rougeoyantes d'habitude plus scandinaves que germaniques.

Kreator n'a jamais prétendu faire d'essais politiques mais préfère, avec peut-être un peu plus de talent que de succès depuis la fracture Renewal, donner dans le pamphlet contestataire et descriptif. Enemy of God est donc un état des lieux, un constat d'urgence dressé par un Mille Petrozza consterné de se voir, chaque soir à vingt heures devant son poste, imposer une telle dose d'impossible brutalité. Sans rivaliser avec la force parolière d'albums tels que Cause For Conflict (eux-mêmes), ...And Justice For All (Metallica) ou encore Beneath the Remains (Sepultura), Enemy of God est cependant un grand disque que nous offrent ces punks allemands déguisés en thrasheurs, une sorte de BO idéale à cette ultraviolence incontrôlable et ascendante, alimentée pernicieusement par un inexorable système de vases communicants : les idéologies fondatrices s'effritant, ne reste désormais plus que la sauvagerie humaine toujours plus dénuée de règles. Fussent-elles critiquables elles-aussi. Une thèse assénée sur douze terribles morceaux !

Putting aside its first two releases, Kreator was always about politics and social awareness (and kick-ass thrash metal). Enemy of God is no exception and, despite its title suggesting some kind of church-burning black metal content, is another fist in the face of god (errr, of society, sorry) ! Sure it ain’t a postgraduate thesis but hey, we don’t need no more brains to understand it’s total social shit all over and everywhere right fuckin’ now. Got it ? I have to say that Cause For Conflict is maybe my favourite Kreator album as far as these topics are concerned – this release is criminally underrated : to say it is a major body of work is an understatement. However Enemy of God is a strong CD, almost punkish under its guise of barbaric thrash metal, and denouncing whatever there’s to denounce right here, right now. Man, I really do feel like a fuckin’ progressive proletarian writing these lines.

Enemy of God (SPV, 2005)

01 Enemy Of God
02 Impossible Brutality
03 Sucide Terrorist
04 World Anarchy
05 Dystopia
06 Voices Of The Dead
07 Murder Fantasies
08 When Death Takes It's Dominion
09 One Evil Comes - A Million Follow
10 Dying Race Apocalypse
11 Under A Total Blackened Sky
12 The Ancient Plague

Le site et le Myspace de Kreator.

...et toujours :
Heureusement qu'on se faisait ch**r dans les centres de jeunesse allemands !

mercredi 7 décembre 2005

Symbyosis - On the Wings of Phoenix

Des albums français rivalisant largement, voire explosant allègrement la production internationale actuelle, ambitieux et culottés comme plus personne ne l'a été depuis SUP, bien produits, virtuoses sans être chiants et alliant qualité et quantité, vous en connaissez beaucoup ? Eh bien On the Wings of Phœnix de Symbyosis est de ceux-ci. Une épopée sci-fi blindée d'humanité, de sentiments, conceptualisée magistralement par ses deux géniteurs principaux que sont Corrosive Bob et Franck Kobolt. Le but de cette note n'est pas de faire une grosse critique indigeste et scolaire, mais plutôt de saluer cette œuvre-fleuve comme il se doit : c'est à dire en en parlant, tout simplement...

Musicalement, les deux CD sont un pur bonheur : du thrash-death technique ne versant pas dans la démonstration mais qui fait la part belle aux émotions. C'est puissant, la personnalité des compositions est très affirmée, les riffs sont rock solid, brutaux mais mélodiques, toujours carrés de chez carré. La voix se devait de rendre justice à cette boucherie, là encore le maître-mot en la matière est : efficacité maximale ! Une subtile touche symphonique apporte un cachet supplémentaire à l'ensemble en parvenant à éviter les clichés inhérents à cette formule casse-gueule. Visiblement signé par des gars n'ayant plus vingt ans (et tant pis pour l'élégance, nous ne parlons pas de demoiselles), On the Wings of Phœnix arrache vraiment. Pourquoi cette suspicion taquine quant à l'âge des musiciens ? Tout simplement parce que les influences, très perceptibles, jamais nuisibles, sont tellement digérées, assimilées, intégrées qu'un tel travail de composition ne peut pas être le fruit de musiciens ayant découvert Slayer il y a quatre, ni même dix ans. Non, on a clairement affaire à des vétérans décomplexés qui ont mis toutes leurs tripes dans un album qui se veut aussi, c'est flagrant, un véritable hommage à notre style chéri.

A ce titre, le second CD est génial ! Oserais-je l'avouer, bien qu'il ne se veuille qu'un addendum, c'est peut-être celui que je préfère... pour l'instant. Car à sa décharge, OTWOP ne s'apprivoise pas en une ni même deux écoutes. Outre quelques compos supplémentaires (belle ré-actualisation de certains « vieux » titres), on y trouve des reprises aussi personnelles que réussies (et pas forcément évidentes - reprendre The Loneliness of the Long Distance Runner est une gageure autrement plus intéressante que d'entendre une énième version de The Trooper). A signaler la présence d'un hommage à Napalm Death, très efficace, répondant au doux nom de When Napalm Fits to Skin. La bande à Shane Embury peut se sentir flattée à juste titre. Notons également l'irruption bien pensée du thème d'Amicalement Vôtre sur ce CD bonus ! Fugace et vraiment plaisant. Les deux galettes sont dopées à l'EPO en terme d'idées de production (un peu sèche en revanche) : personnellement je suis un grand fan des effets de voix (vocoder et autres) qui rappellent ici Air ou Daft Punk (oui), là le grand Pestilence, et encore ailleurs Cynic... Il est du reste évident que la scène technodeath américaine - vieille de quinze ans mais toujours à l'avant-garde, quel paradoxe - a beaucoup marqué Kobolt, le principal compositeur : flagrant dans les passages plus ambiancés et les soli « spatiaux » propres au style.


Outre la musique qu'il contient, On the Wings of Phœnix est aussi un des plus beaux objets metal qu'il m'ait été donné de voir depuis longtemps : l'illustration de couv' est magnifique et les deux livrets sont sublimes... Se voulant un complément indispensable à l'histoire déroulée par la musique, ces œuvres sont nourries à diverses sources que l'on identifiera... ou pas (mention spéciale au commando robotique frappé du nombre 777). Pour attiser la curiosité, je ne peux que relever, sans en dire plus, le beau clin d'œil adressé à St Seiya. La classe. Bon, n'en jetez plus, la coupe est pleine : le fait est que Symbyosis vient de réaliser un album somptueux que l'on a envie d'aimer et de soutenir inconditionnellement ! Faut pas oublier qu'on est en France, pays peu propice au metal et mal servi par une presse spécialisée longtemps honteuse (à tort) de sa propre scène... L'exemple le plus douloureux restant Massacra, Sodom français réduit à faire un ersatz de carrière outre-Rhin plutôt qu'ici - nul n'est prophète en son pays (en revanche il est de bon ton de les citer aujourd'hui...). A ce propos, désolant de constater que le dernier Hard n' Heavy n'ait accordé qu'une petite chronique vite torchée à ...Phœnix . On n'est pas obligé d'adhérer, on peut ne pas aimer... mais bordel un peu plus de soutien (une interview ou un article évoquant la gestation difficile du projet) aurait été mérité... Au lieu de ça on adoube une énième fois les pénibles SOAD sur dix pages.

Bravo Symbyosis, j'attends la suite avec impatience. Bilan très, très positif, grand album doublé d'un second disque remarquable, travail graphique fabuleux et ambition « force tranquille » jamais arrogante. On oubliera l'anglais pas toujours au top pour retenir l'essentiel : On the Wings of Phœnix est une œuvre d'art au sens premier du terme qui mérite toute l'attention du public metal. Ne pas graver, ne pas copier : à acheter pour le groupe... et pour ne pas se priver de la magnificence du packaging.

nota bene : comme un écho à la note précédente, je viens de remarquer que cet album est dédié à Schuldiner et à Darrell...

Man, last time I saw such an ambitious record as On the Wings of Phoenix was a very long time ago. Packed with a naive high adventures, moving sci-fi concept, I cannot decently ignore that massive (and French !) release. What you’ll find here is your typical techno-thrashin’-hard hittin’-death metal, flawlessly executed by slayeresque barbarians on the top of their game. For all of you symphonic-stuff lovers, OTWOP adds an orchestral edge to its relentless brutality. Don’t miss the second CD (yeah, that monster comes in two fucking parts) : it contains enjoyable covers such as The Loneliness of the Long Distance Runner as well as a tribute to Napalm Death – a good one, that is. And by the way, you do remember The Persuaders’ main theme, right ? So give OTWOP a try – you'll thank me later. Let me add a word about the packaging : fuckin' brilliant piece of art ! CGI magnificence (for once !) bursts within each artwork, referencing today’s pop-n-geek culture – I’m thinking of Saint Seya right now. For sure these metal froggies know the name of the game ! Do not download, or the boogie man will come to rip the fuck out your nuts at night.

On The Wings Of Phoenix (Hidden Association, 2005)

CD1 - On The Wings Of Phoenix
01 The Arrival
02 Truth
03 The Venom
04 Dilemma
05 Seizure of Power
06 War Phenomenon
07 Cupidity
08 Famine
09 Disease
10 Death Apogee
11 Peace

CD2 - Phoenix Ashes
01 Crusades Part IV
02 Crusades Part V
03 Crusades Part VI
04 Life
05 Dreamchild
06 The Loneliness of the Long Distance Runner
07 Read Between the Lies
08 Trail of Tears
09 Twisted Truth
10 When Napalm Fits to Skin
11 Quest of the Dolphin
12 Little Princess
13 Princess Ending

Le site et le Myspace de Symbyosis.