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mardi 25 décembre 2007

De Mysteriis Dom Sapinus (Merry Mayhem)

Je n'ai pas l'habitude, dans ces colonnes, de rédiger des comptes-rendus de concerts. Primo, je n'ai jamais été fan de l'exercice. Une hérésie pour certains qui ne conçoivent, ne consomment le metal que comme une musique live avant tout - une vision quelque peu limitative à mon sens. Rajoutons à ce peu de motivation le fait que je ne goûte que très peu au public dit « metal » de base (on n'est pas prêt de me voir à un festival par exemple, synonyme pour moi d'enfer sur terre), et l'enfer est dans le sac. Néanmoins ce manque d'intérêt n'est pas une règle : j'en « fais » tout de même régulièrement quelques-uns, et la récente et classieuse date d'Anathema à laquelle j'ai eu l'honneur d'assister (et de vexer Jamie Cavanagh, mais ceci est une autre histoire) aurait méritée quelques lignes ici - une notule qui restera finalement lettre-morte.

Mais... Mais j'ai vu Mayhem il y a quelques jours, en pleine Gaule Centrale, pour cette tournée Ordo Ad Chao placée sous le signe de l'outrance costumière. Une expérience. Comme d'habitude, je n'ai pas eu une envie folle de raconter la soirée ici : après tout quoi de plus éloigné qu'un concert et son bête et méchant compte-rendu « papier » ? Cependant que je digérais le choc, ma volonté de ne rien en faire vacillait. J'attendais un signe : et pourquoi pas, pour une fois ? Après tout, seuls Obituary et Samael ont eu droit à un article live dans ces colonnes. Pourquoi pas Mayhem, qui représente tant de choses pour votre serviteur ? Ce signe arriva par deux fois. Premièrement, j'ai rencontré le Père Noël en ville - c'était une femme. Tout se perd. « Avec de gros seins, en plus », fis-je remarquer d'un air porcin à ma copine. Je me suis dit, « c'est bon, la mère Noëlle et / ou sa poitrine lollobrigidienne - c'était ça ton signe. Fais-le ce report ». Un second signe, absolument évident, me fut envoyé un peu plus tard dans la journée : fouillant dans le bric-à-bacs d'un disquaire qui se prétend agitateur kulturel (passez-moi mon revolver), je tombe sur le dernier Mütiilation (à la FNUCK, véridique !). Association d'idées, chaise roulante de Meyhna'ch sur Black Millenium, chaise roulante d'Attila sur quelques dates de cette tournée Deconsecrate Europe... Je n'avais plus le choix. Seulement un devoir : celui de servir le lecteur. Et tel Charles Dexter Ward, je prends maintenant mon stylo d'une main tremblante, pour livrer les mystérieux et sataniques secrets déflorés en cette funeste soirée. On passera vite sur l'insipide Pantheon I (ou plutôt, Pantheon aie aie aie, pour la brunette violoniste qui rejoindra Mayhem sur deux morceaux).

Je m'attendais à tout au niveau visuel, ayant eu vent des facéties de Monsieur Csihar. Je m'attendais à tout.... sauf à ça ! Attila s'est pointé déguisé en putain de sapin de Noël ! Avec des guirlandes électriques et tout le toutim ! C'était bien fait et l'on ne voyait rien de lui, que ce roi des forêts probablement scié par Blasphemer un peu plus tôt au bord de la route. Ça clignotait, c'était enguirlandé, je suis sûr qu'un petit renne devait être suspendu quelque part - la totale. Jusqu'à son sommet, occupé par une boule plus grosse que les autres (on croit rêver). Effet garanti de l'apparition : les trois compères assénaient déjà le premier titre depuis un moment lorsque l'on vît le conifère se mouvoir lentement vers le centre de la scène et entamer une sinistre mélopée, rehaussée d'un écho avec encore plus de réverb' qu'un chorus de Def Leppard en 1987. Surréaliste, et après menue réflexion (n'allons pas nous faire mal), j'oserais même dire « dadaïste ». Alors qu'en dire ? Eh bien... passé la surprise, c'était « glauque » de voir ce végétal, traditionnellement associé à un moment festif, éructer les morceaux du dernier album et expectorer sans hargne, mais avec une colère froide et terrifiante, les infernales litanies mayhemiques (truth ?). Ordo Ad Chao fut transfiguré par son interprétation, si bien que j'ai redécouvert cet album étrange - et au sujet duquel je n'ai point changé mon avis d'un iota. Le son du groupe était très correct, avec une prédominance de la rythmique au détriment des mélodies peu gênante vu la physionomie de la dernière œuvre. De toutes façons le père fouettard de Budapest était l'attraction principale - sa présence capte, magnétise, accroche. Je n'avais jamais vu Attila auparavant (ni Mayhem), mais une chose est sûre, c'est qu'au niveau vocal il est unique et, c'est vrai, assez effrayant. C'est aussi simple que cela... Et pourtant, le public n'aura rien « vu » de lui : seulement ce déguisement forestier. La voix, caractérisée par ce timbre effroyable et séculaire, est conforme à sa légende - sans équivalent ou en tout cas pas dans le black metal. Bien sûr, la réverb' parachevait son impact et l'effet, mais quel malaise tout de même...

Le coup du sapin de Noël aura ses détracteurs, c'est certain, car la frontière entre le « bon » effet et le ridicule est ténue - on touche là du doigt l'un des problèmes majeurs du metal, tous styles confondus, celui qui pousse à répondre par un laconique « du rock » quand on se voit demander ce que l'on écoute. Reste que j'ai adoré (quelle gageure que de maintenir une telle présence dans cet accoutrement), et cela pour plusieurs raisons que je ne détaillerai pas - il serait question de contre-pied, d'attitude, de recul, du privilège de l'âge, et d'un sens de l'autodérision rafraîchissant dans une scène ou rangers, ceinturons cloutés et bras croisés résument trop souvent, justement, « l'attitude ». Et dire que certains autoproclamés experts à la petite semaine voudraient donner, à l'heure du goûter, des leçons de black metal à Mayhem, Satyricon ou Darkthrone... Le black metal n'a jamais été défini par sa musique, mais par son esprit d'opposition. Une opposition à ce qui se trouve en face, fût-ce des ados se donnant un air trop sérieux avec... rangers, ceinturons cloutés et bras croisés. En l'occurrence, le black metal, ramené depuis quelques années par ses parangons les plus célèbres à ses racines punk et rock n' roll (vous reprendrez bien un peu de Motörhead et de Bathory ?), a retrouvé son essence et peut-être sa vocation première : l'entertainment nihiliste. Être black metal en 2007 - et Mayhem est le black metal -, c'est peut-être, effectivement, se ramener sur scène accoutré en gros lapin rose (rabbit death's curse ?) ou en proxo « bling-bling » entouré de pétasses. Une substantifique moelle que certains ont su isoler et extraire plus tôt que les autres - on pense très fort à Impaled Nazarene, à l'oublié Demoniac ou à Deströyer 666 ! Et on remarque au passage que le patronyme complet de la horde, The True Mayhem, fait aussi et malicieusement office de doigt d'honneur adressé aux esprits étroits.

J'en reviens à cette soirée du 22 décembre après cette digression : beaucoup ont du rater Mayhem sur cette date... Censés tenir le haut de l'affiche après quatre premières parties (Pantheon I, Aabsinthe, Kronos et The Old Dead Tree), les norvégiens ont finalement joué en deuxième position pour regagner leurs pénates durant la nuit. En pâtira la set-list, abrégée pour ne durer qu'une heure durant laquelle furent moulinés Ordo Ad Chao et quelques classiques (dont Freezing Moon bien sûr, annoncée superbement et agrémentée d'un solo simpliste et bien vu). Les morceaux de l'ère Maniac y gagnent au change : une répugnante version de To Daimonion fut délivrée par le sapin chantant. Un concert trop court mais intense, ponctué de morceaux de bravoure (ce monstrueux et impromptu break qui laisse Attila psalmodier d'une voix blanche « odium humani generis »), et pas forcément brutal mais tellement... black metal. Moins sauvage que lorsque mené par Maniac, Mayhem est (re)devenu plus vicieux, plus finaud et à nouveau dérangeant. Pas mal pour un groupe passé à la postérité pour toutes les mauvaises raisons du monde, et englué dans une caricaturale légende depuis trop d'années ! Une chose est sûre : la frange dérangée ( infinitésimale) du public de Mayhem semble ne goûter que très peu aux fantaisies esthétiques du moment, et Attila prend bien plus de risques, devant les puristes-true-du-kvlt, à jouer en gros lapin qu'en dictateur chaplinesque (déguisement auquel je suis content d'avoir échappé, pas pour de stupides raisons, mais simplement parce que ce qui a déjà été fait par d'autres n'est plus à faire). Je renvoie le lecteur intéressé à une passionnante interview donnée pour le Terrorizer d'avril 2007, dans laquelle Necrobutcher expliquait que la mort de Dimebag Darrell avait vraiment eue une résonance dans le camp Mayhem (« on joue devant un public et dans une scène qui rend cela possible, c'est un fait, je cherche des yeux le canon d'un éventuel flingue sur certaines dates américaines »).

...Mais ce sapin, putain, ce sapin qui vouait Noël aux gémonies pendant tous les morceaux avec cette voix de ténor décomposé... « I would like to dedicate that show to all the trees that we human scum cut down for fuckin' christmas... fuck him... fuck christmas... fuck him... ». Je rappelle que c'était le traditionnel festival de Noël de Execution Management - au fait on ne le dira jamais assez mais... bravo les gars. Et je signale aussi que Mayhem ne s'en prend pas forcément au christianisme sur scène (vous parlez d'une ambulance... ça n'est plus subversif depuis longtemps, mais est-ce même encore drôle ?), mais à chacune des grandes religions révélées. Et y'a pas à dire, dans l'état actuel des choses, c'est plus dangereux de brûler certains symboles que d'autres - je n'avancerai pas plus sur ce terrain miné. Reste le plus important pour conclure : la musique de Mayhem exhale réellement quelque chose, et quand Attila souffle, dans un murmure d'infrabasses, « dedicated to the trees », on fait comme les interlocuteurs de Lino Ventura dans ses films : on ferme sa gueule, on écoute. Et on se dit qu'en effet, les arbres de la forêt voisine doivent l'entendre.

Well I am not what you can call a gig-addict. But attending a Mayhem’s performance is always an event, isn’ it ? So here I was and man, total mindfucking madness it was. The boys were headlining some Christmas Fest (wtf ?!?), or supposed to (the running order was modified on the last minute). Musically Mayhem ripped the place apart but hey, for fuck’s sake, fuckin’ Attila was dressed as a Christmas tree for the whole gig !!! Well, it would be more accurate to say he was entangled, more than disguised, in a fuckin’ firtree ! Of course the thingy was complete, adorned with fairy lights and coloured bulbs and, therefore, powered by electricity. Fuck me ! I swear on your sister’s chastity this is absolutely fuckin’ true ! I was more expecting a pink rabbit or a greasy pimp, like on the rest of the tour, but hey, Christmas it was, wasn’t it ? The assistance was divided, pros and cons – what I do know is that what Attila did that night was truly black metal in the most twisted kind of way – isn’t this music about shocking people off and breaking every rule ? That bein’ said, I wish all of you sickfucks a merry Christmas and a happy Mayhem.

Le site et le Myspace de Mayhem.

...et toujours :
Un nouveau suicide chez Mayhem

mercredi 23 novembre 2005

Un début à tout (en attendant la fin de tout)

Début 1991 (ou fin 1990 ?). J'ai une dizaine d'années, et en tant que jeune lecteur insatiable à l'époque (aujourd'hui je ne lis plus que la page people du Point), je fréquente régulièrement la petite bibliothèque municipale de mon bled. Un mercredi après-midi, en ramenant un fameux Dictionnaire des Monstres du Cinéma, je remarque une K7 dont la pochette flashy et énigmatique m'attire inexorablement l'œil... Diantre ! Qu'est-ce donc ? Un espèce de visage déformé, des lignes fluo bariolant une jaquette très arty (comprendre : « années 80 » )... On ne distingue pas grand-chose mais la graine de la curiosité a été semée. Croyez-moi, elle pousse encore. Je déchiffre le logo non sans peine (j'ai obtenu depuis le grade Champollion à ce petit jeu, black metal oblige) : Def Leppard. J'apprendrai un peu plus tard que ce nom signifie Léopard Sourd. Ni une, ni deux, j'embarque le trésor analogique chez moi pour l'écouter dans mon petit magnétophone... Et là, c'est le choc total, l'hallucination auditive, un coup de foudre qui ne s'est depuis jamais démenti. Ma mère ne semble pas fan puisque pour la première fois de ma vie j'entends une phrase qu'elle ne cessera de décliner des années durant : « c'est de la musique de sauvages quand même » (même si certains trouveront grâce à ses oreilles comme Theatre of Tragedy ou Therion bien plus tard)...

Dès les premières secondes, une ambiance à la fois chaude et synthétique s'installe et perdure tout l'album. Des notes surgies de je-ne-sais quel instrument (guitares électriques bien évidemment) résonnent dans un vide spatial (réverb' à la Mutt Lange donc) avant de lancer le premier morceau. C'est extraordinairement puissant, évocateur, j'ai la sensation d'une porte ouverte sur un imaginaire insoupçonné. Cet album, c'est Hysteria, j'en suis tombé instantanément amoureux et bien plus encore. Un monde musical s'ouvrait à moi, et inutile de dire que ça me changeait des thèmes de jeux vidéos copiés sur K7. Après m'être renseigné sur le genre auquel la bête était affiliée, à savoir le « hard » comme on disait alors, plus rien ne fut jamais comme avant.. En quelques semaines j'avais copié tout ce que la bibliothèque possédait - c'est-à-dire peu de chose : New Jersey de Bon Jovi, Rust In Peace de Megadeth (un album que j'ai apprivoisé sur plusieurs années avant de finalement le vénérer), le 1916 de Motörhead - un album indispensable et méconnu - et Let There be Rock d'AC/DC (j'ai encore toutes ces vieilles K7 repiquées quelque part). C'est à cette époque que j'ai découvert l'un des meilleurs albums de tous les temps (Appetite For Destruction), ainsi que Metallica par le biais d'un copain partageant la même passion. Et quelques mois plus tard, voici que je découvrais un groupe qui reste depuis mon totem, que je soutiendrais envers et contre tout (je peux même vous expliquer pourquoi No Prayer For The Dying est un album génial) : Iron Maiden.

Pour en revenir brièvement à Hysteria, il est évident que je n'ai rien à dire d'objectif dessus, de la même façon que Proust ne pouvait pas savourer objectivement une madeleine ! Reste que cet album est fréquemment donné comme étant le meilleur du groupe (dont je ne suis par ailleurs pas spécialement client), et possède une production singulière, unique même, signée Mutt Lange, l'un des grands sorciers du son de l'époque. Difficile de décrire le résultat, à la fois organique et synthétique, dont le disque bénéficie. Une chose est sûre, malgré les milliers d'albums que j'ai écouté depuis je n'ai plus jamais ré-entendu un tel son. Pour l'anecdote la gestation de Hysteria dura quatre longues années marquées par un tragique événement (pas le dernier qu'allait connaître le groupe) : le batteur perdit un bras dans un choc routier. Il conserva cependant son poste, qu'il tient encore à ce jour - unique et admirable. Que dire de plus ? Écoutez Hysteria. En ce qui me concerne, ce n'est pas Lautréamont qui a allumé la mèche, mais c'est cet album !

It all began in my remote village’s tiny public library, in ’90 or ’91, when, as a curious little boy, I was hooked by a strange record cover. Flashy colors, an eerie face melting into strange screaming features… Man, that was it, I had just found Def Leppard’s Hysteria, an album that means so much in my life. As soon as I put the strange fucker in my crappy boombox, the metal seed did instantly grow in me, never, ever to be gone since. So Hysteria began playing : atmospheric, synthetic albeit aggressive in terms of sound, it just totally blew me away – totally. I was then mainly listening to video games soundtracks, and, as a hint of my future love, I was secretly fond of Michael Jackson’s Beat It. From there it was just a succession of genuine, passionate discovers as I borrowed LPs such as New Jersey, Rust In Peace, 1916, Let There Be Rock… But more was to come when I stumbled upon Metallica, GNR and Iron Maiden. A classic gone-too-far affair : you can’t go back – you just have to discover more. And more. And more. Do not expect me to say anything, good or bad, about Hysteria : as the starter of it all, it truly is, since then, ma petite madeleine de Proust. I am not a big fan of Def Leppard but hey, what a sound those guys had in these days – thanks to Mutt Lange, sonic wizard extraordinaire. So what about you ? What was it that forever turned you into a true metalhead ?