Affichage des articles dont le libellé est iron maiden. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est iron maiden. Afficher tous les articles

mardi 29 décembre 2015

Lemmy Kilmister 1945 - 2015 : born to lose, live to win

J'aime éviter le pathos et espère ne pas sombrer dans cet écueil mais le décès de Lemmy - inutile de revenir sur le personnage et ses soixante-dix années atteintes on ne sait trop comment - m'a touché. La  disparition d'un personnage inconnu personnellement, seulement vu de loin en concert dans un Zénith, mais qui fait partie de ma vie depuis si longtemps. Forcément il emporte quelque chose de moi-même. Gamin, à 12 ans, 1916 fut avec Let There Be Rock et Hysteria le premier album que j'empruntais à la bibliothèque municipale pour le copier sur support cassette.

J'ai toujours cette vieille BASF sur laquelle figure l'album d'AC/DC en face A, celui de Motörhead en face B. Ce 1916 que je tiens pour l'un des chefs-d'œuvre des Anglais. Nul en sport, bon à l'école sans me fouler et toujours fourré dans un bouquin, j'ai passé comme beaucoup quelques vrais mauvais moments sur les bancs du collège. Le hard rock - comme on disait - est une musique de marginal, et le metal extrême, a fortiori le black metal, est celle des vilains petits canards : on y vient car on a été poussé vers la frange qu'on s'est trouvé - je me comprends. Mais suffit de la digression. Mon intérêt pour le « hard rock » se répandit vite dans la classe et me rendit « cool »... l'espace de quelques mois. 1916 fut ainsi prêté, écouté, repiqué plus qu'à son tour. Un petit camarade se procura une image de tête de mort, sur le blanc du front de laquelle nous écrivîmes en lettres attachées : « AC/DC : Let There Be Rock / Motörhead : 1916 ». Pas assez réceptif à l'album des Australiens, je regrettais vite mon erreur d’ordonnancement et passais mon temps à accélérer la face A pour arriver plus vite à 1916. Mon père mit à contribution la photocopieuse de son bureau et nous réinventions, sans le savoir, cette charte graphique si chère aux démos black / death metal de l'époque : la sempiternelle photocop' monochrome lo-fi de chez lo-fi (plus tard, mon côté rain man me poussera à abattre un travail de titan en recréant, « chartant », standardisant toutes mes vieilles jaquettes via WordArt). Nous n'avions pas encore de lecteur CD à la maison... Lorsque cet appareil révolutionnaire intégra enfin le foyer familial, je possédais déjà mon premier « compact-disc » : A Real Dead One d'Iron Maiden, acheté plus tôt en prévision de cette acquisition que je savais voulue par mon père (mais ce fut Rust In Piece, sorti de la même bibliothèque, qui étrenna l'appareil). Concernant 1916, j'appréciais tout l'album et notamment l'étrange piste Nightmare / The Dreamtime. Quelques nappes de synthé à la sourde mélancolie et une ambiance aussi éthérée que menaçante au milieu du chaos habituel. Dans un genre très différent et toutes proportions gardées, c'est bien certains de ces éléments qui me firent succomber plus tard au black metal symphonique...

Quelques mois après la découverte de 1916, un oncle lyonnais d'un âge assez avancé me fit un magnifique cadeau qui trône actuellement sur ma bibliothèque : le vinyl original de Bomber, ayant appartenu à son fils cadre quarantenaire. Dire que je n'imaginais pas que ce vieil appartement modeste abrite en son sein un tel artéfact est un euphémisme et ma surprise n'eût d'égale que ma joie (je récupérais aussi Born Again de Sabbath, sur lequel Gillan vocifère magistralement Neon Knights et Digital Bitch entre autres perles). Il faut relire White Line Fever (l'expression d'une sagesse rabelaisienne et désabusée qui émergea de cette vie de dingue), écouter aussi Head Cat qui complète tellement Motörhead. Lemmy est un personnage important dans ma mythologie personnelle : j'ai bu quelques whiskies à sa mémoire, en matant des vidéos sur YouTube, et en regrettant le temps qui passe.

So sad to have learned about Lemmy's "untimely" (?) passing. The man was a wise, adventure-ridden old rock n' roller and lived true to his famous motto "Born to lose, live to win". My first encounter with the gentleman and his motley crew was through 1916, a great release and personnal masterpiece. Eversince that day, Lemmy was a prominent figure in my personnal pantheon, and I do not have powerful enough words to pay him the tribute he deserves. You don't know me man, but I love you. May the earth rest lightly upon you. So sad. So sad.

...et toujours :

dimanche 27 décembre 2015

Un bon livre, qui soul un peu

The Book Of Souls... dès le titre, un sacré programme. Il faut pour ce premier double-album : tenir la distance quand on se nomme ainsi ; et il faut pour le fan plus forcément vache-à-lait : faire fi d'une grandiloquence titulaire qui garantit toujours le pire comme le meilleur chez les anglais. La mission est accomplie compte-tenu de ce qu'on attend aujourd'hui. C'est le principe de réalité, cette aptitude à ne pas attendre la satisfaction pulsionnelle mais à composer avec une réalité objective. On est en 2015, Iron Maiden ne joue plus au Ruskin Arms depuis longtemps, les gamins pensent que Bring Me The Horizon est un groupe de metal et les clochards de Soulfly ont sorti plus d'albums que Sepultura.

Il faut oublier cet habituel premier single rapide et peu inspiré (Speed Of Light est une horreur) : l'album s'ouvre sur If Eternity Should Fail, bijou de fer ouvragé à la respiration ample et puissante... La chanson exhale un souffle épique qui porte le reste du disque : ce début est aussi son sommet. Le reste est un terrain conquis, avec ces touches folk présentes depuis plus d'une quinzaine d'années qui font partie de l'ADN de Maiden au même titre que les twin guitars attack d'antan. L'excellence des dérapages rock n' roll de l'album est à signaler, entre Thin Lizzy et Gary Moore dont les ombres planent sérieusement sur When The River Runs Red... Dans une drôle de symétrie, on n'échappe pas, en revanche, aux longueurs qui caviardent l'écriture depuis Brave New World, surtout lorsque remplies de rien (The Red And The Black se traîne insensément, arrosé de chœurs faisandés que mon petit corps de fan ne digère plus. Sorel n'aurait jamais baisé la mère De Rênal s'il avait été si lourd). La seconde partie de l'album commence bien, en forme d'hommage au Maiden NWOBHM - celui de votre père éventuellement, celui que j'aime passionnément. Entendre l'ambiance Aces High ou Tailgunner dans Death Or Glory... Quant à Shadows Of  The Valley, c'est l'esprit de Somewhere In Time qu'il convoque brièvement... le temps de céder sa place au Maiden actuel trop avisé de sa recette pour en dévier bien plus longtemps.

C'est donc sans surprise, absolument aucune, que Maiden propose un plat « grand scope et mid-tempo » dans l'exacte continuité de ce qu'ils font depuis l’avènement de leur quatrième période (2000). Une ère miraculeuse, pas tant en termes de qualité - bien qu'A Matter Of Life And Death soit un grand album - mais bien de succès commercial insolent faisant mentir toute règle établie : Maiden aligne les premières places de tous les billboards, et réussit l'extraordinaire tour de force de se survivre sans se réinventer et de rameuter de nouvelles légions fanatisées comme je l'étais moi-même... Le principe d'immuabilité qui régit Steve Harris est le secret (pas bien gardé) de Maiden... Quand c'est pas cassé, faut pas réparer.

Well, well, well... Here's the new Maiden coming our way. The Book Of Souls is, as usual, a gargantuan release packed in a very nice special two-cd set (I urge you to get hold of the special edition). As always, there's the good (If Eternity Should Fail), the bad (The Red And The Black) and the ugly (Empire Of The Clouds - a bloated song emphasising everything I don't like anymore in Maiden). But hey ! Raise the hammers and fly high the iron banner nonetheless, 'cause Maiden will always be Maiden and still manages to be versatile despite its english immutability. There's high grounds and low ends to be found in this epic big fuckin' Book Of Souls, meaning fans will get the dose of (good) metal they need. Yep. Being a fan, how cool is that ? I ask you...

...et toujours :
Considérations théologiques

jeudi 20 novembre 2014

(still) Channeling the quintessence of quelque chose

Photo courtesy of Sheol

Channeling the quintessence of quelque chose, mais on ne sait plus exactement quoi... Ça fait si longtemps qu'on écoute du death metal, du black metal, et que l'on sait qu'Il n'existe que dans notre phantasmagorie - la vraie vie étant autrement plus hardcore que dans les paroles de Marduk ou Darkthrone. Merci Brel, merci Ferré, autres sidérurgistes  du réel ignorant le palm muting et le tremolo picking. Ça fait longtemps aussi qu'on fait la part des choses entre rébellion adolescente et soumission systémique, une place doit exister entre, on cherche notre air, on ne se rêve plus mais on espère toujours, on n'a que peu de temps, la vie est courte et la mort nous en guérira bien assez tôt. On a besoin d'acier pour mettre dans le roseau de notre squelette, d'argile pour combler les trous de notre estomac. Notre cerveau spongieux prendrait bien un peu de phosphore, mais du collagène ferait aussi bien illusion. Mais. Mais. Mais... Morbid Angel, à qui l'on pardonnera son satanisme original nourri aux sources américaines libéralo-LaVeyenne, demeure dans notre vie et sa puissance évocatrice aussi. Je ne renierai en aucun cas ce que j'écrivais ici, ou ce que je lisais ailleurs ; la musique de ces américains reste cette symphonie tellurique se nourrissant des racines de la Terre pour taquiner les Grands Anciens terrés dans ce coin, là, de notre esprit.

Dans une petite ville de Province Française j'ai vu le petit cirque de David et Trey, et toute la porcelaine de mon âme a été réduite à néant en l'espace de deux petites heures. J'ai de nouveau dix-sept ans, la vie devant moi, le temps est courbé par un trou de ver nommé Death Metal Supreme. Iron Maiden me déniaise, Metallica me terrasse mais Morbid Angel est un choc extrême ; Emperor viendra ensuite mais la bande à David et Trey et Pete et Mike et Richard et Steve et Eric reste un sigillé d'éternité et de puissance, un élixir de jouvence granitique, de montagnes hallucinées et de torrents indomptables. Encore et toujours, hier comme demain, loin du siècle dernier emprisonnant ces dix-sept ans dans une capsule lycéenne aux couleurs passées, j'écoute Morbid Angel les matins gris et les jours sombres. Un baume au cœur pour se rappeler que les secured limitations sont une vue de l'esprit et que, tout sac de chair et d'os que je sois, ma volonté existe. La nuit ? Que non, c'est bien la lumière qui point à l'horizon de cet art ancré au cœur de la montagne Death Metal, mais qui pourtant la surplombe. Morbid Angel, plus que bien d'autres Grands Anciens pour certains titans endormis (Nocturnus...), reste au firmament de mon panthéon non plus par la violence de sa musique, mais bien par la résonance qu'il créa jadis en moi et qui, en cette soirée de novembre, fait un écho assourdissant dans le silence de ma vie. Channeling the quintessence of quelque chose.

To be Limoged in Chaos, that's what happened to me some time ago, witnessing the extraordinary full display of Covenant by Morbid Fuckin' Angel. David Vincent and mastermind Trey Azagthoth are now flanked by drummer Tim Yeung and guitarist Destructhor (of Myrkskog and Zyklon fame), two beasts in their own rights (watching Destructhor bent over his guitar almost to breakpoint, windmilling as it to fly like some lovecraftian madman is a sight to be seen !). From Rapture to God Of Emptiness everything went according to the grimmest plan, meaning a full-blast attack of ripping, mineral, esoteric death metal. Following the interpretation of Covenant, the band tore through some classic shit such as you-name-it, including some gems from the mighty Tucker / Rutan era. Absolutely sick while retaining the occult, obsidian magick deeply engrained in Morbid Angel's ravenous heart.

Le site de Morbid Angel.

...et toujours :
L'ère Tucker, chat tue
Morbid Angel : un bon coup de pied occulte

mardi 11 mars 2014

Augures : l'autre spécialité de Liège...

...et celle-ci, c'est pas dans l'assiette, mais dans la gueule. Mais avant l'impact, un peu d'histoire. Les augures, c'était ces prêtres influents de l'antiquité romaine que l'on consultait à tout propos et qui, finalement, faisaient la pluie et le beau temps par leurs messages parfois abscons mais tant écoutés que respectés. Acquérir un tel statut dans sa sphère musicale est bien tout le mal que je souhaite à cette teigneuse formation belge qui m'a plu tant dans l'agression que par sa dispense d'atmosphères neurosiennes faisant rimer planant avec dérangeant. Au point, parfois, de remonter un étrange chemin qui tire presque sur un black metal maladif et expérimental. Puis mince, la dernière fois que j'ai écouté un album (il s'agit ici d'un EP digital et... cassette !) du plat pays me ramènerait peut-être à ...Memoriam Draconis d'Avatar, c'est dire l'évènement !

Nul doute que beaucoup parleront ici de post-quelque chose (« ou comment qualifier le néant »). C'est du metal, moderne ! Et c'est déjà pas mal comme description. Disons simplement qu'Augures, au fil tragique de son Inauguration, honore quelques pères fondateurs comme Neurosis, Sepultura (osez me dire que l'on ne discerne pas, derrière la lisière désenchantée propre à cette scène headbanguant au rythme de sa désolation mi-punk metallisé, mi-downbeat doomy, l'ombre tutélaire de Chaos AD), voire même les immenses Earth dans ces instants désincarnés où la disto laisse entrevoir ce squelette cendreux et consumé des riffs propres à cette scène. Inutile de se faire long sur cette notule, car il est évident que beaucoup des références récentes d'Augures m'échappent (je suis un gars basique ; avec Maiden et Morbid Angel, je tiens vingt ans sans passer par Primal Fear ou Behemoth), mais si les noms évoqués et l'envie de découvrir un jeune groupe prometteur dans le sillon qu'il s'est choisi (et qu'il ne creusera, j'espère, pas qu'en profondeur) vous titillent, Augures est pour vous. A capter aussi en live - je n'ai vu que quelques vidéos sur le net mais le charisme à la Gojira - toute proportion gardée - qu'il s'en dégage finit de convaincre. Dernière chose ; ne pas avoir picolé avant de mater la jaquette, vous seriez tenter d'y chercher des Triforces planquées. Y'en a pas !

Well well well... I was never a huge fan of "post-whatever-the-fuck-you-want-metal", and Augures may easily be trapped into that corner of the world. It would be a shame, as Augures is a really hearfelt and talented band hailing from Liège, Belgium (yup man. Beers and chocolate and metal, who needs sex and drugs and rock n' roll ?). The boys sure can deliver the goods all the way down their Inauguration EP, packed with punishing red-as-death riffing and agressive, bleak vokills ranging from early american hardcore to painstaking european black metal rasp. So come on, jump in the fire.

Inauguration (Black Basset Records, 2013)

01 Grey Sky
02 Wondering
03 Sense Of Guilt
04 Earth's Last Letter
05 Fall
06 Eye Of The Storm

Le site et le Bandcamp d'Augures.

lundi 14 mai 2012

Voir Metallica et mourir


Il y a des choses à faire dans la vie : on n’est pas sur ce rocher pour rien. Il y a aussi des choses à voir : pour votre serviteur, assister à un concert de Metallica faisait partie de la liste. C’est donc fait. La grande objectivité qui caractérise ces pages dès qu’il est question des San-Franciscains sera de rigueur : (ne) comptez donc (pas) sur un live report des plus impartiaux ! Un mot sur le Stade De France, structure impressionnante et équipée de trois immenses écrans HD, chacun plus grand qu’un terrain de tennis : sans eux, je n’aurais absolument rien distingué du concert car trop loin sur les gradins (et placé au plus haut : vertigineuse impression quand on s’installe). Fin du quart-d'heure provincial...

Passons sur Gojira, à nouveau présent sur une tournée Metallica : ces mecs, dont la rifferie mécanique et métronomique doit beaucoup au jeu de Hetfield, doivent vraiment vivre un rêve éveillé. Cependant et bien que très client, impossible de vraiment apprécier : un son catastrophique m’aura contraint à bouger la tête de mémoire plus que de ressenti. J’avais l’impression d’être un de ces petits chiens en plastique à l’arrière des voitures, opinant du chef sans trop savoir pourquoi (les Japonais font ça très bien aussi). Mais entendre, plus qu’écouter, Gojira dans ces conditions n’était rien en comparaison de ce qui allait suivre… The Kills. Perplexité totale à la « what the fuck » : pourquoi eux ? Pourquoi ici ? Pourquoi cette place (j’opte pour un calcul machiavélique) ? Ce fut atroce : inutilement bruitiste (je sais la tendance noisy du groupe mais là…), et juste chiantissime, le tout desservi par un son horrible. Gros, énorme plantage de The Kills, qui n’avait rien à gagner ce soir-là : ouvrir de cette façon pour un groupe comme Metallica, c’est se donner aux lions dans une arène à l’exclusivité pourtant connue. Alison Mosshart, à qui on pincerait néanmoins bien les fesses, conclut tant bien que mal à grand renfort de doigts d’honneur adressés à une foule bien élevée et patiente, qui finit néanmoins par siffler à l’approche de l’heure fatidique. Il semble que je sois condamné aux premières parties pénibles sur les gros concerts en stade (le pire avait été atteint sur la tournée Early Years de Maiden, au Parc des Princes : j’avais du me tartiner Within Temptation, mais surtout, enfer et damnation, Dream Theater : une agonie mes amis. Une agonie)…

« Vos acouphènes ont vingt ans », proclame la bannière géante accrochée sur les flancs du stade. Vingt ans, peu ou prou, c’est bien la date de sortie (1991) de Metallica, cet album calibré pour le carton (approche quasi scientifique en la matière de Bob Rock, cf les fameux Un An Et Demi De La Vie De…) vendu à plus de trente millions d’exemplaires et qui aura propulsé Metallica à sa périhélie. Le Black Album, c’est aussi celui par lequel nombre d’entre-nous avons découvert gamins le groupe (vous vous souvenez quand vous expliquiez à vos copains que Metalloche c'est mieux que Guns ?), et c’est surtout celui qui aura clairement démocratisé le heavy metal « grand public » malgré son paradoxe (un contenu aussi noir que sa pochette en termes de paroles). Philippe Manœuvre, toujours visionnaire, n’a pas mis Metallica mais le Garage Days dans sa « discothèque idéale ». Présent ce soir-là, j’espère que cela lui aura soufflé l'idée de publier un second tome. Ou pas, en fait.

Metallica n’a plus rien à prouver depuis longtemps… Metallica n’a plus besoin d’argent depuis longtemps (sortir un machin dadaïste comme Lulu, vous pensez vraiment que c’était pour le vendre ? Si c’est le cas, think twice, think better. Idem pour la place : un groupe de cette stature, dans un tel lieu, la fait plutôt payer entre 100 et 200 euros que 65)… Je les attends, ils arrivent. Ca y est, les Saints-Pères prennent la scène. Oh putain. Ce n’est pas tout les jours qu’on assiste à une révélation mystique : je me fais l’effet d’être Paul Claudel derrière son pilier de Notre-Dame de Paris. Pour la set-list, vous la trouverez partout, mais attaquer à 200 à l’heure avec Hit The Lights, Master Of Puppets et No Remorse, ça donne le ton… Metallica est en forme, ça joue serré, et Jaymz a ressorti la veste à patches bardée de Saxon, Venom, Tank et autres Motörhead… le charisme extraordinaire de cet improbable saltimbanque redneck partagé entre le cambouis des moteurs qu’il affectionne bricoler et ses penchants pour l’art et l’essai opère et frappe : ses ouailles sont tout ouïes et la grand-messe qui s’annonce, bordel, promet le Grand Tremblement.

Le morceau de bravoure, bien sûr, c’est la célébration du Black Album après une vidéo commémorative sympathique bien que squeezant mesquinement Jason : quelle idée géniale que de l’entreprendre à rebours pour finir, avant les rappels, sur l’apothéose Enter Sandman (foule au bord de l’apoplexie) ! Le son étonnamment bon pour un stade ainsi que la bonne diction de Jaymz permettent, j’insiste, de se rendre compte de la qualité des paroles de l’album noir (Holier Than Thou, My Friend Of Misery, Sad But True, The God That Failed, Wherever I May Roam magique et pour l’occasion accompagnée d’une chouette vidéo…). On aura même bien supporté Nothing Else Matters qui, quoi qu’on en pense, reste traversée par cette fulgurance : elle invalide d’elle-même depuis vingt ans la première des critiques qu’on pourrait lui faire car, justement et loin de compter fleurette comme les dégoulinantes power-ballads de l’époque, la chanson traite de l’importance de rester soi-même sans se compromettre par rapport à ce qu’attendent les autres de vous. En clair, une ballade qui dit qu’elle vous emmerde. Joli subterfuge, non ?

Jaymz… que dire de plus ? A-t-il trouvé la fontaine de jouvence dans son jardin (qui serait sûrement classé Parcs & Forêts en France) de Marin County ? S’est-il libéré définitivement de ses mauvais génies ? Sa prestation fut impériale : vocale, instrumentale, et quel Monsieur Loyal – on avait l’impression d’être ses hôtes ce 12 mai 2012… On se serait passé des discours un peu démago (« Metallica family », on l’aura entendu un trop grand nombre de fois !), mais après tout c’était un passage obligé : ce qui choquerait, ce serait d’entendre ça de la bouche de Mortuus à un concert de Marduk. Je ne suis pas assez musicien pour juger de la prestation de Lars qui, bien qu’éreinté par beaucoup (qui certainement ne doutent pas jouer mieux que lui…), n’a pas été ridicule malgré quelques flottements sur les parties de double (One), mais ça passait à l’aise de façon générale. Reste Kirk, que je trouve toujours un peu « transparent » : la faute à son attitude limite désinvolte alors qu’il enquille quand même de sacrés soli, ou à ma faiblesse pour Hetfield dont le jeu rythmique focalise immanquablement mon attention ? Rien à dire sur Rob Trujillo : paraît qu’il faut un bassiste dans un groupe. Eh bien, Metallica a un bassiste. Blague à part, Trujillo est un monstre d’attitude, et on pressent, avec un sentiment diffus d’injustice, que Newsted est en passe d’être relégué au rang du troisième bassiste de Metallica (on oublie Mc Govney) en termes d’importance. Rude au regard des états de service impeccables de ce bon vieux Jason : le malaise entre lui et Metallica aura été permanent, couvant pendant 15 ans.

Bref, au-delà de la confirmation de l’extrême générosité du groupe (qui, je le rappelle, donne gratuitement tous ses concerts qualité soundboard sur son site), son excellente tenue sur scène rassure et promet : plus de deux heures apocalyptiques mais bon enfant pour un rêve réalisé… N’écoutez pas les pisse-froids (gageons que les Inrocks et autres prescripteurs de goûts auront vu en The Kills le principal attrait de la soirée dans le papier qu’ils écriront en se bouchant le nez) ! Car Metallica continue son miracle « Robert Hossein » permanent : faire du grand spectacle, pour le grand public, sans compromettre son art. De 7 à 77 ans, de Nothing Else Matters à Battery, tout le monde a vu son Metallica sur scène.  Judge not lest ye be judged yourself ; c’est avec Leur Sainte Parole que je conclurai cet article, encore une fois et sans surprise, d’une parfaite objectivité sur le sujet.

Un grand merci à Nicolas Gaire qui m'a permis d'utiliser ses chouettes photos pour les images placées en lien sur les noms des musiciens : retrouvez la totale ici. Les deux clichés visibles directement sont l'oeuvre de votre serviteur.

Hey friends… Just saw ‘Tallica last Saturday and believe me, ‘twas great. I mean, reeeaaally great. I just wrote an extended article ‘bout it in French so I don’t feel like translating it just for the sake of translating it but I wasn’t let down by the guys. As a commemorating gig mostly dedicated to the Black Album’s 20th anniversary, the four horsemen fiercely tore backwards into it, nailing each number down from Struggle Within to Enter Sandman. Bullet after bullet, it all went down "straight between the eyes". Baaad motherfuckers…

...et toujours :

vendredi 10 juin 2011

Offenders Of The Faith (In Solitude, Portrait)

Putain. Enfin du bon heavy metal, du vrai, pas du happy meal (pun intended), mais du tout grim et frostbitten, avec des toiles d’araignées dans les coins et des relents de poussière de grimoire entre les cordes. Du bon vieux heavy européen donc, ce qui fera plaisir à tous, car nous venons tous de là… enfin, venions, car il semble qu'aujourd'hui certains p'tits jeunes ratent quelques étapes essentielles, tombant directement de l'arbre : résultat, un ADN incomplet. Pauvres de nous.

J'en reviens à mes croix renversées et à mes hurlements en falsetto : Portrait et In Solitude, suédois affichant une évidente parenté avec Mercyful Fate, Diamond Head, Iron Maiden et Judas Priest - voir à ce titre les vocaux du premier In Solitude - ont beau manier l'art des guitares harmonisées comme personne depuis Didier Demajean et Stéphane Dumont, ce sont aussi des groupes qui fraient avec Watain et consort dans l’attitude, dans le son (Necromorbus Studio pour Portrait, production signée Fred Estby pour In Solitude), et sur scène (cf les faux airs de Dead que l'on trouvera parfois à Pelle Ahman. Et ne lui offrez pas de hamster, car pour lui, un hamster, c'est un collier). Un bon bol d’air frais si j'ose dire, venant d’un genre pourtant archi-rebattu.

Achetez les versions vinyles, allumez un cierge aux quatre coins de votre chambre, et répétez avec moi : thou whom they call the desolate one / Thy face we need not see, for thy presence is yet so clear... Écoutez-Le, Lui et Sa parole : Portrait et In Solitude sont Ses nouveaux prophètes.

The World. The Flesh. The Devil (In Solitude, 2011) et Crimen Laesae Majestatis Divinae (Portrait, 2011) sont actuellement disponibles chez Metal Blade.

You know what's so great about fookin' 'eavy metal ? Well, like Jesus, or motherfuckin' Rasputin, you can't kill it. You're sure to be done with it, you swore to the Ancient Ones that you'll never hear again a single Rhapsody track in your life, and whoops !, next thing you know, here you are, sitting on your bed with Portrait and In Solitude's last LPs in front of you, reading goofy lyrics while listening to the arcanic heavy metal storm raging from your stereo. Gosh, I feel like I'm fifteen again. As sure as Rhapsody is shit, Portrait and In Solitude ist krieg, so worship and obey.

Le Myspace de In Solitude.
Le site et le Myspace de Portrait.

samedi 9 avril 2011

1916, une bien belle année (demandez à mon arrière-grand-père)

Dire que Motörhead sort toujours le même album est presque aussi con qu’énoncer la même assertion au sujet d’Iron Maiden. Presque, parce que c’est malgré tout un peu plus vrai, mais à la fois toujours aussi faux. Je vous laisse méditer. Avez-vous vu l’estimable documentaire récemment sorti sur Mister Kilmeister, comme l’appelle Nikki Sixx ? Lemmy le dit lui-même : « on a tout fait dans le genre. Des cuivres, des ballades, de l’acoustique, et même des morceaux ne comportant que des cordes ». C’est vrai, comme en témoigne l’excellent album 1916 cher à votre serviteur pour diverses raisons n’ayant pas trait qu’au sexe animal.

1916, à l’instar d’un transsexuel de la rue Tabaga, possède tout - et même un peu plus. Par exemple, le tube-à-côté-duquel-le-monde-est-passé : No Voices In The Sky. Rajoutez-y le boogie-woogie qui vous botte le cul comme Khaled botte celui de sa femme (Going To Brazil, comparable au Nothing Better To Do de L.A. Guns), et le Snaggletooth version 1991 commence déjà à avoir une sacrée gueule… Une sacrée gueule d’atmosphère, même, en comptant l’étrange et planant dyptique Nightmare/The Dreamtime. Inutile de citer le pur keupon qu’est R.A.M.O.N.E.S., venant contrebalancer la ballade (oui) Love Me Forever : il me semble plus utile, pour boucler la boucle de cet article, de m’attarder sur 1916. Clôturant l’album, ce titre « n’est qu’une » nappe de violons rythmée par un roulement martial, sur laquelle Lemmy pose un chouette texte - lisez-le.

En fin de compte, 1916 est à ranger au côté d’Another Perfect Day : un album qui parvient à sortir des sentiers battus (pas pour les mêmes raisons : c’est son côté mélodico-léché voire un peu glitter qui singularise APD, Brian Robertson oblige – réécoutez cette bombe qu’est Shine), mais que seul Motörhead pouvait faire. Non, vraiment, son seul défaut est l’étrange omission du drapeau français sur la couverture, mais je laisse passer : Lemmy fait partie des rares anglais à qui je n’en veux pas de naissance. Je m’indignerais – puisque l’heure est à l’indignation - que vous ne l’ayez pas.

When talkin' 'bout Motörhead, the name "1916" isn't exactly popping out of your mind. Am I wrong ? Well, that's a shame and I can prove it. Not a naff album, just a forgotten one, this monster is packed with everything you need : blunt force trauma-metal (Shut You Down), bluesy-greased tunes (The One Who Sings The Blues), pure punkish madness (R.A.M.O.N.E.S.)... Well, you'll even get a mid-paced ballad with Love Me Forever. 1916 ? Essential - as often with Motörhead.

1916 (WTG Records, 1991)

01 The One To Sing The Blues
02 I'm So Glad (baby I Don't Care)
03 No Voices In The Sky
04 Going To Brazil
05 Nightmare/the Dreamtime
06 Love Me Forever
07 Angel City
08 Make My Day
09 Ramones
10 Shut You Down
11 1916

mardi 31 août 2010

Pensées pour moi-même


Bien... Les Notules sont peu actualisées en ce moment : mer d'huile, telle est la météo plus ou moins constante sur cet océan binaire. Ce qui signifie a contrario que je suis fort occupé actuellement - d'ailleurs cette notule voit le jour depuis une chambre d'hôtel et ma Nintendo DS ! Mais assez avec la vie privée, la seule et unique ligne éditoriale des Notules étant la musique et rien d'autre. Vous savez que le vieux Sheol mange, bois, dors metal - c'est bien suffisant et c'est tout ce qui compte ici (-bas ?).

En bref, quelques news, vite fait mal fait : le dernier Maiden est sorti, et il est mokkori - un très bon album donc, allant, comme d'habitude depuis Brave New World, de son train de sénateur que l'on ne bouscule plus. Les morceaux sont très, sinon trop longs, et Bruce s'époumone sur ces refrains rachitiques répétés jusqu'à plus soif... mais The Final Frontier parvient à rester plus « frais » que nombre de premiers albums à l'affiche actuellement. Un comble pour nos papys anglais ! Moins bon que cette cinquième évangile qu'était AMOLAD, que j'écoute religieusement avant chaque repas (c'est long, d'ailleurs ; je fais peine à voir), mais enfin, c'est un Maiden : le premier qui n'aime pas peut sortir car il a tort, de toute éternité et pour toujours. Amen, up the irons et ne parlons plus de la Guerre de Cent Ans.

Lue, la bio de Dave Mustaine (Mustaine : A Life In Metal). Sympa, écrite avec le cul mais on s'en fout, et bourrée d'anecdotes qui raviront tous ceux qui, comme moi, sont des fidèles du bonhomme et de son œuvre - car moins que jamais, on a envie de dire « groupe » après avoir fermé ce bouquin. J'ai notamment retenu le passage croustillant concernant l'épisode Rotting Christ / Dissection, raconté par le menu par Dave... L'histoire du 'Deth est tumultueuse et dessine une fois de plus en filigrane cette terrible fêlure que fut l'éjection d'un Metallica à la veille de sa gloire - un traumatisme ayant généré, je le crois, un immense symptôme abandonnique qui peut éclairer tout autrement l'histoire de Mustaine et notamment sa relation avec « ses » musiciens ! Pas sûr cependant que Dave sorte grandi de ces pages qui souffrent d'une autosuffisance mal camouflée par un excès de fausse modestie. Tom G. Warrior, au moins, n'essaie même pas... Ceci n'empêche pas Megadeth d'être suprême dans sa partie, ni Hangar 18 d'être régulièrement ma chanson de chevet depuis - déjà - 19 ans. A bientôt, ou à plus tard.

OK – if you want it, you’ll bloody get it ! First and foremost, let me start with fuckin’ Maiden : The Final Frontier is out, and worth your money. Up the hammers, etc etc etc. Ok, let me be an asshole : I may not be such a huge fan as I used to be, and I’m particularly tired of one of Maiden’s trademarks : the singable choruses where one sentence (usually the song’s title) is repeated ad nauseam – but still, the guys can deliver the goods. Not nearly as good as AMOLAD though. Alright, let’s proceed with Mustaine’s newly released autobiography (Mustaine : A Life In Metal). Every deth’ead should give it a try – but if not a fan, don’t even think about it. I am, and I have to say that Dave’s account of you-know-what is honestly told. But hey, the guy is a bit too egotistical for my tastes and it really transpires at every chapter – love him though. So Mustaine : A Life In Metal may not be a real pageturner such as the gunners’ bios (already read Slash’s and Steven’s, eagerly waiting for Duff’s) but I appreciated it. Too bad the blowjobs weren’t included.

...et toujours :
Considérations théologiques
Sick & Destroyed
United Abominations : Return to "Anger"

mardi 19 juin 2007

Un bon petit diable

J'ai toujours aimé les seconds couteaux du metal, et Annihilator est le second coutal par excellence : le projet solo de Jeff Waters n'a jamais accédé au statut supérieur malgré sa qualité constante (à part une vraie baisse de forme entre 1996 et 1999), et il est clairement trop tard pour renverser la vapeur... C'est injuste mais c'est comme ça : alors qu'un Enemies of Reality aura permis à Nevermore d'exploser son carcan pour monter au premier plan, cas d'école de l'album providentiel pour booster une carrière, le nom d'Annihilator n'a jamais été assez vendeur pour les grosses couvertures médiatiques. Pas de masques, pas de maquillage, quelques polémiques ridicules agitées par de tristes ronds-de-cuir qui n'ont jamais compris que ce groupe n'en était pas un... Bref, malgré son très gros succès d'estime (demandez donc à Mustaine ce qu'il pense de cet album), Alice In Hell demeure un essai qui ne sera jamais transformé sur le terrain commercial. Ainsi va la vie, et Annihilator / Jeff Waters semble s'accommoder parfaitement de tout ceci. En témoigne sa position sur l'actuelle tournée de Trivium : ça fait mal au cœur, pour ne pas dire au culte, de voir ce génie ouvrir pour un groupe trendy qui n'a jamais apporté, n'apporte pas et n'apportera rien de significatif au metal. Bon, ok, exposition plus importante, découverte pour le jeune public, bla-bla-bla, je sais tout ça... Revenons au sujet : en 2001, il s'est passé trois choses importantes dans le monde. Une tour est tombée. Une autre tour l'a suivie. Et un peu plus au nord, Annihilator a sorti en catimini Carnival Diablos.

Ce huitième album occupe une place à part dans la disco de Jeff Waters : c'est un peu l'album de la résurrection, son Razor's Edge, son Painkiller ou son Get A Grip, après une traversée du désert peu inspirée et marquée par trois albums réalisés en apnée. À un moment où toute la scène se focalisait sur ses extrêmes, un combo thrash sans prétention et au potentiel vendeur déjà épuisé n'avait aucun espoir d'attirer (à nouveau) l'attention. A fortiori dans un paysage musical atteint de jeunisme forcené, où l'on se foutait comme d'une guigne de l'énième album d'un trentenaire canadien. Et pourtant... Waters, fraîchement épaulé par l'un des guitaristes d'Overkill (ici au micro), a fait le bon choix avec Joe Comeau : sous les dehors bonhommes du rondouillard new-yorkais se cachait un frontman et un hurleur de premier plan... Heavy-thrash hyper puissant, caractérisé comme toujours par l'extrême « crunchitude » des guitares (j'appelle ça le syndrome Flemming Rassmussen : chaque coup de médiator étouffé descend directement à la cave), Carnival Diablos est l'un de ces albums bons du début à la fin. Même au moment de Liquid Oval, qui commence pourtant comme une de ces pénibles ballades heavy metal dont les amerloques ont le secret, mais qui a le bon goût de ne rester qu'un correct instrumental. Quant au reste, carton plein, KO assuré, hold-up sur l'auditeur matraqué par la rifferie stylée, puissante et sans pitié de Jeff... Une bombe. Les anglo-saxons ont un mot intraduisible, pour ce genre de truc : powerhouse. À noter, cet hommage non déguisé à AC/DC où Joe « Bon Scott » Comeau et Jeff « Angus » Waters cassent la baraque au point que Shallow Grave, malgré sa relative jeunesse, s'est hissé instantanément au rang de classique. À souligner également, le plaisir que l'on prend à goûter, derrière une brutalité de façade mais non feinte (BatteredHunter Killer...), l'extrême mélodicité d'Annia. Comme toujours, quoi.

Et de fait, si les deux mamelles de la France selon Sully étaient « labourage et pâturage », celles auxquelles le petit Jeffrey a été sevré sont Maiden et Priest. Le trooper d'Annihilator pourrait aisément s'appeler Epic Of War, tandis que l'excessivement pesant et réussi Time Bomb convoque expressément l'esprit du Prêtre, tendance Metal Gods ou A Touch of Evil. Pour conclure ce petit hommage à un album indispensable à tout amateur ne connaissant pas encore Annihilator, voire ne connaissant que les derniers avec Padden (qui peut braquer par ses tonalités hardcore), je serai bref : Carnival Diablos est une putain de tuerie. Qui crucifie sur place une bonne partie de la jeune garde, si douée soit-elle (des fois). Trivium en sait quelque chose, car si les américains sont excellents sur scène, il semble qu'Annihilator leur fasse la leçon au moins un soir sur deux - en sonnant, au passage, beaucoup plus moderne. Qu'on se le dise !

Despite its blistering first two technical thrash metal attacks (namely Alice In Hell and Never, Neverland), Annihilator has been an underdog for the last two decades. And that’s a fuckin’ shame, an utter disgrace. I just can’t believe Jeff Waters and his capable commando are currently opening (fuck me) for fuckin’ Trivium. Ok, now I’d like you to buy 10 copies of Carnival Diablos, and here’s why you’ll gladly do it after reading Master Me. To begin with, Carnival Diablos is Annihilator’s own Painkiller : a sonic resurrection of an unexpected quality after years under the radar, meaning a vicious heavy-thrash metal attack of unrelenting, melodic violence. Secondly, Carnival Diablos is sung – or screamed – by Joe Fuckin’ Comeau, of the mighty Overkill fame. Joe will pierce your eardrum to crush your very worthless soul (and maybe he will eat you up after that). And in the third place, Carnival Diablos’ artwork is over the top – perfectly matching its overpowering content. What a fuckin’ powerhouse of an album… Still wondering why 10 copies ? Man, after having read that, you know you'll never get enough of Carnival Diablos.

Carnival Diablos (SPV, 2001)

01 Denied
02 The Perfect Virus
03 Battered
04 Carnival Diablos
05 Shallow Grave
06 Time Bomb
07 The Rush
08 Insomniac
09 Liquid Oval
10 Epic Of War
11 Hunter Killer

Le site (Waters est un membre très actif du forum et l'on est sûr d'obtenir une réponse, voire un vrai dialogue de sa part, autant dire que ça change et que ça fait plaisir) et le Myspace d'Annihilator.

...et toujours :
Ne lâche pas ta poupée, Alice !

mardi 13 février 2007

Un lac dans mon rétroviseur...

Il fallait bien le faire un jour car c'était dans l'ordre des choses : ces pages ayant pour seule et unique ambition de relayer ma passion pour le genre « metal » se devait, tôt ou tard, de proposer une notule sur Tales From The Thousand Lakes. J'y ai souvent pensé, mais ces velléités ont toujours été anéanties par la flemme - et aussi la peur de « mal traiter » ce sujet qui me tient particulièrement à cœur. Et finalement... je ne le ferai pas ! Terrorizer s'en est chargé pour moi. Morceaux choisis de cet article signé José Carlos Santos, paru dans la rubrique « Blasts from the past : Terrorizer's guide to classic albums » de l'actuel numéro 154 dudit magazine. Une rubrique qui se divise immuablement en cinq points - une forme très scolaire rattrapée par un réel didactisme :

Pourquoi est-ce un classique ?

Assez conservateur dans son genre, Karelian Isthmus, le premier album d'Amorphis, recelait néanmoins les germes annonciateurs de la maestria à venir du groupe. Malgré ces indices, peu nombreux étaient ceux qui s'attendaient à une oeuvre de cette ampleur : Tales... s'imposa comme rien de moins qu'un hommage monumental à l'héritage culturel de la Finlande, basé sur la saga fondatrice de la nation - le Kalevala (...). Du death metal basique des débuts, Amorphis n'en retint qu'un canevas de base sur lequel le groupe réussit à peindre l'exact état d'esprit que nécessitait chaque chanson (...). Growls alternés avec le chant clair, passages doom mélancoliques se délitant en de délicates mélodies folk avant d'exploser en un climax brutal, tout se tient et est exécuté avec une technique instrumentale virtuose. « Lorsqu'on lui a joué les morceaux, Tomas Skogsberg, le producteur, nous a demandé si notre label était vraiment au courant de ce que nous faisions », se souvient avec humour Esa Holopainen (guitariste et principal compositeur). « Quand on a terminé l'album, on savait qu'on avait pondu quelque chose de spécial. Notre écriture commençait à trahir de nouvelles influences, nous ne savions pas du tout comment le label allait réagir, mais on avait vraiment confiance dans ces chansons » (...).

Quelles sont ses inspirations ?

Indiscutablement, le Kalevala. Chargé en émotions, créativement stimulant, le Kalevala est devenu une source d'inspiration sans fin pour Amorphis, ainsi qu'un véritable trademark. Pas seulement thématique, mais aussi musical : en incorporant un background ethno-folk en tant qu'ingrédient de base de sa musique, Amorphis s'est forgé une identité qui n'appartient à personne d'autre. Le kantele, instrument traditionnel finnois, sera d'ailleurs utilisé pour les albums suivants (...). « Le death metal était jusqu'alors très in-your-face, presque punk, et nous avons commencé à injecter beaucoup plus de mélodies dans tout ça. Nous nous sentions, en tant que musiciens, un peu à la croisée des chemins : de ce carrefour, nous avons suivi la route la moins évidente », poursuit Holopainen. Aussi importants que soient le Kalevala et le folklore pour Tales..., il ne faut pas oublier les influences du rock progressif : les claviers très vintage et les parties de guitares élaborées doivent beaucoup aux seventies, et notamment à Pink Floyd (et Deep Purple ! NdSheol).

Comment a-t-il été reçu à l'époque ?

« Toutes ces réactions nous ont vraiment prises au dépourvu », explique Holopainen. « On n'avait pas d'attentes particulières (...), et voilà que toutes ces critiques dithyrambiques de tous les canards de l'époque nous tombaient dessus » (NdSheol : la valeur n'attendant point le nombre des années, précisons que la moyenne d'âge se situait entre dix-sept et vingt ans). Non seulement Tales From The Thousand Lakes fut un énorme carton pour le groupe (...), mais aussi pour Relapse. Avec plus de cent-mille exemplaires écoulés à sa sortie, il demeure à ce jour le best-seller du label, l'élément qui fit de l'obscur Relapse le géant qu'il est aujourd'hui. Esa précise : « on a fini dans le Top 50 finlandais, ce qui est devenu quasi-systématique de nos jours avec nos groupes de metal... Ce n'était pas aussi évident en 1994 » (NdSheol : sans mentionner le fait que nous ne sommes pas, avec Tales..., au rayon sucreries, loin de là, c'est bien de death metal dont nous parlons !).

Quelle importance la jaquette a-t-elle eue ?

Peinte par Sylvain Bellamare d'après de vagues instructions données par le groupe (« en gros, on savait qu'on voulait du bleu, un lac et un marteau », révèle le guitariste), cette pochette demeure aujourd'hui l'une des plus évocatrices, l'une des plus fortes de l'histoire du metal moderne. Peu d'illustrations parviennent à rendre avec autant d'acuité l'âme de l'album qu'elles ornent, à refléter à ce point sa musique - et inversement (...). Simple question : depuis 1994, combien d'autres pochettes se sont « inspirées » de celle-ci ?

A quel point s'est-il révélé influent pour la scène ?

L'impact qu'a eu Tales... est énorme à plus d'un titre. Amorphis y gagna une stature mondiale (...) et le metal finlandais en bénéficia comme d'un coup d'envoi, un starter, et c'est ainsi que les échos de Tales... y sont clairement perceptibles un peu partout, de Children of Bodom à Moonsorrow en passant par Kalmah ou autre Norther (...). Par-dessus tout, Tales... défiait frontalement l'orthodoxie du death metal et a ouvert la voie de l'exploration ethnique à un nombre incalculable de formations. Ce fut, finalement, l'un des fers-de-lance du mouvement de redéfinition artistique du genre, dans le milieu des 90's, aux côtés d'Opeth ou d'Arcturus. Un mouvement qui ouvrit les vannes à de nouvelles influences, atypiques, amenées par des artistes toujours plus créatifs.

(José Carlos Santos, traduction commentée de votre serviteur)

Que dire de plus ? Un article globalement juste, rendant bien compte de l'impact énorme de cet album en son temps. En revanche l'aspect folk, « ethnique » même, de l'affaire, me parait un peu exagéré ou du moins prématuré : ce n'est réellement qu'à partir du fabuleux Elegy (1996, Nuclear Blast) qu'Amorphis laissa parler le côté folk qui sommeillait en lui. Concernant l'influence de Tales From The Thousand Lakes sur ses compatriotes, elle est plus tangible que jamais, et j'y rajouterai les noms d'Insomnium, de Searing Meadow, d'Ensiferum... Un album fondateur et indispensable au même titre, toutes proportions gardées, que n'importe quelle galette de Metallica, de Maiden ou de Priest. Petite précision concernant la fin de l'article : attention à ne pas oublier les discrets mais géniaux In The Woods, largement aussi aventureux et avant-gardistes qu'Opeth et Arcturus ! Dernière chose, il faut bien comprendre que l'aspect folk d'Amorphis est tout sauf « gadget », personnellement mettre en avant ce type de particularité me fait plutôt fuir tant la scène folk est boursouflée aujourd'hui... Point question ici de guignols foutant de l'accordéon n'importe comment et n'importe où pour le simple plaisir de pouvoir l'écrire dans le livret - d'ailleurs y'a jamais eu d'accordéon chez les Amorphes ! Avant tout, avant même d'être un groupe de metal, Amorphis est juste un monstrueux groupe de rock, que l'amour du Kalevala n'empêche pas de reprendre du Hawkwind ou du Doors à l'occasion.

As you faithful reader already know, I love Amorphis’ Tales From the Thousand Lakes to death. Distinguished monthly metal compendium Terrorizer features a lengthy article about it in its current issue. I must say José Carlos Santos did a pretty good job here and I allowed myself to quote some of his prose. In French, yup. And if you’re lost in translation, well – read it in its extensive form and original language in issue #154 of said magazine. Either way, listen to Tales From the Thousand Lakes : each time you do it, you’re saving ten fuckin’ baby seals. Oh, you didn’t knew it ?

Le site et le Myspace d'Amorphis.

...et toujours :
Amorphis emmerde Darwin...
La fin de l'éclipse ?

samedi 24 décembre 2005

Le chanteur qui savait chanter


Le metal est un genre musical « à voix » (y compris dans ses subdivisions extrêmes puisqu'il faut de véritables performers pour sortir de bons vokills), en particulier dans le heavy metal le plus traditionnel. Le chant lyrico-opératique d'un Dickinson, d'un Kiske ou d'un Halford pour ne citer que les plus éminents représentants de ce courant a souvent plus de connexions avec les techniques vocales classiques qu'avec les vocaux imbibés de Jack Daniel's qui ont fréquemment cours dans le rock.

Dans un registre cependant plus personnel que les musiciens sus-nommés (on n'ose dire les Grands Anciens), il existe un grand oublié auquel je veux rendre justice aujourd'hui : Roy S. Khan. Un artiste doté d'une voix extraordinaire qui transcende encore les albums de Conception - au même titre que la guitare de Tore Østby. Un timbre magnifique, assez sombre mais crystal-clear comme dirait les anglo-saxons, une voix parfaitement modulée exacerbant la sensibilité des compositions du groupe, et surtout une puissance maîtrisée sont ses armes principales. Après avoir ressorti l'autre jour de derrière les fagots Parallel Minds et The Last Sunset, la voix de ce mec m'a complètement sciée et j'ai redécouvert ces deux albums certes datés aujourd'hui, mais qui demeurent des références en matière de heavy metal mélodique nordique (l'origine géographique joue tellement dans le metal !). Car c'est bien là le style pratiqué par Conception, même si le groupe est souvent qualifié abusivement de metal prog. Une manie d'ailleurs ridicule - parmi d'autres - dans notre genre adoré : dès qu'un arpège est doublé, qu'il y a plus d'un break dans un morceau et qu'un synthé traîne dans les parages, l'on se pâme en invoquant la sacro-sainte « progressivité » de l'affaire... voir mes chéris d'Iron Maiden qui ne seront jamais (tant mieux) Genesis !

Bref - c'était l'occasion de reparler un peu de Conception - clairement l'un des groupes les plus sous-estimés des années 90 dans son genre - et surtout de rendre hommage à ce merveilleux vocaliste qu'est Roy Khan. Il ne me reste plus qu'à écouter un peu de Kamelot puisqu'il officie désormais dans ce groupe (que jusqu'ici j'évitais comme la peste sans savoir qui en tenait le micro) ! Pour la petite histoire, Østby continue à souquer ferme dans le monde métallique soit en solo, soit en louant ses services de mercenaire six-cordiste au plus offrant. Quant au troisième larron Ingar Hamlien, il a fondé le passablement black metal Crest of Darkness... un comble quand on sait que Conception avait la réputation d'être un groupe de croyants légèrement prosélytes ! Le patronyme, avec ses gros sabots, annonçait de toute façon la couleur...

Ol’ good metal needs an ol’ good voice, whether labelled extreme, classic, thrash, power, whatever the fuck you want. No one could pull off Halford’s task in Priest, nor Steve Reynolds’ in fuckin’ Demolition Hammer – there are some shoes you just can’t fill. So let me bring back from the past Conception and their great singer – Roy S. Khan. These Scandinavians put out two really good albums, still standing out today, graced by Roy’s voice. What you have here is a melodic and powerful delivery, somber enough when needed but always OTT. Conception is not a well-known name today – its legacy has been forgotten in metal’s official history. Roy Khan has been luckier and went on singing for Kamelot, an established act bigger than Conception ever dreamt to be.

Le Myspace de Conception.

mardi 20 décembre 2005

Considérations théologiques


Les Mayas avaient les leurs, les Incas aussi. Les chrétiens, les juifs et les musulmans ont le leur. Les Gaulois, les Romains, les Égyptiens également. Les vikings aussi. Les Indiens, idem. Les animistes et les shintoïstes ? Pareil. Même chose pour les voleurs, les satanistes, les profondeurs... Les barbares de tous poils en adoraient aussi - par Crom ! Les libéraux vénèrent les leurs, ainsi que les Sumériens (ce ne doit pas être les mêmes... quoique). Lovecraft avait d'ailleurs fait les siens de ces derniers, et les partage avec Trey Azagthoth. La guerre et l'amour en ont un aussi... Les forêts de l'empire du Milieu ? Oui. Les Raëliens également, et on leur souhaite de les rejoindre au plus vite - tous les moyens sont acceptés. Les extraterrestres adorent certainement aussi, et il est peu probable que les hommes de demain s'en passent. Et ceci n'est qu'un début de commencement d'une ombre de liste !

Bref, moi aussi j'ai mes dieux. Leurs principales caractéristiques ? Ils pratiquent le heavy metal comme personne... et prennent le thé tous les jours à dix-sept heures. So british. Et pour conclure cette notule en beauté, on laissera le mot de la fin à quelqu'un qui, tout dieu du heavy metal qu'il soit, ne sera jamais dieu de l'amûr. En témoigne son impayable réflexion sur le sujet : « l'amour, ce n'est pas seulement un homme fuck une amie. Non, ce n'est pas »...

I’d gladly die for Iron Maiden. Maybe the guys will use my decomposed body (I'll give it to them) on stage, as the next Eddie ? Please, just don’t put silly lighting effects up my arse… Just kidding. But yeah, Maiden rules over my private pantheon. If it wasn’t for my girlfriend, I would have Eddie’ statues and figurines all over my place. For all of you guys who do not revere Maiden the way they shall be revered, stop reading this and leave these pages. Forever and at once !

Le site et le Myspace d'Iron Maiden.