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mercredi 20 mai 2009

Un passé qui ne passe pas

Signe des temps pas fameux ? Avatar du phénomène gloubiboulga appliqué au metal, pourtant déjà assez régressif pour ne pas en rajouter une louche ? Ou triste constat symptomatique d'une vérité : la scène serait si chiante en ce moment, qu'entre deux productions formatées chez Andy Schnaps et trois pochettes photoshoppées montrant un putain de marmot sous un ciel apocalyptique (This Godless Endeavour aura fait quelques émules), rien ne serait meilleur que de se réfugier dans ce que l'on sait être toujours aussi bon - et je ne parle pas de votre copine ? Toujours est-il que la dernière mode est à l'exécution intégrale de Ton Album Culte sur scène. Après Slayer et Reign In Blood, Metallica et Master Of Puppets, Mötley Crüe et Dr. Feelgood, et quelques autres que j'oublie, c'est Aerosmith, Judas Priest et Forbidden qui « menacent » de jouer intégralement et respectivement Toys in the Attic, British Steel et le grand Twisted Into Form pendant leurs prochaines tournées. Quant à Testament, c'est par le biais d'un sondage que leurs légions d'héritiers (réfléchissez, ce n'est pas dur) sont appelés à entériner une setlist exhumée de The Legacy et The New Order.

Pas bien convaincu par ce genre d'initiatives, un peu du même tonneau que cette pénible mode qui voit de vieilles gloires ré-enregistrer leurs vieux tubes (chez Andy Schnaps)... En sus d'être un concept assez réducteur et limité, ça laisse perplexe sur l'état actuel - notamment économique - du metal et de ses amateurs bien sûr. Le message n'est pas des meilleurs non plus pour les artistes qui peuvent apparaître comme figés dans une époque et dépendant d'un public purement générationnel... alors que le metal est sensé être l'exact contraire du conservatisme. Personnellement j'échange largement un Angel of Death contre un Flesh Storm. Quoi qu'il en soit, Ton Album Culte joué en entier est certes un bon filon, mais finalement, si peu flatteur. Bien sûr, je me dédierai sans sourciller quand Guns tournera à cinq pour jouer tout Appetite For Destruction, mais ça me paraît peu probable, je soupçonne Steven d'être mort depuis quelques temps - simplement mû par quelque nécromancie le temps de ces occasionnelles téléréalités dans lesquelles il s'exhibe.

It’s a shame, but it seems the latest trend is seeing all our "vieilles gloires" of yore touring in its entirety their cult album. Talkin' 'bout the cash machine... Take Slayer, for example. Ok, I like Reign In Blood as much as you but I won’t mind them playing fuckin’ World Painted Blood from alpha to omega, ‘cause World Painted Blood is the decade’s utmost destructive thrasher coming from this side of the Atlantic (which is the left side for me, remember ? I eat bread every day). Alas, metal these days is plagued with conservatism – thinking of it, another common point with ol’ good Sheol.

lundi 5 février 2007

Un Indien dans la vigne

Chuck Billy, c'est un peu un pote. On a beau ne jamais l'avoir rencontré, on a beau savoir pertinemment qu'on ne le croisera certainement pas plus, c'est un mec qu'on a toujours eu à la bonne. Bref, Chuck, c'est un peu un pote. D'ailleurs, pas besoin de le connaître vraiment pour savoir que Chuck est un chic type : sa réputation affable, son extrême courtoisie en interview et sa bonhommie légendaire précèdent le géant où qu'il aille. Non content d'être sympa comme c'est pas permis, Chuck continue de ravir les aficionados de Testament depuis précisément vingt ans, un âge canonique dont nos amis américains se fichent comme d'une guigne : leur thrash est toujours vert. Plus proche du gentil Yakari que du sinistre Joe l'Indien de Mark Twain, Chuck s'est rapproché de ses origines au cours de ces dernières années, une sorte de recentrage ethnique... Selon lui, l'héritage ancestral de son peuple l'a énormément aidé dans le combat qu'il a mené contre une saloperie de crabe. « Attention », précise notre pote, « tout ça ne doit pas faire oublier que l'essentiel des soins qui m'ont sauvé étaient des soins hospitaliers ! » Histoire de ne pas se faire mal comprendre par quelque illuminé qui penserait que fumer le calumet de la paix en mode Sitting Bull pouvait remplacer la chimio (1)... 

Sacré Chuck ! On imagine d'ici sa grande carcasse secouée de rires caverneux si on lui foutait sous le nez ces photos écornées d'il y a vingt ans, montrant une bande de jeunes thrashers prêts à défoncer la planète metal sous des coups de boutoir nommés The Legacy, The New Order ou Practice What You Preach : « Ah ah, mon pote, tout ce qu'on a défoncé, c'est nos foies ! »... C'est vrai, mais l'homme est humble. Si Testament n'a pas fait partie, car arrivé après, du carré d'as du thrash US (ne pas oublier qu'il y a une histoire de génération dans ce Big Four), il en a toujours été l'un des meilleurs soutiers et n'a jamais commis un véritable mauvais album - tout au plus quelques virages opportunistes. La part de chance nécessaire au mega succès, et si c'était ça qui avait manqué ? A peine lui fait-on remarquer à quel point ses vocaux ont changés, passant d'une voix de tête hurlée typique de la Bay Area à un growl death particulièrement impressionnant et pas truqué (2), que notre gentil colosse s'esclaffe à nouveau : « ben ouais mon pote, faut vivre avec son temps... Certains ont crié à l'opportunisme, mais moi je n'ai fait que m'amuser... Mais réécoute attentivement notre catalogue, tu verras qu'en 1990 on semait déjà pas mal d'indices ! Puis regarde mon vieux frère, là, Eric Peterson : il fait du black metal à côté de Testament (3) et tous les p'tits norvégiens font la queue pour une photo avec lui... Pas mal pour des vieux cherokees de quarante berges, non ? »

Alors on se marre, pour pas que Chuck aie l'air con en se bidonnant tout seul, et on se dit qu'effectivement si à l'époque on avait entendu correctement le respectable Souls of Black, on n'aurait pas posé cette question stupide sur l'évolution extrémiste du groupe... Puis on se dit aussi que merde, allez quoi, je vais pas faire chier Chuck Billy avec mes questions de fan à la con, je vais juste lui payer une autre bière, là, comme ça, entre potes... Et le prochain Testament, quoi qu'il arrive, ben je l'achète sans lire aucune chro, tiens. Parce qu'un sacré Monsieur chante dessus. Un peu indien, un peu californien, mais sacrément humain.

nota bene : depuis sa maladie Chuck ne picole plus, mais j'étais trop content de mon titre pour en trouver un autre. Eh ouais.

(1) pour lever des fonds permettant à Chuck Billy de se soigner - vive le système de sécurité sociale américain, et dire que certains se plaignent de vivre en France - une seconde édition du festival Thrash of the Titans eut lieu avec une affiche ahurissante pour les connaisseurs. Au courant de l'état de santé également catastrophique de Chuck Schuldiner, Chuck Billy reversa spontanément la moitié des bénéfices à la famille Schuldiner...


(2) à partir du puissant Low (1994), Chuck Billy modifie considérablement sa voix en passant allègrement du chant thrash classique à des vocaux purement death metal, amenant le groupe à durcir le ton sur les albums à venir - entre autre à s'accorder beaucoup plus bas. Cependant des signes annonçant cette tendance étaient perceptibles depuis quelques années, cf le terrible refrain de Falling Fast sur l'autrement très vintage Souls of Black...


(3) Dragonlord, groupe rassemblant quelques ex-stars du thrash californien et donnant dans un black metal symphonique d'obédience européenne bien que conservant un groove trahissant ses origines. A mon sens un ovni, pas forcément génial car trop générique mais absolument intriguant de par sa genèse et son line up...


Man, god or whoever the fuck you want knows I’m not homosexual in the slightest way. But I can’t help it, I love Chuck Billy. ‘Cause Chuck is my mate and having never met him has nothin’ to do with it. The man is a seigneur graced by a never-tarnished reputation. Fuck, he got rid of fuckin’ cancer and managed to keep a behemoth-like voice which makes oaks tremble when I’m blasting out Testament in my garden ! Sure these lads ain’t in their prime no more but who gives a flyin’ shit – Testament still kicks major ass, and mine, too. You know the shocking truth ? Ok, here I go : it’s a planetary-sized disgrace Testament isn’t part of the Big Four instead of pathetic Anthrax (never liked ‘em). Fuck, there’s nothing as embarrassing as that except, maybe, having declared Paris an open city in 1940. Man, I really mean it. So let’s forget about Testament and go back to Chuck Billy : easy and soft-spoken, with a little je-ne-sais-quoi reminiscent of Tom Araya, that part-Native American is a metal giant, and also, unbeknownst to him, my pal.

Le site de Testament.

mardi 8 novembre 2005

Vio-lence : du bon thrash qui tâche (pistache)

Vio-lence ! Avec un nom pareil nous sommes fixés sur la teneur en agressivité de la bestiole. Les albums de ce groupe culte (et pour une fois ce n'est pas un abus de langage) se sont vus récemment réédités et il faut à tout prix se les procurer ! Les deux chefs-d'œuvre de Vio-lence sont Eternal Nightmare (1988) et Oppressing the Masses (1990). Le premier est réédité avec en bonus un live d'une vingtaine de titres et le second se voit agrémenté de l'excellent EP Torture Tactics (1991). A ce niveau-là c'est plus de la valeur ajoutée, c'est un don des dieux. Le remastering est excellent et c'est vraiment l'occasion de (re)découvrir ce groupe : les pressages originaux sont absolument introuvables même si une copie d'Eternal Nightmare refait surface de temps en temps sur la baie (rarement à moins de 60 euros).

Rappelons que Vio-lence est l'un des plus virulents représentants de la scène bay area-thrash, bien plus bourrin et technique que la plupart de ses coreligionnaires. Le groupe est fondé en 1985 sous le nom Death Penalty et commence sa carrière discographique deux ans plus tard avec l'intégration de Robb Flynn (qui venait de quitter Forbidden, encore un combo excellent tombé dans l'oubli). L'une de ses caractéristiques majeures est le chant très particulier de son vocaliste - et excellent parolier - Sean Killian. Typiquement l'un de ces chanteurs que l'on aime ou que l'on déteste inconditionnellement, et pas besoin de trente-six écoutes pour se forger un avis définitif. Bourrés de soli aussi mélodiques que techniques, soutenus par une section rythmique en béton armée (ce batteur !), les morceaux de Vio-lence ont gardé toute leur efficacité malgré le poids, impitoyable dans le domaine, des années. Et la complémentarité / complicité entre les deux guitares reste un cas d'école. Au niveau textuel, sans surprise, Vio-lence perpétue la tradition anarcho-gauchiste de son genre et propose des paroles engagées dont on pensera ce que l'on voudra, mais loin, si loin des clichés que les ignares collent au style (quand on pense que Megadeth et Slayer ont passé leur carrière à disséquer la société américaine, certes en usant de sinistres métaphores, pour que beaucoup n'en retiennent que du bruit et des sweats à tête de mort...). Bref, Vio-lence c'est du thrash au top niveau engendré par des musiciens qui jouaient comme si leur vie en dépendait.

Alors oui, aujourd'hui Vio-lence n'est plus ce qu'il a été, mais le groupe existe toujours et a récemment rejoué dans son incarnation historique pour un concert de soutien à Chuck Billy de Testament (qui luttait alors contre le crabe). Flynn quitte ses petits copains en 1992 et s'en va former avec le succès que l'on sait Machine Head, alors que Vio-lence sombre peu à peu dans les limbes de l'histoire du thrash, laissant néanmoins un héritage qui se doit d'être découvert par chaque nouvelle génération de metalheads. Inutile de préciser que pour moi Vio-lence est ce que Flynn a fait de mieux : ce que je préfère dans Machine Head c'est le T-shirt Slayer qu'Adam Deuce porte dans le clip de Davidian ! Dernier mot : lorsque Machine Head a dû remplacer Ahrue Luster, Flynn s'est souvenu de l'excellence de son ancien compère de l'époque Vio-lence, Phil Demmel. Voici pourquoi l'on trouve deux ex-Vio-lence dans Machine Head. Même si je n'apprécie pas ce groupe, j'aime beaucoup ce genre de filiation - quelque chose me dit que l'éventuel album qui suivra cette réunion risque de faire beaucoup parler de lui !

Man, do I love Vio-lence’s Eternal Nightmare and Oppressing the Masses... Recent re-releases of these gems should not be avoided given their quality. As a fierce metal-thrashing-mad bay area act, with over-the-top musicianship and… violence, Vio-lence is still standing out today. Socially-aware lyrics are spitted back and forth in your ears by Sean Killian, a full-throttle, loathe-him or love-him vocalist, while Phil Demmel is shredding some manic riffs long before his Machine Head days (Robb Flyyn did play, too, in Vio-lence). I recently heard that Vio-lence did regroup for a Chuck Billy benefit-show. And last but not least, given that Machine Head now sports two ex-Vio-lence members in its ranks, I do believe next album may very well be a surprising album !

Le site et le Myspace de Vio-lence.