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samedi 16 avril 2011

Un feu qui brûle toujours

Froid, d'un impersonnel normalisé seyant si bien à l'iconographie crypto-fasciste qui fait fureur aujourd'hui dans le graphisme, le masque à gaz est un objet (bientôt de tous les jours, j'en suis sûr) trop récupéré : jeux vidéos, films, BD, couvertures de bouquins et, par dizaines, jaquettes d'albums médiocres... n'en jetez plus, la coupe est pleine. Alors certes, son usage est parfois brillant - les Cerbères de Jin-Roh et les cédénazis de la franchise Killzone en sont un exemple. Reste qu'hormis sur la tête d'un poilu en 1917, le masque à gaz n'est jamais si bien porté que par Knarrenheinz, la géniale mascotte de Sodom. Votre serviteur n'a pas l'envie, ni vous l'heur, de vous infliger un article chiant développant in extenso la carrière de ces panses à bière ultra-rhénanes, mais Sodom, le groupe, est bien l'objet de cette notule et plus spécifiquement l'excellent documentaire Lords Of Depravity. Plusieurs heures au programme, réunies sur quatre DVD bourrés jusqu'à la gueule comme une bombe sale l'est de clous.

Exception faite des parties live (une compilation bien torchée sur le premier volume, l'intégralité du concert de Wacken 2007 sur le second), Lords Of Depravity est avant tout l'histoire de Tom Angelripper, et en filigrane celle d'une certaine working class... Celle qui cherche à tout prix à s'extirper, échapper à son sort, forcer son destin prévisible : la mine pour Sodom, les fonderies pour Judas Priest, l'usine Volkswagen pour Protector... A travers l’épopée de Sodom, c'est en contrepoint la mythologie du metal qui est contée ici. Pour nombre de metalheads élevés, maintenant, à bien d'autres sources que celles des pères fondateurs, Sodom est peut-être un petit groupe bruitiste de has, ou pire, never been, mais rien n'est moins vrai et c'est bien l'impossible qu'ils ont accompli : grand moment que celui ou Bogg Kopec, gros chat repu fondateur de Drakkar Productions, raconte avec la malice d'un gamin ravi du sale tour qu'il vient de jouer comment Sodom a explosé le top 50 allemand avec Agent Orange. Pour continuer sur le thème de la working class, on notera avec intérêt qu'après avoir quitté Sodom Monsieur Grave Violator (ne cherchez pas : Sodom a toujours eu les pseudos les plus cool que tous ceux que vous pourrez trouver) joua l'un des rôles principaux dans Verlierer, un film générationnel aujourd'hui culte, traitant des jeunes apaches d'alors (et des bandes de skins avec qui ils se cognaient, il me semble que Grave Violator est d'origine turque mais que l'on me détrompe si ce n'est le cas).

Un très grand documentaire sur lequel je n'ajouterai rien de plus, sachez seulement qu'il tient toutes les promesses annoncées dès son ouverture à base de vieilles photographies noir et blanc illustrant la sinistre Ruhr industrielle et... métallique. De quoi se réconcilier avec ces putain d'allemands, finalement, même si c'est toujours eux qu'ont commencé.

Ok, let's be short for once : Sodom's double-boxed rockumentary Lords Of Depravity (Part I and Part II) is a must-have for all sodomaniacs around. Smart-minded Tom Angelripper will grace you with his wits and tales of high adventure so that you'll soon join the cult (if not a member already). It won't hurt, as Sodom refers to the city and not to the game you used to play with your cousin.


...et toujours :
Killed by death !

jeudi 24 janvier 2008

To Protect And To Slay

On a tous, dans cet immense chaos néanmoins systémique, constitué des différentes écoles métallurgiques, nos petits chouchous. Ces groupes un peu moins connus, un peu moins cités et donc synonymes, dans nos petites caboches, d'injustice du siècle. Oui, celui-là par exemple, qui est aussi important pour toi qu'anecdotique pour moi. Vous voyez l'idée. J'en ai plusieurs, mais me contenterai aujourd'hui de mettre sur la table de dissection le cadavre - refroidi depuis quelques éons - de Protector. Un combo né, comme tous ses confrères allemands, dans une MJC vert-de-gris (merveilleux pays) et qui frappe fort dès son patronyme. Protector ; il faut reconnaître que ça claque comme doit claquer celui de tout bon défenseur de la foi. Probablement trouvé pendant le cours d'anglais, il va sans dire - après tout, le logo a bien été dessiné pendant le cours de maths. L'école allemande ? Un vrai bienfait pour le metal (tu trouves le nom de ton groupe le matin et t'enregistres ta première démo l'après-midi dans la MJC sus-citée. Le jeu ? On verra ensuite, on a dit qu'on faisait du metal) !

Plusieurs raisons alimentent mon amour pour Protector, mais ce qui demeure pour moi son principal attrait et son unicité, c'est l'inexorable dévastation de son thrash-death slayerien, et surtout cette mise en place complètement américaine à partir de Golem. Oui, Protector est éminemment brutal, oui, Protector bastonne avec une efficacité toute germanique, et oui, mille fois oui, Protector est crade et roots comme tout brûlot de thrash européen de l'époque qui se respectait. Oui, mais Protector demeure carré et plus précis que n'importe lequel de ses frères d'armes, à l'exception notable du Kreator post-Coma. Et à l'inverse de la bande à Mille, Protector n'a pas perdu, en contrepartie de cette mécanique de haute précision, sa part la moins avouable : celle du diable. Bien sûr j'adore Sodom, Kreator plus que tout, Destruction, Assassin et tous les grands noms du thrash teuton (qui a aussi ses moins grands, qui se souvient des horribles Poltergeist ?), mais Protector demeure mon petit... protégé. Plus de densité, plus d'embardées vers le death, un penchant notable et pas encore si courant pour truffer ses morceaux de passages mid-tempo ravageurs, et donc ce côté « horlogerie suisse » qui n'était pas, loin s'en faut quand on parle du thrash ultra-rhénan des années 80, une option standardisée... Il faudra en effet attendre des influences aussi énormes que celle d'un Morbid Angel ou d'un Cannibal Corpse pour que quelques tours de clé soient donnés aux charmantes approximations procédant des Possessed, Hellhammer et autres Venom.

A Shedding of Skin, tuerie à la bestialité inégalée sur laquelle tous les démons de la terre semblent rugir par le gosier de Wiebel, reste pour moi l'album le plus marquant. Une fois terminée son intro arpèges/bruitages bucoliques très tiamatesque, déboule une quarantaine de minutes de folie furieuse, flirtant régulièrement avec le black metal lorsque tous les potards sont à onze... Whom Gods Destroy (c'est pas metal ça comme titre ?), Mortuary Nightmare et Retribution In Darkness demeureront les hymnes les plus puissants du Protectorat mais tout le reste est à l'avenant. L'incontournable instrumental, passage obligé de tout grand disque thrash, est présent sous le nom de Necropolis. Un album « no fillers, just killers ». La production âpre et crunchy de Harris John (quelle surprise...) et la pochette du futur célèbre Joachim Luetke parachèvent un chef-d'œuvre... qui ne doit cependant pas éclipser le reste de la discographie du groupe - en particulier le très misanthropique premier mini. Cependant le talent ne fait pas tout et A Shedding of Skin, prétendant au trône obsédé par la cruauté musicale, ne parvînt pas à s'imposer commercialement en cette année 1991 déjà surchargée en la matière. Rien n'avait commencé... que tout était déjà fini !


Que retenir du groupe aujourd'hui ? Simplement que l'extrême agression du blackened-thrash teuton (abreuvé directement à la source du Styx, à l'instar de son frérot sud-américain), la précision virtuose du death metal made in Tampa (confere les faux airs canniboulesques du morceau A Shedding...) et l'énergie des thrasheurs de la Bay Area, à l'instar de Calgon 3 en 1, ça existait... et ça se trouvait chez Protector. Aujourd'hui Hansi Müller et Olly Wiebel sont retirés de la scène et travaillent dans l'usine locale des Voitures du Peuple (ou comment le metal peut changer votre destin... ou pas !), Michael Hasse ne risque pas de revenir de là où il est, et seul le sympathique Martin Missy maintient une timide flamme au moyen d'un groupe-hommage, The Protectors, et d'une page web très documentée qui n'intéresse que les pelés dans mon genre. Le golem est inerte, mais ses enfants sont légion : Urm est toujours fou et hurle sa superbe schizophrénie thrash / death au détour des riffs d'un Blood Red Throne, pour n'en citer qu'un. Sa campagne est terminée depuis bien longtemps, alors que le Protectorat repose en paix sans sombrer dans un bien irrespectueux oubli.

Wow, man, do I love fuckin’ Protector. I can’t believe how this metallic german war machine is forgotten by all nowadays – fuck it, they were true defenders of the faith, absolutely flawless throughout their career, and yet we’re still talkin’ about fuckin’ Tankard. Go figure ! So yeah, I wholeheartedly confess my unconditional love for the Protectorate’ slayerian thrash death metal attack. Brutal as fuck and as mercilessly nailed as Jesus was on the cross, deadly precise (the american way !) while retaining the savageness of the German thrash metal acts, what more can you wish for ? Inexorable devastation, yup, that’s what Protector had to offer and be sure that two decades later it will still blow you far, far away. I’m particularly fond of A Shedding of Skin, a nasty motherfucker released in Holy Metal Year 1991, A.D. Olly Wiebel really screams his guts out on this one ! Just listen to Whom Gods Destroy (can a song’s name get more metal than that for fuck’s sake ?), Mortuary Nightmare or Retribution In Darkness, then suffer and obey your new masters… Unfortunately A Shedding of Skin failed to reach its audience and the mighty Protector began to fall from metal grace. A real letdown for these talented musicians – please keep the oriflamme of the once powerful Protectorate burning high and bright : their doing shall not be buried by time and dust !

A Shedding Of Skin (Major Records, 1991)

01 Intro
02 Mortuary Nightmare
03 A Shedding of Skin
04 Face Fear
05 Retribution In Darkness
06 Doomed To Failure
07 Thy Will Be Done
08 Whom Gods Destroy
09 Necropolis
10 Tantalus
11 Death Comes Soon
12 Unleashed Terror
13 Toward Destruction

Le
mausolée-Myspace (malheureusement aucun morceau de A Shedding of Skin, album déjà hors-canal historique suite au départ, pour cause d'agoraphobie, de Martin Missy) de Protector.


Le
Myspace de The Protectors, groupe-hommage emmené par ledit Missy.