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samedi 30 novembre 2013

Satyricon exécutionne Limoges

Je n'avais encore jamais vu Satyricon sur scène, c'est chose faite (ma check list se réduit, il sera bientôt temps d'y aller...) grâce à Execution Management, véritable Monsieur Loyal Inc. des Lémovices. M. Wongraven est dans un bon soir car on sait l'élégant inégal, et l'on comprend vite que ça va bûcheronner dur et grave comme dans un discours de François Hollande sur l'inversion de la croix (du chômage). Satyricon... Une toujours féroce bestiole issue des bois de Septentrion, mangeuse de moumines à ses heures, qui tombe parfois sur une formule facile dont elle abuse sur quelques albums mais peut se targuer de ne pas en avoir commis de mauvais. A l'instar de nombreux groupes de sauvageons scandinaves de la légendaire deuxième vague, qui, bien que surpris alternativement à ronronner ou à se réinventer au mépris des dogmes, restent inspirés par un ADN profond et obsidien dont ils ne se départent pas.

Fin de la digression et retour à l'agression : ça enquille sec et dur, ça secoue les sapins comme EDF un lendemain de tempête, tout ça contremaîtrisé avec maestria par M. Wongraven qui n'oublie pas, tout bourgeois du black qu'il est, qu'il vient de là il vient du froid. On se paie donc dans la gueule, servis par une interprétation et un son énormes, des Hvite Krists Død et des Forhekset comme si les pains pleuvaient en une biblique multiplication. Tout ça rehaussé en permanence par le charisme Hugo Boss d'un Satyr venimeux, impérial et dominateur. Particularité notoire de Satyricon, on a beau opiner du chef sur des structures souvent rock sinon binaires, Frost est toujours là, derrière, bête humaine ou de somme, assommoir, montagne hallucinée derrière son kit de cuisine norvégien, passant allègrement de plans à la Phil Rudd à des brutalités tou-pa-tou-pa de derrière les fagots tout en blastant à la 1993 à la noire sans coup férir. Un véritable docteur-ès-avalanches qui tape, tape, tape jusqu'au bout de la nuit. Je ne sais pas si ce mec est autiste, dingue ou prof de math mais dans la catégorie moissonneuse batteuse, il fait du John Deere et j'adore (cette fin de phrase n'est que pure coquetterie).

Maestro parmi les maîtres, Satyr a le génie pour concocter la bonne setlist, ce qui en metal extrême comme ailleurs est pour moi une science exacte - mieux vaut un set floppy mais bien agencé qu'une série de frappes chirurgicales mal placées. Là encore plus Kadhafi (mon idole de petit garçon, mais c'est gênant à expliquer) que George Bush, Satyricon a malmené ses sujets cons pliants au gré de son diktat imparable ; tu en trouveras, lecteur, la litanie sur d'autres chroniques. Sache simplement que si Mother North (qui vire à la Fear Of The Dark, mais c'est un compliment-hommage à mes idoles sans compter qu'on aime tous pousser la chansonnette en pensant à Monica Bråten) fut habilement jetée en pâture au public, elle fut suivie avec à-propos par Fuel For Hatred, un combo comme on n'en fait plus depuis Street Fighter II (le premier évidemment - "The World Warrior". Eh oui, 1991 n'est pas que l'année des Use Your Illusions).

Raiding Europe est un bon titre de tournée, oldskull et surtout bien porté - même si Dans La Tête Yvette eut pu convenir. A voir en ville dans la vieille Europe même pour les pas-fan de Satyricon, l'album. Un concert de plus comme ça, et je me risquerai peut-être à goûter le vin du satyre cornu, tiens. Photo en tête de notule de votre serviteur.

Recently went to an amazing Satyricon gig, or should I say recently witnessed a statement of what black metal shoud be and should stay - thanks to the norwegian wolverine horde. Dark, frosty and punishing forest-scented black metal, meaning honey for the ears. And yes, Mother North is still one of the best black metal song ever spirited, a sonic embodiement of the original darkness oozing from scaldic lands during the nineties.

Le site et le Myspace de Satyricon.

vendredi 8 juillet 2011

Blasé par les jeunes. Gonflé par les vieux.

J'ai beau me forcer ; essayer d'y penser, voire m'auto-diktaturer (« ce soir j'en écris une »), Les Notules ne peuvent être une contrainte - pas plus à lire qu'à rédiger. Difficile d'être enthousiaste actuellement question metal : beaucoup de sorties noyées en une masse indigeste et protéiforme. Comme je regrette les temps bénis où tout était bien rangé à sa place, qui en black metal, qui en thrash, qui en heavy... Pensez donc, j'ai récemment lu une interview ahurissante d'un groupe revendiquant tant le hip hop que Burzum au titre de ses influences (et là, comme Brigitte Bardot, je pousse un cri. Conservateur at heart). Mais quelques éclairs déchirent la nuit, l'illuminant de fort belle façon. Voir notamment le deuxième et récemment paru album de Havok, Time Is Up : du thrash nord-américain exécuté par des sud-américains en colère - ou vice et versa. Mais à part ça... Certes il reste nos vieilles gloires, mais que dire lorsque la première d'entre-elles retombe dans le panneau qui les a rayé de la carte il y a quinze ans ? Je n'ai rien contre Lou Reed, le Velvet ça fait toujours bien d'aimer donc j'aime (voyez ma bonne volonté ; je ne suis pas contrariant), mais putain, voilà que Metalloche et sa perpétuelle crise d'identité nous la rejoue arty.

Eh merde, so fuckin' what. Victime à nouveau de cet étrange syndrome - sinon complexe d'artiste - qui les avait vu céder aux plus ridicules sirènes pour Load (aïe) et Reload (ouille). L'association de Metallica et Lou Reed me fait, putain, ni chaud ni froid, voire m'en touche une sans faire bouger l'autre pour citer un de nos anciens présidents. En fait, je crains qu'elle ne m'emmerde plus encore sur disque que sur papier. On attend, anxieux, la pochette qui sera forcément U2-esque et signée (qui d'autre ?) Anton Corbijn. Si Ulrich et Cie. sont si fans de Gojira, de Satyricon ou de Ghost au point de les mentionner en interview, mais allez-y ! C'est avec eux qu'il faut faire quelque chose nom de dieu ! Mais non : elle est à nouveau là, au premier plan, cette tentation intello qui, si elle n'est pas critiquable en soi, n'a jamais fait bon ménage avec l'essence profonde, bestiale et sauvage de Metallica (d'où l'incommensurable ratage de S&M : le classique, c'est bien et j'en écoute, mais loin, très loin de Metalloche par pitié). Comme E. de Watain, autoproclamé l'un des plus grands metallibashers qui soit, je peux tout leur passer ou presque, mais après un Death Magnetic qui sera, avec un peu de recul, identitié comme leur Painkiller ou Fear Of The Dark (pas qualitativement mais en termes de booster de carrière), ce n'est vraiment pas le moment de se tirer une balle dans le pied. Après le suicide, on attend la rédemption... et pas Lou Reed. Merde alors !

Ok, have you heard something interesting in recent times ? If such the case, please just let me know, 'cause I'm dying to hear something fresh. Ok, I may be exaggeratin' a bit, but truth is I can't find, metally-speaking, anything really exciting those days. Well, whatever... Oh, and have you heard the Big Fucking News ? Metallica is recording with Lou Reed. Dazed and confused, that's what I am. And, not interested in the slightest in the world - that's what I am, too.

...et toujours :
We are death (magnetic)... Fukk you !
Habemus Metal...
Hammer of Justice still crushes you
Read the Lightning
Vingt ans déjà !
SKOM : un divan pour le monstre

samedi 10 octobre 2009

Comme neige au soleil...

All Shall Fall, dernier rejeton du puissant Immortal, fait partie de ces albums que l'on ne peut commenter, évaluer, juger à chaud. Trop vite menée, l'entreprise est piégeuse : All Shall Fall est, à première écoute, l'équivalent d'une tonne de glace qui vous dégringole sur la tête. Un blitzkrieg hivernal qui écrabouille consciencieusement, de son rythme ternaire pachydermique, l'auditeur qui n'avait pas demandé autant de glaçons dans son verre. Un 33 tonnes monstrueusement efficace - qui en aurait douté, Abbath touch oblige ? Encaisser un tel iceberg perturbe la réflexion : il fallait, avant de la commenter, que cette glace impactante ait quelque peu fondu. Crier au génie ou à l'ultime réussite serait trop facile : après la tarte, la raison commande de retrouver ses esprits - et donc une objectivité minimale. On devrait interdire de chroniquer un disque dès sa sortie. Fait-on un jogging après un restaurant italien ? Non, on digère d'abord. C'est la même chose avec Immortal, malheureusement pour All Shall Fall.

C'est ainsi : dans la galaxie metal, le vilain petit canard d'antan est certainement aujourd'hui le style le plus aseptisé et « poli » de la famille. Le black metal, celui qui se vend j'entends, est depuis longtemps déjà victime de cet intéressant paradoxe qui prouve, une fois de plus, que tout peut être récupéré. All Shall Fall est un bon album, mais certainement pas le meilleur de la période bleue de ses géniteurs (celle des glaciers et des fjords) : on ne refait pas un At The Heart of Winter. Il est même très inférieur à l'extraordinaire - et je pèse mes mots - Between Two Worlds, de I (qui se paie le luxe d'être plus épique). Et bien qu'All Shall Fall écrase sans coup férir et sans effort sa concurrence historique fatiguée (voir le dernier Satyricon), il est tout sauf « black metal » : policé, propre sur lui et ne portant aucun des stigmates historiques du genre, il n'est pas autre chose qu'un grand album de « super heavy metal », malheureusement victime du syndrome affectant les blockbusters de Nuclear Blast - un certain manque d'âme.

On notera bien sûr de très bons moments (la triste inexorabilité toute bathorienne d'Arctic Swarm, la thrasherie réfrigérée dispensée par Hordes To War, le blizzard hypnotique et sentencieux de Unearthly Kingdom), mais passé le choc initial, effectivement fracassant, on perçoit distinctement le désagréable ronronnement qui traverse l'album - celui du pilote automatique. Frostbitten ? Oui, plus que jamais. Grim ? Non, Immortal ne l'est plus depuis longtemps. Regardez la photo : après tout, Kiss n'a jamais été aussi près. Et l'héritage méphitique et vénéneux de Mayhem, aussi loin. Un bon album donc, ce qui, pour les frères Doom Occulta, est loin d'être suffisant. Je maintiens ma position : l'album black metal anno MMIX, c'est le dernier Arckanum.

Don't get me wrong - I am a big fan of Immortal's past works and I still put At The Heart of Winter in my insulated bag when I go on a picnic : there's no cooler more efficient than this white, cold-blooded monster. But I just can't take it anymore : we're since the mediocre SOND in a typical "same old story" (cold) case. This isn't fresh anymore albeit reasonably good, meaning not enough by any means given the band's ability. And man, I'm so embarassed when looking at these goofy Kiss-like pics. No, really, I feel abbathed.

All Shall Fall (Nuclear Blast, 2009)

01 All Shall Fall

02 The Rise of Darkness
03 Hordes To War
04 Norden On Fire
05 Arctic Swarm
06 Mount North
07 Unearthly Kingdom

Le site et le Myspace d'Immortal.

vendredi 4 septembre 2009

Sous la lune exactement

J'avais quitté Arckanum voici bien longtemps, le dernier album connu de mes sévices étant Kostogher. A la faveur de plusieurs chroniques dithyrambiques, je renoue avec le troll Shamaatae, non sans surprise : ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ est un disque terriblement efficace et étonnamment « compact », quand on connait Fran Marder - que je vénère, réécoutez Trulmælder - et Kostogher, deux œuvres quelque peu foutraques (et donc charmantes). Shamaatae me donne l'impression d'avoir « concentré » son art, pour un résultat plus dense et percutant que jamais. Sur l'autel de l'efficacité on a sacrifié cependant un peu de l'atmosphère Nature & Découvertes : plus de bruitages dans la forêt, ni de chouettes et autres hiboux en guest-star (mieux traités chez Arckanum que chez Satyricon), encore moins de violoniste perdue au pied d'un chêne solitaire, mais un bon sang de déluge de vrai black metal, cette bête furieuse et désespérée.

Un black metal, comme toujours, éminemment « nocturne » - les amateurs du musicien me comprendront. Les riffs sont gorgés de feeling, restent cradingues en évitant le côté nécro désormais un peu factice, et savent « thrashouiller » quand il le faut (Shamaatae a découvert le palm muting). Toujours un bon point pour moi, quand ça thrashouille... Autre point en faveur de ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ : sa production puissante et massive, lorgnant un peu sur le son tout en contrastes de chaud et de froid à la Necromorbus (on notera d'ailleurs une petite coloration Watain, voire Dissection sur certains passages), et qui finit d'asséner le propos like a fist in the face of... Le masque du troll est tombé : ce qui se cachait derrière est encore plus laid, encore meilleur. Sans hésitation l'album black metal du moment, un gribouillis musical monochrome, craché à la gueule de qui voudra bien l'avaler. J'ouvre grand.

I do love Arckanum’s first works since a long fucking time. In fact, when a teenager, I was especially crazy with Fran Marder, an obscure and obdurate black metal record blessed with a wooden, mysterious atmosphere – fuck, listening to it is like smelling some rotten mushrooms, or eating an old, soaked piece of bark fallen from a gnarly oak. Well, believe it or not, but current release ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ is such a motherfuckin’ killer of an album ! Although a bit less atmospheric, ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ is a sonic blitzkrieg more sharpened and lethal than ever before – to put it simply, more metal ! Man, Shamaatae even discovered what palm-muting is on that one. Blast it on a boombox on a hot summer afternoon and you’ll see what were Dark Angel meaning with the title of their second album.

ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ (Debemur Morti Productions, 2009)

01 Þórhati
02 Þann Svartís
03 Þyrpas Ulfar
04 Þursvitnir
05 Þyrstr
06 Þjóbaugvittr
07 Þjazagaldr
08 Þá Kómu Niflstormum
09 Þrúðkyn
10 Þríandi
11 Þyteitr

Le site et le Myspace d'Arckanum.

lundi 16 février 2009

Allez venez, Milorg (attention : cet album tue les nazis)

Vreid, ça signifie « colère » en norvégien. Milorg, c'est la contraction d'usage pour « Militær Organisasjon », c'est-à-dire la résistance nationale coincée, à l'instar de nos FFI, entre le marteau nazi et l'enclume collaborationniste. Vreid est un phénix que je découvre sur le tard, à l'occasion de ce quatrième album : n'étant pas amateur de Windir, des cendres duquel Vreid s'est levé, j'avais ignoré les premières sorties du commando. Et pourtant, Milorg est remarquable... Reprenant avec culot mais sans provocation - le faux-pas est facile, sinon tentant pour certains - les codes esthétiques de l'art totalitaire, Vreid les détourne sur sa classieuse pochette et chante la résistance à l'oppression nazie en consacrant un album entier à ladite « Militær Organisasjon » opérant pendant la seconde guerre mondiale.

Ultra-nationaliste, dans le sens où l'honneur et la survie du territoire norvégien est exalté dans chacune des huit chansons, galvanisé par un romantisme guerrier quelque peu suranné mais tout indiqué (sacrifice, ténacité, résistance, cf l'excellent Speak goddamnit [« Parle, nom de dieu ! »] décrivant un interrogatoire sauce Gestapo), l'album se situe à la croisée du black metal norvégien traditionnel et des racines rock / heavy metal de la bande. On peut légitimement penser à un Motörhead ayant mangé tout cru Satyricon, après avoir saupoudré le plat d'un peu de Metallica et de Stooges - des influences revendiquées haut et fort. La filiation Windir fait le reste, amenant de nombreuses respirations atmosphériques qui permettent, par contraste, de décupler la hargne hypnotique des morceaux. Étant plus qu'amateur des deux excellents albums des rigolos Disiplin (à laisser traîner sur la table basse quand le copain gauchiste de votre sœur passe à la maison), j'ai trouvé que Vreid s'en rapprochait parfois tout en ne laissant aucune place à cette ambiguïté qui amuse tant les Disciplinés (et moi). Enfin, la voix déchirée et vindicative du géant Sture (rappelant parfois dans la diction et le débit celle du pauvre Valfar) parachève le climat militaro-sibérien du disque.

Milorg n'est pas l'album de l'année (on a parfois une impression de léger bâclage sur certaines compositions accompagné d'un sentiment persistant de potentiel non utilisé - manque de temps ?), mais il demeure bien meilleur que lesdites grosses sorties du moment, ne serait-ce qu'en regard du passionnant canevas qui lui sert de trame. On soulignera la sincère passion du compositeur principal pour le sujet traité - le bougre est prof (comme la moitié des musiciens de black metal en Norvège) et avoue que l'une des missions premières de Milorg est d'amener ses auditeurs à prendre un bouquin pour se rencarder un peu plus sur cette période de l'histoire. Vœu pieu mais qui mérite d'être signalé : c'est devenu trop rare de tomber sur du black metal intelligent et cultivé sans qu'il ne sombre dans la prétention ou la posture intellectualiste. Revenons au copain gauchiste de la sœur qui, prompt à sortir le mot « résistance » dès qu'un ministre centre-droit ouvre la bouche, risque cependant de ne pas plus apprécier Vreid que Disiplin s'il ne s'arrête qu'à la pochette. Mais on s'en fout : de toute façon, il a toujours tort.

Far away the sound of a symphony
Wagner the soundtrack to my tragedy
Broken ribs and bloody feet
Ripped off hair and knocked out teeth

Brutal assault with sadistic methods
Hell-bent for my knowledge
No means are too extreme
But I am not a rat

That will sell out my country
I'll rather die
Than contribute to your
Empirical dream

I will never lay at your feet
My lips are sealed
My will you cannot defeat
Goddamnit I will not speak

Marks of cigarettes burnt into my skin
Symbols of how I never gave in
My knowledge is limited to my own cell
To make my comrades avoid this hell

Death camp the last level
I will disappear in nacht & nebel
Disbanded like a devilish creation
I will die for my Norwegian nation

I will never lay at your feet
My lips are sealed
My will you cannot defeat
Goddamnit I will not speak

nota bene : pardon à MetalSucks, à qui j'ai piqué la moitié de mon titre - eux-mêmes l'ayant certainement emprunté à la compilation de Relapse « This Comp Kills Fascists ».

Having never been a big Windir fan I wasn’t familiar with Vreid’s material until now. What a fucktard can I be sometimes… Vreid is just pure fuckin’ genius – a black ‘n’ roll kind of metal, backed with a strong imagery relying on WWII aesthetics. Milorg is the brigade’s last release and stands easily as one of the year’s best releases. Revolving on Scandinavian Resistance and displaying a fascist, yet left-wing inspired artwork and layout (yup, that’s possible – just ask Kamarad Joseph), you’ll either think Motörhead or a thrashier, militaristic Satyricon while listening to it. Add a pinch of Windir-scented atmospheres, and here we go, only wishing it’s WWII again to spill some German blood in the nearby camping… Yeah, you’re right – this is not for the faint-hearted ! Suffering of suicidal, er, homicidal tendencies ? So come on, join the army ! Let’s mass-rape the world to the soundtrack of its tragedy.

Milorg (Indie Recordings, 2009)

01 Alarm

02 Disciplined
03 Speak Goddamnit
04 Blucher
05 Blucher Pt. ll
06 Heroes and Villains
07 Argumentum Ex Silentio
08 Milorg

Le
Myspace de Vreid.

mardi 25 décembre 2007

De Mysteriis Dom Sapinus (Merry Mayhem)

Je n'ai pas l'habitude, dans ces colonnes, de rédiger des comptes-rendus de concerts. Primo, je n'ai jamais été fan de l'exercice. Une hérésie pour certains qui ne conçoivent, ne consomment le metal que comme une musique live avant tout - une vision quelque peu limitative à mon sens. Rajoutons à ce peu de motivation le fait que je ne goûte que très peu au public dit « metal » de base (on n'est pas prêt de me voir à un festival par exemple, synonyme pour moi d'enfer sur terre), et l'enfer est dans le sac. Néanmoins ce manque d'intérêt n'est pas une règle : j'en « fais » tout de même régulièrement quelques-uns, et la récente et classieuse date d'Anathema à laquelle j'ai eu l'honneur d'assister (et de vexer Jamie Cavanagh, mais ceci est une autre histoire) aurait méritée quelques lignes ici - une notule qui restera finalement lettre-morte.

Mais... Mais j'ai vu Mayhem il y a quelques jours, en pleine Gaule Centrale, pour cette tournée Ordo Ad Chao placée sous le signe de l'outrance costumière. Une expérience. Comme d'habitude, je n'ai pas eu une envie folle de raconter la soirée ici : après tout quoi de plus éloigné qu'un concert et son bête et méchant compte-rendu « papier » ? Cependant que je digérais le choc, ma volonté de ne rien en faire vacillait. J'attendais un signe : et pourquoi pas, pour une fois ? Après tout, seuls Obituary et Samael ont eu droit à un article live dans ces colonnes. Pourquoi pas Mayhem, qui représente tant de choses pour votre serviteur ? Ce signe arriva par deux fois. Premièrement, j'ai rencontré le Père Noël en ville - c'était une femme. Tout se perd. « Avec de gros seins, en plus », fis-je remarquer d'un air porcin à ma copine. Je me suis dit, « c'est bon, la mère Noëlle et / ou sa poitrine lollobrigidienne - c'était ça ton signe. Fais-le ce report ». Un second signe, absolument évident, me fut envoyé un peu plus tard dans la journée : fouillant dans le bric-à-bacs d'un disquaire qui se prétend agitateur kulturel (passez-moi mon revolver), je tombe sur le dernier Mütiilation (à la FNUCK, véridique !). Association d'idées, chaise roulante de Meyhna'ch sur Black Millenium, chaise roulante d'Attila sur quelques dates de cette tournée Deconsecrate Europe... Je n'avais plus le choix. Seulement un devoir : celui de servir le lecteur. Et tel Charles Dexter Ward, je prends maintenant mon stylo d'une main tremblante, pour livrer les mystérieux et sataniques secrets déflorés en cette funeste soirée. On passera vite sur l'insipide Pantheon I (ou plutôt, Pantheon aie aie aie, pour la brunette violoniste qui rejoindra Mayhem sur deux morceaux).

Je m'attendais à tout au niveau visuel, ayant eu vent des facéties de Monsieur Csihar. Je m'attendais à tout.... sauf à ça ! Attila s'est pointé déguisé en putain de sapin de Noël ! Avec des guirlandes électriques et tout le toutim ! C'était bien fait et l'on ne voyait rien de lui, que ce roi des forêts probablement scié par Blasphemer un peu plus tôt au bord de la route. Ça clignotait, c'était enguirlandé, je suis sûr qu'un petit renne devait être suspendu quelque part - la totale. Jusqu'à son sommet, occupé par une boule plus grosse que les autres (on croit rêver). Effet garanti de l'apparition : les trois compères assénaient déjà le premier titre depuis un moment lorsque l'on vît le conifère se mouvoir lentement vers le centre de la scène et entamer une sinistre mélopée, rehaussée d'un écho avec encore plus de réverb' qu'un chorus de Def Leppard en 1987. Surréaliste, et après menue réflexion (n'allons pas nous faire mal), j'oserais même dire « dadaïste ». Alors qu'en dire ? Eh bien... passé la surprise, c'était « glauque » de voir ce végétal, traditionnellement associé à un moment festif, éructer les morceaux du dernier album et expectorer sans hargne, mais avec une colère froide et terrifiante, les infernales litanies mayhemiques (truth ?). Ordo Ad Chao fut transfiguré par son interprétation, si bien que j'ai redécouvert cet album étrange - et au sujet duquel je n'ai point changé mon avis d'un iota. Le son du groupe était très correct, avec une prédominance de la rythmique au détriment des mélodies peu gênante vu la physionomie de la dernière œuvre. De toutes façons le père fouettard de Budapest était l'attraction principale - sa présence capte, magnétise, accroche. Je n'avais jamais vu Attila auparavant (ni Mayhem), mais une chose est sûre, c'est qu'au niveau vocal il est unique et, c'est vrai, assez effrayant. C'est aussi simple que cela... Et pourtant, le public n'aura rien « vu » de lui : seulement ce déguisement forestier. La voix, caractérisée par ce timbre effroyable et séculaire, est conforme à sa légende - sans équivalent ou en tout cas pas dans le black metal. Bien sûr, la réverb' parachevait son impact et l'effet, mais quel malaise tout de même...

Le coup du sapin de Noël aura ses détracteurs, c'est certain, car la frontière entre le « bon » effet et le ridicule est ténue - on touche là du doigt l'un des problèmes majeurs du metal, tous styles confondus, celui qui pousse à répondre par un laconique « du rock » quand on se voit demander ce que l'on écoute. Reste que j'ai adoré (quelle gageure que de maintenir une telle présence dans cet accoutrement), et cela pour plusieurs raisons que je ne détaillerai pas - il serait question de contre-pied, d'attitude, de recul, du privilège de l'âge, et d'un sens de l'autodérision rafraîchissant dans une scène ou rangers, ceinturons cloutés et bras croisés résument trop souvent, justement, « l'attitude ». Et dire que certains autoproclamés experts à la petite semaine voudraient donner, à l'heure du goûter, des leçons de black metal à Mayhem, Satyricon ou Darkthrone... Le black metal n'a jamais été défini par sa musique, mais par son esprit d'opposition. Une opposition à ce qui se trouve en face, fût-ce des ados se donnant un air trop sérieux avec... rangers, ceinturons cloutés et bras croisés. En l'occurrence, le black metal, ramené depuis quelques années par ses parangons les plus célèbres à ses racines punk et rock n' roll (vous reprendrez bien un peu de Motörhead et de Bathory ?), a retrouvé son essence et peut-être sa vocation première : l'entertainment nihiliste. Être black metal en 2007 - et Mayhem est le black metal -, c'est peut-être, effectivement, se ramener sur scène accoutré en gros lapin rose (rabbit death's curse ?) ou en proxo « bling-bling » entouré de pétasses. Une substantifique moelle que certains ont su isoler et extraire plus tôt que les autres - on pense très fort à Impaled Nazarene, à l'oublié Demoniac ou à Deströyer 666 ! Et on remarque au passage que le patronyme complet de la horde, The True Mayhem, fait aussi et malicieusement office de doigt d'honneur adressé aux esprits étroits.

J'en reviens à cette soirée du 22 décembre après cette digression : beaucoup ont du rater Mayhem sur cette date... Censés tenir le haut de l'affiche après quatre premières parties (Pantheon I, Aabsinthe, Kronos et The Old Dead Tree), les norvégiens ont finalement joué en deuxième position pour regagner leurs pénates durant la nuit. En pâtira la set-list, abrégée pour ne durer qu'une heure durant laquelle furent moulinés Ordo Ad Chao et quelques classiques (dont Freezing Moon bien sûr, annoncée superbement et agrémentée d'un solo simpliste et bien vu). Les morceaux de l'ère Maniac y gagnent au change : une répugnante version de To Daimonion fut délivrée par le sapin chantant. Un concert trop court mais intense, ponctué de morceaux de bravoure (ce monstrueux et impromptu break qui laisse Attila psalmodier d'une voix blanche « odium humani generis »), et pas forcément brutal mais tellement... black metal. Moins sauvage que lorsque mené par Maniac, Mayhem est (re)devenu plus vicieux, plus finaud et à nouveau dérangeant. Pas mal pour un groupe passé à la postérité pour toutes les mauvaises raisons du monde, et englué dans une caricaturale légende depuis trop d'années ! Une chose est sûre : la frange dérangée ( infinitésimale) du public de Mayhem semble ne goûter que très peu aux fantaisies esthétiques du moment, et Attila prend bien plus de risques, devant les puristes-true-du-kvlt, à jouer en gros lapin qu'en dictateur chaplinesque (déguisement auquel je suis content d'avoir échappé, pas pour de stupides raisons, mais simplement parce que ce qui a déjà été fait par d'autres n'est plus à faire). Je renvoie le lecteur intéressé à une passionnante interview donnée pour le Terrorizer d'avril 2007, dans laquelle Necrobutcher expliquait que la mort de Dimebag Darrell avait vraiment eue une résonance dans le camp Mayhem (« on joue devant un public et dans une scène qui rend cela possible, c'est un fait, je cherche des yeux le canon d'un éventuel flingue sur certaines dates américaines »).

...Mais ce sapin, putain, ce sapin qui vouait Noël aux gémonies pendant tous les morceaux avec cette voix de ténor décomposé... « I would like to dedicate that show to all the trees that we human scum cut down for fuckin' christmas... fuck him... fuck christmas... fuck him... ». Je rappelle que c'était le traditionnel festival de Noël de Execution Management - au fait on ne le dira jamais assez mais... bravo les gars. Et je signale aussi que Mayhem ne s'en prend pas forcément au christianisme sur scène (vous parlez d'une ambulance... ça n'est plus subversif depuis longtemps, mais est-ce même encore drôle ?), mais à chacune des grandes religions révélées. Et y'a pas à dire, dans l'état actuel des choses, c'est plus dangereux de brûler certains symboles que d'autres - je n'avancerai pas plus sur ce terrain miné. Reste le plus important pour conclure : la musique de Mayhem exhale réellement quelque chose, et quand Attila souffle, dans un murmure d'infrabasses, « dedicated to the trees », on fait comme les interlocuteurs de Lino Ventura dans ses films : on ferme sa gueule, on écoute. Et on se dit qu'en effet, les arbres de la forêt voisine doivent l'entendre.

Well I am not what you can call a gig-addict. But attending a Mayhem’s performance is always an event, isn’ it ? So here I was and man, total mindfucking madness it was. The boys were headlining some Christmas Fest (wtf ?!?), or supposed to (the running order was modified on the last minute). Musically Mayhem ripped the place apart but hey, for fuck’s sake, fuckin’ Attila was dressed as a Christmas tree for the whole gig !!! Well, it would be more accurate to say he was entangled, more than disguised, in a fuckin’ firtree ! Of course the thingy was complete, adorned with fairy lights and coloured bulbs and, therefore, powered by electricity. Fuck me ! I swear on your sister’s chastity this is absolutely fuckin’ true ! I was more expecting a pink rabbit or a greasy pimp, like on the rest of the tour, but hey, Christmas it was, wasn’t it ? The assistance was divided, pros and cons – what I do know is that what Attila did that night was truly black metal in the most twisted kind of way – isn’t this music about shocking people off and breaking every rule ? That bein’ said, I wish all of you sickfucks a merry Christmas and a happy Mayhem.

Le site et le Myspace de Mayhem.

...et toujours :
Un nouveau suicide chez Mayhem

vendredi 17 mars 2006

X-Japan ou le Sturm und Drang à la nippone

Sortons un peu des sentiers battus aujourd'hui ! Et pourtant, il y aurait matière à faire dans le classique : le dernier Darkthrone vient de sortir, Guns N' Roses passe prochainement en France, Satyricon vient de laisser filtrer un morceau augurant du meilleur quant à l'attendu Now, Diabolical, et bien sûr, on trouverait toujours prétexte à bavasser sur nos thrashouilleurs préférés sachant qu'ils sont actuellement en plein travail avec Rick Rubin. Mais faisons fi de tout cela : place à l'exotisme oriental et consacrons cette petite notule aux nippons de X-Japan. Le groupe de hard rock (oui) le plus mythique de l'archipel du Soleil Levant (mais pas le plus culte : cette place est occupée par Loudness) mérite bien un petit coup d'œil dans le rétroviseur ! Pour une fois, préférons la démonstration visuelle et sonore aux longues palabres : voici un lien offrant, dans une qualité disons acceptable, le morceau de bravoure du groupe : Art of Life. Cette composition de plus de trente minutes, d'excellente facture et ici brillamment exécutée au légendaire Tokyo Dome, peut être qualifiée de heavy metal lyrico-romantique dans lequel il y aurait un peu trop de tout... ce qui reste préférable à pas assez de rien. Mention spéciale aux parties de piano inspirées, baroques et fiévreuses, jouant habilement d'une certaine disharmonie (anecdote personnelle, mais j'ai toujours une pensée pour les géants Forbidden Site en écoutant Art of Life !), ainsi qu'aux guitares maidennienes en diable.

Parfois (souvent ?) surestimé par des fans énamourés séduits autant, voire plus, par l'imagerie bariolée que par sa musique, et méconnaissant souvent l'indiscutable suprématie du heavy metal occidental (c'est un constat, mon adresse est à droite), X-Japan reste un bon groupe qui mérite d'être (re)découvert, et pas simplement connu à cause du décès d'un de ses membres... Mentionnons qu'Anorexia Nervosa (pourquoi ne suis-je pas surpris ?) a eu l'audace, l'idée et l'envie de reprendre I'll Kill You sur un récent mini ! A vous donc de visionner, malheureusement saucissonnée en quatre liens, la vidéo complète de X-Japan dans ce qui reste l'unique interprétation live de Art of Life. La patience est de mise, mais l'attente en vaut la peine. Tout se mérite ! Et que personne ne vienne me parler de visual key ou d'autres conneries de ce genre au sujet de ce groupe - let the music do the talking. Et non pas les modes étriquées et articides. Par l'Art et par le Sang, nom de Zeus !

Art of Life is a more than thirty-minutes long epic song by X-Japan, a famous colourful, motley crew of a band whose heydays are now long gone. Here are links to behold the theatrical interpretation of said song, packed-in with full-throttle heavy metal twin-guitars harmonies and over-the-top, baroque piano parts. Is this the way of Japanese sturm und drang ? Well, maybe. Or maybe not. For all of you French artists lovers, you'll wanna hear gallic decadent black metal masters Anorexia Nervosa's take on the more punkish side of X-Japan by listening to their rendition of I'll Kill You !

Art of Life, live au Tokyo Dome, parties 1, 2, 3 et 4.

Le site et le Myspace de X-Japan.