On n’empêchera jamais un véritable artiste de s’exprimer, et
un véritable artiste trouvera toujours le moyen de s’exprimer – par quelque
biais que ce soit. Enlevez-lui sa guitare, il écrira des poèmes. Piquez-lui papier et crayon et il prendra des photos. Privez-le d'appareil
photo ; il fera des films avec son smartphone. Enlevez-lui son mobile et
foutez-le au fond d’une grotte avec son ombre pour seule compagne
(Mesrine !), il vous réinventera l’art pariétal : c'est comme ça. Nikki Sixx est bien de
cette race-là, et c’est ce qui le sauve depuis toujours ; validant et entretenant
constamment son statut de diseur, de raconteur et de tritureur de la pâte humaine au-delà des
aspects parfois détestable qu’il peut avoir.
Oui, son besoin compulsif de dire,
de montrer, de faire (souvent avec toute la mégalomanie égocentrique qu’on
lui connait) est la preuve constante que le gars ne vit que pour s’exprimer,
d’une façon ou d’une autre… Sixx serait resté un beauf d’Idaho (au lieu de
devenir un beauf d’Hollywood) que vous l’auriez trouvé au bord d’une rivière, à
construire des moulins à eau en allumettes entre deux parties de pêche avinée – Herta style. Oui, c’est ce qui le sauve, et c’est à mon sens
la seule explication à sa survie (au moins artistique) : survie à
l’inanité de certaines productions « du cru », si j’ose dire, et à
ses excès. C’est, en somme, sa « note d’intention » ; son explication.
Aujourd’hui Sixx s’exprime musicalement plus et mieux que
jamais entre Mötley Crüe (qui toute nostalgie subjective mise à part, a réussi le tour de force de sortir son meilleur album après vingt-sept ans d’existence) et Sixx A.M. Il est aussi en train de se construire
une image de photographe que j’estime, avec une prédilection qui ne surprendra personne – le portrait. Et
notamment le portrait de freaks, comme lui. Ils sont disséminés de façon
anarchique sur ses différents sites internet comme autant de tronches de laissés-pour-compte
de l’Amérique - de la vieille obèse engoncée dans un fauteuil roulant entre deux caravanes crasseuses au pépé rigolard, buriné et alcoolique. Parmi ces shoots de créatures (dans lesquelles on retrouvera
parfois et sans surprise ses « copains » de Mötley), se glissent quelques
natures mortes, parfois gracieuses, parfois dérangeantes, souvent les deux… De
quoi pardonner largement d’autres expérimentations plus convenues, ou le côté très cliché de certains portraits. La première fois, finalement, que Sixx ne parle pas
de lui. Vraiment ?
I try to
cover many different topics, people and bands in these (now) old pages. But I
have to admit some are overrepresented : Metallica, the living debauchery known
as GNR and, of course, ol’fart Nikki Sixx. So here we go fuckers. This guy has
been fascinating me since, wow, don’t even remember. In fact, I was fond of
Sixx way before loving the Crüe. A total artist, is what he is. Sure, when you’re
wielding too much blades you can’t master them with the same efficiency, but
our big boy is doin' good in music, writing (as long as you’re not searching
for the next Kerouac), and also photography. Shooting freaks of nature, that’s
what he does – not for a living of course, the man is shitting dollars since
thirty years -, but, I firmly believe that, for the sheer love of doin' it. And
please see for yourself, some of his visual work are truly amazing… Sixx,
beyond all the business circus-related events he’s known for, has always been
an interesting character inhabited by the same darkness that resides in you and
me : a bleakness of the soul - which really shows in his pics.
...et toujours :