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samedi 2 octobre 2010

Très pêche


A la pêche aux mou-les, mou-les, mou-les, j'ai ramené un vieux brochet. Nous avons mordu tous les deux : lui avec ses dents, parce qu'il sait encore se faire agressif, et moi à l'hameçon, parce que je n'ai pas su lui résister. En un mot, Magic & Mayhem - Tales From The Early Years est un réenregistrement des vieux classiques d'Amorphis - seuls les trois premiers albums sont concernés.

Avis rapide et bâclé : au-delà de l'attrape-nigaud évident (et je suis un nigaud), c'est comme Jean Rochefort ou Jean-Pierre Marielle. C'est tout vieux, mais c'est tout bien et c'est tout classieux. Amorphis, quoi. Et puis, merde quoi, faire oublier comme ça Pasi Koskinen et son timbre pourtant unique, c'est un tour de force à la limite du tour de magie.

Well, for fuck's sake, can someone tell me why the fuck is Amorphis re-recording its early, yet mighty hymns ? I dunno, I just don't get it. Let's say this is a money-grabbin' move, which isn't exactly a surprise coming from Nuke Blast. However I have to mention that Joutsen's cavernous delivery is astonishing and that I, once again, willingly gave my hard-earned bucks to these Finnish motherfuckin' motherfuckers. Worship and obey !

Magic & Mayhem - Tales From The Early Years (Century Media, 2010)

01 Magic And Mayhem
02 Vulgar Necrolatry
03 Into Hiding
04 Black Winter Day
05 On Rich And Poor
06 Exile Of The Sons Of Uisliu
07 The Castaway
08 Song Of The Troubled One
09 Sign From The North Side
10 Drowned Maid
11 Against Widows
12 My Kantele
13 Light My Fire

Le
site et le Myspace d'Amorphis.

...et toujours :

Le retour des fils d'Uisliu
Un lac dans mon rétroviseur...

Amorphis emmerde Darwin...

La fin de l'éclipse ?

jeudi 12 février 2009

Le retour des fils d'Uisliu

Cela fait maintenant quelques années qu'Amorphis est revenu, peut-être pas à son meilleur niveau puisqu'une telle expression ne veut ici rien dire - les différentes périodes du groupe (au moins trois selon votre serviteur) rendent difficile l'établissement d'une échelle de comparaison -, mais au moins au sommet de son potentiel actuel. Tandis qu'Eclipse restera comme l'album de l'intronisation de Tomi Joutsen, Silent Waters aura enfoncé le clou avec brio malgré quelques redondances par rapport à la carrière du groupe - au point que le disque puisse parfois apparaître comme le grand-frère bien élevé de Tales From the Thousand Lakes, à qui l'on aurait appris quelques bonnes manières et demandé de ne plus roter à table. Tour à tour fragile et délicat (Silent Waters), puissant et épique (Shaman ou A Servant, que l'on jurerait retravaillés à partir de morceaux datant de 1994), mais sachant aussi se faire plus folk à l'occasion (Enigma et son parfum celtique), Silent Waters est un album auquel il sera difficile de succéder... Son aspect synthétique (quant au passé d'Amorphis) et sa finalité (asseoir définitivement Joutsen au poste de vocaliste) laissent présager pour son successeur le début d'une nouvelle période.

En attendant d'en savoir plus, mais surtout d'entendre les premiers extraits du déjà baptisé Skyforger, le fan éploré pourra toujours traîner ses guêtres sur le blog du groupe faisant office de studio report... La pochette, en revanche, est déjà dévoilée et malgré mon peu d'enthousiasme pour les compositions trop numériques, elle s'annonce superbe (et certainement signée Travis Smith tant sa patte semble évidente). L'album, déjà le neuvième, est programmé pour le milieu d'année 2009.

You know by now how a big Amorphis fan I am. Unlike when it comes to Metallica, I am not, however, blinded by my allegiance and it’s fair to say Amorphis’ golden years are behind them… or maybe not. ‘Cause Tomi Joutsen is a real monster of a frontman, blessed with a monstrous, naturally death-metal voice which fits oh so well the band’s back catalogue. After the aptly-named Silent Waters, a moody album contrasting with the blistering Eclipse, here comes Skyforger. I didn’t hear a single bit of it yet – I just cross my fingers for it to even Silent Waters out, hence foreshadowing a new golden period for these folkish metal masters. I just can’t wait !

Le site et le Myspace d'Amorphis.

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La fin de l'éclipse ?

samedi 7 février 2009

« I thought what I'd do was, I'd listen to more early nineties death metal »

J'ai souvent la nostalgie du « DDD metal » des deux premiers tiers des années quatre-vingt-dix - D au cube pour dark, doom et death. Beaucoup de cadors synthétisaient alors ces trois aspects en un maelström musical à l'identité fortement européenne ; que ce soit au nord, en partant d'ici, au sud du paradis (le particularisme régional de la scène grecque, aujourd'hui quelque peu retombée dans un anonymat reflétant son nouveau conformisme), ou, bien sûr, au pays de la pluie - est-ce utile de mentionner la Sainte-Trinité du Bureau des Pleurs, dont les premières sorties étaient autant d'albums-mausolées dédiés au romantisme tragique d'un death metal en quête d'horizons plus littéraires, moins « clichés » ? Alors quand un album du calibre de The Chalice of Ages (Deathevokation) me tombe dessus, telle la misère sur le triste, je ne peux que me réjouir de la découverte et tenter de lui faire une modeste publicité.

Confinant à l'exercice de style, The Chalice... respecte tous les préceptes poussiéreux de la scène précédemment évoquée - pour moi son point fort, pour d'autres, sa limite assurément. Le but premier du fondateur monomaniaque Götz Vogelsang est de se faire plaisir en composant d'austères hymnes funéraires faits de riffs pachydermiques et doomesques, traversés par quelques accélérations slayeriennes passées au filtre Unleashed / Entombed - pour ne pas dire Nihilist / Grotesque. Tout y est : des titres contenant plein de mots rigolos du genre rites, acherontic, desecration, epitaph, chunk, carrion (dont les potentiels agencements fleurent immanquablement les relents putrides du Père-Lachaise), un son gras « metal zoné », un timbre rocailleux au croisement des deux normes qu'étaient les vokills anglais et suédois... Deathevokation (nom à prendre au pied de la lettre, et probable clin d'œil à une démo de Dismember) n'oublie donc pas que faire du bon death metal, c'est avant tout savoir écrire de sombres mélodies - on pensera ici aux premiers Amorphis, sinon Abhorrence (on subodore l'énorme impact qu'ont du avoir Karelian Isthmus et Privilege of Evil sur le bougre), Sentenced, Pentacle, Asphyx et autres premières démos de The Gathering...

L'antidote à la crise / bérézina / hérésie dite deathcore en quelque sorte. Car Deathevokation, comme les Grands Anciens dont il prétend perpétuer le culte vivace mais confidentiel (reprendre du Antropomorphia sur son premier album, c'est un peu comme si un groupe de black français honorait aujourd'hui un titre de Malveliance), prône l'exact contraire de cette nouvelle scène - la suprématie du feeling sur la technique, et préfère le discours du riff mélodique mid-tempo au ratatinage imbécile et supersonique de tympans. Inutile de dire que le résultat, outre la noirceur retrouvée, reste aussi brutal que la déposition d'un T-800 dans un commissariat. A voir, en lien, le site Internet de la bande, reprenant l'esthétique monochrome des fanzines d'époque et parsemé de flyers historiques (celui annonçant la sortie du premier Thou Shalt Suffer vaut des points). Pour les fous, les vrais, l'album est disponible en cassette avec pochette bicolore en trois volets. Amen. The Chalice of Ages, par Deathevokation, est une véritable dévolution - pour ne pas dire devilution.

I mourn the the old DDD metal of yore – ya know, dark-doom-death à la Sentenced, Amorphis or in the good ol’ british way of doing things : early Paradise Lost, Anathema, My Dying Bride… The Chalice of Ages (Deathevokation) is a tribute, as the names of the band and record suggest, to this sinister, yet melodic, haunting scene. Ya got it all : Slayer meets Unleashed meets Abhorrence fucking with Pentacle while being sodomized by early The Gathering. Melodic and heavy as fuck while retaining the original, sick brutality of true death metal ! I just can’t believe some still listen to deathcore (yeah I’m seeing a doctor for my Bad Obsession – he says I’m sick in the head) while you can bathe in such wonderfully-executed Death.Fucking.Metal. ! That’s the way I am - I just can’t resist to songtitles such as Rites of Desecration or Acherontic Epitaph. Even the foulest of names generator wouldn’t find such exciting, juicy combinations ! The Chalice of Ages ? Not a revolution for sure, but indeed, a true devolution. To tell you the truth, if one day the mad people of the Gallic Republic (I’m talking ‘bout France, you fucker) puts me at the head of our already devastated country, The Chalice of Ages would be taught in music classes. And in jails – we need to re-educate musical tastes in jails, don’t we ?

The Chalice of Ages (Xtreem Music, 2007)

01 Rites of Desecration
02 Acherontic Epitaph
03 The Monument
04 Embers of a Dying World
05 The Chalice of Ages
06 Infinity Blights the Flesh
07 Carrion (et non pas Carry On, ça c'est Angra ou Manowar)
08 Chunks of Meat (Antropomorphia cover)
09 As My Soul Gazes Skywards

Le
site et le Myspace de Deathevokation.

jeudi 17 juillet 2008

Bad Moon Rising

Pour les trous du culte, dont j'ai longtemps - mea culpa - fait partie quant à ce sujet, Moonspell n'a rien fait de bien après Wolfheart. Allez, disons Irreligious (ironiquement l'album le plus « commercial » des portugais). Pour les pas-finis, ça peut même remonter jusqu'à Under The Moonspell : le ridicule ne tue pas, c'est parfois dommage. Pour ma part, j'ai redécouvert Moonspell sur le tard et si les expérimentations d'un papillon me laissent décidément de marbre, c'est avec plaisir que j'ai goûté aux bonnes feuilles de l'antidote, des ténèbres et de l'espoir. Bref, les sorties de Moonspell m'intéressent à nouveau, et Night Eternal n'a pas dérogé à la règle - le fait qu'il m'ait déçu est une autre histoire. Presque secondaire, finalement, mais tout de même...

Après le monument ombrageux qu'était Memorial, Night Eternal renoue avec un style mi-gothique, mi-dark metal sans vraiment choisir son camp et peine à afficher un caractère. Pour ainsi dire, c'est un album constamment assis entre deux chaises - le confort de l'auditeur ? A l'avenant. Si l'on rajoute à cela une relative panne d'inspiration (plus de fillers que d'habitude), on comprend la déception de certains, dont votre serviteur. A titre d'exemple, Night Eternal débute par un titre archi-convenu, bon au demeurant mais loin des bijoux qui ouvrent traditionnellement les albums du groupe. Dreamless (Lucifer and Lilith) n'est pas désagréable, mais trahit particulièrement cette redondance : l'autoplagiat n'est pas loin dans cette romance symbolique au riff mélancolique trop entendu. Histoire de ne pas être trop dur avec Moonspell, qui demeure un groupe fondamental pour moi, on notera cependant le duo plutôt réussi avec Anneke Van Giersbergen, ce qui n'est pas acquis dans ce genre d'exercice de style prisé par la bande (on demeure cependant bien en-deçà d'une certaine alchimie érotique avec Birgit Zacher). Scorpion Flower s'avère en tout cas bien supérieur à l'embarrassant Luna, seule éraflure sur le granit marmoréen de Memorial. La vigoureuse seconde partie de l'album est en revanche plus intéressante pour celui qui privilégie l'aspect plus « metal extrême » de Moonspell : Moon In Mercury (gageons que si Daemonarch se voyait un jour réactivé, ce serait dans cette veine), Hers Is the Twilight et Spring of Rage sont tous trois absolument excellents. Lorgnant sur un death metal occulte et orchestral, mais si personnel, ils nous rappellent que telle est, certainement, la robe dont Moonspell se pare le mieux - cette robe aux couleurs d'un hivers singulier tempéré par la braise lusitanienne. Et suis-je le seul à trouver que les accents de domination de Ribeiro, dans ces instants, rappellent la commande impérieuse de David Vincent ?

Night Eternal est ce poids lourd dont la sortie remarquée est plutôt saluée, mais ses défauts (orientation pas assez tranchée, inspiration parfois proche du néant) sont réels et laissent l'aficionado songeur : simple baisse de forme ou signe d'une routine trop installée chez une meute déjà vieille de quinze ans ? Ces anicroches sont, comme de bien entendu, masquées talentueusement par une production trop parfaite et une jaquette affreusement clichée signée par le pénible Seth Anton Spiro (faire carrière en refourguant toujours la même pochette, ça va un moment : n'est pas Joe Petagno qui veut...). Bref, des artifices qui ne tromperont que les amateurs novices de Moonspell (ce qui n'est évidemment pas une critique) et les apprentis-vampires qui se laissent aveugler par le premier médiocre soleil noir venu. Le Moonspell que j'aime, pour faire un clin d'œil à Amorphis, c'est le Moonspell « Magic and Mayhem » : si l'on a, en 2008, notre quota de brutalité, la magie est en revanche déficitaire sur ce nouveau sortilège. Sans théoriser à outrance, et pour conclure, je ferais juste remarquer perfidement que Waldemar Sorychta n'a pas produit Night Eternal.

Wolfheart struck me so hard when it came out that I really had a hard time with its successors, except the lighter-yet-wonderful Irreligious. Thank to Memorial, here I am again, holding Night Eternal in my tiny greasy little hands. And fuck, a bit disappointed I am. Night Eternal is quite a big departure from the Memorial sound : less monumental, less “Frostian”, less oldskull. The songs are much more luxurious in shapes and sounds, everything is polished and well-executed, more “gothic” if you want to put it that way : in that aspect, the cover is a great indicator of the album’s content. Night Eternal is a great album for many and sure, I can understand it – however I prefer the granite-like darkness displayed on Memorial. Those hurting, and not mellowing, when you fall upon them... But there’s no accounting for tastes (especially mines) !

Night Eternal (SPV, 2008)

01 At Tragic Heights
02 Night Eternal
03 Shadow Sun
04 Scorpion Flower
05 Moon In Mercury
06 Hers Is the Twilight
07 Dreamless (Lucifer and Lilith)
08 Spring of Rage
09 First Light
10 Age of Mothers (bonus track)
11 Scorpion Flower [Dark Lush Version]
12 Scorpion Flower [Feeble Cut]


Le Myspace de Moonspell.

...et toujours :

Hail the Hordes !
Le grand pardon

mardi 13 février 2007

Un lac dans mon rétroviseur...

Il fallait bien le faire un jour car c'était dans l'ordre des choses : ces pages ayant pour seule et unique ambition de relayer ma passion pour le genre « metal » se devait, tôt ou tard, de proposer une notule sur Tales From The Thousand Lakes. J'y ai souvent pensé, mais ces velléités ont toujours été anéanties par la flemme - et aussi la peur de « mal traiter » ce sujet qui me tient particulièrement à cœur. Et finalement... je ne le ferai pas ! Terrorizer s'en est chargé pour moi. Morceaux choisis de cet article signé José Carlos Santos, paru dans la rubrique « Blasts from the past : Terrorizer's guide to classic albums » de l'actuel numéro 154 dudit magazine. Une rubrique qui se divise immuablement en cinq points - une forme très scolaire rattrapée par un réel didactisme :

Pourquoi est-ce un classique ?

Assez conservateur dans son genre, Karelian Isthmus, le premier album d'Amorphis, recelait néanmoins les germes annonciateurs de la maestria à venir du groupe. Malgré ces indices, peu nombreux étaient ceux qui s'attendaient à une oeuvre de cette ampleur : Tales... s'imposa comme rien de moins qu'un hommage monumental à l'héritage culturel de la Finlande, basé sur la saga fondatrice de la nation - le Kalevala (...). Du death metal basique des débuts, Amorphis n'en retint qu'un canevas de base sur lequel le groupe réussit à peindre l'exact état d'esprit que nécessitait chaque chanson (...). Growls alternés avec le chant clair, passages doom mélancoliques se délitant en de délicates mélodies folk avant d'exploser en un climax brutal, tout se tient et est exécuté avec une technique instrumentale virtuose. « Lorsqu'on lui a joué les morceaux, Tomas Skogsberg, le producteur, nous a demandé si notre label était vraiment au courant de ce que nous faisions », se souvient avec humour Esa Holopainen (guitariste et principal compositeur). « Quand on a terminé l'album, on savait qu'on avait pondu quelque chose de spécial. Notre écriture commençait à trahir de nouvelles influences, nous ne savions pas du tout comment le label allait réagir, mais on avait vraiment confiance dans ces chansons » (...).

Quelles sont ses inspirations ?

Indiscutablement, le Kalevala. Chargé en émotions, créativement stimulant, le Kalevala est devenu une source d'inspiration sans fin pour Amorphis, ainsi qu'un véritable trademark. Pas seulement thématique, mais aussi musical : en incorporant un background ethno-folk en tant qu'ingrédient de base de sa musique, Amorphis s'est forgé une identité qui n'appartient à personne d'autre. Le kantele, instrument traditionnel finnois, sera d'ailleurs utilisé pour les albums suivants (...). « Le death metal était jusqu'alors très in-your-face, presque punk, et nous avons commencé à injecter beaucoup plus de mélodies dans tout ça. Nous nous sentions, en tant que musiciens, un peu à la croisée des chemins : de ce carrefour, nous avons suivi la route la moins évidente », poursuit Holopainen. Aussi importants que soient le Kalevala et le folklore pour Tales..., il ne faut pas oublier les influences du rock progressif : les claviers très vintage et les parties de guitares élaborées doivent beaucoup aux seventies, et notamment à Pink Floyd (et Deep Purple ! NdSheol).

Comment a-t-il été reçu à l'époque ?

« Toutes ces réactions nous ont vraiment prises au dépourvu », explique Holopainen. « On n'avait pas d'attentes particulières (...), et voilà que toutes ces critiques dithyrambiques de tous les canards de l'époque nous tombaient dessus » (NdSheol : la valeur n'attendant point le nombre des années, précisons que la moyenne d'âge se situait entre dix-sept et vingt ans). Non seulement Tales From The Thousand Lakes fut un énorme carton pour le groupe (...), mais aussi pour Relapse. Avec plus de cent-mille exemplaires écoulés à sa sortie, il demeure à ce jour le best-seller du label, l'élément qui fit de l'obscur Relapse le géant qu'il est aujourd'hui. Esa précise : « on a fini dans le Top 50 finlandais, ce qui est devenu quasi-systématique de nos jours avec nos groupes de metal... Ce n'était pas aussi évident en 1994 » (NdSheol : sans mentionner le fait que nous ne sommes pas, avec Tales..., au rayon sucreries, loin de là, c'est bien de death metal dont nous parlons !).

Quelle importance la jaquette a-t-elle eue ?

Peinte par Sylvain Bellamare d'après de vagues instructions données par le groupe (« en gros, on savait qu'on voulait du bleu, un lac et un marteau », révèle le guitariste), cette pochette demeure aujourd'hui l'une des plus évocatrices, l'une des plus fortes de l'histoire du metal moderne. Peu d'illustrations parviennent à rendre avec autant d'acuité l'âme de l'album qu'elles ornent, à refléter à ce point sa musique - et inversement (...). Simple question : depuis 1994, combien d'autres pochettes se sont « inspirées » de celle-ci ?

A quel point s'est-il révélé influent pour la scène ?

L'impact qu'a eu Tales... est énorme à plus d'un titre. Amorphis y gagna une stature mondiale (...) et le metal finlandais en bénéficia comme d'un coup d'envoi, un starter, et c'est ainsi que les échos de Tales... y sont clairement perceptibles un peu partout, de Children of Bodom à Moonsorrow en passant par Kalmah ou autre Norther (...). Par-dessus tout, Tales... défiait frontalement l'orthodoxie du death metal et a ouvert la voie de l'exploration ethnique à un nombre incalculable de formations. Ce fut, finalement, l'un des fers-de-lance du mouvement de redéfinition artistique du genre, dans le milieu des 90's, aux côtés d'Opeth ou d'Arcturus. Un mouvement qui ouvrit les vannes à de nouvelles influences, atypiques, amenées par des artistes toujours plus créatifs.

(José Carlos Santos, traduction commentée de votre serviteur)

Que dire de plus ? Un article globalement juste, rendant bien compte de l'impact énorme de cet album en son temps. En revanche l'aspect folk, « ethnique » même, de l'affaire, me parait un peu exagéré ou du moins prématuré : ce n'est réellement qu'à partir du fabuleux Elegy (1996, Nuclear Blast) qu'Amorphis laissa parler le côté folk qui sommeillait en lui. Concernant l'influence de Tales From The Thousand Lakes sur ses compatriotes, elle est plus tangible que jamais, et j'y rajouterai les noms d'Insomnium, de Searing Meadow, d'Ensiferum... Un album fondateur et indispensable au même titre, toutes proportions gardées, que n'importe quelle galette de Metallica, de Maiden ou de Priest. Petite précision concernant la fin de l'article : attention à ne pas oublier les discrets mais géniaux In The Woods, largement aussi aventureux et avant-gardistes qu'Opeth et Arcturus ! Dernière chose, il faut bien comprendre que l'aspect folk d'Amorphis est tout sauf « gadget », personnellement mettre en avant ce type de particularité me fait plutôt fuir tant la scène folk est boursouflée aujourd'hui... Point question ici de guignols foutant de l'accordéon n'importe comment et n'importe où pour le simple plaisir de pouvoir l'écrire dans le livret - d'ailleurs y'a jamais eu d'accordéon chez les Amorphes ! Avant tout, avant même d'être un groupe de metal, Amorphis est juste un monstrueux groupe de rock, que l'amour du Kalevala n'empêche pas de reprendre du Hawkwind ou du Doors à l'occasion.

As you faithful reader already know, I love Amorphis’ Tales From the Thousand Lakes to death. Distinguished monthly metal compendium Terrorizer features a lengthy article about it in its current issue. I must say José Carlos Santos did a pretty good job here and I allowed myself to quote some of his prose. In French, yup. And if you’re lost in translation, well – read it in its extensive form and original language in issue #154 of said magazine. Either way, listen to Tales From the Thousand Lakes : each time you do it, you’re saving ten fuckin’ baby seals. Oh, you didn’t knew it ?

Le site et le Myspace d'Amorphis.

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Amorphis emmerde Darwin...
La fin de l'éclipse ?

jeudi 2 mars 2006

Amorphis emmerde Darwin...

...en cela que le dernier album des finlandais est un véritable bras d'honneur fait à la théorie de l'évolution. Eclipse, le lumineux opus qui vient de paraître, aurait pu sortir en 1997 tant il se serait bien inséré entre Elegy et Tuonela ! Enfanté à cette époque, il aurait ainsi fait office de véritable transition, cette charnière oubliée par Amorphis qui préféra passer abruptement d'un post-death metal mélancolique à un psyché-rock seventies. Mais Eclipse est bel et bien la dernière œuvre en date des Amorphes et il est évident que cette galette est supérieure aux immédiates précédentes. La recette par laquelle est venu le succès est de retour : mélodies folk en veux-tu en voilà, textes inspirés par les contes du Kalevala, vocaux clairs et growling death metal hargneux, souffle épique en provenance directe du Grand Nord... Il serait inélégant de ma part de ne pas souligner l'impressionnant travail vocal : Tomi Joutsen est le nouveau chanteur d'Amorphis, et qu'on se le dise, c'est bien le digne successeur de Pasi Koskinen - pourtant pas les pompes les plus simples à chausser. Bien que possédant un timbre un peu plus classique, Joutsen (aussi dans Sinisthra) fait merveille à tous les niveaux et l'on a hâte de l'entendre interpréter les classiques du groupe.

En un mot, l'efficacité a été privilégiée, peut-être au détriment de l'audace... mais diantre ! On s'en fout. L'évolution (stylistique j'entends), ce bouclier vertueux brandi par des groupes expliquant - excusant - parfois ainsi leurs œuvres les plus décevantes, n'est décidément pas le maître-mot qui a présidé à la conception d'Eclipse ! Et c'est tant mieux : non seulement s'agissait-il probablement d'une question de vie ou de mort pour Amorphis dont le passé doré s'éloignait à vitesse grand V, mais c'est aussi une preuve d'intelligence de la part de la bande, qui a compris que si elle perdait peu à peu une bonne partie de son public, elle n'en gagnait pas pour autant un autre. N'est pas The Gathering, ou Anathema dans une moindre mesure, qui veut ! La démarche est ici assez similaire à celle adoptée par Dave Mustaine sur l'excellent The System Has Failed, un album à rebrousse-temps sur l'échelle évolutive, mais qui permit à Megadeth de renouer avec le succès critique et artistique. A écouter avant d'acheter car Amorphis reste unique et ne sera jamais mainstream, mais assurément, un très bon millésime. Puissant, racé, mélodique, agressif... et simplement beau. Une raison de plus de laisser Far From the Sun s'empoussiérer sur l'étagère !

Man, I can put my fears to rest, as Eclipse is a quality-surprising album, far beyond my initial expectations. Not only is it introducing the new boy (Tomi Joutsen, offering a mind-blowing performance all the way down), but it is also harking back to the band’s glorious past – truth be told, Amorphis did not have so many artistic choices except returning to its quality-proven formula. So here we go : death grunts, Kalevala-based lyrics, moody and folkish powerful compositions – I would even dare to say Eclipse is the righteous heir to Elegy ! So an evolutionary leap, Eclipse is certainly not, but I don’t give a flying fuck as long as I have my dose of worthy metal… ‘cause a dose of metal you need !

Eclipse (Nuclear Blast, 2006)

01 Two Moons
02 House of Sleep
03 Leaves Scar
04 Born From Fire
05 Under A Soil and Black Stone
06 Perkele (The God of Fire)
07 The Smoke
08 Same Flesh
09 Brother Moon
10 Empty Opening
11 Stone Woman (bonus track)


Le site et le Myspace d'Amorphis.

...et toujours :
La fin de l'éclipse ?

vendredi 27 janvier 2006

La fin de l'éclipse ?


Amorphis fait définitivement partie des groupes qui ont le plus compté pour moi, et les voir revenir avec un nouveau chanteur chargé de succéder au grand Pasi Koskinen est aussi excitant que... flippant. Après un Far From the Sun en demi-teinte, pour ne pas dire médiocre, la prochaine fournée des finlandais (quelle surprise n'est-ce pas ?) nommée Eclipse se doit de relever le niveau, et je dois dire que le single House of Sleep est plutôt engageant malgré l'absence de vocaux death. Amorphis a cependant annoncé leur retour sur cet album, et j'imagine qu'un single - par essence censé appâter le chaland - blindé de growls n'aurait pas été une idée des plus judicieuses (sauf pour moi). Quoi qu'il en soit, l'attente est aussi cruelle que les espérances sont grandes ! Qui aime bien châtie bien, et Amorphis s'est embourbé dans une seconde partie de carrière décevante pour qui se souvient des débuts extraordinaires du groupe. Le sieur Koskinen ayant décidé de voguer vers des cieux commercialement moins cléments, mais artistiquement plus gratifiants pour lui (Ajattara et Shape of Despair au sein duquel il évolue avec sa moitié), le groupe doit impérativement retrouver un deuxième souffle et transformer ce changement de line up en transition salvatrice. Le potentiel est là, Eclipse arrive le 17 février, et il sera alors temps de juger le nouveau Amorphis sur pièce. Les gaillards ont d'ores-et-déjà toute ma confiance !

Pour rappel, Amorphis déboula en fanfare au début des années 90 avec un album et un mini tout à fait honorables (Karelian Isthmus et Privilege of Evil) avant de casser la baraque avec Tales From the Thousand Lakes, un album unique en cela que je le jurerais composé pour moi (oui j'ose) tant il se conforme à mes goûts en la matière. Vous savez, cette sensation que l'on a en écoutant un truc qui nous parle tellement qu'on se dit « c'est pas possible, c'est quelque chose qui m'est tellement proche que j'aurais pu / voulu le faire moi-même »... Gorgé de mélodies traditionnelles électrifiées dans les graves et transcendé par un toucher guitaristique magique, puissamment produit, naviguant entre heavy doom et death metal nordique, Tales From the Thousand Lakes reste un joyau qui ne souffre aucune comparaison, bercé par les mythes et légendes du Kalevala (corne d'abondance des textes mélancoliques des Amorphes). Un album qui restera à jamais dans l'histoire du genre ! Tous les éléments faisant l'originalité de ce disque furent poussés à leur paroxysme dans le successeur Elegy, un pur chef-d'œuvre lui aussi même s'il demeure à mon humble avis un ton en-dessous de Tales...

Consacrant l'éloignement des rivages death metal en faveur d'un heavy rock multipliant les clins d'œil aux seventies, Elegy fut lui-même suivi par d'autres disques qui ne virent jamais Amorphis revenir à son meilleur niveau. Dernière précision : à l'instar du fondateur Like An Everflowing Stream de Dismember, Tales... fut composé par des gamins d'à peine seize ans... Au mieux ça laisse rêveur, au pire ça donne envie de faire du petit bois avec sa guitare !

I’m in love with Amorphis since forever – so there’s a bit of anguish in seeing ’em coming back with a new singer (Koskinen’s raspy yet melodic vocals are truly unique). That being said, Far From the Sun, however, was not a very good album by Amorphis’ standards. Eclipse shall be better and we're already forwarned the death growls are back – yummy-yummy, isn’t it ? Go for it ye Amorphous Ones ! I don’t feel like adding much more to my appreciation of Tales From the Thousand Lakes – fuck, I already did in French, a beautiful language that you shall learn in order to apprehend all of this weblog’s wondrous wonders. All you have to know is you need Tales From The Thousand Lakes. Yeah, sure, you need it – you just don't knew it yet.

Le clip de House of Sleep.

Le site et le Myspace d'Amorphis.

mardi 13 décembre 2005

Searing Meadow s'est perdu dans la terre des Mille Lacs... mais avec quel talent !


Récemment reçus, Enduring Enchantment et Corroding From Inside, respectivement dernière démo et premier album de Searing Meadow. Les membres de ce groupe et moi-même partageons un point commun : nous sommes traumatisés par le mirifique Tales From the Thousand Lakes d'Amorphis (soyons fou : le meilleur album de death metal scandinave jamais sorti) et il est donc bien normal que je me sois intéressé à leur cas ! Trêve de bavardage, allons à l'essentiel. Searing Meadow est finlandais et cela s'entend dès le premier - et excellent - morceau Wasted Heroes. Ce qui veut dire que son death metal, aussi mélodique que mélancolique, baigne dans une ambiance septentrionale délicatement givrée et géographiquement identifiable entre mille. Sans épiloguer sur le sujet, l'influence évidente est donc Amorphis. Searing Meadow possède cet aspect doomy et ces relents folk qui caractérisaient les Amorphes dans leur période glorieuse... Un pur bonheur, et c'est d'ailleurs bien là que réside l'âme du combo. On distingue également un côté Sentenced période Amok dans les belles harmonies à deux guitares (tirez sur le fil : au bout de la pelote, Maiden) ainsi que dans le riffing énergique et puissant. Pour en finir avec le chapitre « sous influence », un petit bout de Katatonia est tombé dans la marmite... petit bout qui crie très fort pendant Crystal Blood ! On relèvera enfin la sauce avec quelques riffs épicés directement importés de Göteborg (brutal Mirror of Irony) et la recette est complète.

Mais Searing Meadow n'est pas dépourvu de personnalité pour autant ! On perçoit d'ailleurs un petit côté rock n' roll très intéressant et qui sera, à coup sûr, exploité dans le futur du groupe (le choix qu'a fait Entombed très tôt dans sa carrière - plus un groupe de rock qui joue du death que l'inverse)... En tout cas les membres de Searing Meadow sont jeunes, passionnés et leur musique ne pourra que plaire aux amateurs de death mélodique tantôt épique, tantôt atmosphérique, mais toujours catchy... Un groupe qui donne presque envie d'utiliser le qualificatif « beau » pour décrire sa musique, ce qui est plutôt rare dans le style. Pour rassurer ceux qui partent déjà en courant, précisons qu'on est très loin d'une énième connerie sucrée : c'est bien de death metal qu'il s'agit, « beau » n'étant dans ma bouche pas spécialement évocateur du metal gothic-et-toc qui sévit actuellement... Le groupe n'oublie pas non plus d'être très agressif quand il le faut et maîtrise parfaitement les accélérations hargneuses et vindicatives, sans parler du growling inspiré - l'ombre de Tomi Koivusaari rôde (derrière un sapin).

J'aimerais finir cette note dithyrambique en ajoutant que les mecs de Searing Meadow sont des chics types en plus d'être d'excellents musiciens et j'en profite pour saluer Mika Ikonen (thanks, keep up the good work & up the irons !)... Le site est à visiter, les extraits sont à écouter... et l'album est dispo chez Crash Music ou en s'adressant directement au groupe (la démo est dispo via le site pour cinq euros). Sans trop m'avancer, je pense vraiment que Searing Meadow fera bientôt parler de lui à plus grande échelle.

Searing Meadow is an up-and-coming band hailing from Finland – I have to say their style is tremendously classic Amorphis-infused, and that’s why I love them so much (everyone knows that Tales From the Thousand Lakes is the best fuckin’ piece of metal ever harking from vinlandian territory). But there’s more than meets the eye in there and you can tell the guys have also been listening to Sentenced, Katatonia and more generic Gothenburg metal. And in case you were wondering, yeah, Searing Meadow do have its own sound – we’re not talking about a fuckin’ copycat here. Catchy, moody albeit aggressive, Searing Meadow also features gentleman Mika Ikonen’s powerful growling, a busy man involved in other grim projects. In short, Corroding From Inside kicks serious ass and you’d better get ahold of it now !

Corroding From Inside (Crash Music, 2004)

01 Wasted Heroes
02 All Obvious
03 Another Savior
04 Infamous Lines
05 Crystalblood
06 Mirror of Irony
07 These Evening Tears
08 Fading To Silhouette
09 Blame the Nihilist
10 Three Names For Denial
11 One Phase of Distant Clarity
12 Fading To Silhouette (Part II)

Le Myspace de Searing Meadow.