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samedi 7 décembre 2013

Inquisition Symphony (ou comment j'ai trouvé un Grand Ancien flottant dans ma baignoire après l'écoute de OVFTM)

Inquisition... Connaissant bien ses nom et logo, je sais trop bien pourquoi je suis longtemps passé à côté de ce groupe. USBM. Pas ma came, et c'est un euphémisme. Un genre typiquement affublé d'une production hyper compressée mais baveuse comme l'encrage de vieux comics, parfois prétentieux comme pas deux (le BM canonique nord-américain n'a pas d'histoire autre que récente - comme le pays dont il émane -, il faut bien compenser et c'est souvent par l'arrogance), régulièrement lo-fi par destination comme pour se faire pardonner son insignifiance lors de l’avènement de la seconde vague... Bref, le visa USBM me fait fuir à quelques exceptions près (Leviathan, ou cette crasseuse scène urbaine à la The Howling Wind qui parvient à extirper Satan des égouts fumants de la Fifth Avenue). Si je rajoute à ça le trip ritualistico-machin-chose dédié aux Grands Anciens dérivant dans le cosmos qui me casse bien les couilles car surreprésenté, Inquisition n'avait vraiment pas ses chances avec moi. Et puis merde, j'ai déjà tellement écouté de bons trucs en « -tion »... En un mot comme en cent, j'avais catalogué Inquisition comme un duo de black metal ricain générique ; dont on passe les boîtiers à cent-à-l'heure dans les bacs sans s’arrêter une seconde. Et surtout sans se demander pourquoi, justement, on ne s'y arrête jamais. La rencontre s'est faite au gré d'errances dans le web profond, là où la lumière ne brille plus. J'ai finalement entendu Inquisition - ça m'a même donné envie de les écouter...

Je me suis procuré Ominous Doctrines Of The Perpetual Mystical Macrocosm (avec sa pochette qui pourrait figurer un boss dans les vieux Contra) et surtout le dernier éjaculat Obscure Verses For The Multiverse. Nom de dieu... J'ai fait trois fois le tour de mon slip petit bateau sans toucher les bords, les amis. C'était tellement bon que j'ai remis ça, et j'ai refait trois fois le tour de vous-savez-quoi dans l'autre sens. Si la musique c'est des maths, à l'évidence celle crachée par Inquisition est régie par des théorèmes non-euclidiens. C'est, pour commencer, un putain de déluge, mes aïeux... Absolument furibard de chez furibard, une violente expectoration de couleurs hors du chromatisme terrestre, qui déferle en un torrent mystique ravagé de spasmes slidés dégueulasses. Ce maelstrom se ventile horriblement d'arpèges saturés interdits, autant de filtres sales et granuleux qui préparent en extemporanéité les assauts suivants de cette odieuse symphonie soufflée par Erich Zann - je parlais de couleurs, mais kaléidoscope halluciné est plus approprié encore.

L'aspect rituel, avéré, est renforcé par le coassement sinistre d'une bête maussade enfantée par Abbath et le gauchiste Rob Darken - plus encore que le son, je vous laisse imaginer la scène célinienne. On pensera globalement, outre la voix et le son de guitare, à la meilleure période d'Immortal (les montagnes russes glacées d'At The Heart Of Winter, cet indétrônable bonhomme de neige), ésotérisme en plus. Inquisition, en termes d'ambiance et par les ténèbres parfois solaires qu'il exsude, se situe là où il veut exister ; cette zone grise entre true black et death rigoriste, celui qui s'écoute aux chandelles et où les baskets montantes n'ont jamais été permises (joyeusetés type Necros Christos, Teitanblood...). Pas flagrante objectivement, la furia cabalistique de Limbonic Art cinglera pourtant l'oreille de l'initié - c'est un ressenti. La consistance des guitares et l'exécution frénétique de ces circonvolutions en mode mineur trahit l'arbre généalogique duquel Inquisition s'est joliment cassé la gueule (le duo a tué sa précédente incarnation colombienne donnant dans le thrash) ; le génotype est complet.

A croire que les habituels passeurs de plats américains (je sais c'est dur), plutôt tièdes comme l'archétype vitrinesque Abigail Williams doté pourtant du même arsenal sur Becoming, ne sont là que pour cacher l'immontrable, le tératogène, l'escamoté... Je n'ai jamais douté qu'il existait un véritable BM américain, mais je n'ai jamais douté non plus le détester, hormis exceptions notoires dont Inquisition fera désormais partie. Du vrai, du très grand black metal qui honore son genre, de l'art absolument dégénéré qui, si je l'avais relativement évité jusqu'à présent, a su venir à moi.

Wow. Maybe I'm late to the game, but I just found out Inquisition were actually great. I thought they were turd just because they're yankees, see how narrow-minded I can be sometimes ? In fact, Inquisition is sooo good that I'm sure I'll exclusively listen to them for the next two weeks or so (not couting the Christmas Carols). Searching for some black metal madness, packed with occultism, rigorism, extremism (and tentacles) ? Well, the quest is over for today. Help yourself and bow to these masters of cosmic destructivism, architecturers of agression.And don't fuck around with Cthulu.

Obscure Verses For The Multiverse (Season Of Mist, 2013)

01 Force Of The Floating Tomb
02 Darkness Flows Towards Unseen Horizons
03 Obscure Verses For The Multiverse
04 Spiritual Plasma Evocation
05 Master Of The Cosmological Black Cauldron
06 Joined By Dark Matter, Repelled By Dark Energy
07 Arrival Of Eons After
08 Inversion Of Ethereal White Stars
09 Infinite Interstellar Genocide
10 Where Darkness is Lord and Death is the Beginning (limited edition bonus track)

vendredi 17 février 2012

Reich morbide

Le black metal au sens où je l'entends - et comme je l'entends au sens propre - n’est pas fait pour être beau ; d'esthétique il ne connaît que celle du chaos ; invertie et non-euclidienne ; rejetée par nature et par destination. Le black metal est un cadavre qui vit encore, un cancéreux en phase terminale qui ne mourra jamais et qui en a la superbe assurance, parfois la morgue : un éclair méchant au fond de ses prunelles putréfiées nous en donne régulièrement la preuve pour peu qu’on sache le trouver et l'écouter. Le black metal n'a rien d'une statue marmoréenne, laissant cela à ses cousins bien portants que sont le death puissant et victorieux ou le doom séculaire figé dans son hiver ; tout au contraire il est un transi asticoté, abscons et contrefait ; sa chair bleuie n’effraie peut-être plus grand-monde mais continue à provoquer hauts-le-cœur et malaise : vermoulue et spasmatique, le pus qu’elle exècre est pour certains, un nectar. Les repères esthétisants n’ont plus cours, car il leur échappe : les références sont déplacées et le sommet devient le fond comme l’éructe Vorphalack dans l'incantation lugubre qu’est Ceremony of Opposites. La crasse et la pisse maculent son ignoble corps dont la chétivité continue de surprendre – à l'inverse du death metal qui se manifeste dans la démonstration de force ; le black metal cultive le vice et rampe sournois dans la fange qui le nourrit et dans sa plus totale déréliction, il ne se laisse entendre qu’à l'état de glaire auditive telle l’horreur liquide coulée sur MoRT, ainsi régurgitée ponctuellement par certains de ses plus misérables hérauts.

Cet immondice musical n’est pas fait pour être compris et d’ailleurs, n'aime pas à s’expliquer ; restant pantois devant la piteuse littérature prétendument analytique produite actuellement à son envers ; préférant être subi ou apprécié généralement sans milieu ni demi teinte – comme toute forme d’expression extrême il a quelque chose d’une déclaration de guerre intime et en provoquera beaucoup ; dont quelques-uns seulement sauront capituler et s’abîmer dans son adulation (voire sa reproduction) comme je l’ai fait avec Samael, Emperor, AbigorOccultImmortal, Mayhem, Marduk et tant d’autres voici maintenant quelques lunes. Le black metal n’a jamais été musique mais avant, toujours, état d’esprit et survit traîtreusement dans la tête de ceux qui ont su l’accueillir une nuit - il meurt passagèrement mais existe toujours et bien qu’écoutant tant de choses différentes aujourd’hui, avec parfois du soleil et des couleurs, demeure pour moi une silencieuse et bruyante énigme qui continue à se faire, par-delà les années, son propre et sinistre écho. Récemment révélés ; Ondskapt (Arisen From The Ashes), Arckanum (Helvìtismyrkr), Saturnian Mist (Gnostikoi Ha-Shaitan).

Hard to find, these days, your dose of real black metal as you want it to be - amongst masses of uniformly played-and-produced records, though, it still lives. Crude and raw, foul smelling and evil sounding, that's how I love it to be - sometimes horror intertwines itself with an elegant form of cadaveric, hurling beauty and to me, that's what black metal is all about - definitely one of the strangest and strongest forms of artistic expression found on this side of the world.

...et toujours :

samedi 4 juin 2011

La marche de l'empereur

J’aime les Mister Freeze et - malgré l’erratisme qualitatif de leur production - je suis bon client de la Doom-Occulta Connection. Je ne pouvais qu’écouter March Of The North. C’est chose faite et qu’il vous intéresse ou non, voici mon avis. Premier constat, Demonaz écoute Bathory, mais aussi Bathory. Et pour varier, il se met parfois un petit Bathory – tout ceci saupoudré, tout de même, d'Immortal (et fils, avec I). Troublant, les frères crapaud présentent une gémellité vocale impressionnante : ici c’est Demonaz qui coasse, mais le moins que l’on puisse dire est que le doute est parfois permis (Abbath, sors de ce corps grassouillet) ! A moins que Demonaz n’ait jamais existé, et que ce personnage soit une création issue du cerveau malade d’Abbath ? Je m’égare.

Sachez avant tout que March Of The Norse est victime du syndrome super heavy metal frappant nombre de productions survendues actuellement (Immortal étant atteint de celui-ci depuis quelques éons) : rien d’extrême, ni de black metal dans cet album, il n’est question ici que de heavy metal, voire de hard rock certes pêchu et rentre-dedans, mais moins acéré et méchant que n’importe quel WASP. Ceci n’est pas une critique, simplement une mise au poings (pour citer de vieilles gloires nationales)… Musicalement, le disque est un ersatz allégé d’Immortal, tributaire des mêmes influences et souffrant des mêmes faiblesses (auto-citations confinant à la redite, éternel rythme ternaire sur lequel souffle un blizzard mélodique pas désagréable mais propice au ronronnement), mais présentant, par conséquent, les mêmes forces : un véritable souffle épique rehaussé d'un semblant de poésie qui parvient à se faire jour malgré ce salmigondis de rimes en winter et fire (ou ice et rise). La différence principale, ce sont peut-être ces leads incessants de guitare, comme si Demonaz, le projet musical, se voulait être le développement de l’aspect « à chanter sous la douche » pas toujours bien assumé par Abbath dans Immortal.

Je vous épargne la suite pour en venir au fait : March Of The Norse, c’est de la musique d’ascenseur pas dégueulasse du tout, moins percutante et sauvage que I (et grosso modo, un sacré ton en dessous) : plus bathorien, très atmosphérique, moins infusé de rock. Reste à élucider un mystère : pourquoi diable Demonaz, après nous avoir fait chier avec depuis l’époque révolue où l’on achetait Metallian pour son Metal Explosion, a-t’il bazardé son projet initial Perfect Visions ? Les quatre titres sortis sur la toile il y a quelques années brillaient par l’ambiance gothic rock (le vrai : toi au fond, avec ton rimmel fraise et ta perruque rose, dehors) qui s’en dégageait… et que l’on ne retrouve absolument pas dans l’aboutissement qu'est censé être March Of The Norse. Un mystère... bien que je penche plutôt pour une triviale sécurisation commerciale, d'où ce côté super heavy metal privilégié aux dépens de l'ambiance initiale Sisters Of Mercy / Fields Of The Nephilim. S'il faut vous faire un dessin... rendez-vous ici, et écoutez le fantastique Demonaz Promo 2007.

Et si, après ce billet mi figue-mi raison, vous souhaitez toujours donner vos sous à Demonaz, optez pour le digipack recelant un étonnant morceau bonus que je ne peux qualifier autrement que comme étant la réinterprétation « immortelle » de Back In Black par nos givrés kamarades.

Man, how challenging is it to find something interesting to say about Demonaz's first output, March Of The Norse ! I tried somehow to did so in French (read above). In short : not that the music is that bad - in fact, it is ranging from average to good. Nothin' to die for, uh ? Seriously, a true potential is shown here, or at least serious hints of it. Maybe next time - for now, I'll keep listening to I's Between Two Worlds.

...et toujours :

samedi 10 octobre 2009

Comme neige au soleil...

All Shall Fall, dernier rejeton du puissant Immortal, fait partie de ces albums que l'on ne peut commenter, évaluer, juger à chaud. Trop vite menée, l'entreprise est piégeuse : All Shall Fall est, à première écoute, l'équivalent d'une tonne de glace qui vous dégringole sur la tête. Un blitzkrieg hivernal qui écrabouille consciencieusement, de son rythme ternaire pachydermique, l'auditeur qui n'avait pas demandé autant de glaçons dans son verre. Un 33 tonnes monstrueusement efficace - qui en aurait douté, Abbath touch oblige ? Encaisser un tel iceberg perturbe la réflexion : il fallait, avant de la commenter, que cette glace impactante ait quelque peu fondu. Crier au génie ou à l'ultime réussite serait trop facile : après la tarte, la raison commande de retrouver ses esprits - et donc une objectivité minimale. On devrait interdire de chroniquer un disque dès sa sortie. Fait-on un jogging après un restaurant italien ? Non, on digère d'abord. C'est la même chose avec Immortal, malheureusement pour All Shall Fall.

C'est ainsi : dans la galaxie metal, le vilain petit canard d'antan est certainement aujourd'hui le style le plus aseptisé et « poli » de la famille. Le black metal, celui qui se vend j'entends, est depuis longtemps déjà victime de cet intéressant paradoxe qui prouve, une fois de plus, que tout peut être récupéré. All Shall Fall est un bon album, mais certainement pas le meilleur de la période bleue de ses géniteurs (celle des glaciers et des fjords) : on ne refait pas un At The Heart of Winter. Il est même très inférieur à l'extraordinaire - et je pèse mes mots - Between Two Worlds, de I (qui se paie le luxe d'être plus épique). Et bien qu'All Shall Fall écrase sans coup férir et sans effort sa concurrence historique fatiguée (voir le dernier Satyricon), il est tout sauf « black metal » : policé, propre sur lui et ne portant aucun des stigmates historiques du genre, il n'est pas autre chose qu'un grand album de « super heavy metal », malheureusement victime du syndrome affectant les blockbusters de Nuclear Blast - un certain manque d'âme.

On notera bien sûr de très bons moments (la triste inexorabilité toute bathorienne d'Arctic Swarm, la thrasherie réfrigérée dispensée par Hordes To War, le blizzard hypnotique et sentencieux de Unearthly Kingdom), mais passé le choc initial, effectivement fracassant, on perçoit distinctement le désagréable ronronnement qui traverse l'album - celui du pilote automatique. Frostbitten ? Oui, plus que jamais. Grim ? Non, Immortal ne l'est plus depuis longtemps. Regardez la photo : après tout, Kiss n'a jamais été aussi près. Et l'héritage méphitique et vénéneux de Mayhem, aussi loin. Un bon album donc, ce qui, pour les frères Doom Occulta, est loin d'être suffisant. Je maintiens ma position : l'album black metal anno MMIX, c'est le dernier Arckanum.

Don't get me wrong - I am a big fan of Immortal's past works and I still put At The Heart of Winter in my insulated bag when I go on a picnic : there's no cooler more efficient than this white, cold-blooded monster. But I just can't take it anymore : we're since the mediocre SOND in a typical "same old story" (cold) case. This isn't fresh anymore albeit reasonably good, meaning not enough by any means given the band's ability. And man, I'm so embarassed when looking at these goofy Kiss-like pics. No, really, I feel abbathed.

All Shall Fall (Nuclear Blast, 2009)

01 All Shall Fall

02 The Rise of Darkness
03 Hordes To War
04 Norden On Fire
05 Arctic Swarm
06 Mount North
07 Unearthly Kingdom

Le site et le Myspace d'Immortal.

vendredi 19 janvier 2007

Paint it Black !

Au sujet d'Etude ; Torse, Effet de Soleil (1876), le critique d'art Albert Wolff, révulsé, écrivait à l'époque : « essayez donc d'expliquer à ce Renoir que le torse d'une femme n'est pas un amas de chairs en décomposition avec des tâches vertes, violacées, qui dénotent l'état de complète putréfaction chez un cadavre ». Quant à Alfred de Nieuwerkerke, voici le regard qu'il portait sur les impressionnistes : « ils font une peinture de démocrates. Ces hommes qui ne changent jamais de linge voudraient s'imposer aux gens du monde ? Cet art me déplaît et me dégoûte ». Certes, on pourrait appeler les impressionnistes « peintres de la lumière » et, par opposition, qualifier les musiciens de black metal de « musiciens de la nuit ». Reste que le parallèle est amusant et qu'encore une fois, un petit groupe de francs-tireurs au sein d'un domaine artistique peut décider de faire tabula rasa des conventions, des académismes et de la bienséance au nom de la liberté artistique - et donc d'expression.

Si les impressionnistes, avant-garde bariolée, soldatesque picturale soudée peut-être plus encore par le goût de la piquette montmartroise que par le pinceau, mirent des années avant de pénétrer ce bastion du classicisme qu'était le Salon de Paris, que dire alors de ces gamins qui, à l'orée des années quatre-vingt-dix, régénérèrent en le poussant dans ses paroxysmes un art si abrupt qu'il fut d'autant plus facile de l'escamoter dans la colonne des faits divers ? Cependant qu'Utrillo multipliait les séjours en maison d'arrêts, ses toiles, par lesquelles il payait en nature ses monumentales cuites, prenaient de la valeur dans les troquets sordides de la capitale. Lorsque le dernier membre incarcéré du line-up de In The Nightside Eclipse recouvra sa liberté, Emperor était devenu une légende de son vivant, n'attendant que la mort pour être mythifié !

Ce qu'écrivait Albert Wolff à propos de Renoir me rappelle finalement les vieilles chroniques d'albums devenus référentiels depuis. Tandis qu'Hard Force et consort (ou qu'on sort pas, d'ailleurs) parlaient de « dégénérés du bulbe » (sic) au sujet d'Emperor ou nous expliquaient que les deux frères d'Immortal (re-sic) étaient musicalement « à la rue », ces derniers façonnaient le nouveau visage du metal extrême au point qu'on en retrouve aujourd'hui les échos dans n'importe quel sous-groupe de metalcore US (un paradoxe en soi !). Renoir, de peintre bohème, devint un notable respecté auquel on s'adressait en n'omettant jamais de commencer par « Maître ». Si Ihsahn, fait citoyen d'honneur de sa ville natale de Notodden, ne demande pas tant d'honneur aux jeunes musiciens à qui il ouvre son studio et donne des cours de musique, ce sont en revanche ceux qui le brûlaient hier qui lui donnent aujourd'hui du « Maître ». Moralité : les gens évoluent, et les dégoûts d'une époque deviennent parfois les goûts de la suivante (sauf dans le cas d'Evol bien sûr...) !

nota bene : cette notule m'a été inspirée par la lecture de l'excellente biographie de Suzanne Valadon par Michel Peyramaure, qui m'a parfois rappelé, oserais-je le dire... The Dirt, la bio de Mötley Croüte ! Les Escaliers de Montmartre ; Le Temps des Ivresses sont à lire chez Pocket.

There’s not only metal in life – there’s also Impressionism, a pictural movement which I am fond of. And I’ve always made a parallel between it and black metal. Impressionism, a loose association of painters some of whom were unbelievable hard-partyin’, hard-druggin’, hard-livin’ motherfuckers, were also radicals, franc-tireurs whose art was breaking every existing rule (and in  some cases, the law). A real motley of a crew ! Garnering at first only hostility and miscomprehension, Impressionism finally became a respected, valid form of artistic expression – see what I mean ? I suggest you read a bio of painter Suzanne Valadon. Fuck, there’s as much sex, alcohol and, well, art in there as in The Dirt. Duh !

vendredi 2 décembre 2005

L'Empereur Contre-Attaque

Photo - l'une de mes favorites car témoin de la furia adolescente de l'Empereur d'alors - prise en 1993 lors de la tournée avec les vampires de Cradle of Filth. Les norvégiens ouvraient pour les anglais (virez le directeur de casting).

Une bonne année métallique, ça s'évalue en fonction des albums sortis mais aussi au regard des annonces faites au public, certaines plus prometteuses que d'autres. En ce qui concerne le premier paramètre, 2005 aura été un millésime savoureux : quelques véritables chefs-d'œuvre ont paru ces derniers mois. En ce qui me concerne les blockbusters de l'année sont les derniers opus de Gojira, Destruction, Annihilator et Helloween (en gros 2005 est un remake de Papy fait de la résistance, si l'on exclut les jeunes français). Le second paramètre permettant de juger de l'intérêt de l'année, c'est donc son cortège de news. Et pour moi, incontestablement, l'événement c'est l'annonce du Retour du Roi, que l'on pourrait sous-titrer l'Empire Contre-Attaque. Bref, tout le monde a compris : l'ombre de l'Empereur s'étend à nouveau au-dessus du monde métallique, le monarque semble prêt à reprendre une couronne dont personne n'a été véritablement digne depuis son auto-sabordement. Et gageons qu'il le fera par la force ! Les shows récents semblent avoir ranimer la flamme : Ihsahn, Trym et Samoth pourraient bien revenir avec un album sous le bras avant qu'on n'ait le temps de dire « ouf ».

Alors quoi ? C'est un parjure ? Un défi ? Une erreur qu'il faudra commettre pour être réalisée ? C'est vrai que cette annonce semble plutôt incongrue... Emperor s'était retiré des affaires avec une classe seulement égalée par Immortal, entité ayant splittée elle-aussi au faîte de son excellence artistique. Deux groupes souffrant si peu la médiocrité, qu'ils ont préféré mettre un terme à leur carrière avant de commettre un éventuel faux-pas. Désormais l'attente succède à l'incrédulité et pour être tout à fait franc cette décision est un peu décevante question « attitude » : c'était si parfait de finir ainsi ! D'un autre côté un groupe aussi unique et intelligent ne pouvait pas avoir tout dit en si peu d'albums... à moins de se perdre ? Et le dernier chapitre - plus un album solo d'Ihsahn qu'un véritable Emperor - était si abscons, si dense, si impénétrable... qu'après tout il suggérait qu'un jour, les pièces manquantes au mystère Emperor seraient ajoutées. Et ce jour semble se concrétiser.

En tout cas si album il y a, ce n'est pas non plus pour demain : laissons d'abord l'Empereur se recomposer puis se réinventer. Espérons seulement qu'Ihsahn et Samoth nous préparent une troisième phase de carrière encore plus géniale que la deuxième (je mets délibérément de côté la première : la période 91-94 est indétrônable et l'Album de Black Metal Ultime s'appelle, pour encore de nombreux éons, In The Nightside Eclipse). Énigme à cent balles : comment faire mieux que Thus Spake the Nightspirit ou With Strenght I Burn ? Pour l'instant, ne je vois pas. Long live the mighty Emperor !

2005 was a good millesime for metal : I never thought I would fall in love with Gojira’s From Mars to Sirius, but this record’s a milestone in death metal history (as well as the long-awaited second coming of French death metal since the heydays of personal favorite Loudblast). Helloween and Destruction did put out pretty decent albums too, as well as Annihilator, ready to take over the world a second time – well, maybe. But isn’t the most important momentum of the year the return of fuckin’ Emperor ? Recent gigs went very well it seems, so why not imagine the mighty horde releasing a new album ? To tell the truth, I’m not so sure that would be a truly brilliant idea : the band’s split was a classy one, only matched by Immortal’s. Why the return now ? On the other hand, Prometheus remains so hermetic today – don’t you think it screams for a heir to be enthroned a second time ? But hey… if Emperor is ever likely to put out another release, how would it top Nightside Eclipse or Anthems to the Welkin – and is it only possible ?

dimanche 6 novembre 2005

Le couteau dans la plaie (c'est le cas de le dire !)

Je viens d'apprendre qu'un film cinéma va être réalisé prochainement sur la trame du bouquin (contestable mais passionnant) Lords of Chaos : The Bloody Rise of the Satanic Metal Underground de Michael Moynihan. Bref, un film basé sur les évènements criminels indissociables de l'avènement du black metal scandinave (le meilleur). On craint déjà le pire : embaucher des guignols pour leur faire jouer les rôles d'Euronymous, de Vikernes, de la joyeuse bande d'Emperor ou d'Immortal... pfff. C'est bidon. A la limite, pourquoi pas un documentaire ? Un tel format aurait été plus approprié, construit autour d'interviews des principaux concernés. Mais voir un connard « incarnant » Bård Faust Eithun poignarder un connard « incarnant » un homo dans une reconstitution cheap du parc olympique de Lillehammer, ça ne m'inspire que du mépris. On imagine notre ersatz de Faust affichant bêtement un rictus dément et commettant son forfait sous une pleine lune forcément grandiloquente. Message à l'accessoiriste : n'oubliez pas le célèbre T-shirt Free The Vikings. Ce qu'on peut craindre par-dessus tout c'est le traitement réservé à l'affaire Euronymous / Grishnack, ou comment transformer une sombre mais ô combien banale affaire « de fric et de fille » en mythe fondateur du black metal.

Cette petite société qu'on a tellement fantasmé au point de lui donner un nom (Inner Circle), a existé, quoi qu'en disent certains aujourd'hui. Cette bande d'adolescents provocateurs, passionnée de musique et d'occultisme, est responsable d'un des courants les plus intéressants qui soit musicalement parlant (ne serait-ce que par cette quête de brutalité, achevée pour certains qui n'eurent alors d'autre choix que de ralentir le tempo et de se réinventer). Pour le reste, les faits divers ayant fait les choux gras de la presse norvégienne en 1992 auraient pu se produire dans n'importe quel autre cercle, n'importe quel autre pays, n'importe quel autre style. Rien d'exceptionnel, juste la connerie ordinaire résultant d'une émulation pas toujours saine entre certains. Reste la musique : je doute qu'elle ait une place honorable dans ce navet qu'on nous prépare. Oui je sais, ce n'est pas bien de critiquer quelque chose sans l'avoir encore visionnée : pas grave, les producteurs n'ont pas le monopole de la connerie et je crache déjà sur cette merde. Pas vue, déjà condamnée.

nota bene : il existe un documentaire très récent consacré à cette scène : Metal Storm: The Scandinavian Black Metal Wars, de Kier-La Janisse (2005). Mais vu l'emphase du titre, là encore on peut craindre le pire...

Just learned a movie about the turbulent norwegian black metal scene of the nineties is in the starting blocks. Fuck it - how on earth such a project could be interesting ? Real connoisseurs know that this mischievous past had nothing to do with serious Satanism of any sort – we’re just talking about bored-out young musicians, ego-driven conflicts and escalating, teenage violence here. The Inner Circle did exist but was nothing but a bunch of kids messing around with cheap provocation and rubbish occultism. Let’s just talk about the music and the incredibly “avant-gardesque” artistic sense of these young men. I do not believe such a movie, moreover American, would do any justice to Scandinavian black metal.

samedi 15 octobre 2005

Morbid Angel : un bon coup de pied « occulte »

De gauche à droite sur la photo : Steve Tucker, Pete Sandoval (rendez-lui ses frites svp) et le toujours classe Trey Azagthoth.

Groupe séminal dans son genre (et l'un des premiers à s'en revendiquer ouvertement en dédiant Altars of Madness à l'underground death & black metal, bien avant que les deux termes ne soient communément employés), Morbid Angel nait en 1984 et enregistre son premier album en 1989. Au départ très inspiré par Slayer et ses semblables (en particulier Possessed !), Morbid Angel se forge rapidement un style propre et ouvre de nouvelles voies dans un genre alors très codifié. Entre autres travaux plus expérimentaux, voire « progressifs », que ce que le death metal proposait alors, Trey Azagthoth et sa bande enfantent l'une des pierres angulaires du genre en 1991 : le monstrueux Blessed Are The Sick. Album extraordinairement brutal, vicieux, alambiqué et technique, BATS est un concentré de death complexe et obscur, traitant entre autre des anciennes divinités sumériennes. Les structures musicales classisantes des compositions (par opposition au traditionnel schéma rock) ont marqué au fer rouge le petit monde du metal extrême, et il suffit pour s'en convaincre d'écouter n'importe quel album d'Emperor ou d'Immortal (deux groupes qui connaissent leur Petit Morbid Angel Illustré par cœur). Mais finalement, le meilleur choix pour qui voudrait découvrir le groupe serait probablement d'écouter le live Entangled In Chaos paru en 1997, dont voici un petit tour d'horizon.

On lance le CD et la messe vient à peine de commencer... qu'elle est déjà dite ! Le show débute à la manière d'Altars Of Madness sur le cultissime Immortal Rites, mais avant tout, c'est l'immensité du son qui scotche au plafond. Bien au-delà des enregistrements studio antérieurs, le son de ce live est d'une puissance toute tellurique, seyant tout à fait à l'esprit Morbid Angel. On jurerait que les quatre lascars ont convoqué l'énergie de l'Univers lui-même, et comme aime à le dire le sieur Azagthoth, ce sont bien les vibrations de la planète qui déferlent dans ce maelström sonique et mystique qu'est la musique de Morbid Angel. Marquée de ce sceau très particulier qui reste la « griffe » de l'Ange Morbide, la brutale symphonie dispensée ici semble être vieille comme le monde, ancestrale, attendant simplement d'être réveillée par le quartet américain en ce soir de 1997. Le groupe transcende totalement son genre musical et fait exploser le carcan death metal bien trop étroit pour lui. C'est bien de death qu'il s'agit pourtant... mais il y a autre chose. Qui d'autre sait faire ça ? Peut-être Emperor, et encore...


Les principes régissant Morbid Angel sont perceptibles : mysticisme des compositions (toujours aussi brutales qu'elles sont spirituelles), démonstration de force imparable (qui oserait fouler la scène après ceci ?) et interprétation sans faille sont au rendez-vous. Les morceaux s'enchaînent à merveille, sans jamais laisser passer la moindre approximation que la musique ne saurait de toute façon souffrir. Les guitares du duo Azagthoth / Rutan taillent dans le vif, la batterie de Pete Sandoval (sûrement le meilleur batteur de la scène metal extrême) ne connaît aucune faiblesse. A noter : deux versions incroyables des morceaux Lord of All Fevers & Plague et Day of Suffering. Le coup de grâce est incontestablement asséné par l'ogre David Vincent qui fait trembler la scène avec sa basse monstrueuse et sa voix unique. Quasiment incantatoire, sa prestation hallucinée a dû ravir les dieux oubliés vénérés par l'Ange Morbide : les Grands Anciens, du fond des temps, ont du apprécier ce CD autant que les fans. Morbid Angel vainqueur par KO, dès la première plage.


Morbid Angel always had that unique vibe to them, both occult and brutal at the same time. Among blockbuster acts, Morbid Angel is only matched, in that aspect, by the mighty Emperor. Entangled In Chaos is a truly blistering live album and is as essential now as it was in 1997. Beginning with the now timeless classic Immortal Rites, Entangled In Chaos sports a telluric sound, perfectly fitting to the band’s aesthetics. But is that brutal, spirited symphony really “death metal” ? Man, there’s really something else in Morbid Angel’s stuff… You can pinpoint each principle by which Morbid Angel goes : mysticism and spirituality of the music, inexorable grinding force and, of course, flawless execution. To top it all, David Vincent’s powerful, incantatory delivery acts as a brutal prayer to the Old Ones of yore... Absolutely necessary if you ever pretended to be a metal head.

Entangled In Chaos (Earache, 1996)

01 Immortal Rites
02 Blasphemy of the Holy Ghost

03 Sworn to the Black

04 Lord of All Fevers and Plague

05 Blessed Are the Sick

06 Day of Suffering

07 Chapel of Ghouls

08 Maze of Torment

09 Rapture

10 Blood On My Hands

11 Dominate


Le site et le Myspace de Morbid Angel.