vendredi 27 novembre 2009

Tontons flingueurs

La marque d'un bon album de Slayer ? Son assimilation rapide. La mécanique interne du groupe est particulière et un opus de Slayer remplit son office lorsqu'il n'offre strictement rien de plus, mais surtout rien de moins, que les mêmes sensations ressenties à sa première écoute. World Painted Blood est sorti tout récemment, je ne l'ai pas encore écouté une quinzaine de fois, mais je le connais déjà par cœur. Les intros, les breaks, les enchaînements de riffs, le chant (le phrasé de Tom Araya continue de larguer à des kilomètres bon nombre d'apprentis thrashers)... Tout est déjà gravé en moi. World Painted Blood est cette nouvelle évangile si attendue que certains, dont je n'étais pas, avaient voulu voir en Christ Illusion. Un bon cru d'ailleurs, mais rien de comparable avec ce millésime 2009.

Ultraviolent (ahurissant que quatre types de quasi-cinquante berges s'enferment dans un garage pour en ressortir avec... ça !), compact et aidé par une somme de détails qui finissent par former un tout - la même conclusion abrupte clôturant chaque morceau, notamment -, World Painted Blood ne fait pas dans la dentelle, mais reste « cousu main », un vrai bon produit artistique et artisanal, qui recèle néanmoins son lot de petites surprises. On appréciera notamment Americon, pamphlet acéré signé King - on ignorait les velléités humanistes et anti-impérialistes du sieur, bien cachées jusqu'ici. Inutile de parler plus avant de la musique puisque cela n'a finalement, dans le cadre d'une chronique concernant Slayer, aucun intérêt. On se bornera à signaler, une fois de plus, l'étrange et sous-estimé talent parolier du groupe : Psychopathy Red, par exemple, met dans le mille avec sa description clinique et quasi-naturaliste de l'esprit malade d'Andrei Chikatilo. Deux ou trois phrases suffisent pour atteindre le cœur des ténèbres, et ça, personne ne le fait mieux que Slayer.

World Painted Blood est la quintessence du thrash, style dont Slayer est l'ultime skeleton crew - ou plus petite unité nécessaire au genre pour qu'il continue d'exister glorieusement. Sans bousculer mon tiercé gagnant (Seasons In The Abyss, South of Heaven et Divine Intervention, merveille mésestimée des cochons qui ne savent goûter la confiture), cet album mérite l'achat les yeux fermés. Ou crevés.

You know what ? World Painted Blood’s biggest achievement is its immediacy – like a jab thrown at you by a hydraulically-powered Mike Tyson. And like the mark on your swollen face, Slayer’s last record really puts its hook on you (which is particularly fitting given today’s subject). How sweet, really. Speaking of violence, World Painted Blood is the strongest blitzkrieg to have been released by the band since Reign In Blood (no kidding) : this is pure sonic extremism the American way… So do yourself a non-sexual favour for once, make your day : listen to it. Why not start with Psychopathy Red, an account of Andrei Chikatilo’s dirty deeds ? Man, the fucker may be the grimmest bastard ever shitted by mother Russia which is, when you think about it, quite something to say. Ok, I’m straying away from our subject. The bottom line : get ahold of it whatever it costs you – or your neighbourhood. You’ll thank me later, young unworthy fart.


World Painted Blood (American Recordings, 2009)

01 World Painted Blood
02 Unit 731
03 Snuff
04 Beauty Through Order
05 Hate Worldwide
06 Public Display of Dismemberment
07 Human Strain
08 Americon
09 Psychopathy Red
10 Playing With Dolls
11 Not of This God

Le site et le Myspace de Slayer.

samedi 10 octobre 2009

Comme neige au soleil...

All Shall Fall, dernier rejeton du puissant Immortal, fait partie de ces albums que l'on ne peut commenter, évaluer, juger à chaud. Trop vite menée, l'entreprise est piégeuse : All Shall Fall est, à première écoute, l'équivalent d'une tonne de glace qui vous dégringole sur la tête. Un blitzkrieg hivernal qui écrabouille consciencieusement, de son rythme ternaire pachydermique, l'auditeur qui n'avait pas demandé autant de glaçons dans son verre. Un 33 tonnes monstrueusement efficace - qui en aurait douté, Abbath touch oblige ? Encaisser un tel iceberg perturbe la réflexion : il fallait, avant de la commenter, que cette glace impactante ait quelque peu fondu. Crier au génie ou à l'ultime réussite serait trop facile : après la tarte, la raison commande de retrouver ses esprits - et donc une objectivité minimale. On devrait interdire de chroniquer un disque dès sa sortie. Fait-on un jogging après un restaurant italien ? Non, on digère d'abord. C'est la même chose avec Immortal, malheureusement pour All Shall Fall.

C'est ainsi : dans la galaxie metal, le vilain petit canard d'antan est certainement aujourd'hui le style le plus aseptisé et « poli » de la famille. Le black metal, celui qui se vend j'entends, est depuis longtemps déjà victime de cet intéressant paradoxe qui prouve, une fois de plus, que tout peut être récupéré. All Shall Fall est un bon album, mais certainement pas le meilleur de la période bleue de ses géniteurs (celle des glaciers et des fjords) : on ne refait pas un At The Heart of Winter. Il est même très inférieur à l'extraordinaire - et je pèse mes mots - Between Two Worlds, de I (qui se paie le luxe d'être plus épique). Et bien qu'All Shall Fall écrase sans coup férir et sans effort sa concurrence historique fatiguée (voir le dernier Satyricon), il est tout sauf « black metal » : policé, propre sur lui et ne portant aucun des stigmates historiques du genre, il n'est pas autre chose qu'un grand album de « super heavy metal », malheureusement victime du syndrome affectant les blockbusters de Nuclear Blast - un certain manque d'âme.

On notera bien sûr de très bons moments (la triste inexorabilité toute bathorienne d'Arctic Swarm, la thrasherie réfrigérée dispensée par Hordes To War, le blizzard hypnotique et sentencieux de Unearthly Kingdom), mais passé le choc initial, effectivement fracassant, on perçoit distinctement le désagréable ronronnement qui traverse l'album - celui du pilote automatique. Frostbitten ? Oui, plus que jamais. Grim ? Non, Immortal ne l'est plus depuis longtemps. Regardez la photo : après tout, Kiss n'a jamais été aussi près. Et l'héritage méphitique et vénéneux de Mayhem, aussi loin. Un bon album donc, ce qui, pour les frères Doom Occulta, est loin d'être suffisant. Je maintiens ma position : l'album black metal anno MMIX, c'est le dernier Arckanum.

Don't get me wrong - I am a big fan of Immortal's past works and I still put At The Heart of Winter in my insulated bag when I go on a picnic : there's no cooler more efficient than this white, cold-blooded monster. But I just can't take it anymore : we're since the mediocre SOND in a typical "same old story" (cold) case. This isn't fresh anymore albeit reasonably good, meaning not enough by any means given the band's ability. And man, I'm so embarassed when looking at these goofy Kiss-like pics. No, really, I feel abbathed.

All Shall Fall (Nuclear Blast, 2009)

01 All Shall Fall

02 The Rise of Darkness
03 Hordes To War
04 Norden On Fire
05 Arctic Swarm
06 Mount North
07 Unearthly Kingdom

Le site et le Myspace d'Immortal.

dimanche 20 septembre 2009

Sick & Destroyed

Quand on aime l'art, on aime aussi les artistes - Mustaine en est un, race des maudits, écorchés vifs et autres torturés de l'âme. Malgré une période catastrophique n'ayant pas, heureusement, dépassé deux albums (Risk et The World Needs A Hero, tous deux très faibles pour différentes raisons), je reste un fan hardcore et comme déjà mentionné dans une notule écrite à la sortie de United Abominations, Megadeth pourrait sortir un album de variétoche pourrie, avec pochette miteuse, ballades merdiques et tout le toutim que je l'achèterais quand même... Quoique à la réflexion, cet album existe, il s'appelle Risk, et il pue autant que le costard élimé de Vic Rattlehead. Revenons à notre sujet : peu le savent, mais Dave a été élevé par une horde de loups-garous et génétiquement modifié pour jouer comme personne - the man puts the « heavy » in heavy metal. Un jour, il sera cryogénisé pour revenir nous sauver quand le myspace-deathcore aura envahi la planète.

Dave Mustaine est beau - normal, d'origine française (in)contrôlée, grand (la légende dit qu'il se suspendait par les bras deux heures tous les soirs étant petit, histoire de dépasser un jour James Hetfield - il a réussi) et fort. Comme tout grand homme, Dave nous gratifie de ses pensées qui, à l'instar de celles de Mao, nous aident à vivre. Ainsi sur le mariage : « c'est super le premier mois, mais tout homme normalement constitué veut mourir après deux ans. Le problème d'Al Pitrelli, c'est qu'il venait de se marier quand il nous a rejoints : on aurait du arriver deux ans plus tard et il aurait trompé sa femme avec Megadeth au lieu de faire l'inverse ». On ne connaît pas sa position sur le PACS - revenons à son Art. L'unicité stylistique de Megadeth est quelque chose qui m'a toujours fasciné et intrigué. Thrash ? Pour le premier album, soit, mais dès Peace Sells..., bien réductrice est l'étiquette. Quant à Rust In Peace, n'en seraient ses guitares harmonisées, sa hargne teigneuse aurait presque un goût du hardcore d'alors. La suite est à l'avenant et Megadeth ne fera jamais plus que du Megadeth : la marque et le paradoxe des très grands groupes dits « de thrash » - tous extrêmement différents entre eux et ne suivant, rapidement, que leur propre chemin. La personnalité de Mustaine, écorché vif inapte au compromis et au self-control - voir ses multiples et profondes inimitiés - est aussi ce qui donne à Megadeth ce qui manque tant à d'autres : une véritable colère, ce fameux mean factor. En témoignent les paroles de nombreuses chansons, véritablement haineuses pour peu qu'on s'y attarde. A lire, et à écouter pour la morgue que Dave-Salieri y dispense, le récent Something That I'm Not adressé à Lars-Mozart...

Car sans faire de psychologie de zinc, c'est bien l'extraordinaire ressentiment à l'encontre de Metallica qui servira de carburant à sa vie, et pas seulement carrière - appeler son fils Justice et sa fille Electra ne s'invente pas... L'éviction scabreuse de Dave, c'est la tragédie humaine à l'échelle du metal et, je le crois, ça le tuera un jour que j'espère lointain ! A voir, notamment, le face-à-face entre lui et Lars dans Some Kind of Monster : aussi troublant et pathétique que soit ce moment, il ne suffit pas à rendre compte de vingt-huit années acrimonieuses, revanchardes et destructrices - il faut le supporter, ce poids des « et si... ». Certes Megadeth lui aura apporté femmes, villas et fortune, mais on mesure l'étendue des dégâts lorsque le bougre reconnaît se foutre des disques d'or et n'avoir jamais voulu autre chose que détrôner Metallica, chose qu'il sait être impossible (en terme de succès commercial j'entends). « Have you got an idea what I've been through ? » répète-t-il à l'envi... Steven Adler, ressassant semblable frustration, s'en sortira plus mal encore, infoutu de faire quoi que ce soit à l'exception de marques au creux de ses bras. Dave touche véritablement le fond avec The World Needs A Hero ; sortie peu inspirée d'une « vieille gloire » - ce qu'il était alors. On peut pardonner beaucoup, faute d'attentes, à un Dream Theater (l'ennui profond), Tankard (l'ennui profond et la nullité) ou In Extremo (l'ennui profond, la nullité et le mauvais goût), mais pas à Megadeth... Fort heureusement le monde a depuis repris son cours normal et son ordre naturel s'est rétabli : Dave est de nouveau à la mode tandis que rien n'est plus daté que le neo-metal (sauf le myspace-deathcore... bientôt). Branché ou pas, Dave refait donc parler la poudre - se forçant, au passage, à chanter un peu plus juste à chaque album. Ce qui n'est pas peu dire, considérant un capital de départ proche de celui notre Renaud national !

Mustaine, comme Megadeth, ne laisse donc personne indifférent : on l'aime ou on le déteste, on adule sa musique ou on conchie cette voix de chat écorché, mais c'est bien là la force de cette grande gueule : comme Blackie Lawless, comme Axl Rose, comme James Hetfield, Dave n'est jamais avare en conneries, mais a su marquer de façon indélébile le metal... Une intuition : ce génie un peu cinglé occupera une place dans l'histoire de sa musique que l'on ne soupçonne pas forcément encore aujourd'hui. Dave Mustaine, c'est le connard magnifique, le loser proverbial, l'emmerdeur molinaresque qui s'est toujours vécu comme tel sans voir quel fabuleux héritage il allait laisser à la scène, trop bouffé qu'il est par ses démons... Insupportablement attachant, on lui pardonne à peu près tout, même le mal nécessaire Risk. Sauf, peut-être, les atroces pochettes de United Abominations et Endgame.

Mustaine is one of metal’s accursed poets, a true artist in his own right plagued with a never-resting soul : in a twisted, baudelairian way, the man "souffre de ne pas être assez soi" and his personal Spleen was, is and will forever be Metallica. Simply put, Mustaine is a genius, which isn’t exactly a surprise given his part-French lineage (come on… just kidding). I don’t feel like writing too much about the man here – already done that in French. All I can say is that I’m deeply interested in his ability to use a world-sized frustration as a neverending fuel for Megadeth’s brightest hours. But hey, there’s so much pain encysted in here – can you believe he baptized his children Justice and Electra ! This fact alone is quite frightening isn’t it ? I won’t even bother to mention his teary-eyed appearance in SKOM : now you know what “personal tragedy” means. I’m amused (in the baddest way) when I read shit like on Blabbermouth, about Dave’s so-called newfound peace of mind : the man is an écorché-vif and he perfectly knows where, “après une subtile esquisse, on a enfoncé les vis”. There’s no peace of mind for such an artist, a giant, a master – along with James Hetfield (how strange), Dave is firmly enthroned atop my personal pantheon. Please, Messrs. Hetfield and Mustaine, give war a chance : play together again – not only for a gig, but for an entire knee-bending, jaw-crushing motherfuckin’ killing machine of a record.

...et toujours :
United Abominations : Return to "Anger"

vendredi 18 septembre 2009

Cross The Threshold : brutal et générationnel

Il y a quelques bonnes années, j'étais encore lycéen, prêt à passer, les mains bien au fond des poches, mon bac. Lorsque j'en aurai besoin, un peu plus tard, pour amortir la chute classique de l'étudiant, elles y seraient toujours - on apprend dans la douleur. A cette époque où j'arborais en sport (quand j'y allais... honnie EPS) des Nike Air sur lesquelles j'avais tagué « SLAYER » au marqueur et en caractères runiques, j'étais notamment dingue de Loudblast, que je préférais alors mille fois aux barbares cradingues de Massacra (dont j'appris à aimer la furor teutonicus plus tard). Et je vénérais plus spécialement le mini Cross The Threshold, que je tiens encore aujourd'hui, et de loin, pour la meilleure sortie death metal française que je connaisse. Et encore, parler de death metal me paraît être une limitation mesquine : comme tous les groupes de ce courant formés jusqu'au milieu des années quatre-vingt, Loudblast a commencé par jouer du thrash, a donc toujours travaillé la mélodie, et bénéficie de cette voix particulière, qui finira par tirer sur le hardcore (au secours) quelques années plus tard - avant de tenter un retour au bercail.

L'énergie du désespoir de Malignant Growth, en phase avec ses paroles, le vicelard titre éponyme et son fameux « become an animal again », la puissante mélancolie métallique de No Tears To Share, et cette excellente reprise de Slayer (Mandatory Suicide) justifient à eux seuls l'acquisition de cette pièce-maitresse de l'artillerie lourde française. Est-il seulement besoin de mentionner la pochette de Bolek Budzyn ? Bref, ce mini, c'était un concentré hyper-vitaminé, un « précipité » du précédent album (Sublime Dementia), plus minéral, débarrassé de ses scories, et doté d'un son plein, plus ample - en tout cas bien meilleur que celui obtenu aux incontournables Morrisound Studio pour les deux disques précédents. Un maverick haut de gamme dont la portée fut, malheureusement, très réduite - puisque français. Fût-t-il sorti aux USA, chez Earache, que ce chef-d'œuvre aurait pul-vé-ri-sé la scène death metal mondiale. Tout simplement. Loudblast n'a jamais retrouvé un tel niveau, malmené par ce miroir aux alouettes de la fin des 90's qui verra tant de groupes tenter de piteuses et (in)opportunes percées commerciales par d'autres voies que les leurs propres - merci Korn, merci Slipknot, mais n'est pas Machine Head qui veut. C'est secondaire : un jour, d'une façon ou d'une autre, ce court album sera redécouvert hors de (et dans ?) nos frontières.

Behold, all ye unworthy souls dwelling on the face of the planet without ever having heard the mighty Loudblast. It’s 2009 and every metalhead knows by now that French metal is a special branch in our family tree (yup, I agree it wasn’t always the case). So you’re thinking Gojira, Glorior Belli, Vorkreist, Deathspell Omega, criminally underrated Sup, and whatever the fuck you want, and you’re oh-so right. But French metal was a force to be reckoned with since a way more longer time – Massacra, Agressor, Nomed and Loudblast being the finest (or the grossest) in their domain ranging, depending on the records, from thrash to death to heavy (I mean really heavy) metal. I hereby do solemnly urge you to listen to this state-of-the-art metal piece named Cross The Threshold : this is French death fuckin’ metal at its “beast”, complete with pile-driving crunchy rhythm guitars, orgasmic bitches yearning for more dicks in their asses, and topped off with a great Slayer cover. I highly recommend No Tears To Share, a song summing up everything Loudblast was ever about – gaze at Bolek Budzyn’s strong artwork while listening to it ! Alas, the rage to overcome (and Chuck Schuldiner’s token of appreciation) sometimes isn’t enough to take over the world and Loudblast only rules in France which is, thinking about it, better than to serve in the USA (I’m referring here to their Morrisound period). Now repeat after me : “bleu”, “blanc”, “rouge”.

vendredi 4 septembre 2009

Sous la lune exactement

J'avais quitté Arckanum voici bien longtemps, le dernier album connu de mes sévices étant Kostogher. A la faveur de plusieurs chroniques dithyrambiques, je renoue avec le troll Shamaatae, non sans surprise : ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ est un disque terriblement efficace et étonnamment « compact », quand on connait Fran Marder - que je vénère, réécoutez Trulmælder - et Kostogher, deux œuvres quelque peu foutraques (et donc charmantes). Shamaatae me donne l'impression d'avoir « concentré » son art, pour un résultat plus dense et percutant que jamais. Sur l'autel de l'efficacité on a sacrifié cependant un peu de l'atmosphère Nature & Découvertes : plus de bruitages dans la forêt, ni de chouettes et autres hiboux en guest-star (mieux traités chez Arckanum que chez Satyricon), encore moins de violoniste perdue au pied d'un chêne solitaire, mais un bon sang de déluge de vrai black metal, cette bête furieuse et désespérée.

Un black metal, comme toujours, éminemment « nocturne » - les amateurs du musicien me comprendront. Les riffs sont gorgés de feeling, restent cradingues en évitant le côté nécro désormais un peu factice, et savent « thrashouiller » quand il le faut (Shamaatae a découvert le palm muting). Toujours un bon point pour moi, quand ça thrashouille... Autre point en faveur de ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ : sa production puissante et massive, lorgnant un peu sur le son tout en contrastes de chaud et de froid à la Necromorbus (on notera d'ailleurs une petite coloration Watain, voire Dissection sur certains passages), et qui finit d'asséner le propos like a fist in the face of... Le masque du troll est tombé : ce qui se cachait derrière est encore plus laid, encore meilleur. Sans hésitation l'album black metal du moment, un gribouillis musical monochrome, craché à la gueule de qui voudra bien l'avaler. J'ouvre grand.

I do love Arckanum’s first works since a long fucking time. In fact, when a teenager, I was especially crazy with Fran Marder, an obscure and obdurate black metal record blessed with a wooden, mysterious atmosphere – fuck, listening to it is like smelling some rotten mushrooms, or eating an old, soaked piece of bark fallen from a gnarly oak. Well, believe it or not, but current release ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ is such a motherfuckin’ killer of an album ! Although a bit less atmospheric, ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ is a sonic blitzkrieg more sharpened and lethal than ever before – to put it simply, more metal ! Man, Shamaatae even discovered what palm-muting is on that one. Blast it on a boombox on a hot summer afternoon and you’ll see what were Dark Angel meaning with the title of their second album.

ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ (Debemur Morti Productions, 2009)

01 Þórhati
02 Þann Svartís
03 Þyrpas Ulfar
04 Þursvitnir
05 Þyrstr
06 Þjóbaugvittr
07 Þjazagaldr
08 Þá Kómu Niflstormum
09 Þrúðkyn
10 Þríandi
11 Þyteitr

Le site et le Myspace d'Arckanum.

lundi 31 août 2009

Quelle est la différence entre Nergal et un polochon ?

Il n'y en a pas, les deux sont gavés de plumes. Car chez Behemoth, les anges, quand ils passent, se font bouffer tout crus (et toutes nues - l'ange polonais est particulièrement sexué). On se les bouffe par paquets de plumes, même. Et sans tousser ni cracher s'il vous plait, c'est malpoli. On n'est pas chez Gwar. Ov Fire And The Void, dernier clip de ces fous furieux, est peut-être l'épitome indépassable du metal : over the top ou bigger than life pour les anglicistes, pour moi simplement extraordinairement outrancier, crétin et, malgré tout, demeurant outrageux pour certains...

Alors certes, les frontières du ridicule sont allègrement franchies, mais que ceux qui n'aiment pas retournent écouter la nouvelle scène française, bien plus déprimante, elle, qu'un album de funeral doom lapon. Behemoth, tombé dans l'aimable caricature depuis au moins un album*, reprend fièrement le flambeau outrancier du heavy metal des eighties : celui où l'on baisait nonnes de pacotille et anges de carnaval, en crachant de temps à autre au caméraman une gerbe de sang parfum grenadine. A voir donc, cette ripaille révoltante, tirant plus sur la Grande Bouffe que sur le Festin Nu : c'est à cause de ce genre de choses que notre style préféré est régulièrement moqué ou conchié, c'est un Bark At The Moon du nouveau siècle, et c'est tout autant amusant... qu'embarrassant. Nous sommes de grands malades.

* Ce qui n'empêche pas l'admirable et nietzschéen Nergal de sortir de chouettes produits - j'ai dit « aimable »

Ov Fire and the Void, clip inénarrable s'il en est.


For fuck’s sake, what the fuck is that motherfuckin’ new Behemoth vidioo? I just can’t believe my eyes, I must inform the law. While some will say this is “over the top”, I’ll go for “tremendously embarrassing”. And, may I add, there’s quite a big difference between this and old 80’s heavy metal videos : the tongue-in-cheek factor, dramatically absent in the former. Ok, this is still somewhat funny, but seriously, metal shouldn’t make a rod to beat its own back, shouldn’t give its pourfendeurs more ammos to shoot us down. Really !

samedi 18 juillet 2009

Transport(é) en commun

Photo : votre serviteur

Depuis quelque temps, la vie sociale (et la fin de celle de ma voiture) m'oblige à emprunter régulièrement les transports en commun. Difficile de cultiver sa bulle misanthropique coincé entre un vieil arsouille au souffle méphitique et une mère de famille flanquée de sa bruyante progéniture - simple exemple situationniste. Par chance, mais aussi par hasard, il se trouvera de temps en temps une jolie brunette ne demandant - ou pas - qu'à être matée. Ce que je ferai : je ne suis pas contrariant. Mais difficile quoi qu'il en soit de se garder un espace personnel dans un endroit où, par définition, cela n'existe pas. Difficile - mais néanmoins possible, notamment grâce à Emperor. Tenez, rien que le cri trafiqué au début de Towards The Pantheon : il est tellement long qu'à lui seul il vous passe deux arrêts.

J'ai près d'une centaine d'albums sur mon lecteur, mais décidément, il m'est difficile de mettre autre chose qu'In The Nightside Eclipse dans le bus : une ellipse salvatrice. Le feulement  abyssal d'Ihsahn, l'hystérie des guitares et la mélopée des claviers remplissent toujours leur office, confirmant que si Anthems... reste l'un des meilleurs albums metal à être jamais sorti, In The Nightside Eclipse demeure indétrônable lorsqu'il est question de pur black metal. Ça fait du bien, parfois, de se reconfirmer certaines choses. Matin ou soir, bus plein ou bus vide, tout cela n'a finalement guère d'importance dès lors que j'ai les norvégiens « dans les oreilles ».

Even today, after more than fourteen motherfucking years, Towards The Pantheon still makes the hair on the back of my neck stand up. I just can’t get enough of it, especially when Ihsahn’s insane scream kicks in (yeah I know, there are in fact two screams mixed up into one. Don’t go ruining my enthusiasm though, you lowlife Emperor’s subject). I especially love listening to In The Nightside Eclipse in the bus, while peering at a young mother’s opulent, pristine breast. Yeah, maybe I’m just a short-haired black metal pig after all – and I do believe it sometimes saves me from everyday’s void.

...et toujours :

L'Empereur Contre-Attaque

vendredi 22 mai 2009

Ça va mieux en le lisant

Photo Antonio Melão. Primordial à Corroios, Portugal.

J'ai toujours adoré lire les interviews, les vraies, bonnes et longues (!). Je suis capable de passer une après-midi sur le net pour rechercher ce qu'avait à dire Luc Lemay sur Considered Dead en 1991, et j'en suis fier. Mes clients préférés sont, ont toujours été, Lemmy Kilmister, Mika Lutinnen et Pete Steele : les lire, c'est s'administrer une dose de prozac journalistique. Récemment et dans une autre veine, pas forcément humoristique celle-ci, ce sont les dires de Alan « Nemtheanga » Averill et Doc Coyle qui m'ont ravi.

Nemtheanga, fier gallois de la tribu Primordial, remet ainsi quelques pendules à l'heure et notamment au sujet de la façon dont le groupe se perçoit et doit être entendu : « I never wanted to be one of those fantastical history-lesson bands. I'm not interested in singing songs about mythical wars (...). I always wanted to say something about the modern world (...). I'd be ashamed that we lived in this day and culture and didn't try to say anything about it ». Après les inepties d'un Rhapsody, un tel discours n'est même plus salvateur, mais essentiel. Je ne suis pas un dingue de Primordial, je trouve que le dernier album est passé de peu à côté de son sujet, mais ce groupe a toujours eu quelque chose. Son folk metal, noirci au charbon des prolos gallois, n'a jamais perdu de vue qu'il devait rester avant tout sombre, inexorable et tragique (l'école britannique tendance Music For Nations, donc). Primordial possède un potentiel rare qui ne s'exprime pas à tous les coups - mais quand c'est réussi, c'est imparable.

Second métallurgiste me réconciliant avec l'espèce humaine parfois désespérante, Doc Coyle, pourtant des affreux God Forbid, lâche quelques mots au sujet du meilleur morceau sorti en 2008 ; Broken, Beat & Scarred. Le bougre m'ôte les mots de la bouche : « the catchiest, grooviest, headbangingest (sic) song Metallica have written since Sad But True ». Bien vu, bien dit, et tout à fait d'accord pour l'analogie plus qu'évidente avec Sad But True. Ne me reste plus qu'à préciser que Nemtheanga est à lire chez Vue Weekly ; quant à Doc Coyle, c'est dans l'actuel numéro de Terrorizer (#183) qu'on retrouvera sa sainte parole. Amen.

Let’s hear some words of wisdom, for a change… : "I never wanted to be one of those fantastical history-lesson bands. I'm not interested in singing songs about mythical wars (...). I always wanted to say something about the modern world (...). I'd be ashamed that we lived in this day and culture and didn't try to say anything about it" (Nemtheanga, working-class hero currently holding the mic in Primordial. I wonder what he thinks of fucking Rhapsody Of The Fucking Fire). Shall we go on ? Ok, Doc Coyle’s turn (of God Forbid fame) : "Broken, Beat & Scarred is the catchiest, grooviest, headbangingest song Metallica have written since Sad But True". You’re so fuckin’ right, Doc. That won’t make me love your horrible band, but you’re so-fucking-right. Oh my gawd.

mercredi 20 mai 2009

Un passé qui ne passe pas

Signe des temps pas fameux ? Avatar du phénomène gloubiboulga appliqué au metal, pourtant déjà assez régressif pour ne pas en rajouter une louche ? Ou triste constat symptomatique d'une vérité : la scène serait si chiante en ce moment, qu'entre deux productions formatées chez Andy Schnaps et trois pochettes photoshoppées montrant un putain de marmot sous un ciel apocalyptique (This Godless Endeavour aura fait quelques émules), rien ne serait meilleur que de se réfugier dans ce que l'on sait être toujours aussi bon - et je ne parle pas de votre copine ? Toujours est-il que la dernière mode est à l'exécution intégrale de Ton Album Culte sur scène. Après Slayer et Reign In Blood, Metallica et Master Of Puppets, Mötley Crüe et Dr. Feelgood, et quelques autres que j'oublie, c'est Aerosmith, Judas Priest et Forbidden qui « menacent » de jouer intégralement et respectivement Toys in the Attic, British Steel et le grand Twisted Into Form pendant leurs prochaines tournées. Quant à Testament, c'est par le biais d'un sondage que leurs légions d'héritiers (réfléchissez, ce n'est pas dur) sont appelés à entériner une setlist exhumée de The Legacy et The New Order.

Pas bien convaincu par ce genre d'initiatives, un peu du même tonneau que cette pénible mode qui voit de vieilles gloires ré-enregistrer leurs vieux tubes (chez Andy Schnaps)... En sus d'être un concept assez réducteur et limité, ça laisse perplexe sur l'état actuel - notamment économique - du metal et de ses amateurs bien sûr. Le message n'est pas des meilleurs non plus pour les artistes qui peuvent apparaître comme figés dans une époque et dépendant d'un public purement générationnel... alors que le metal est sensé être l'exact contraire du conservatisme. Personnellement j'échange largement un Angel of Death contre un Flesh Storm. Quoi qu'il en soit, Ton Album Culte joué en entier est certes un bon filon, mais finalement, si peu flatteur. Bien sûr, je me dédierai sans sourciller quand Guns tournera à cinq pour jouer tout Appetite For Destruction, mais ça me paraît peu probable, je soupçonne Steven d'être mort depuis quelques temps - simplement mû par quelque nécromancie le temps de ces occasionnelles téléréalités dans lesquelles il s'exhibe.

It’s a shame, but it seems the latest trend is seeing all our "vieilles gloires" of yore touring in its entirety their cult album. Talkin' 'bout the cash machine... Take Slayer, for example. Ok, I like Reign In Blood as much as you but I won’t mind them playing fuckin’ World Painted Blood from alpha to omega, ‘cause World Painted Blood is the decade’s utmost destructive thrasher coming from this side of the Atlantic (which is the left side for me, remember ? I eat bread every day). Alas, metal these days is plagued with conservatism – thinking of it, another common point with ol’ good Sheol.

mardi 5 mai 2009

Praeclarum Custodem Ovium Lupum


Photo par Mark Coatsworth

Dead Shape FigureTurisasMoonspell et Cradle of Filth. C'était l'autre soir, du côté de chez votre serviteur, et ça valait le coup. Je n'étais venu que pour les loups, ayant réintégré le troupeau voici quelques années... Ribeiro en bon maître de cérémonie a su se mettre un public très jeune, Cradle of Filth oblige, dans la poche dès Finisterra : Moonspell put dès lors se livrer à une interprétation passionnée de ses classiques récents. Quelques inévitables furent cependant de rigueur, et on aura apprécié la théâtralité de Ribeiro sur Vampiria et sa mythique résolution - ce hurlement féminin strident, auquel le chanteur prête une gestuelle dramatique.

On peut jouer au jeu des matriochkas : je n'étais venu que pour Moonspell. Mais si j'osais, je dirais que je n'étais là, en vérité, que pour entendre Alma Mater, hymne incontournable du dark metal et assurément mon morceau favori du groupe. Cette objectivation de l'âme lusitanienne de Moonspell fut délivrée dans une version dantesque, faisant honneur à toutes ses subtilités... Notamment cette dégradation vocale, à partir de At the moon mountain..., faisant dégringoler la chanson vers un black metal tellurique et païen comme jamais plus Moonspell n'en a fait. Fernando Ribeiro et Pedro Paixão ? Oh non, à cet instant, c'était bien Langsuyar et Neophytus que je voyais... Alma Mater (mal à ma Terre ?) résonna comme une incantation oubliée et interdite, avant de mourir comme la lune aux premières laudes*. Moonspell se laissa aller au tragique d'un Full Moon Madness - véritable Spleen du Loup-Garou - avant de quitter enfin une salle hérissée d'une marée de mano cornuta.

« Ahhh... the children of the night... What a sweet music they make... ». C'est sur cet emprunt à Bram Stoker, éructé d'une voix en provenance directe du trente-sixième dessous des géhennes, que Dani Filth et ses musiciens investissent la scène : une autre histoire qui, bien que beaucoup plus plaisante que ce que j'en attendais, m'a moins intéressée que la précédente. Je ne la raconterai donc pas : lorsque la lune est pleine, on ne voit qu'elle dans le ciel nocturne.

* Laurent Michelland, sort de ce corps !

Portugal once ruled the world, by making itself master of the seven seas... Well, some of its natives still rule my world. Tonight I attended a Moonspell gig, catching 'em on their Night Eternal tour. Well, to say it was worth it is an understatement - from Ribeiro's commanding presence to the exigent setlist, everything as a whole was a must-see, must-hear. Stuck between some skin-bearing, fiddler-wielding folkish fuckers and a bunch of tired vampires, the southern wolves totally stole the show, concluding on a mass-murdering rendition of their best tunes ever : Alma Mater and Full Moon Madness. Aooowww !

vendredi 24 avril 2009

Phénix Noirs...

Deux gros retours, sans doute un peu opportunistes sans que cela soit une réelle critique, en ce moment... Les femmes et les enfants après : commençons donc par Beherit (ne cherchez pas de signification cachée à cette phrase - elle n'en a pas). Après une quinzaine d'années éloignés des crucifix et quelques tripatouillages electro (que votre serviteur n'a jamais entendus. Peut-être dans une autre vie.), les boucs sont revenus sous la forme qu'on leur connaît le mieux : un ritual black metal bestial et hypnotique, quelque part entre Sarcofago, Mayhem et Bathory. Alors pourquoi écouter Beherit si l'on possède déjà les œuvres de Sarcofago, Mayhem et Bathory ? Pour la même raison qu'en 1993 - parce qu'on aime mélanger le caca avec le pipi. En l'occurrence la soupe est correcte malgré un service que l'on devine minimal : ne laissez pas forcément de pourboire, mais si vous avez aimé une première fois, laissez-vous faire. Votre serviteur aura au moins appris que derrière Ancient Corpse Desekrator (!) se cache Sami Tenetz, cerveau des très bons et très oubliés Thy Serpent. L'album s'appelle Engram : si on vous demande pourquoi, vous direz que vous n'en savez rien.

Second come back, bien plus médiatisé sinon savamment orchestré que le retour en graisse de Beherit ; celui de Pestilence. Oui, avec Patrick Mameli, et Tony Choy, et plein de bouts compliqués dedans. Pas le Pestilence brésilien emmené par Andreas Kisser qui, s'il était reformé, aurait certainement plus de succès que l'actuel Sepultura. Autant être franc : parfois y'a des trucs qu'on sent pas, mais alors pas du tout. Et ce Resurrection Macabre, avec ce titre téléphoné, en fait partie. En clair nous n'avons pas écouté, ni acheté l'album... mais étant très fan de, notamment, Testimony of the Ancients, il était difficile pour votre serviteur de passer cette sortie sous silence. Les chroniques lues ici et là sont très mitigées et semblent converger vers cette question : pourquoi exhumer des cadavres que l'on sait n'être plus très frais ? A la décharge des musiciens, peut-être parce que le public n'est prêt à les suivre dans aucune autre aventure, malgré les intéressants C-187 et autres Gordian Knot. De la difficulté de traîner un passé glorieux... Pas d'avis donc (et vous ?), juste un léger a priori sur cet album peut-être meilleur, après tout, que le fumet qui le précède.

Engram is Beherit’s latest counterfeit child. Expect dirty ritual black metal, complete with bullet belts and hypnotised goats barking at the fuckin’ moon – in a word, candy for the ears. Another second coming to be aware of, is Pestilence’s. Aptly titled Resurrection Macabre, I won’t tell you anything about it ‘cause I didn’t listen to it yet. I dunno, I am such a fan of Testimony Of The Ancients, but I’m kind of tired of all these reformations. For once I order you nothing – you’re allowed to think and decide by yourself today. So have fun, will travel.

Le site et le Myspace de Pestilence (Beherit n'a pas d'amis donc pas de Myspace. Le dernier site connu, en revanche, est trouvable ici).

lundi 20 avril 2009

The Myth of the Loly Sword

Je le dis souvent, je porte intérêt aux paroles d'un groupe - pas seulement à sa musique. Mal m'en a pris dernièrement : j'ai lu, tout en écoutant la chanson, le texte de The Myth of the Holy Sword de Rhapsody (of the Burning Fire Spat By the Awakened Dark Dragon of the Holy Thundercave Excavated By the Priapistic Dwarves of the Mighty Kristafor Lih). Déjà je dois expliquer comment j'en suis arrivé là : on m'a forcé. Enfin, pas tout à fait... mais presque. Au hasard d'une interview ahurissante de connerie donnée par MM. Turilli et Staropoli, j'ai été tenté d'écouter le dernier méfait du groupe (Triumph or Agony, j'ai choisi la dernière) pour vérifier si le machin était aussi naïf et pompier que l'entretien. Après une rapide incantation l'album s'est matérialisé dans mes boules de cristal (j'en ai deux, je ne suis pas un putain de halfling) et j'ai courageusement appuyé sur play. Non sans avoir au préalable remis mon sort entre les mains de Crom. Je dois dire, avant de continuer, que je déteste Rhapsody avec constance et application : la musique, les pochettes, les clips, la coupe de cheveux de Luca Turilli. Je déteste ce groupe qui a eu la prétention de vouloir faire un album basé sur Le Seigneur des Anneaux tout en osant déclarer ne jamais avoir lu le livre, inutile désormais puisque le film existe (ben voyons). Je déteste ce groupe si ignare en matière de metal qu'il avait qualifié piteusement son style de hollywood metal, méconnaissant la scène qui gravitait autour du Roxy, du Toubadour et du Rainbow Bar & Grill bien avant que le petit Alex Staropoli ne découvre émerveillé La Caverne de la Rose d'Or sur la Rai Uno. C'est dit : retournons à nos moutons (également appelés licornes, chez Rhapsody).

Au-delà du fait que j'ai été limite gêné pour eux (est-ce possible de faire des trucs si cheap et grotesques qu'ils font passer Joey Mayonnaise pour un parangon d'austérité ?), la profusion de noms échappés d'un sous-sous-sous-Seigneur des Anneaux, d'abord devinés, puis réellement entendus, m'a poussé à me pencher sur les paroles dudit Myth of the Holy Sword. Et là... c'est le drame ! Galfor... Naimur... Atlon (on attend Pentium)... Loinir... Loregard (je crois que celui-ci, pauvre croisement entre Lorien et Isengard, est le pire)... Akron (Infraktus ?)... Algalord... Tout ça dans la même chanson ! Ne manquait qu'Alkasetzer. Impossible de ne pas choper un fou rire en entendant Fabio Lione prononcer ces patronymes improbables qui n'auraient pas été osés par Dino de Laurentiis ou Ruggero Deodato dans les cocasses productions post-Conan des années 80. Musicalement ce n'est pas ma came, mais putain... ces paroles sont dignes du pire worst-of de l'heroic fantasy (c'est dire) ! Sir Christopher Lee doit être frappé de sénilité (ou de fiscalité) pour s'être autorisé à participer à de telles pantalonnades. Écoutez The Mystic Prophecy of the Demonknight, riez, et mourrez de honte pour ces italiens qui arrivent à foutre plus d'adjectifs dans leurs titres que moi-même dans une phrase - et c'est pas peu dire. Par Crom, je meurs.

I just can't stand fuckin' Rhapsody (of whatever the fuck you want). Is that clear enough ? And, see how english is a word-economical language compared to french ?

Le site et le Myspace de Rhapsody of Fire.

samedi 11 avril 2009

Anathema's bogus journey in the land of the free

Je n'ai pas su sous quelle catégorie ranger ceci... humour ou humeur ? Allons-y pour la première. On a déjà assez de trous à l'estomac comme ça. Donc, Anathema s'est vu interdit de séjour - et a fortiori, de concert - en Tunisie. Motif : ces gens seraient satanistes et boiraient le sang de chats noirs (sic). Mieux vaut en rire qu'en pleurer.

Ce n'est pourtant pas difficile d'ouvrir un livret d'Anathema et de parcourir les paroles de ce groupe de buveurs de thé (et de bière, ok) ô combien violent et subversif pour la jeunesse du pays concerné - et je n'irais pas plus avant, je vois une belle peau de banane, là, juste sous mon pied.

...and so Anathema wasn't allowed to play Tunisia, their material being of satanic and youth-corrupting essence. Now have you ever heard of the Godwin Point ? And, do you really want me to comment on this ?

Le site et le Myspace d'Anathema.

vendredi 3 avril 2009

La case (en moins) de l'oncle Tom

Zazie dans le métro. Une photo très nouvelle vague signée Anders Odden et prise à Osaka.

La case de l'oncle Tom, j'y fais régulièrement un tour. Ce journal intime est toujours intéressant, souvent touchant (perclus de paradoxes et de regrets, meister Tom semble inapte au bonheur), et parfois inquiétant (on zappe de façon cyclothymique d'une entrée pleine d'espoir et d'entrain à une sortie mélancolique et tournée vers le passé, le gâchis et le ressentiment. Pas besoin d'aller en fac de psy pour identifier la manifestation évidente d'une profonde bipolarité). Une constante, et l'objet de cette notule, dans cet élégant weblog en noir et blanc (au propre comme au figuré, donc) tenu par Tom G. Fischer : cette haine inextinguible vouée à Franco Sesa, dernier et excellent batteur de Celtic Frost, au travers de billets ampoulés et vitriolés. Certes, les amateurs/admirateurs du Frost ont bien entendu qu'une irrattrapable mésentente entre les deux musiciens avait fait voler en éclat le groupe pourtant refondé avec brio (voir et écouter Monotheist, toujours aussi génial en 2009 qu'en 2006).

Mais tout de même. La rancune envers Sesa, qui, désolé de le remarquer, n'a jamais prononcé un mot ni sur le sujet ni contre Fischer dans les médias, laisse perplexe : c'est une réelle obsession. La perfidie remâchée avec laquelle Tom G. Fischer s'acharne sur Sesa (au détour de remarques méprisantes travesties en informations distillées dans le billet - notamment au sujet du « statut » de barman de Sesa dans l'établissement de Martin Eric Ain) est presque gênante pour qui lit ses fréquents épanchements. On a beau savoir que l'incroyable gâchis qui a conclu la période Monotheist a laissé des traces indélébiles, on a beau prendre la mesure de la déception de Fischer, voyant une fois encore sa plus grande réussite artistique consumée avant d'être consommée... tout de même. Pourquoi ne pas avoir viré Sesa, quelque faute eût-il commise, pour faire vivre le Frost ? Son verbiage alambiqué nous emmerde quelque peu et, surtout, ne nous intéresse pas : Fischer, tout grand artiste soit-il - et que j'admire en tant que tel - apparaît sous son plus mauvais jour dans ces billets répétitifs et acrimonieux.

Il ne tenait qu'à lui de poursuivre l'épopée de Celtic Frost. Mais au regard de la légende du groupe et en cohérence avec celle-ci, une question dérangeante s'impose d'elle-même : le souhaitait-il vraiment ?

I really appreciate wandering on Tom G. Fischer’s blog – these introspective, depressive and sometimes ego-bloated lines nonetheless give an interesting hindsight to the man’s musical works. It is a shame, though, how theses entries have become a regular vehicle for Fischer’s hatred toward Franco Sesa. We all get the story and, more importantly, we Frostheads just don’t give a flying shit about what really happened here. Diva-like dramas have always been a huge, lack-lustering part of the Frost’s otherwise wonderful legacy/career but hey, enough is enough, don’t ya think ? How embarrassing, really.

vendredi 27 mars 2009

Misère & cordes

Un jour morose de ma première année lycéenne, un vieil ami, D., a changé ma vie sans le savoir. Il ne m'a pas indiqué la sinistre planque du magot des Postiches (Michel l'avait déjà trouvé), ni ne m'a proposé un plan avec la milf qui lui servait de mère, et qui m'affolait. Il m'a simplement tendu une vieille K7 repiquée, sans boîtier et barrée d'un reste d'autocollant ayant jadis servi à l'identifier. « Tiens, ça te plaira peut-être comme t'aime la musique de corbeaux, je sais pas si tu connais ». Sur la bande, First And Last And Always, le premier Sisters Of Mercy. Dire que je l'ai adoré instantanément serait un euphémisme - j'ai écouté First And Last And Always plusieurs fois par jour pendant des mois, notamment dans ce sacré bus 3*. De peur d'altérer cette magie, j'ai longtemps évité de me documenter : pas de photos, pas de paroles si ce n'est celles que je croyais ou voulais entendre**, encore moins de bio à la con qui aurait dissipé la fumée nicotinique embrumant ce poster longtemps accroché au mur. Au fil des ans j'ai acheté l'intégrale de Sisters, des albums que j'aime mais dont aucun ne m'a redonné ce choc originel (et certainement pas les plus saturés - voir à ce sujet Christian Death, qui sombra en succombant à la tentation du metal). Un coup de foudre est la réunion de différents facteurs dont la convergence se nomme alchimie. Sisters m'a fait cet effet-là et j'ai fini par associer pour toujours First And Last... à une période particulière, parfois ingrate, parfois géniale, celle où « l'on erre, un peu par erreur ». Le genre d'album qui devient la bande-son d'une époque personnelle...

Sisters Of Mercy ne pouvait pas échapper à une entrée ici pour la bonne raison que j'aime ce groupe autant que Metallica ou Maiden... Pour respecter ma ligne éditoriale « industrie lourde », cela se fera sous l'angle des reprises metal, le groupe d'Eldritch ayant été fréquemment massacré par nos chevelus préférés (hormis quelques exceptions, force est de constater qu'il est plus souvent question de viol que d'hommage aux sœurs). On commencera par un de mes chouchous, Dan Swanö (Edge of Sanity), qui s'est frotté à Lucretia My Reflection. Malgré une intro bousillée par ce clavier que le bougre affectionne tant, sa version n'est pas mauvaise, proche de ce qu'un Cemetary époque Sundown aurait pu en faire. C'est donc une reprise acceptable que voici, mais préférez-lui cependant Sacrificed (sur The Spectral Sorrows) : l'un des meilleurs morceaux, dans la veine Doctor Jeep, que Sisters n'a... jamais écrit. Lucretia My Reflection étant fréquemment réinterprétée, passons à Kreator. Parue sur une obscure rétrospective, cette version dudit morceau est carrément intéressante. L'identité du Kreator aventureux d'alors (1999) imprime à Lucretia une patte industrielle du meilleur effet - je reste convaincu qu'un groupe allemand politisé ayant vécu la sinistrose berlinoise était ce qui pouvait arriver de mieux à Sisters Of Mercy. Enfin, ne nous attardons pas sur l'atroce version de Warrel Dane, le chanteur que l'on adore ou que l'on déteste : je déteste. Moins affreux que la reprise de Sound of Silence par Nevermore (« Simon & Garfunkel outragés », se serait écrié de Gaulle), ce Lucretia-là n'est vraiment pas terrible.

Passons sur In Extremo, groupe congénitalement malformé et dont il ne faut, par conséquent, rien attendre de la reprise de This Corrosion : le silence se fait devant ce clip plus gay qu'une soirée chez Michou. Si quelqu'un a eu la patience d'attendre la fin, qu'il me dise si oui ou non, Xena a fini par arriver. Après cette atrocité, il est temps de relever le niveau de manière inattendue puisque c'est au tour de Cradle Of Filth, que je ne goûte guère, de rentrer en piste. Étonnante relecture de No Time to Cry, morceau pour lequel j'ai un gros faible. Les anglais maîtrisent l'exercice, et tantôt j'adore (The Fire Still Burns, Sodomy and Lust), tantôt je hais (Hallowed Be Thy Name - remplacer les leads de Murray / Smith par un synthé devrait être puni de mort lente). Passée au mixer de Morticia Adams, la chanson conserve néanmoins sa substantifique moelle : une réussite. Comment ne pas aborder le cas Crematory ? Ce combo aura eu une importance capitale voici une quinzaine d'années, notamment avec le glauque Transmigration, avant de se perdre dans une trajectoire d'étoile fuyante, à l'instar d'Atrocity (on sauvera Awake et Illusions, pierres angulaires du death atmosphérique d'alors ayant, c'est vrai, très mal vieilli). Crematory honora les sœurs via la reprise archiconnue et pompière de Temple of Love, malheureusement dépourvue de sa pêche originale : l'occasion était belle, Temple... étant l'un des morceaux les plus énergiques de Sisters. Andre Matos, ange déchu du micro d'Angra, parlera à plus de monde que Felix Stass. C'est à More qu'il s'est attaqué avec Shaaman, et l'effort est louable : voici une réappropriation qui évite la trahison. Mais rien à faire, dès que j'entends Dédé, j'ai l'impression d'être à Recife en train de siroter une cachaça. Et ce qui sied parfaitement au heavy ensoleillé pour lequel le bougre est connu va, tout de suite, moins bien aux pâles Sisters.

On conclura cet article par l'une des meilleures reprises de Sisters Of Mercy proposée par un groupe de metal - Walk Away par Paradise Lost, trouvable sur l'EP paru à l'époque de Draconian Times. Le matériau de base, particulièrement solide, était tout indiqué pour nos ex-prochains Metallica (c'était alors ainsi que la presse parlait - mal - de Paradise Lost). A croire que Sisters l'avait écrit en pensant à eux. Ultra fidèle, s'intégrant tellement dans le répertoire des Perdus, Walk Away est ici magnifiée par le jeu sombre et acéré de Aedy et Mackintosh : les sœurs se voient traitées, enfin, avec le respect qui leur est dû. Paradise confirmera par la suite son talent pour l'exercice, voir notamment la brillante relecture de Small Town Boy (même si je lui préfère celle de Depressive Age). Si le metal se jette périodiquement sur Sisters Of Mercy comme la vérole sur le bas-clergé, ce n'est donc pas forcément avec une grande réussite... L'enfer est pavé de bonnes intentions. Je m'autorise une digression : comment ne pas citer, même si non metal, la sublime version de Alice par les étranges Celluloide ? L'electro-pop acidulée, froide mais sensuelle des français est encore ce qui va le mieux à Sisters, leur spleen originel étant trop souvent écrasé sous les power-chords de nos barbares préférés.

* L'Express A ou B m'arrangeait moins, d'autant que son plus court trajet ne permettait guère d'écouter plus qu'un Battle In The North.

** Certains comprendront - j'ai encore aujourd'hui l'impression que quelqu'un crie mon prénom, à un moment, dans Omnio (In The Woods) et je n'ai aucune envie de vérifier mon erreur sur metrolyrics.com.


Things sometimes happen that change the life of a grey teenager. Ok, having an unexpected blowjob performed in the back of the classroom by this skinny brunette you thought was a momma’s girl ranks first among said things.To be given your first Sisters Of Mercy record is also a very special moment – maybe some lucky fuckers got to experience these conjointly ! But enough bullshitting, what I’m trying to say is that First And Last And Always really did change my life : at last, another musical current entered my world, opening doors for Christian Death, Joy Division or the more commercial, yet excellent, Cure – Pornography still ranking as one of my all-time favourite records along with First And Last And Always. And I won’t change my barrel of goth for a barrel of fun (you know the fuckin’ song). So why is Sheol babbling about such non-metal, yet darkmongers, are you thinking ? Well, The Sisters Of Mercy have been regularly raped by hairy, axe-wielding motherfuckers such as Dan Swanö, Kreator, Cradle Of Filth, Atrocity, Paradise Lost, etc etc etc. See and hear for yourself by clicking on the links below, but as Pentagram would say, "be forewarned" : for better, for worst…

Lucretia My Reflection par The Sisters of Mercy, par Dan Swanö, par Kreator et par Warrel Dane (où est la basse ?).
This Corrosion par The Sisters of Mercy et par In Extremo (vais).
No Time To Cry par The Sisters of Mercy et par Cradle of Filth.
Temple of Love par The Sisters of Mercy et par Crematory (clip de Jean Rollin).
More par The Sisters of Mercy et par Shaaman.
Walk Away par The Sisters of Mercy et par Paradise Lost.
Alice par The Sisters of Mercy et par Celluloide (Naphtaline EP en libre téléchargement).

mardi 17 mars 2009

Still not black enough (Samael : Above)

Above, qui eut dû être un projet distinct des Suisses, a fini par être avalé par Samael. L'embryon a simplement été déclassé ou promu, au choix, au rang de nouvel album du quartet. Pas envie de tourner autour du pot : déçu, déçu, déçu. Il faut commencer par dire que Above, pas plus que Solar Soul, n'est le chaînon manquant entre Ceremony of Opposites et Passage comme on le lit imbécilement partout - il n'y a pas de chaînon manquant entre Ceremony of Opposites et Passage si ce n'est l'EP miraculeux Rebellion. Above n'est pas non plus un retour aux sources noires : il faudrait méconnaître l'horrible et malingre physionomie de Worship Him pour l'affirmer. En revanche, c'est bien ce que le groupe a sorti de plus brutal depuis sa création. Impossible néanmoins de parler de retour en arrière : quels musiciens voudraient désapprendre à jouer, à faire désonner leurs riffs ? Aucun - et que le diable soit des atmosphères naïves mais géniales de leurs premiers travaux. Above est un disque uchronique, qui aurait sauté dans notre réalité (« ce qui continue à exister alors même que l'on a cessé d'y croire » dixit P.K. Dick) à la faveur d'un trou noir. Ce pourrait le résultat d'une carrière menée par Samael dans une dimension parallèle, dans laquelle le culte de Bathory serait resté au centre de son œuvre. Passée la demi-surprise (après tout, Samael a-t-il jamais été là où on l'attendait ?), difficile d'être conquis par l'album. L'agressivité semble feinte et Samael ne peut de toute façon pas masquer son profond changement de nature : le groupe autrefois subversif n'est plus assez méchant pour accoucher aujourd'hui ou demain d'un nouveau Ceremony of Opposites.

En cela Samael est victime de son propre paradoxe : difficile pour cette entité à évolution autrefois rapide de tenter de se rappeler l'un de ses précédents états... Above est un album blanc et aseptisé, à l'image de sa pochette, victime notamment d'une production indigente qui affadit considérablement le propos. Que penser de cette insupportable boîte à rythme, problème majeur de l'album ? Proéminente, invasive et inutilement brutale au point qu'elle concurrence The Berzerker sur ses propres terres, elle couvre complètement guitares et voix, ruinant inexorablement l'album (en sus de faire sonner chaque morceau comme le précédent et d'appliquer à l'ensemble un pénible effet de blur). En un mot comme en cent, et malgré ses habituels points forts qui font que Samael demeure un grand groupe, il manque à Above la vile substance du black metal, le vrai, celui auquel l'album se proposait de rendre hommage - remplacer le mid-tempo pestiféré d'un Blood Ritual ou d'un Ceremony par un marteau-piqueur n'était assurément pas la meilleure option, pas plus que ce filtrage de la voix... finissant de l'éteindre. Un mot des paroles illustrant cette dichotomie : loin d'être plus « sombres » qu'à l'accoutumée, comme je l'ai lu quelque part (vous remarquerez qu'on lit finalement pas mal de conneries de façon générale), elles poursuivent cette quête du positivisme intérieur développée par Vorph depuis Passage (il est piquant de comparer le texte de The Black Face avec celui de sa version remise au goût du jour Dark Side).

C'est donc le poison qui fait défaut à ces crocs-là, malgré une bonne fin d'album (In There, Dark Side, le coquin God's Snake, On the Top of It All, malheureusement malmenés par ce mix insensé). D'autant plus dommage que la direction prise par Samael n'est pas faite pour me déplaire, au contraire : pourquoi pas une extraordinaire surprise pour le prochain album, qui devrait continuer à mettre les guitares à l'honneur si l'on en croit l'habituel fonctionnement par triptyque des Suisses ? Credo. En attendant, il est regrettable - et inquiétant - de constater que Samael a désormais besoin de se chercher pour se trouver.

To begin with, Above was conceived as a Samael side-project, like Era One. It should have stayed that way, for Above is truly a failure – or so do I think. Sure, this is Samael’s most relentlessly brutal hour since, well… forever. But man, nearly nothing works in Above : you won’t find here the utter darkness displayed by Ceremony of Opposites, nor the martial coldness featured in Passage – and I’m not even mentioning Worship Him’s Frostian viciousness. Samael were right when speaking about a violent metal album, ‘cause sure it is, but Above feels half-baked, from the beginning to the end (and I won’t even speak of its horrible mix – what the fuck is happening with that invasive, bad-sounding, way-too-loud drum machine ?). Let’s be fair however : you’ll find some decent songs in Above, I’m mainly thinking about the tail end of the record... Not enough by Samael’s standards, though ! What a shame it is for me to write down these lines, ‘cause believe me, I’m a huge, really fuckin’ huge Samael fan. So let’s hope for a better future – their past is absolutely gigantic, titanic, orgasmic. In the meantime, I order you to crawl to your nearest dealer and buy Ceremony of Opposites : now this is black fucking metal - in all its unholy wicked glory.


Above (Nuclear Blast, 2009)


01 Under One Flag
02 Virtual War
03 Polygames
04 Earth Country
05 Illumination
06 Black Hole
07 In There
08 Dark Side
09 God's Snake
10 On the Top of It All
11 Black Hole - Verso Mix (digipack, une horreur qui est à Black Hole ce que Chaos BC était à Chaos AD)

Le site et le Myspace de Samael.

...et toujours :