mardi 27 décembre 2005

In memoriam

Il y a exactement un an et un jour le guitariste-vocaliste de Nasum Mieszko Talarczyk mourrait, ainsi que plusieurs centaines de milliers de personnes en Thaïlande.

Ce décès mit fin à Nasum dont il n'était pas le fondateur mais néanmoins le membre le plus emblématique au point d'en devenir le frontman. La discographie de Nasum se compose de Inhale / Exhale (1998), Human 2.0 (2000), Helvete (2003) et Shift (2004), sans oublier la double compilation testamentaire Grind Finale (2005) et toute une tripotée de splits et EP en tout genre - grindcore oblige.

Nasum est né en 1992 dans l'ombre du groupe de death metal Necrony avant de devenir le projet principal de ses membres, et pratiquait son art dans sa plus pure tradition ; c'est-à-dire en exécutant un grindcore politisé et contestataire dans la « droite » filiation gauchisante d'un Napalm Death.

nota bene : le site de Nasum propose une pelletée de morceaux en libre téléchargement.

It’s been one year day-to-day that Nasum’s Mieszko T. died in Thailand, carried away by "the" tsunami. His band did not survive his death. Nasum’s discography is mainly composed of four albums, as well as many splits and EP - we’re talkin’ grindcore here - and a mammoth-sized compilation (Grind Finale). Born under the Necrony moniker and true to the genre’s commandments, Nasum did provide us with left-wing radical grindcore, à la Napalm Death with whom they shared many stages. Unlike flesh, art is immortal : find a shitload of Nasum' songs here.

samedi 24 décembre 2005

Le chanteur qui savait chanter


Le metal est un genre musical « à voix » (y compris dans ses subdivisions extrêmes puisqu'il faut de véritables performers pour sortir de bons vokills), en particulier dans le heavy metal le plus traditionnel. Le chant lyrico-opératique d'un Dickinson, d'un Kiske ou d'un Halford pour ne citer que les plus éminents représentants de ce courant a souvent plus de connexions avec les techniques vocales classiques qu'avec les vocaux imbibés de Jack Daniel's qui ont fréquemment cours dans le rock.

Dans un registre cependant plus personnel que les musiciens sus-nommés (on n'ose dire les Grands Anciens), il existe un grand oublié auquel je veux rendre justice aujourd'hui : Roy S. Khan. Un artiste doté d'une voix extraordinaire qui transcende encore les albums de Conception - au même titre que la guitare de Tore Østby. Un timbre magnifique, assez sombre mais crystal-clear comme dirait les anglo-saxons, une voix parfaitement modulée exacerbant la sensibilité des compositions du groupe, et surtout une puissance maîtrisée sont ses armes principales. Après avoir ressorti l'autre jour de derrière les fagots Parallel Minds et The Last Sunset, la voix de ce mec m'a complètement sciée et j'ai redécouvert ces deux albums certes datés aujourd'hui, mais qui demeurent des références en matière de heavy metal mélodique nordique (l'origine géographique joue tellement dans le metal !). Car c'est bien là le style pratiqué par Conception, même si le groupe est souvent qualifié abusivement de metal prog. Une manie d'ailleurs ridicule - parmi d'autres - dans notre genre adoré : dès qu'un arpège est doublé, qu'il y a plus d'un break dans un morceau et qu'un synthé traîne dans les parages, l'on se pâme en invoquant la sacro-sainte « progressivité » de l'affaire... voir mes chéris d'Iron Maiden qui ne seront jamais (tant mieux) Genesis !

Bref - c'était l'occasion de reparler un peu de Conception - clairement l'un des groupes les plus sous-estimés des années 90 dans son genre - et surtout de rendre hommage à ce merveilleux vocaliste qu'est Roy Khan. Il ne me reste plus qu'à écouter un peu de Kamelot puisqu'il officie désormais dans ce groupe (que jusqu'ici j'évitais comme la peste sans savoir qui en tenait le micro) ! Pour la petite histoire, Østby continue à souquer ferme dans le monde métallique soit en solo, soit en louant ses services de mercenaire six-cordiste au plus offrant. Quant au troisième larron Ingar Hamlien, il a fondé le passablement black metal Crest of Darkness... un comble quand on sait que Conception avait la réputation d'être un groupe de croyants légèrement prosélytes ! Le patronyme, avec ses gros sabots, annonçait de toute façon la couleur...

Ol’ good metal needs an ol’ good voice, whether labelled extreme, classic, thrash, power, whatever the fuck you want. No one could pull off Halford’s task in Priest, nor Steve Reynolds’ in fuckin’ Demolition Hammer – there are some shoes you just can’t fill. So let me bring back from the past Conception and their great singer – Roy S. Khan. These Scandinavians put out two really good albums, still standing out today, graced by Roy’s voice. What you have here is a melodic and powerful delivery, somber enough when needed but always OTT. Conception is not a well-known name today – its legacy has been forgotten in metal’s official history. Roy Khan has been luckier and went on singing for Kamelot, an established act bigger than Conception ever dreamt to be.

Le Myspace de Conception.

mardi 20 décembre 2005

Considérations théologiques


Les Mayas avaient les leurs, les Incas aussi. Les chrétiens, les juifs et les musulmans ont le leur. Les Gaulois, les Romains, les Égyptiens également. Les vikings aussi. Les Indiens, idem. Les animistes et les shintoïstes ? Pareil. Même chose pour les voleurs, les satanistes, les profondeurs... Les barbares de tous poils en adoraient aussi - par Crom ! Les libéraux vénèrent les leurs, ainsi que les Sumériens (ce ne doit pas être les mêmes... quoique). Lovecraft avait d'ailleurs fait les siens de ces derniers, et les partage avec Trey Azagthoth. La guerre et l'amour en ont un aussi... Les forêts de l'empire du Milieu ? Oui. Les Raëliens également, et on leur souhaite de les rejoindre au plus vite - tous les moyens sont acceptés. Les extraterrestres adorent certainement aussi, et il est peu probable que les hommes de demain s'en passent. Et ceci n'est qu'un début de commencement d'une ombre de liste !

Bref, moi aussi j'ai mes dieux. Leurs principales caractéristiques ? Ils pratiquent le heavy metal comme personne... et prennent le thé tous les jours à dix-sept heures. So british. Et pour conclure cette notule en beauté, on laissera le mot de la fin à quelqu'un qui, tout dieu du heavy metal qu'il soit, ne sera jamais dieu de l'amûr. En témoigne son impayable réflexion sur le sujet : « l'amour, ce n'est pas seulement un homme fuck une amie. Non, ce n'est pas »...

I’d gladly die for Iron Maiden. Maybe the guys will use my decomposed body (I'll give it to them) on stage, as the next Eddie ? Please, just don’t put silly lighting effects up my arse… Just kidding. But yeah, Maiden rules over my private pantheon. If it wasn’t for my girlfriend, I would have Eddie’ statues and figurines all over my place. For all of you guys who do not revere Maiden the way they shall be revered, stop reading this and leave these pages. Forever and at once !

Le site et le Myspace d'Iron Maiden.

vendredi 16 décembre 2005

Artistiquement vôtre !


Assez marrant de constater la parenté entre la pochette de This Godless Endeavor (Nevermore, une des plus belles de 2005) et celle de Into the Mirror Black (Sanctuary) ! Nevermore a été fondé sur les cendres de Sanctuary par Dane, Loomis et Sheppard mais cette proximité artistique des deux jaquettes n'est pas intentionnelle, car le visuel de This Godless Endeavor est une illustration originale non créée pour le groupe - fruit du hasard et d'une rencontre avec Hugh Syme.

Quoi qu'il en soit, longue vie à Nevermore qui poursuit une carrière aussi intègre et exemplaire que son ascension est actuellement fulgurante. Et puis quel frontman ce Warrel Dane ! Pour le plaisir des yeux n'hésitez pas non plus à visiter le site de Syme : un véritable artiste qui n'a commis que peu de fautes de goût (la plus évidente restant l'ignoble pochette du tristounet The X Factor de Maiden) mais qui peut se targuer d'avoir réalisé quelques-uns des plus beaux visuels de l'histoire du rock, tous styles confondus.

Don’t ya think This Godless Endeavor’s cover bears a strong resemblance to that of Into the Mirror Black (by proto-Nevermore act Sanctuary) ? Well, this wasn’t meant to be, as the former wasn’t specifically created for Nevermore. I am not what you would call a Nevermore fan, but one must admit their career is, up to now, an exemplary one. And Warrel Dane’s a better frontman than most. Going back to H. Syme, better remember Nevermore’s last cover art than the disastrous one he did for Maiden !

Le Myspace de Nevermore et le site de Hugh Syme.

mardi 13 décembre 2005

Searing Meadow s'est perdu dans la terre des Mille Lacs... mais avec quel talent !


Récemment reçus, Enduring Enchantment et Corroding From Inside, respectivement dernière démo et premier album de Searing Meadow. Les membres de ce groupe et moi-même partageons un point commun : nous sommes traumatisés par le mirifique Tales From the Thousand Lakes d'Amorphis (soyons fou : le meilleur album de death metal scandinave jamais sorti) et il est donc bien normal que je me sois intéressé à leur cas ! Trêve de bavardage, allons à l'essentiel. Searing Meadow est finlandais et cela s'entend dès le premier - et excellent - morceau Wasted Heroes. Ce qui veut dire que son death metal, aussi mélodique que mélancolique, baigne dans une ambiance septentrionale délicatement givrée et géographiquement identifiable entre mille. Sans épiloguer sur le sujet, l'influence évidente est donc Amorphis. Searing Meadow possède cet aspect doomy et ces relents folk qui caractérisaient les Amorphes dans leur période glorieuse... Un pur bonheur, et c'est d'ailleurs bien là que réside l'âme du combo. On distingue également un côté Sentenced période Amok dans les belles harmonies à deux guitares (tirez sur le fil : au bout de la pelote, Maiden) ainsi que dans le riffing énergique et puissant. Pour en finir avec le chapitre « sous influence », un petit bout de Katatonia est tombé dans la marmite... petit bout qui crie très fort pendant Crystal Blood ! On relèvera enfin la sauce avec quelques riffs épicés directement importés de Göteborg (brutal Mirror of Irony) et la recette est complète.

Mais Searing Meadow n'est pas dépourvu de personnalité pour autant ! On perçoit d'ailleurs un petit côté rock n' roll très intéressant et qui sera, à coup sûr, exploité dans le futur du groupe (le choix qu'a fait Entombed très tôt dans sa carrière - plus un groupe de rock qui joue du death que l'inverse)... En tout cas les membres de Searing Meadow sont jeunes, passionnés et leur musique ne pourra que plaire aux amateurs de death mélodique tantôt épique, tantôt atmosphérique, mais toujours catchy... Un groupe qui donne presque envie d'utiliser le qualificatif « beau » pour décrire sa musique, ce qui est plutôt rare dans le style. Pour rassurer ceux qui partent déjà en courant, précisons qu'on est très loin d'une énième connerie sucrée : c'est bien de death metal qu'il s'agit, « beau » n'étant dans ma bouche pas spécialement évocateur du metal gothic-et-toc qui sévit actuellement... Le groupe n'oublie pas non plus d'être très agressif quand il le faut et maîtrise parfaitement les accélérations hargneuses et vindicatives, sans parler du growling inspiré - l'ombre de Tomi Koivusaari rôde (derrière un sapin).

J'aimerais finir cette note dithyrambique en ajoutant que les mecs de Searing Meadow sont des chics types en plus d'être d'excellents musiciens et j'en profite pour saluer Mika Ikonen (thanks, keep up the good work & up the irons !)... Le site est à visiter, les extraits sont à écouter... et l'album est dispo chez Crash Music ou en s'adressant directement au groupe (la démo est dispo via le site pour cinq euros). Sans trop m'avancer, je pense vraiment que Searing Meadow fera bientôt parler de lui à plus grande échelle.

Searing Meadow is an up-and-coming band hailing from Finland – I have to say their style is tremendously classic Amorphis-infused, and that’s why I love them so much (everyone knows that Tales From the Thousand Lakes is the best fuckin’ piece of metal ever harking from vinlandian territory). But there’s more than meets the eye in there and you can tell the guys have also been listening to Sentenced, Katatonia and more generic Gothenburg metal. And in case you were wondering, yeah, Searing Meadow do have its own sound – we’re not talking about a fuckin’ copycat here. Catchy, moody albeit aggressive, Searing Meadow also features gentleman Mika Ikonen’s powerful growling, a busy man involved in other grim projects. In short, Corroding From Inside kicks serious ass and you’d better get ahold of it now !

Corroding From Inside (Crash Music, 2004)

01 Wasted Heroes
02 All Obvious
03 Another Savior
04 Infamous Lines
05 Crystalblood
06 Mirror of Irony
07 These Evening Tears
08 Fading To Silhouette
09 Blame the Nihilist
10 Three Names For Denial
11 One Phase of Distant Clarity
12 Fading To Silhouette (Part II)

Le Myspace de Searing Meadow.

samedi 10 décembre 2005

A kind of magic


Waldemar Sorychta est un magicien. Son domaine ? Le son. Le petit plus qui fait que ce mec est un génie ? Assez inexplicable, et pourtant il existe bien une « patte » Sorychta. Il suffit d'écouter les albums qu'il a produits pour s'en convaincre. Pêle-mêle : Wildhoney de Tiamat, Mandylion de The Gathering, Wolfheart et Irreligious de Moonspell, Ceremony of Opposites et Passage de Samael, Amok et Down de Sentenced, A Dead Poem de Rotting Christ... liste non-exhaustive bien sûr. Des albums inspirés, occultes, mystérieux et tout simplement diablement efficaces qui forment le haut du panier en matière de metal des 90's. Les amateurs auront reconnu un autre dénominateur commun à tout ce petit monde, outre Sorychta et le Woodhouse Studio : Century Media. Certes, cette boîte est aujourd'hui un peu décriée et certains de ses poulains les plus prestigieux ont quitté l'écurie avec pertes et fracas. Mais Century Media aura permis à tous ces groupes d'enfanter de leurs meilleurs opus sous la houlette de ce maître-producteur. Avant Tägtgren et ses Abyss Studios, avant Nordström et le Fredman, ce mec avait tout compris au son qu'il fallait donner à cette génération montante, agressive et avant-gardiste (pendant ce temps-là le metal plus traditionnel et le « hard rock » se cassaient joliment la gueule : les mid-nineties auront vraiment été les années glorieuses des sous-genres plus « durs » ou plus originaux, pas encore étouffés dans l'œuf par le téléchargement et la surpopulation).

A l'instar de son collègue Dan Swanö, autre producteur de génie de l'époque (combien de classiques sont sortis du Unisound ?), Sorychta avait cette dimension maïeutique en cela qu'il a su faire accoucher ces groupes des albums susnommés, tous indispensables. Des producteurs sachant faire un « gros son », ça court les rues. Des producteurs sachant insuffler dans leurs travaux cette magie que possédait Sorychta sans pour autant vampiriser la personnalité des « patients », franchement c'est bien plus rare et pour ma part je n'en connais pas d'autre. Ne surtout pas louper les rééditions de Ceremony of Opposites (enrichi de l'EP Rebellion, voir la note Le mouvement perpétuel), de Amok (plus l'EP Love & Death), et de Mandylion ! Pour finir ajoutons que Sorychta est un artiste complet qui donne aussi dans l'illustration et la peinture, et qui sort ponctuellement des albums en tant que guitariste au sein du groupe de thrash Grip Inc. (éternel second couteau plutôt intéressant dont le principal titre de noblesse est de compter un certain Dave Lombardo dans ses rangs).

I just can’t get enough of Mr. Sorychta’s productions. Not surprising for a worshipper of the towering darkness of the ‘90s (Tiamat, Moonspell, Samael, Rotting Christ…), uh ? One can’t ignore the fact that all those now-classic, Sorychta-produced bands where part of the Century Media roster – where would be dark, gothic-tinged metal today without CM ? What I call “Sorychta’s magic touch” is his ability to preserve each band's personality, without ever phagocytizing it – the man respectfully stayed in the arty darkness of him while allowing bands like Moonspell to bloom the way they were meant to. As not only a gifted producer, but also a musician, Mr. Sorychta plays along Dave Lombardo in Grip Inc., a pissed-off “europamerican” thrash act !

Le site de Waldemar Sorychta.

mercredi 7 décembre 2005

Symbyosis - On the Wings of Phoenix

Des albums français rivalisant largement, voire explosant allègrement la production internationale actuelle, ambitieux et culottés comme plus personne ne l'a été depuis SUP, bien produits, virtuoses sans être chiants et alliant qualité et quantité, vous en connaissez beaucoup ? Eh bien On the Wings of Phœnix de Symbyosis est de ceux-ci. Une épopée sci-fi blindée d'humanité, de sentiments, conceptualisée magistralement par ses deux géniteurs principaux que sont Corrosive Bob et Franck Kobolt. Le but de cette note n'est pas de faire une grosse critique indigeste et scolaire, mais plutôt de saluer cette œuvre-fleuve comme il se doit : c'est à dire en en parlant, tout simplement...

Musicalement, les deux CD sont un pur bonheur : du thrash-death technique ne versant pas dans la démonstration mais qui fait la part belle aux émotions. C'est puissant, la personnalité des compositions est très affirmée, les riffs sont rock solid, brutaux mais mélodiques, toujours carrés de chez carré. La voix se devait de rendre justice à cette boucherie, là encore le maître-mot en la matière est : efficacité maximale ! Une subtile touche symphonique apporte un cachet supplémentaire à l'ensemble en parvenant à éviter les clichés inhérents à cette formule casse-gueule. Visiblement signé par des gars n'ayant plus vingt ans (et tant pis pour l'élégance, nous ne parlons pas de demoiselles), On the Wings of Phœnix arrache vraiment. Pourquoi cette suspicion taquine quant à l'âge des musiciens ? Tout simplement parce que les influences, très perceptibles, jamais nuisibles, sont tellement digérées, assimilées, intégrées qu'un tel travail de composition ne peut pas être le fruit de musiciens ayant découvert Slayer il y a quatre, ni même dix ans. Non, on a clairement affaire à des vétérans décomplexés qui ont mis toutes leurs tripes dans un album qui se veut aussi, c'est flagrant, un véritable hommage à notre style chéri.

A ce titre, le second CD est génial ! Oserais-je l'avouer, bien qu'il ne se veuille qu'un addendum, c'est peut-être celui que je préfère... pour l'instant. Car à sa décharge, OTWOP ne s'apprivoise pas en une ni même deux écoutes. Outre quelques compos supplémentaires (belle ré-actualisation de certains « vieux » titres), on y trouve des reprises aussi personnelles que réussies (et pas forcément évidentes - reprendre The Loneliness of the Long Distance Runner est une gageure autrement plus intéressante que d'entendre une énième version de The Trooper). A signaler la présence d'un hommage à Napalm Death, très efficace, répondant au doux nom de When Napalm Fits to Skin. La bande à Shane Embury peut se sentir flattée à juste titre. Notons également l'irruption bien pensée du thème d'Amicalement Vôtre sur ce CD bonus ! Fugace et vraiment plaisant. Les deux galettes sont dopées à l'EPO en terme d'idées de production (un peu sèche en revanche) : personnellement je suis un grand fan des effets de voix (vocoder et autres) qui rappellent ici Air ou Daft Punk (oui), là le grand Pestilence, et encore ailleurs Cynic... Il est du reste évident que la scène technodeath américaine - vieille de quinze ans mais toujours à l'avant-garde, quel paradoxe - a beaucoup marqué Kobolt, le principal compositeur : flagrant dans les passages plus ambiancés et les soli « spatiaux » propres au style.


Outre la musique qu'il contient, On the Wings of Phœnix est aussi un des plus beaux objets metal qu'il m'ait été donné de voir depuis longtemps : l'illustration de couv' est magnifique et les deux livrets sont sublimes... Se voulant un complément indispensable à l'histoire déroulée par la musique, ces œuvres sont nourries à diverses sources que l'on identifiera... ou pas (mention spéciale au commando robotique frappé du nombre 777). Pour attiser la curiosité, je ne peux que relever, sans en dire plus, le beau clin d'œil adressé à St Seiya. La classe. Bon, n'en jetez plus, la coupe est pleine : le fait est que Symbyosis vient de réaliser un album somptueux que l'on a envie d'aimer et de soutenir inconditionnellement ! Faut pas oublier qu'on est en France, pays peu propice au metal et mal servi par une presse spécialisée longtemps honteuse (à tort) de sa propre scène... L'exemple le plus douloureux restant Massacra, Sodom français réduit à faire un ersatz de carrière outre-Rhin plutôt qu'ici - nul n'est prophète en son pays (en revanche il est de bon ton de les citer aujourd'hui...). A ce propos, désolant de constater que le dernier Hard n' Heavy n'ait accordé qu'une petite chronique vite torchée à ...Phœnix . On n'est pas obligé d'adhérer, on peut ne pas aimer... mais bordel un peu plus de soutien (une interview ou un article évoquant la gestation difficile du projet) aurait été mérité... Au lieu de ça on adoube une énième fois les pénibles SOAD sur dix pages.

Bravo Symbyosis, j'attends la suite avec impatience. Bilan très, très positif, grand album doublé d'un second disque remarquable, travail graphique fabuleux et ambition « force tranquille » jamais arrogante. On oubliera l'anglais pas toujours au top pour retenir l'essentiel : On the Wings of Phœnix est une œuvre d'art au sens premier du terme qui mérite toute l'attention du public metal. Ne pas graver, ne pas copier : à acheter pour le groupe... et pour ne pas se priver de la magnificence du packaging.

nota bene : comme un écho à la note précédente, je viens de remarquer que cet album est dédié à Schuldiner et à Darrell...

Man, last time I saw such an ambitious record as On the Wings of Phoenix was a very long time ago. Packed with a naive high adventures, moving sci-fi concept, I cannot decently ignore that massive (and French !) release. What you’ll find here is your typical techno-thrashin’-hard hittin’-death metal, flawlessly executed by slayeresque barbarians on the top of their game. For all of you symphonic-stuff lovers, OTWOP adds an orchestral edge to its relentless brutality. Don’t miss the second CD (yeah, that monster comes in two fucking parts) : it contains enjoyable covers such as The Loneliness of the Long Distance Runner as well as a tribute to Napalm Death – a good one, that is. And by the way, you do remember The Persuaders’ main theme, right ? So give OTWOP a try – you'll thank me later. Let me add a word about the packaging : fuckin' brilliant piece of art ! CGI magnificence (for once !) bursts within each artwork, referencing today’s pop-n-geek culture – I’m thinking of Saint Seya right now. For sure these metal froggies know the name of the game ! Do not download, or the boogie man will come to rip the fuck out your nuts at night.

On The Wings Of Phoenix (Hidden Association, 2005)

CD1 - On The Wings Of Phoenix
01 The Arrival
02 Truth
03 The Venom
04 Dilemma
05 Seizure of Power
06 War Phenomenon
07 Cupidity
08 Famine
09 Disease
10 Death Apogee
11 Peace

CD2 - Phoenix Ashes
01 Crusades Part IV
02 Crusades Part V
03 Crusades Part VI
04 Life
05 Dreamchild
06 The Loneliness of the Long Distance Runner
07 Read Between the Lies
08 Trail of Tears
09 Twisted Truth
10 When Napalm Fits to Skin
11 Quest of the Dolphin
12 Little Princess
13 Princess Ending

Le site et le Myspace de Symbyosis.

lundi 5 décembre 2005

Deux poids, deux mesures ?


Par peur d'un malentendu ou d'être mal compris, clarifions tout de suite la situation : la mort de Dimebag Darrell il y a quasiment un an jour pour jour est une tragédie tant humaine que musicale. Mais force est de constater que nos chers médias soi-disant dévoués à la cause métallique ont osé faire un choix entre deux hommes, entre deux hommages, un choix dicté par le porte-monnaie. Combien de couvertures mettant à l'honneur Dimebag depuis son odieux assassinat ? Et combien consacrées à Chuck Schuldiner ? La presse française, début 2002, fidèle à sa légendaire incompétence, avait été totalement infoutue d'accorder une seule première page au génial architecte de Death (hormis Metallian, rendons à César ce qui lui appartient - et c'est pas souvent, dans le cas de ce canard). Une véritable honte que personnellement j'interprète comme une marque d'irrespect. Death a beau être un groupe révéré par des légions de fans, malgré l'héritage immense que laisse ce groupe, il demeure en 2005 relativement cantonné à l'underground métallique - et son intérêt financier reste donc limité pour les éditeurs - ce n'est pas exactement le cas de Pantera. Et même si les albums de Chuck continuaient à se vendre dans cent ans (ce qui est probable - la mort précède souvent le génie de nos jours), il est acquis qu'en 2105 les chiffres de vente de Death ne rivaliseraient pas avec ceux de Pantera en 2005.

Pour autant la trace que laisse Schuldiner dans le metal est indélébile et le triptyque miraculeux Human - Individual Thought Patterns - Symbolic n'a pas fini de susciter des vocations. Pantera laisse aussi une carrière très riche derrière lui, et il n'est pas question de comparer qualitativement les deux combos - et encore moins les deux guitaristes. Mais sincèrement, on ne peut qu'être surpris devant une telle différence de traitement. Rock Hard (je crois) avait péniblement essayé de faire acte de contrition en publiant un article tardif (et pas forcément respectueux !) sur le musicien, mais enfin merde, une petite couv', une seule sur Chuck, c'était le bout du monde ? Apparemment oui, faut dire qu'entre cinq couvertures dédiées à Rammstein, trois à SOAD, deux à Nightwish et le reste à Audioslave, il n'y avait effectivement plus de place pour Schuldiner. Quant aux autres (Hard n' Heavy et Hard Rock pour ne pas les nommer), c'est à peine si un entrefilet fut consacré à cet artiste, l'un des plus talentueux qui fut dans la sphère extrême. En revanche là encore, en un an, on ne compte plus les unes et les pages dédiées à Dimebag Darrell. C'est plus vendeur : le porte-monnaie à ses raisons que la raison ignore. Comme l'ont dit AC/DC et Metallica, « money talks ».

RIP Chuck, RIP Dimebag (respectivement morts il y a déjà quatre ans pour le premier et un an pour le second). Et RIP à tous les autres : Baloff, Wayne, Samuelson, Mausolus A. Von Kiszka, Quorthon, Piggy (idem : pas une seule une pour ces deux mecs qui ont révolutionné le metal extrême moderne, c'est pas une aberration ça ?), etc. Soyez vigilants : il est possible que nos chers canards spécialisés vous informent des prochains décès importants. Guettez-les entre une news consacrée au mariage de Marilyn Manson et une autre consacrée au tatouage anti-masturbatoire du guitariste de Korn. So fucked-up, dude, comme dirait Tommy Lee !

It is a shame, but I don’t think Chuck Schuldiner’s trespass has been decently covered back then. I mean, there’s Dimebag all over the place – and that’s fine by me, no disrespect, but what the fuck about Chuck Schuldiner ? Not a single fuckin’ French metal ‘zine, with the notable exception of one, did honor Schuldiner by putting him on its cover. Money talks and I believe that’s why there wasn’t so much noise around Chuck’s death – we can only hope time will give him back what he deserves. I'm tired of being force-fed with bullshits such as Rammstein, SOAD (oh man…), Nightwish and other overhyped acts. I can’t believe my eyes when I look at today’s metal press – no wonder why it’s totally eaten away by its Internet counterpart. I mean, fuck, what about Baloff, Wayne, Quorthon or even Piggy sadly taken away from VoiVod ? I’m fed up reading retarded stories about Manson’s dick or Korn guitarist’s newfound stupid faith. Give us the real deal – and Chuck Schuldiner was the real deal when it comes to metal, as much as Dimebag was, too.

Empty Words, le site-hommage dédié à Chuck Schuldiner.
L'hommage rendu à Dimebag Darrell par Sebastian Bach.

vendredi 2 décembre 2005

L'Empereur Contre-Attaque

Photo - l'une de mes favorites car témoin de la furia adolescente de l'Empereur d'alors - prise en 1993 lors de la tournée avec les vampires de Cradle of Filth. Les norvégiens ouvraient pour les anglais (virez le directeur de casting).

Une bonne année métallique, ça s'évalue en fonction des albums sortis mais aussi au regard des annonces faites au public, certaines plus prometteuses que d'autres. En ce qui concerne le premier paramètre, 2005 aura été un millésime savoureux : quelques véritables chefs-d'œuvre ont paru ces derniers mois. En ce qui me concerne les blockbusters de l'année sont les derniers opus de Gojira, Destruction, Annihilator et Helloween (en gros 2005 est un remake de Papy fait de la résistance, si l'on exclut les jeunes français). Le second paramètre permettant de juger de l'intérêt de l'année, c'est donc son cortège de news. Et pour moi, incontestablement, l'événement c'est l'annonce du Retour du Roi, que l'on pourrait sous-titrer l'Empire Contre-Attaque. Bref, tout le monde a compris : l'ombre de l'Empereur s'étend à nouveau au-dessus du monde métallique, le monarque semble prêt à reprendre une couronne dont personne n'a été véritablement digne depuis son auto-sabordement. Et gageons qu'il le fera par la force ! Les shows récents semblent avoir ranimer la flamme : Ihsahn, Trym et Samoth pourraient bien revenir avec un album sous le bras avant qu'on n'ait le temps de dire « ouf ».

Alors quoi ? C'est un parjure ? Un défi ? Une erreur qu'il faudra commettre pour être réalisée ? C'est vrai que cette annonce semble plutôt incongrue... Emperor s'était retiré des affaires avec une classe seulement égalée par Immortal, entité ayant splittée elle-aussi au faîte de son excellence artistique. Deux groupes souffrant si peu la médiocrité, qu'ils ont préféré mettre un terme à leur carrière avant de commettre un éventuel faux-pas. Désormais l'attente succède à l'incrédulité et pour être tout à fait franc cette décision est un peu décevante question « attitude » : c'était si parfait de finir ainsi ! D'un autre côté un groupe aussi unique et intelligent ne pouvait pas avoir tout dit en si peu d'albums... à moins de se perdre ? Et le dernier chapitre - plus un album solo d'Ihsahn qu'un véritable Emperor - était si abscons, si dense, si impénétrable... qu'après tout il suggérait qu'un jour, les pièces manquantes au mystère Emperor seraient ajoutées. Et ce jour semble se concrétiser.

En tout cas si album il y a, ce n'est pas non plus pour demain : laissons d'abord l'Empereur se recomposer puis se réinventer. Espérons seulement qu'Ihsahn et Samoth nous préparent une troisième phase de carrière encore plus géniale que la deuxième (je mets délibérément de côté la première : la période 91-94 est indétrônable et l'Album de Black Metal Ultime s'appelle, pour encore de nombreux éons, In The Nightside Eclipse). Énigme à cent balles : comment faire mieux que Thus Spake the Nightspirit ou With Strenght I Burn ? Pour l'instant, ne je vois pas. Long live the mighty Emperor !

2005 was a good millesime for metal : I never thought I would fall in love with Gojira’s From Mars to Sirius, but this record’s a milestone in death metal history (as well as the long-awaited second coming of French death metal since the heydays of personal favorite Loudblast). Helloween and Destruction did put out pretty decent albums too, as well as Annihilator, ready to take over the world a second time – well, maybe. But isn’t the most important momentum of the year the return of fuckin’ Emperor ? Recent gigs went very well it seems, so why not imagine the mighty horde releasing a new album ? To tell the truth, I’m not so sure that would be a truly brilliant idea : the band’s split was a classy one, only matched by Immortal’s. Why the return now ? On the other hand, Prometheus remains so hermetic today – don’t you think it screams for a heir to be enthroned a second time ? But hey… if Emperor is ever likely to put out another release, how would it top Nightside Eclipse or Anthems to the Welkin – and is it only possible ?