mardi 25 octobre 2005

Le mouvement perpétuel

Enfin ! J'ai pu mettre la main récemment sur l'EP Rebellion de Samael lors d'une foire aux disques. Bien qu'en connaissant les morceaux pour les avoir quelque part sur une K7 datant d'Hérode, il fallait que je le possède en version originale. Car Samael ne mérite pas d'être dupliqué. Album après album, cette entité (trop réducteur de parler de groupe) a construit un socle servant de fondation à une bonne partie de la scène dark metal actuelle... bien qu'elle se soit depuis longtemps affranchie de quelque style que ce soit. Samael fait du Samael, point. Après avoir sorti deux albums lorgnant du côté de Celtic Frost, Hellhammer et autres combos typés Bathory première époque, le masque tombe et le monstre se dévoile en 1994 avec le terrifiant album Ceremony of Opposites. Depuis, chaque nouvelle offrande ne fait que confirmer une métamorphose perpétuelle, brillante, et si Samael a récemment insufflé un groove à sa musique en perdant un peu de son côté martial, sa puissance évocatrice ne faiblit pas.

Désormais vétéran, Samael poursuit son cheminement et ce n'est pas le démentiel Reign of Light qui démentira cette ascension. Reign of Light... Si on avait dit il y a dix ans à Vorph and co. qu'ils nommeraient ainsi un de leurs albums, ils auraient probablement éclatés de rire... mais en se disant tout de même « et pourquoi pas ? ». Samael a toujours été richissime de lui-même et son potentiel est infini : de l'ombre à la lumière, pour s'en retourner inexorablement vers l'ombre, son parcours est cyclique, mais d'une intelligence tout simplement bluffante. Cultivant le paradoxe, le goût pour les oxymores et la réunion systématique des opposés dans ses paroles, Samael a aussi joué avec le feu... mais ce passé parfois sulfureux n'est qu'une richesse de plus à envisager dans la globalité de la carrière de ces surdoués. Et les esprits chagrins sont priés de consulter les paroles de On Earth avant de cracher leur venin sur un groupe respecté... car respectable.

Pour en revenir à Rebellion, ce mini vaut principalement pour son morceau-titre (« Rebellion / Instinct is not the path of man ! »), par la nouvelle version de Into The Pentagram (trois accords et une ambiance pour un morceau qui figure au panthéon du metal sombre), mais aussi pour la reprise très personnelle du I Love The Dead d'Alice Cooper, qui donna pour la première fois la possibilité à Samael d'exprimer son sens de l'humour très spécial. Que dire de plus sur ces suisses perpétuant la tradition d'excellence de leur pays après Celtic Frost et les immenses Coroner ? Et surtout qu'est-ce que Samael, au fond ? Un manifeste pour la libre-pensée, une philosophie de vie, un refus du dogmatisme systématique, et encore tant de choses... Mais finalement Samael peut être résumé en un seul mot : liberté. Intellectuelle, physique, artistique et musicale. Liberté.


At last ! I finally got hold of Samael’s Rebellion in a second-hand records fair. I already own it since forever, but hey, how do I read my worn-out tapes in the XXIth century ? I am a long-time fan of this Swiss act, an entity clever enough to reinvent itself with every fuckin’ new album they put out. Watch out for the newfound “infectious groove” they implemented in their music with Reign of Light, an album which reeks of artistic freedom from the beginning straight to the end ! In hindsight, it must be a funny thing for these guys to name a record Reign of Light – come on, Samael was so fuckin’ dark and gloom and sad for so many years ! But it’s no surprise, yet, since the band loves to trick-and-treat its audience with daring endeavours since the monstrous Ceremony of Opposites. And please, if you don’t like some things now belonging to their past, shut the fuck up and show at least some respect, you deathcore listener… But let’s hark back to Rebellion and let me tell you why you can’t miss it : first of all, the title-track is a helluva one, complete with its fist-pumping chorus and rampant, mean riffing. Secondly, you will fall from grace by listening to the reworked classic Into The Pentagram. And finally, you’ll gladly sell your worthless soul for the cunning cover of I Love The Dead, borrowed from Alice Cooper. Is that enough ? What the fuckin’ fuck are you still standing there for ? Indeed, a case of buy-or-die affair. Run !

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