samedi 19 juin 2010

Watain, what else ?


Sworn to the Dark avait fait son effet en 2007 : la sainte-trinité cradoque et peinturlurée d'Uppsala, outre un don certain pour les travaux pratiques (voir l'attirail scénique), avait su policer son metal noir via une profondeur mélodique inédite et l'éloignant, c'est vrai, des cryptes et autres transis parfois monodimensionnels du black metal. Et malgré le fracas des chroniques positives, le consensus n'était pas au rendez-vous. Principal reproche (que je ne partage pas) : un côté Dissection trop prononcé. Et c'est vrai que Watain était alors, comme la femme de Cassavetes, sous influence : difficile de ne pas voir son metal teinté par le négativisme de Jon Nödtveidt lorsque l'on a ouvert pour la tournée Reinkaos et que l'on a, dans le cas de E, tenu la basse et réalisé des artworks pour Dissection.

Arrive Lawless Darkness, et quelle tarte tatin avec lui ! Fin dans sa brutalité, chaotique mais compréhensible, glacial tout en exhalant cette poussière cryptique garantie par le Necromorbus Studio, cet album est à mon avis le vrai tournant de leur carrière. Où se loge sa magie ? Dans cette mélopée constante et bruitiste, contrastée par ses accents heavy metal ? Dans le sempiternel de ses fondations rythmiques, artifice classique du style, agrémentées d'un riffing acéré comme jamais et décliné en de longs mouvements ? De Reaping Death, tuerie norvégienne commise par ces suédois et agrémentée d'un solo slayerien, à Total Death, berceuse dont on doit la prose primesautière à Helmkamp (Angelcorpse), en passant par l'égotique Wolves Curse, Lawless Darkness fait en tout cas ce qu'on lui demande : il ravage l'auditeur comme la syphilis ravageait la peau des femmes d'Henry VIII. Reste à mentionner la dernière piste (j'omets la reprise de Death SS qui jure avec le reste) : Waters of Ain et son ambiance « océan de mercure extraterrestre », distillant une furie peu à peu entamée par l'Entropie dont nous parle Watain depuis son premier album. Ou quinze minutes d'une habile montée en puissance, ponctuée par Carl McCoy de Fields of the Nephilim. On atteint le Beau sans le vouloir, paraît-il : Waters of Ain est le fermoir idéal de l'œuvre - peut-être pas un nouvel Inno A Satana, mais celui de Watain, c'est certain ! J'hésite à émettre un reproche qui concernerait la longueur de l'album, car Lawless Darkness a besoin de prendre son temps pour étendre ses ailes noires et décharnées. Est-il utile de rappeler qu'il s'écoute, comme tout grand album de black metal, au casque et loin du monde ?

Je ne vois pas par quelle magie noire les suédois pourraient pousser cette formule plus loin : Lawless Darkness est l'alpha et l'omega du black metal, en 2010 et pour quelques années à venir. Il faudra faire autre chose, et Watain est assez intelligent pour l'avoir compris au moment où il gravait ce requiem dans la granit du Necromorbus. La couronne de meilleur album black metal de l'année vient d'être ravie (presque) sans effort au nez et à la barbe d'Arckanum, que j'avais pourtant adoubé dans une notule dithyrambique. Enfin, et qualité non négligeable du groupe, Watain a le don comique de faire sortir du bois, à chaque sortie, tous les trous du kulte numériques de France et de Navarre : les forums des « gens qui savent » sont, actuellement, un délice à parcourir.

Sworn to the Dark did sell well, but the Watain guys stand by their old wardrobes and did not change anything as far as their appearance is concerned. Meaning, they still attach dead fuckin’ rats around their skinny necks. Rad, isn’t it ? Fuck, I want one, too. Music-wise, this is a whole other story, and I’m not sure I want to tell it here. Yeah, I’m afraid you’ll have to buy it. What I can say though, ‘cause I hear you insisting on here, is that Watain lost its Dissection-coloured edge characterizing the last album. More accurately, Watain did trade it for its own blades, rediscovering and, well, refining its identity along the way. Sure, they're not dwelling anymore underneath the underground. Sure, this is a bit more harmless, a bit less dirty and dusty. But still it reeks of rotten carrion and still it will blow your ass up ! So although more melodic and thrashier, Lawless Darkness is, I really do believe it, an instant classic. Energized with fist-pumping, heavy metal-inspired chorus and riffage, adorned in a stunning (not shitting you) digipack enhanced with over-the-top sinister artwork – not your classic fuckin’ Gustave Doré rip-off -, Lawless Darkness is a monstrous killing machine, ravaging and destroying everything with its melodic yet hyper-violent brand of black metal. As always, do not believe what you can read everywhere on the net – Watain is making it, without faking it. Now fetch all the rats saying otherwise, tie ‘em by their tails, sing Mütiilation’s “Rattenkönig”, and just eat ‘em up. This is my version of our French “La Souris Verte” song.

Lawless Darkness (Season Of Mist, 2010)

01 Death's Cold Dark

02 Malfeitor
03 Reaping Death
04 Four Thrones
05 Wolves Curse
06 Lawless Darkness
07 Total Funeral
08 Hymn to Qayin
09 Kiss of Death
10 Waters of Ain
11 Chains of Death

Le site et le Myspace de Watain.

vendredi 11 juin 2010

Soldiers of Infortune, Ou Comment Bolt Thrower Peut Sauver Une Soirée Qui Avait Pourtant Fort Mal Débuté


L'avalanche de groupes mêchus et ripolinés, squattant les pages de news de Terrorizer, a tendance à m'irriter fortement. Pourquoi continue-je à lire ces pages, je ne sais... Aucun feeling, un son tellement synthétique que même le menton des frères Bogdanov fait plus naturel, des artworks plus photoshoppés qu'Arielle Dombasle... Et ces noms, mes aïeux ! Ces noms... A coucher dehors avec un billet de logement. D'ailleurs, c'est pas des noms, c'est des phrases. Through the Eyes of the Dead, Bleed From Within, The Dead Lay Waiting (putain ils sont affreux eux), Annotations of an Autopsy, Success Will Write Apocalypse Across the Sky (vous voulez vraiment un commentaire ?), The Eyes of A Traitor... Argh !

Posant mon Terrorizer, je rejoins ma moitié en train de s'abrutir devant un célèbre télé-crochu de M6. Après une première déception (Virginie Guilhaume est en pantalon), je constate avec une affliction résignée que désormais, le dernier des bobos gesticulant dans cette chose télévisée se sent obligé de faire la manu cornuta dès que l'ombre d'une rachitique guitare électrique se profile (en fait, y'en a même un qui a fait Notre Signe pendant un morceau acoustique. J'ai failli pleurer). Frisant l'apoplexie après tant d'agressions, dépossédé, après une énième « corne du diable » sur du William Baldé, de tout ce qui fait de moi ce que je suis (c'est-à-dire un vieux con aigri, tout de suite), je pose un regard torve non pas sur Virginie Guilhaume, mais sur le CD qui traîne à côté de mes Kinder Pingui. Bolt Thrower, Mercenary. Un mot pour le titre de l'album, deux pour le patronyme (pour moi c'est suffisant) et trois secondes pour mettre les écouteurs : Annotations of an Autopsy n'a jamais existé. Les Betraying the Martyrs ne sont pas français (oui, moi aussi, parfois, y'a des choses dans ce pays qui me font honte). La compilation Masters of Brutality III va sortir un jour. La Nouvelle Tare perd toute sa nocuité et Ramon peut bien faire les cornes du diable à Philippe Manœuvre, je m'en fous : ils sont tous « zeroed », comme s'intitule la première piste de Mercenary.

Délaissant ma mie pour mon death metal (comme souvent), je me vautre dans le groove mid-tempo de Bolt Thrower. Je m'abandonne à ce cassage de tête britannique, le plus gros depuis la guerre de Cent Ans, qui n'est plus reconnu à sa juste valeur (malgré un héritage qui prend de l'importance, cf Amon Amarth ou Heaven Shall Burn). Je scrute interminablement cette jaquette signée Peter Archer, qui sortit quelque peu Bolt Thrower de son injustement réductrice réputation de « groupe à Games Workshop » (pour information, la vignette ci-dessus n'est pas l'illustration qui orne ce très sous-estimé Mercenary). Je me repais des lents mouvements de la musique des Bolters, pilonnés par une batterie inexorable, et de ces mélodies étirées, épico-sinistres qui terminent systématiquement les phrases rythmiques. La musique de Bolt Thrower adoucit les mœurs : Annotations of an Autopsy peut exister. Ramon a le droit de faire les cornes pendant une bossa nova. Philippe Manœuvre a simplement oublié de mentionner Ronnie James pendant l'émission. Je vais vraiment rester devant la Nouvelle Tare. Mais avec mes écouteurs. Et après Sixth Chapter, j'insèrerai dans cette antiquité nommée discman l'album suivant, Honour - Valour - Pride. Et tout ira bien.

Fuck, what an incredibly-lame-evening. I just can’t stand anymore all those new dumbass, lengthy, deathcore (fuck me) bandnames. And my eyes can’t bear either the sight of their often atrociously photoshopped artworks. Fuck, I know my English is often Engrish, but only Balinese syntho-gay-metal acts should be allowed to call themselves Success Will Write Apocalypse Across the Sky (what the fuckin’ fuck ?!?). To answer your question, no, I don’t have listen to it and I won’t. So throwing away my Terrorizer I decide to watch fuckin’ French Idol (yeah I know, what the fuck is Sheol doing here – I don’t even know myself). Seeing some fucktards on that retarded show throwing horns without ever knowing about Ronnie Dio was too much and I grabbed my MP3 player and abandoned myself to the chaotic music of the Warmasters themselves – namely Bolt Fucking Thrower. Mercenary is a really strong and underrated album and, last but not least, it really saved my incredibly-lame-evening !!! But that was a close call and I just feel like saying "fuck" another time. Fuck.

Bolt Thrower - Mercenary (Metal Blade 1998)

01 Zeroed
02 Laid To Waste
03 Return From Chaos
04 Mercenary
05 To The Last...
06 Powder Burns
07 Behind Enemy Lines
08 No Guts, No Glory
09 Sixth Chapter

Le
site et le Myspace de Bolt Thrower.