vendredi 27 janvier 2006

La fin de l'éclipse ?


Amorphis fait définitivement partie des groupes qui ont le plus compté pour moi, et les voir revenir avec un nouveau chanteur chargé de succéder au grand Pasi Koskinen est aussi excitant que... flippant. Après un Far From the Sun en demi-teinte, pour ne pas dire médiocre, la prochaine fournée des finlandais (quelle surprise n'est-ce pas ?) nommée Eclipse se doit de relever le niveau, et je dois dire que le single House of Sleep est plutôt engageant malgré l'absence de vocaux death. Amorphis a cependant annoncé leur retour sur cet album, et j'imagine qu'un single - par essence censé appâter le chaland - blindé de growls n'aurait pas été une idée des plus judicieuses (sauf pour moi). Quoi qu'il en soit, l'attente est aussi cruelle que les espérances sont grandes ! Qui aime bien châtie bien, et Amorphis s'est embourbé dans une seconde partie de carrière décevante pour qui se souvient des débuts extraordinaires du groupe. Le sieur Koskinen ayant décidé de voguer vers des cieux commercialement moins cléments, mais artistiquement plus gratifiants pour lui (Ajattara et Shape of Despair au sein duquel il évolue avec sa moitié), le groupe doit impérativement retrouver un deuxième souffle et transformer ce changement de line up en transition salvatrice. Le potentiel est là, Eclipse arrive le 17 février, et il sera alors temps de juger le nouveau Amorphis sur pièce. Les gaillards ont d'ores-et-déjà toute ma confiance !

Pour rappel, Amorphis déboula en fanfare au début des années 90 avec un album et un mini tout à fait honorables (Karelian Isthmus et Privilege of Evil) avant de casser la baraque avec Tales From the Thousand Lakes, un album unique en cela que je le jurerais composé pour moi (oui j'ose) tant il se conforme à mes goûts en la matière. Vous savez, cette sensation que l'on a en écoutant un truc qui nous parle tellement qu'on se dit « c'est pas possible, c'est quelque chose qui m'est tellement proche que j'aurais pu / voulu le faire moi-même »... Gorgé de mélodies traditionnelles électrifiées dans les graves et transcendé par un toucher guitaristique magique, puissamment produit, naviguant entre heavy doom et death metal nordique, Tales From the Thousand Lakes reste un joyau qui ne souffre aucune comparaison, bercé par les mythes et légendes du Kalevala (corne d'abondance des textes mélancoliques des Amorphes). Un album qui restera à jamais dans l'histoire du genre ! Tous les éléments faisant l'originalité de ce disque furent poussés à leur paroxysme dans le successeur Elegy, un pur chef-d'œuvre lui aussi même s'il demeure à mon humble avis un ton en-dessous de Tales...

Consacrant l'éloignement des rivages death metal en faveur d'un heavy rock multipliant les clins d'œil aux seventies, Elegy fut lui-même suivi par d'autres disques qui ne virent jamais Amorphis revenir à son meilleur niveau. Dernière précision : à l'instar du fondateur Like An Everflowing Stream de Dismember, Tales... fut composé par des gamins d'à peine seize ans... Au mieux ça laisse rêveur, au pire ça donne envie de faire du petit bois avec sa guitare !

I’m in love with Amorphis since forever – so there’s a bit of anguish in seeing ’em coming back with a new singer (Koskinen’s raspy yet melodic vocals are truly unique). That being said, Far From the Sun, however, was not a very good album by Amorphis’ standards. Eclipse shall be better and we're already forwarned the death growls are back – yummy-yummy, isn’t it ? Go for it ye Amorphous Ones ! I don’t feel like adding much more to my appreciation of Tales From the Thousand Lakes – fuck, I already did in French, a beautiful language that you shall learn in order to apprehend all of this weblog’s wondrous wonders. All you have to know is you need Tales From The Thousand Lakes. Yeah, sure, you need it – you just don't knew it yet.

Le clip de House of Sleep.

Le site et le Myspace d'Amorphis.

dimanche 15 janvier 2006

Scream for me John Lennon !


Eh bien ! Tout n'était pas gagné d'avance. De longue date, pourtant, le samedi 14 janvier 2006 égalait « grande soirée metal » dans mon esprit, le moins que l'on puisse dire d'une prestation commune de ces deux monstres sacrés que sont Samael et Obituary. Mais les mathématiques n'ont jamais été mon fort et une charmante inconnue xx vint délicieusement troubler cette fragile équation. Bref, le samedi risquait fort d'être une grande soirée (sic), mais pas forcément metal. Et c'est ainsi que je me résignais - sans trop de tristesse, j'avais la meilleure des excuses - à annuler ce concert. Tout aurait dû finir là, et cette note ne jamais voir le jour... Mais le destin en décida autrement. Il emprunta la forme d'un coup de fil sucré me proposant d'avancer d'un soir le programme du samedi. Et c'est ainsi que tout rentra dans l'ordre in extremis : j'allais pouvoir travailler les relations humaines le vendredi, ce qui me permettrait finalement d'assister au concert le lendemain... c'est à dire hier soir ! Deux cent trente bornes aller, autant au retour, rien de bien méchant en somme pour aller voir ce gig en terre limousine. La salle John Lennon est vraiment un chouette endroit pour ce genre de concert, encore une fois je tire mon chapeau au travail de passionnés que fait Execution Management depuis des années : un jour où l'autre, ces mecs arriveront à faire venir Metallica. Façon de parler, mais bravo. Après avoir déjà vu là-bas Cannibal Corpse, Immolation, Sup, Loudblast, Therion, Tristania, Scarve, Cathedral, Septic Flesh, j'en passe et des meilleures, la scène accueillait hier donc Samael et Obituary, soutenus en première partie par Maroon. Procédons par ordre...

Maroon m'avait été présenté comme un combo typé hardcore, ce qui dans ma tête est synonyme de « tous à la buvette ». Eh bien, ce fut plutôt une bonne surprise. Sur album, je ne sais pas ce que ça donne (et je m'en fous), mais en live on a plus affaire à un bon groupe de melodeath qu'autre chose. Certes, un petit côté core était présent, mais pour que je le supporte il fallait qu'il soit bien discret. Pas besoin de Sherlock Holmes pour déduire que ces mecs connaissent leur petit At The Gates / In Flames illustré sur le bout des doigts. Sympa comme tout, bonne attitude, un frontman efficace, un set énervé mais bon enfant, bref, sympathique. Puis vint Samael ! Comme souvent, le groupe désarçonna une partie du public de par son côté très synthétique, martial mais désormais très light. Eh oui, il faut bien se dire que le Samael d'il y a dix ans est mort et enterré. Étant plus que client de la bande, j'ai trouvé le show excellent à tous niveaux, le groupe impérial, l'interprétation magistrale. La grosse tarte ! Le tout servi par un son très bon et indispensable à nos petits suisses. Xy reste l'une des principales attractions scéniques de Samael : ce mec est un vrai performer qui jongle perpétuellement entre synthés, samples et percus ! Sportif... Son frérot Vorph est toujours aussi impressionnant : il n'a pas bougé d'un mètre pendant le concert mais a paradoxalement occupé l'espace à lui tout seul. Penser à mettre « Vorph » dans le dictionnaire des synonymes, au mot « charisme ». Seul regret, un seul extrait de Ceremony of Opposites, en l'occurrence Baphomet's Throne. Moment fort et représentatif du nouveau Samael : On Earth et ses paroles constituées de l'énumération rythmique des les grandes capitales du monde. Magique !

Les maîtres de cérémonie, Obituary, sont de véritables légendes vivantes et n'ont absolument pas déçu. Leur (nouveau) come back est réussi, et scéniquement ils sont au top niveau... hormis le fluet Allen West (par comparaison aux gabarits impressionnants - et insoupçonnables en photo - des autres membres). West est au bout du rouleau, on sait qu'il a de sérieux soucis avec la bouteille... et ça se voit. M'enfin, ses soli restent excellents. Pour le reste, ce fut bien le cassage de tête en règle attendu... Des extraits de tous les albums, le mythique Slowly We Rot en rappel, un son bien gras, bien roots, des intermèdes instrumentaux très réussis (hormis un solo de batterie chiant comme un solo de batterie), la présence monstrueuse (vraiment !) d'un John Tardy éminemment sympathique et fidèle à sa réputation... Quand Obituary quitte la scène, on se dit que ces vétérans maîtrisent tellement leur sujet qu'ils ne le dominent même plus, ils le survolent. Dans le domaine mid-tempo, leur spécialité, incontestablement le meilleur groupe de death metal du monde avec Autopsy. Petite ombre au tableau néanmoins : le set des floridiens était beaucoup trop haché entre les morceaux (soucis techniques ?) et malgré l'exécution imparable, la dynamique générale du concert manquait de pêche. Au final, concert à la hauteur de l'affiche ! Vendredi soir, la belle, samedi soir, les bêtes, j'ai connu pire fin de semaine.

It is a great metal evening that took place on the 14th of January : Samael and Obituary wreaking havoc not so far from my place. In fact, living in France, nothing is really too far away anyway. Hey, you know, we’re not in the fuckin’ States in here, we’re in fuckin’ old Europe. The John Lennon club is a pretty decent one, graced with overall great acoustics and ideal for a beer-laden heavy fuckin’ metal gig. Big names regularly perform here, id est Sup, Loudblast, Scarve, The Old Dead Tree, Destinity, Beauty of Desolation, Misanthrope... Ya don’t know these acts ? Come on, I’m sure you’re kiddin’ me. So let’s get back to Samael and Obituary destroying the place – what else could I say except it went like, wow, total fuckin’ destruction ? Albeit putting out a sometimes too-synthetically driven show, Samael totally ruled, as always, but performed only one song from Ceremony which was kind of a disappointment for me. Obituary was next and blew away the whole audience with an almost crusty show, harking back to their Celtic Frost’s roots in every aspect. Supreme mid-tempo death metal – too bad you weren’t there. Slowly we came back.

Le site et le Myspace d'Obituary.
Le site et le Myspace de Samael.
Le site et le Myspace de Maroon.
Le Myspace d'Execution Management.


...et toujours :
Le mouvement perpétuel

mardi 3 janvier 2006

La connerie n'a pas de limite

Judas is rising (à nouveau)... mais le Prêtre n'a pas toujours été intouchable et il lui est arrivé de vaciller dangereusement sur ses fondations. En 1985, un fait divers effroyable plonge le groupe dans un enfer qui durera cinq longues années : deux adolescents fans du groupe se tirent une balle dans la tête après avoir écouté en boucle un album de leurs idoles. Le carnage est complet, l'arme utilisée étant un fusil à pompe à canon scié (douce Amérique...). Le premier meurt sur le coup, la tête volatilisée. Le second, malheureusement, survit trois longues années avec la moitié du visage soufflée comme un pop-corn avant de décéder d'une overdose médicamenteuse très certainement suicidaire. Les familles des deux morts attaquent Judas Priest en justice : il est si tentant de faire porter le chapeau à un groupe de heavy metal. Bref, l'album Stained Class - excellent au demeurant - dissimulerait des messages subliminaux incitant ses auditeurs à en finir avec l'existence. Messages subliminaux que l'on entendrait en faisant passer le disque à l'envers. Bon sang, mais c'est bien sûr, il est notoirement connu que les amateurs de musique aiment à écouter leurs galettes préférées... à rebours !

C'est un groupe uni, solidaire mais surtout dévasté par ce drame qui se présente au procès où il impressionnera la cour de par sa grande humilité et sa volonté de faire la lumière sur les véritables causes de cette tragédie. James Vance et Ray Belknap provenaient tous deux de foyers brisés, ruinés par la bêtise crasse, l'alcool, le chômage et au sein desquels ils étaient au mieux ignorés et méprisés, au pire maltraités. Halford se fendit d'un laconique « si nous avions mis un message subliminal dans notre album, il aurait incité nos auditeurs à acheter plus de disques de Judas Priest ; un message comme "Do it, Do it" étant pour le moins contre-productif ». Et le Metal God de rendre un vibrant hommage aux suicidés tout en stigmatisant les véritables coupables. « Ces deux jeunes gens ont perdu la vie en raison de leur engagement sur les chemins de la drogue et de l'alcool, vraisemblablement induit par les dysfonctionnements de l'unité familiale dans laquelle on ne leur réservait ni place ni attention. Ce procès n'est qu'une tentative de déplacer les responsabilités. Les victimes menaient une vie triste, pathétique, au moins leur avons-nous donné un peu de plaisir avec notre musique et j'en suis fier ».

Judas Priest gagna ce honteux procès en août 1990, lavé de toute accusation. Halford déclara « c'est un grand jour pour Judas Priest - plus encore, un grand jour pour les artistes de toute l'Amérique. Il était important que nous soyons là pour nous battre pour nous et notre musique, et dans une certaine mesure, pour les valeurs de la Constitution Américaine, ce qui est un peu ironique pour quatre anglais ». Le jugement, favorable à 100% au groupe, a désormais force juridique et c'est ainsi qu'il existe aux USA une « jurisprudence Judas Priest » relative au fameux et sacro-saint Premier Amendement. Un documentaire remarquable a été réalisé sur cette affaire, intitulé Dream Deceivers. Cette terrible épreuve reste le pire moment de la carrière du groupe, et plantera les graines d'une discorde qui aboutira au départ de Rob Halford, particulièrement affecté. On comprend mieux pourquoi l'album Painkiller, sorti à l'issu de cette histoire sordide, est aussi violent, vindicatif et énervé. De la rage, le groupe en avait accumulé, en cinq ans. Le slogan publicitaire accompagnant la parution de ce fameux « Tueur des Souffrances » ? Je vous le donne en mille : « A L'ENDROIT OU A L'ENVERS, PAINKILLER TUE ! »

What a horrendous case is the Vance Vs. Priest one. Everyone by now knows the facts related to young lads James Vance and Ray Belknap – their suicide pact, their love of the mighty Priest, and their broken houses’ background. Following the suicide of Belknap and the gorish, attempted one of Vance, Priest was taken to court and had to defend itself, heavy metal and its right of expression against what I would call the worst part of America. In a pathetic alla cappella attempt by Rob Halford to demonstrate the ridiculousness of pursuing a case that has no existing evidence (alleged reverse subliminal messages contained in Stained Class), the court finally settled in favor of Priest. I still can’t believe, to this day, how far it went – man, I do feel like Judas was the musical scapegoat of "moral" America (remember PMRC ?). Please do you a favour : watch the high-profile documentary Dream Deceivers, an account of these events praised by The New Yorker ("Dream Deceivers provides a nightmare glimpse into America's spiritual drought and the way people fill that void with diametrically opposed faiths... It is ghoulish Americana that makes fictions such as Blue Velvet and Wild At Heart seem like Mother care ads"). Ok now, here comes the best part : when Painkiller was released, its original tagline was "backwards or forwards, Painkiller kills" – which is absolutely fuckin’ true. Now, rewind !