mardi 3 janvier 2006

La connerie n'a pas de limite

Judas is rising (à nouveau)... mais le Prêtre n'a pas toujours été intouchable et il lui est arrivé de vaciller dangereusement sur ses fondations. En 1985, un fait divers effroyable plonge le groupe dans un enfer qui durera cinq longues années : deux adolescents fans du groupe se tirent une balle dans la tête après avoir écouté en boucle un album de leurs idoles. Le carnage est complet, l'arme utilisée étant un fusil à pompe à canon scié (douce Amérique...). Le premier meurt sur le coup, la tête volatilisée. Le second, malheureusement, survit trois longues années avec la moitié du visage soufflée comme un pop-corn avant de décéder d'une overdose médicamenteuse très certainement suicidaire. Les familles des deux morts attaquent Judas Priest en justice : il est si tentant de faire porter le chapeau à un groupe de heavy metal. Bref, l'album Stained Class - excellent au demeurant - dissimulerait des messages subliminaux incitant ses auditeurs à en finir avec l'existence. Messages subliminaux que l'on entendrait en faisant passer le disque à l'envers. Bon sang, mais c'est bien sûr, il est notoirement connu que les amateurs de musique aiment à écouter leurs galettes préférées... à rebours !

C'est un groupe uni, solidaire mais surtout dévasté par ce drame qui se présente au procès où il impressionnera la cour de par sa grande humilité et sa volonté de faire la lumière sur les véritables causes de cette tragédie. James Vance et Ray Belknap provenaient tous deux de foyers brisés, ruinés par la bêtise crasse, l'alcool, le chômage et au sein desquels ils étaient au mieux ignorés et méprisés, au pire maltraités. Halford se fendit d'un laconique « si nous avions mis un message subliminal dans notre album, il aurait incité nos auditeurs à acheter plus de disques de Judas Priest ; un message comme "Do it, Do it" étant pour le moins contre-productif ». Et le Metal God de rendre un vibrant hommage aux suicidés tout en stigmatisant les véritables coupables. « Ces deux jeunes gens ont perdu la vie en raison de leur engagement sur les chemins de la drogue et de l'alcool, vraisemblablement induit par les dysfonctionnements de l'unité familiale dans laquelle on ne leur réservait ni place ni attention. Ce procès n'est qu'une tentative de déplacer les responsabilités. Les victimes menaient une vie triste, pathétique, au moins leur avons-nous donné un peu de plaisir avec notre musique et j'en suis fier ».

Judas Priest gagna ce honteux procès en août 1990, lavé de toute accusation. Halford déclara « c'est un grand jour pour Judas Priest - plus encore, un grand jour pour les artistes de toute l'Amérique. Il était important que nous soyons là pour nous battre pour nous et notre musique, et dans une certaine mesure, pour les valeurs de la Constitution Américaine, ce qui est un peu ironique pour quatre anglais ». Le jugement, favorable à 100% au groupe, a désormais force juridique et c'est ainsi qu'il existe aux USA une « jurisprudence Judas Priest » relative au fameux et sacro-saint Premier Amendement. Un documentaire remarquable a été réalisé sur cette affaire, intitulé Dream Deceivers. Cette terrible épreuve reste le pire moment de la carrière du groupe, et plantera les graines d'une discorde qui aboutira au départ de Rob Halford, particulièrement affecté. On comprend mieux pourquoi l'album Painkiller, sorti à l'issu de cette histoire sordide, est aussi violent, vindicatif et énervé. De la rage, le groupe en avait accumulé, en cinq ans. Le slogan publicitaire accompagnant la parution de ce fameux « Tueur des Souffrances » ? Je vous le donne en mille : « A L'ENDROIT OU A L'ENVERS, PAINKILLER TUE ! »

What a horrendous case is the Vance Vs. Priest one. Everyone by now knows the facts related to young lads James Vance and Ray Belknap – their suicide pact, their love of the mighty Priest, and their broken houses’ background. Following the suicide of Belknap and the gorish, attempted one of Vance, Priest was taken to court and had to defend itself, heavy metal and its right of expression against what I would call the worst part of America. In a pathetic alla cappella attempt by Rob Halford to demonstrate the ridiculousness of pursuing a case that has no existing evidence (alleged reverse subliminal messages contained in Stained Class), the court finally settled in favor of Priest. I still can’t believe, to this day, how far it went – man, I do feel like Judas was the musical scapegoat of "moral" America (remember PMRC ?). Please do you a favour : watch the high-profile documentary Dream Deceivers, an account of these events praised by The New Yorker ("Dream Deceivers provides a nightmare glimpse into America's spiritual drought and the way people fill that void with diametrically opposed faiths... It is ghoulish Americana that makes fictions such as Blue Velvet and Wild At Heart seem like Mother care ads"). Ok now, here comes the best part : when Painkiller was released, its original tagline was "backwards or forwards, Painkiller kills" – which is absolutely fuckin’ true. Now, rewind !

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