lundi 16 février 2015

Mestre des Bestes, Roy des Leus Hullants

C'est un peu un exercice de style pour moi que cette notule, car ce jet d'encre numérique se fait en direct de mon smartphone (certifié fabriqué par des travailleurs pas nés lors de la sortie du premier Watain), ma commune étant frappée d'un embargo franco-français type « agent Orange » sur Internet depuis trois putains de semaines. Avanti !

Il me serait difficile ici de pérorer trois ans sur le génie d'Emperor, sur pourquoi In The Nightside Eclipse et Anthems To The Welkin At Dusk sont toujours l'indétrônable expression d'un black metal sophistiqué (voir verso des anthèmes crépusculaires), car c'est après tout (hey) stupide et vain de vouloir assommer quelqu'un avec une œuvre qu'il ne connaîtrait pas / mal ; aurait découvert à un autre moment / autrement que soi-même. En d'autres termes ces albums - purs manifestes d'art total, ce que d'aucuns appelleraient aussi un « gros fuck » - me sont chers pour de multiples raisons n'ayant pas trait qu'au génie de composition, ni qu'à l'avant-gardisme de leur bestialité intellectualisée, ni qu'à l'intransigeance autistico-artistique d'Ihsahn qui aura su, par icelle, se préserver des éclaboussures des événements. Non, ces disques (plaisir que d'utiliser ce mot) me sont précieux parce qu'ils sont tombés dans ma vie au bon moment, trouvant en moi un réceptacle à cette musique classique d'un nouveau millénaire ou plutôt d'un inframonde insoupçonné. Towards The Pantheon, With Strenght I Burn, Thus Spake The Nightspirit, Inno A Satana, Ye Entrancemperium, Ensorcelled By Khaos... seront émulés pour toujours car la bannière sinistre et puissante que ces pièces convoquent rallie, générations après générations, de nouveaux sujets avides de bruit et de fureur, de sturm et de drang (aspect qui ne pouvait qu'être saisi, et rejaillir puissamment, dans la scène française via Forbidden Site et consorts).

Dyonisos est largué, Apollon azimuté, c'est le mestre des bestes qui mène la charge, sans compassion, sans mercy. Coulé dans son élégant chaos, le black metal sophistiqué qu'Emperor extirpait d'une poigne grêle et adolescente des tréfonds de sa Norvège rurale échappe aux principes admis de l'esthétique ; il demeure une étonnante assertion sonore où le lyrisme le dispute au féroce.


In The Nightside Eclipse and its follow-up Anthems To The Welkin At Dusk (not counting the Reverence EP, which is also a great release adorned with a grandiose version of Emperor's then-biggest "hit") are so dear to my heart. This body of work is not only a relentless manifesto of sophisticated black metal art, it is, to put it simply, the grimmest primal scream ever uttured from Norway's modern youthness as well as a valid art form derided and despised by many, adored by few. Long gone are the turmoils of the past, burning churches and thoughtless murders, as if black metal's decaying corpse begins, at long last, to let its iridescent soul to be seen.


...et toujours :