vendredi 17 février 2012

Reich morbide

Le black metal au sens où je l'entends - et comme je l'entends au sens propre - n’est pas fait pour être beau ; d'esthétique il ne connaît que celle du chaos ; invertie et non-euclidienne ; rejetée par nature et par destination. Le black metal est un cadavre qui vit encore, un cancéreux en phase terminale qui ne mourra jamais et qui en a la superbe assurance, parfois la morgue : un éclair méchant au fond de ses prunelles putréfiées nous en donne régulièrement la preuve pour peu qu’on sache le trouver et l'écouter. Le black metal n'a rien d'une statue marmoréenne, laissant cela à ses cousins bien portants que sont le death puissant et victorieux ou le doom séculaire figé dans son hiver ; tout au contraire il est un transi asticoté, abscons et contrefait ; sa chair bleuie n’effraie peut-être plus grand-monde mais continue à provoquer hauts-le-cœur et malaise : vermoulue et spasmatique, le pus qu’elle exècre est pour certains, un nectar. Les repères esthétisants n’ont plus cours, car il leur échappe : les références sont déplacées et le sommet devient le fond comme l’éructe Vorphalack dans l'incantation lugubre qu’est Ceremony of Opposites. La crasse et la pisse maculent son ignoble corps dont la chétivité continue de surprendre – à l'inverse du death metal qui se manifeste dans la démonstration de force ; le black metal cultive le vice et rampe sournois dans la fange qui le nourrit et dans sa plus totale déréliction, il ne se laisse entendre qu’à l'état de glaire auditive telle l’horreur liquide coulée sur MoRT, ainsi régurgitée ponctuellement par certains de ses plus misérables hérauts.

Cet immondice musical n’est pas fait pour être compris et d’ailleurs, n'aime pas à s’expliquer ; restant pantois devant la piteuse littérature prétendument analytique produite actuellement à son envers ; préférant être subi ou apprécié généralement sans milieu ni demi teinte – comme toute forme d’expression extrême il a quelque chose d’une déclaration de guerre intime et en provoquera beaucoup ; dont quelques-uns seulement sauront capituler et s’abîmer dans son adulation (voire sa reproduction) comme je l’ai fait avec Samael, Emperor, AbigorOccultImmortal, Mayhem, Marduk et tant d’autres voici maintenant quelques lunes. Le black metal n’a jamais été musique mais avant, toujours, état d’esprit et survit traîtreusement dans la tête de ceux qui ont su l’accueillir une nuit - il meurt passagèrement mais existe toujours et bien qu’écoutant tant de choses différentes aujourd’hui, avec parfois du soleil et des couleurs, demeure pour moi une silencieuse et bruyante énigme qui continue à se faire, par-delà les années, son propre et sinistre écho. Récemment révélés ; Ondskapt (Arisen From The Ashes), Arckanum (Helvìtismyrkr), Saturnian Mist (Gnostikoi Ha-Shaitan).

Hard to find, these days, your dose of real black metal as you want it to be - amongst masses of uniformly played-and-produced records, though, it still lives. Crude and raw, foul smelling and evil sounding, that's how I love it to be - sometimes horror intertwines itself with an elegant form of cadaveric, hurling beauty and to me, that's what black metal is all about - definitely one of the strangest and strongest forms of artistic expression found on this side of the world.

...et toujours :

5 commentaires:

  1. Nothing to prove
    Just a hellish rock n' roll freak
    You call your metal black?
    Its just spastic, lame and weak
    We're too old, too cold
    Too old and too cold

    Second to none
    Like an angel unfucking born
    Down with people
    It's done
    Your attitude
    Its stillborn
    We're too old too fucking cold

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  2. Signé Migreich, too old too cold. En plein enregistrement d'un nouveau VulV

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  3. Hâte d'entendre ça (tan)
    VulV ça fait rougir Audrey Hollander et c'est pas peu dire

    Signé Sheol (c)old too

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  4. Ca fait plaisir de te lire après quelques semaines de silence. J'ai eu du mal avec le dernier Arckanum, je suis resté sur l'incroyable ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ.

    Tiens d'ailleurs j'ai jamais eu ton avis sur les "premiers" groupes de Black Metal de l'autre côté de l'Atlantique du type Von ou Blasphemy (et tout ce qui tourne autour de la Rose Bay), si il y a un truc qui ressort de leur musique c'est bien ce côté cradingue et sale.

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  5. Très sincèrement je connais VON comme beaucoup : par le culte que leur vouait Dark Funeral qui a fait une super reprise de Satanic Blood sur The Secrets Of The Black Arts (excellent album de Dark Fufu au passage). Watain aussi cite beaucoup VON... Blasphemy est notoire pour être un vrai précurseur à mon sens du BM à venir, avec Sarcofago, les premières démos/EP de Sepultura, etc etc etc... Marrant de se dire que Slayer avait un potentiel commercial que n'avaient pas ces groupes (ça fait d'ailleurs partie de leur talent), pourtant bien plus bourrins qu'eux et avant eux !

    Je connais en fait peu cette scène là, j'ai toujours été plus porté sur le early black/thrash qui pouvait se faire en Amérique du Sud (encore une fois) ou en Europe, avec Kreator, les premiers Massacra, etc...

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