dimanche 28 janvier 2007

Les Misérables

Dans ma courte et misérable existence, j'ai un jour découvert plus misérable encore que moi. Vous connaissez Bertrand Labévue, le collègue dépressif de Gaston Lagaffe qui passe ses journées terré au fond d'une poubelle ? Eh bien je pense que dans les profondeurs de sa retraite parfumée, il écoute The Angel And The Dark River. C'est comme Droopy : ce canidé enjoué qui croque la vie comme on croque dans une pomme véreuse doit passer l'essentiel de ses journées neurasthéniques à écouter The Angel And The Dark River, de My Dying Bride. En attendant d'être piqué, certainement... Si vous tendez bien l'oreille, je suis sûr que, du fond de sa niche Ikea - ceci explique peut-être cela -, vous entendrez monter la complainte du violon de Martin Powell.

Moi qui d'habitude aime user et abuser de superlatifs et autres adjectifs d'adjectifs, point de tout cela aujourd'hui, point même de chronique musicale à proprement parler. Juste cette affirmation concernant un album qui ne me lasse toujours pas, douze ans après sa sortie (merci Eléonore) : du côté de la branche mortuaire du doom, celle qui a fait sécession avec l'esprit fondamentalement rock 'n' roll de Black Sabbath pour flirter avec les rivages sans vie du death metal tout en refusant sa trivialité, The Angel And The Dark River est plus qu'une référence : c'est le dieu tutélaire du genre. Le disque miraculeux qui ajoute une nouvelle couleur à la palette chromatique, une couleur sans nom à côté de laquelle le noir semble lumineux. Si le doom était un alchimiste, alors The Angel And The Dark River serait sa pierre philosophale.

Hormis son successeur, l'immense et victorien Like Gods Of The Sun, My Dying Bride (qui est en fait un groupe de joyeux drilles, j'ai une photo d'Andrew Craighan en train de faire les oreilles de lapin à Aaron Stainthorpe ! Et puis dans le tour-bus, qu'est-ce qu'on rigole ! Pensez donc : un jour, Martin a pété, quelle poilade !) n'a jamais plus approché de près comme de loin la qualité de The Angel And The Dark River. Un album à écouter un dimanche après-midi pluvieux, la télé allumée sur Drucker, un whisky dans la main droite - n'oubliez pas, cinq valiums pour un glaçon - et le flingue dans la main gauche. Ne reste plus qu'à décider lequel on porte à la bouche en premier. Ce qui me permet de finir sur une note positive : c'est beau d'avoir le choix ! Bang.

nota bene : par une étrange prescience, le groupe a choisi en 1990 un patronyme qui n'aurait pas dépareillé dans la scène metalcore des années 2000...

The Angel And The Dark River was my first encounter with doom metal and even if I don’t really listen to it anymore, it did impress me so much that I often find myself humming some of its melodies (yeah, you can hum My Dying Bride). As a moody, shy teenager, that piece of utter darkness, yet still lyric and epic, was all I was looking for back then. Though I have now a preference for more rock-oriented doom, hence my absolute love for Black Sab's early records, I really dug My Dying Bride’s early works and highly recommend the monumental, Victorian follower of “…Angel”, namely Like Gods of The Sun. To me and forever, these two albums are the philosopher’s twin stones of british doom metal. Do not listen when in a sad mood (have you find the palindrome in that last sentence ?) !

The Angel And The Dark River (Peaceville Records, 1995)

01 The Cry Of Mankind
02 From Darkest Skies
03 Black Voyage
04 A Sea To Suffer In
05 Two Winters Only
06 Your Shameful Heaven

Le site et le Myspace de My Dying Bride.

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