Des albums français rivalisant largement, voire explosant allègrement la production internationale actuelle, ambitieux et culottés comme plus personne ne l'a été depuis SUP, bien produits, virtuoses sans être chiants et alliant qualité et quantité, vous en connaissez beaucoup ? Eh bien On the Wings of Phœnix de Symbyosis est de ceux-ci. Une épopée sci-fi blindée d'humanité, de sentiments, conceptualisée magistralement par ses deux géniteurs principaux que sont Corrosive Bob et Franck Kobolt. Le but de cette note n'est pas de faire une grosse critique indigeste et scolaire, mais plutôt de saluer cette œuvre-fleuve comme il se doit : c'est à dire en en parlant, tout simplement...
Musicalement, les deux CD sont un pur bonheur : du thrash-death technique ne versant pas dans la démonstration mais qui fait la part belle aux émotions. C'est puissant, la personnalité des compositions est très affirmée, les riffs sont rock solid, brutaux mais mélodiques, toujours carrés de chez carré. La voix se devait de rendre justice à cette boucherie, là encore le maître-mot en la matière est : efficacité maximale ! Une subtile touche symphonique apporte un cachet supplémentaire à l'ensemble en parvenant à éviter les clichés inhérents à cette formule casse-gueule. Visiblement signé par des gars n'ayant plus vingt ans (et tant pis pour l'élégance, nous ne parlons pas de demoiselles), On the Wings of Phœnix arrache vraiment. Pourquoi cette suspicion taquine quant à l'âge des musiciens ? Tout simplement parce que les influences, très perceptibles, jamais nuisibles, sont tellement digérées, assimilées, intégrées qu'un tel travail de composition ne peut pas être le fruit de musiciens ayant découvert Slayer il y a quatre, ni même dix ans. Non, on a clairement affaire à des vétérans décomplexés qui ont mis toutes leurs tripes dans un album qui se veut aussi, c'est flagrant, un véritable hommage à notre style chéri.
A ce titre, le second CD est génial ! Oserais-je l'avouer, bien qu'il ne se veuille qu'un addendum, c'est peut-être celui que je préfère... pour l'instant. Car à sa décharge, OTWOP ne s'apprivoise pas en une ni même deux écoutes. Outre quelques compos supplémentaires (belle ré-actualisation de certains « vieux » titres), on y trouve des reprises aussi personnelles que réussies (et pas forcément évidentes - reprendre The Loneliness of the Long Distance Runner est une gageure autrement plus intéressante que d'entendre une énième version de The Trooper). A signaler la présence d'un hommage à Napalm Death, très efficace, répondant au doux nom de When Napalm Fits to Skin. La bande à Shane Embury peut se sentir flattée à juste titre. Notons également l'irruption bien pensée du thème d'Amicalement Vôtre sur ce CD bonus ! Fugace et vraiment plaisant. Les deux galettes sont dopées à l'EPO en terme d'idées de production (un peu sèche en revanche) : personnellement je suis un grand fan des effets de voix (vocoder et autres) qui rappellent ici Air ou Daft Punk (oui), là le grand Pestilence, et encore ailleurs Cynic... Il est du reste évident que la scène technodeath américaine - vieille de quinze ans mais toujours à l'avant-garde, quel paradoxe - a beaucoup marqué Kobolt, le principal compositeur : flagrant dans les passages plus ambiancés et les soli « spatiaux » propres au style.
Outre la musique qu'il contient, On the Wings of Phœnix est aussi un des plus beaux objets metal qu'il m'ait été donné de voir depuis longtemps : l'illustration de couv' est magnifique et les deux livrets sont sublimes... Se voulant un complément indispensable à l'histoire déroulée par la musique, ces œuvres sont nourries à diverses sources que l'on identifiera... ou pas (mention spéciale au commando robotique frappé du nombre 777). Pour attiser la curiosité, je ne peux que relever, sans en dire plus, le beau clin d'œil adressé à St Seiya. La classe. Bon, n'en jetez plus, la coupe est pleine : le fait est que Symbyosis vient de réaliser un album somptueux que l'on a envie d'aimer et de soutenir inconditionnellement ! Faut pas oublier qu'on est en France, pays peu propice au metal et mal servi par une presse spécialisée longtemps honteuse (à tort) de sa propre scène... L'exemple le plus douloureux restant Massacra, Sodom français réduit à faire un ersatz de carrière outre-Rhin plutôt qu'ici - nul n'est prophète en son pays (en revanche il est de bon ton de les citer aujourd'hui...). A ce propos, désolant de constater que le dernier Hard n' Heavy n'ait accordé qu'une petite chronique vite torchée à ...Phœnix . On n'est pas obligé d'adhérer, on peut ne pas aimer... mais bordel un peu plus de soutien (une interview ou un article évoquant la gestation difficile du projet) aurait été mérité... Au lieu de ça on adoube une énième fois les pénibles SOAD sur dix pages.
Bravo Symbyosis, j'attends la suite avec impatience. Bilan très, très positif, grand album doublé d'un second disque remarquable, travail graphique fabuleux et ambition « force tranquille » jamais arrogante. On oubliera l'anglais pas toujours au top pour retenir l'essentiel : On the Wings of Phœnix est une œuvre d'art au sens premier du terme qui mérite toute l'attention du public metal. Ne pas graver, ne pas copier : à acheter pour le groupe... et pour ne pas se priver de la magnificence du packaging.
nota bene : comme un écho à la note précédente, je viens de remarquer que cet album est dédié à Schuldiner et à Darrell...
Man, last time I saw such an ambitious record as On the Wings of Phoenix was a very long time ago. Packed with a naive high adventures, moving sci-fi concept, I cannot decently ignore that massive (and French !) release. What you’ll find here is your typical techno-thrashin’-hard hittin’-death metal, flawlessly executed by slayeresque barbarians on the top of their game. For all of you symphonic-stuff lovers, OTWOP adds an orchestral edge to its relentless brutality. Don’t miss the second CD (yeah, that monster comes in two fucking parts) : it contains enjoyable covers such as The Loneliness of the Long Distance Runner as well as a tribute to Napalm Death – a good one, that is. And by the way, you do remember The Persuaders’ main theme, right ? So give OTWOP a try – you'll thank me later. Let me add a word about the packaging : fuckin' brilliant piece of art ! CGI magnificence (for once !) bursts within each artwork, referencing today’s pop-n-geek culture – I’m thinking of Saint Seya right now. For sure these metal froggies know the name of the game ! Do not download, or the boogie man will come to rip the fuck out your nuts at night.
On The Wings Of Phoenix (Hidden Association, 2005)
CD1 - On The Wings Of Phoenix
01 The Arrival
02 Truth
03 The Venom
04 Dilemma
05 Seizure of Power
06 War Phenomenon
07 Cupidity
08 Famine
09 Disease
10 Death Apogee
11 Peace
CD2 - Phoenix Ashes
01 Crusades Part IV
02 Crusades Part V
03 Crusades Part VI
04 Life
05 Dreamchild
06 The Loneliness of the Long Distance Runner
07 Read Between the Lies
08 Trail of Tears
09 Twisted Truth
10 When Napalm Fits to Skin
11 Quest of the Dolphin
12 Little Princess
13 Princess Ending
Le site et le Myspace de Symbyosis.