Un jour morose de ma première année lycéenne, un vieil ami, D., a changé ma vie sans le savoir. Il ne m'a pas indiqué la sinistre planque du magot des Postiches (Michel l'avait déjà trouvé), ni ne m'a proposé un plan avec la milf qui lui servait de mère, et qui m'affolait. Il m'a simplement tendu une vieille K7 repiquée, sans boîtier et barrée d'un reste d'autocollant ayant jadis servi à l'identifier. « Tiens, ça te plaira peut-être comme t'aime la musique de corbeaux, je sais pas si tu connais ». Sur la bande, First And Last And Always, le premier Sisters Of Mercy. Dire que je l'ai adoré instantanément serait un euphémisme - j'ai écouté First And Last And Always plusieurs fois par jour pendant des mois, notamment dans ce sacré bus 3*. De peur d'altérer cette magie, j'ai longtemps évité de me documenter : pas de photos, pas de paroles si ce n'est celles que je croyais ou voulais entendre**, encore moins de bio à la con qui aurait dissipé la fumée nicotinique embrumant ce poster longtemps accroché au mur. Au fil des ans j'ai acheté l'intégrale de Sisters, des albums que j'aime mais dont aucun ne m'a redonné ce choc originel (et certainement pas les plus saturés - voir à ce sujet Christian Death, qui sombra en succombant à la tentation du metal). Un coup de foudre est la réunion de différents facteurs dont la convergence se nomme alchimie. Sisters m'a fait cet effet-là et j'ai fini par associer pour toujours First And Last... à une période particulière, parfois ingrate, parfois géniale, celle où « l'on erre, un peu par erreur ». Le genre d'album qui devient la bande-son d'une époque personnelle...
Sisters Of Mercy ne pouvait pas échapper à une entrée ici pour la bonne raison que j'aime ce groupe autant que Metallica ou Maiden... Pour respecter ma ligne éditoriale « industrie lourde », cela se fera sous l'angle des reprises metal, le groupe d'Eldritch ayant été fréquemment massacré par nos chevelus préférés (hormis quelques exceptions, force est de constater qu'il est plus souvent question de viol que d'hommage aux sœurs). On commencera par un de mes chouchous, Dan Swanö (Edge of Sanity), qui s'est frotté à Lucretia My Reflection. Malgré une intro bousillée par ce clavier que le bougre affectionne tant, sa version n'est pas mauvaise, proche de ce qu'un Cemetary époque Sundown aurait pu en faire. C'est donc une reprise acceptable que voici, mais préférez-lui cependant Sacrificed (sur The Spectral Sorrows) : l'un des meilleurs morceaux, dans la veine Doctor Jeep, que Sisters n'a... jamais écrit. Lucretia My Reflection étant fréquemment réinterprétée, passons à Kreator. Parue sur une obscure rétrospective, cette version dudit morceau est carrément intéressante. L'identité du Kreator aventureux d'alors (1999) imprime à Lucretia une patte industrielle du meilleur effet - je reste convaincu qu'un groupe allemand politisé ayant vécu la sinistrose berlinoise était ce qui pouvait arriver de mieux à Sisters Of Mercy. Enfin, ne nous attardons pas sur l'atroce version de Warrel Dane, le chanteur que l'on adore ou que l'on déteste : je déteste. Moins affreux que la reprise de Sound of Silence par Nevermore (« Simon & Garfunkel outragés », se serait écrié de Gaulle), ce Lucretia-là n'est vraiment pas terrible.
Passons sur In Extremo, groupe congénitalement malformé et dont il ne faut, par conséquent, rien attendre de la reprise de This Corrosion : le silence se fait devant ce clip plus gay qu'une soirée chez Michou. Si quelqu'un a eu la patience d'attendre la fin, qu'il me dise si oui ou non, Xena a fini par arriver. Après cette atrocité, il est temps de relever le niveau de manière inattendue puisque c'est au tour de Cradle Of Filth, que je ne goûte guère, de rentrer en piste. Étonnante relecture de No Time to Cry, morceau pour lequel j'ai un gros faible. Les anglais maîtrisent l'exercice, et tantôt j'adore (The Fire Still Burns, Sodomy and Lust), tantôt je hais (Hallowed Be Thy Name - remplacer les leads de Murray / Smith par un synthé devrait être puni de mort lente). Passée au mixer de Morticia Adams, la chanson conserve néanmoins sa substantifique moelle : une réussite. Comment ne pas aborder le cas Crematory ? Ce combo aura eu une importance capitale voici une quinzaine d'années, notamment avec le glauque Transmigration, avant de se perdre dans une trajectoire d'étoile fuyante, à l'instar d'Atrocity (on sauvera Awake et Illusions, pierres angulaires du death atmosphérique d'alors ayant, c'est vrai, très mal vieilli). Crematory honora les sœurs via la reprise archiconnue et pompière de Temple of Love, malheureusement dépourvue de sa pêche originale : l'occasion était belle, Temple... étant l'un des morceaux les plus énergiques de Sisters. Andre Matos, ange déchu du micro d'Angra, parlera à plus de monde que Felix Stass. C'est à More qu'il s'est attaqué avec Shaaman, et l'effort est louable : voici une réappropriation qui évite la trahison. Mais rien à faire, dès que j'entends Dédé, j'ai l'impression d'être à Recife en train de siroter une cachaça. Et ce qui sied parfaitement au heavy ensoleillé pour lequel le bougre est connu va, tout de suite, moins bien aux pâles Sisters.
On conclura cet article par l'une des meilleures reprises de Sisters Of Mercy proposée par un groupe de metal - Walk Away par Paradise Lost, trouvable sur l'EP paru à l'époque de Draconian Times. Le matériau de base, particulièrement solide, était tout indiqué pour nos ex-prochains Metallica (c'était alors ainsi que la presse parlait - mal - de Paradise Lost). A croire que Sisters l'avait écrit en pensant à eux. Ultra fidèle, s'intégrant tellement dans le répertoire des Perdus, Walk Away est ici magnifiée par le jeu sombre et acéré de Aedy et Mackintosh : les sœurs se voient traitées, enfin, avec le respect qui leur est dû. Paradise confirmera par la suite son talent pour l'exercice, voir notamment la brillante relecture de Small Town Boy (même si je lui préfère celle de Depressive Age). Si le metal se jette périodiquement sur Sisters Of Mercy comme la vérole sur le bas-clergé, ce n'est donc pas forcément avec une grande réussite... L'enfer est pavé de bonnes intentions. Je m'autorise une digression : comment ne pas citer, même si non metal, la sublime version de Alice par les étranges Celluloide ? L'electro-pop acidulée, froide mais sensuelle des français est encore ce qui va le mieux à Sisters, leur spleen originel étant trop souvent écrasé sous les power-chords de nos barbares préférés.
* L'Express A ou B m'arrangeait moins, d'autant que son plus court trajet ne permettait guère d'écouter plus qu'un Battle In The North.
** Certains comprendront - j'ai encore aujourd'hui l'impression que quelqu'un crie mon prénom, à un moment, dans Omnio (In The Woods) et je n'ai aucune envie de vérifier mon erreur sur metrolyrics.com.
Things sometimes happen that change the life of a grey teenager. Ok, having an unexpected blowjob performed in the back of the classroom by this skinny brunette you thought was a momma’s girl ranks first among said things.To be given your first Sisters Of Mercy record is also a very special moment – maybe some lucky fuckers got to experience these conjointly ! But enough bullshitting, what I’m trying to say is that First And Last And Always really did change my life : at last, another musical current entered my world, opening doors for Christian Death, Joy Division or the more commercial, yet excellent, Cure – Pornography still ranking as one of my all-time favourite records along with First And Last And Always. And I won’t change my barrel of goth for a barrel of fun (you know the fuckin’ song). So why is Sheol babbling about such non-metal, yet darkmongers, are you thinking ? Well, The Sisters Of Mercy have been regularly raped by hairy, axe-wielding motherfuckers such as Dan Swanö, Kreator, Cradle Of Filth, Atrocity, Paradise Lost, etc etc etc. See and hear for yourself by clicking on the links below, but as Pentagram would say, "be forewarned" : for better, for worst…
Lucretia My Reflection par The Sisters of Mercy, par Dan Swanö, par Kreator et par Warrel Dane (où est la basse ?).
This Corrosion par The Sisters of Mercy et par In Extremo (vais).
No Time To Cry par The Sisters of Mercy et par Cradle of Filth.
Temple of Love par The Sisters of Mercy et par Crematory (clip de Jean Rollin).
More par The Sisters of Mercy et par Shaaman.
Walk Away par The Sisters of Mercy et par Paradise Lost.
Alice par The Sisters of Mercy et par Celluloide (Naphtaline EP en libre téléchargement).
Sisters Of Mercy ne pouvait pas échapper à une entrée ici pour la bonne raison que j'aime ce groupe autant que Metallica ou Maiden... Pour respecter ma ligne éditoriale « industrie lourde », cela se fera sous l'angle des reprises metal, le groupe d'Eldritch ayant été fréquemment massacré par nos chevelus préférés (hormis quelques exceptions, force est de constater qu'il est plus souvent question de viol que d'hommage aux sœurs). On commencera par un de mes chouchous, Dan Swanö (Edge of Sanity), qui s'est frotté à Lucretia My Reflection. Malgré une intro bousillée par ce clavier que le bougre affectionne tant, sa version n'est pas mauvaise, proche de ce qu'un Cemetary époque Sundown aurait pu en faire. C'est donc une reprise acceptable que voici, mais préférez-lui cependant Sacrificed (sur The Spectral Sorrows) : l'un des meilleurs morceaux, dans la veine Doctor Jeep, que Sisters n'a... jamais écrit. Lucretia My Reflection étant fréquemment réinterprétée, passons à Kreator. Parue sur une obscure rétrospective, cette version dudit morceau est carrément intéressante. L'identité du Kreator aventureux d'alors (1999) imprime à Lucretia une patte industrielle du meilleur effet - je reste convaincu qu'un groupe allemand politisé ayant vécu la sinistrose berlinoise était ce qui pouvait arriver de mieux à Sisters Of Mercy. Enfin, ne nous attardons pas sur l'atroce version de Warrel Dane, le chanteur que l'on adore ou que l'on déteste : je déteste. Moins affreux que la reprise de Sound of Silence par Nevermore (« Simon & Garfunkel outragés », se serait écrié de Gaulle), ce Lucretia-là n'est vraiment pas terrible.
Passons sur In Extremo, groupe congénitalement malformé et dont il ne faut, par conséquent, rien attendre de la reprise de This Corrosion : le silence se fait devant ce clip plus gay qu'une soirée chez Michou. Si quelqu'un a eu la patience d'attendre la fin, qu'il me dise si oui ou non, Xena a fini par arriver. Après cette atrocité, il est temps de relever le niveau de manière inattendue puisque c'est au tour de Cradle Of Filth, que je ne goûte guère, de rentrer en piste. Étonnante relecture de No Time to Cry, morceau pour lequel j'ai un gros faible. Les anglais maîtrisent l'exercice, et tantôt j'adore (The Fire Still Burns, Sodomy and Lust), tantôt je hais (Hallowed Be Thy Name - remplacer les leads de Murray / Smith par un synthé devrait être puni de mort lente). Passée au mixer de Morticia Adams, la chanson conserve néanmoins sa substantifique moelle : une réussite. Comment ne pas aborder le cas Crematory ? Ce combo aura eu une importance capitale voici une quinzaine d'années, notamment avec le glauque Transmigration, avant de se perdre dans une trajectoire d'étoile fuyante, à l'instar d'Atrocity (on sauvera Awake et Illusions, pierres angulaires du death atmosphérique d'alors ayant, c'est vrai, très mal vieilli). Crematory honora les sœurs via la reprise archiconnue et pompière de Temple of Love, malheureusement dépourvue de sa pêche originale : l'occasion était belle, Temple... étant l'un des morceaux les plus énergiques de Sisters. Andre Matos, ange déchu du micro d'Angra, parlera à plus de monde que Felix Stass. C'est à More qu'il s'est attaqué avec Shaaman, et l'effort est louable : voici une réappropriation qui évite la trahison. Mais rien à faire, dès que j'entends Dédé, j'ai l'impression d'être à Recife en train de siroter une cachaça. Et ce qui sied parfaitement au heavy ensoleillé pour lequel le bougre est connu va, tout de suite, moins bien aux pâles Sisters.
On conclura cet article par l'une des meilleures reprises de Sisters Of Mercy proposée par un groupe de metal - Walk Away par Paradise Lost, trouvable sur l'EP paru à l'époque de Draconian Times. Le matériau de base, particulièrement solide, était tout indiqué pour nos ex-prochains Metallica (c'était alors ainsi que la presse parlait - mal - de Paradise Lost). A croire que Sisters l'avait écrit en pensant à eux. Ultra fidèle, s'intégrant tellement dans le répertoire des Perdus, Walk Away est ici magnifiée par le jeu sombre et acéré de Aedy et Mackintosh : les sœurs se voient traitées, enfin, avec le respect qui leur est dû. Paradise confirmera par la suite son talent pour l'exercice, voir notamment la brillante relecture de Small Town Boy (même si je lui préfère celle de Depressive Age). Si le metal se jette périodiquement sur Sisters Of Mercy comme la vérole sur le bas-clergé, ce n'est donc pas forcément avec une grande réussite... L'enfer est pavé de bonnes intentions. Je m'autorise une digression : comment ne pas citer, même si non metal, la sublime version de Alice par les étranges Celluloide ? L'electro-pop acidulée, froide mais sensuelle des français est encore ce qui va le mieux à Sisters, leur spleen originel étant trop souvent écrasé sous les power-chords de nos barbares préférés.
* L'Express A ou B m'arrangeait moins, d'autant que son plus court trajet ne permettait guère d'écouter plus qu'un Battle In The North.
** Certains comprendront - j'ai encore aujourd'hui l'impression que quelqu'un crie mon prénom, à un moment, dans Omnio (In The Woods) et je n'ai aucune envie de vérifier mon erreur sur metrolyrics.com.
Things sometimes happen that change the life of a grey teenager. Ok, having an unexpected blowjob performed in the back of the classroom by this skinny brunette you thought was a momma’s girl ranks first among said things.To be given your first Sisters Of Mercy record is also a very special moment – maybe some lucky fuckers got to experience these conjointly ! But enough bullshitting, what I’m trying to say is that First And Last And Always really did change my life : at last, another musical current entered my world, opening doors for Christian Death, Joy Division or the more commercial, yet excellent, Cure – Pornography still ranking as one of my all-time favourite records along with First And Last And Always. And I won’t change my barrel of goth for a barrel of fun (you know the fuckin’ song). So why is Sheol babbling about such non-metal, yet darkmongers, are you thinking ? Well, The Sisters Of Mercy have been regularly raped by hairy, axe-wielding motherfuckers such as Dan Swanö, Kreator, Cradle Of Filth, Atrocity, Paradise Lost, etc etc etc. See and hear for yourself by clicking on the links below, but as Pentagram would say, "be forewarned" : for better, for worst…
Lucretia My Reflection par The Sisters of Mercy, par Dan Swanö, par Kreator et par Warrel Dane (où est la basse ?).
This Corrosion par The Sisters of Mercy et par In Extremo (vais).
No Time To Cry par The Sisters of Mercy et par Cradle of Filth.
Temple of Love par The Sisters of Mercy et par Crematory (clip de Jean Rollin).
More par The Sisters of Mercy et par Shaaman.
Walk Away par The Sisters of Mercy et par Paradise Lost.
Alice par The Sisters of Mercy et par Celluloide (Naphtaline EP en libre téléchargement).