lundi 16 février 2009

Allez venez, Milorg (attention : cet album tue les nazis)

Vreid, ça signifie « colère » en norvégien. Milorg, c'est la contraction d'usage pour « Militær Organisasjon », c'est-à-dire la résistance nationale coincée, à l'instar de nos FFI, entre le marteau nazi et l'enclume collaborationniste. Vreid est un phénix que je découvre sur le tard, à l'occasion de ce quatrième album : n'étant pas amateur de Windir, des cendres duquel Vreid s'est levé, j'avais ignoré les premières sorties du commando. Et pourtant, Milorg est remarquable... Reprenant avec culot mais sans provocation - le faux-pas est facile, sinon tentant pour certains - les codes esthétiques de l'art totalitaire, Vreid les détourne sur sa classieuse pochette et chante la résistance à l'oppression nazie en consacrant un album entier à ladite « Militær Organisasjon » opérant pendant la seconde guerre mondiale.

Ultra-nationaliste, dans le sens où l'honneur et la survie du territoire norvégien est exalté dans chacune des huit chansons, galvanisé par un romantisme guerrier quelque peu suranné mais tout indiqué (sacrifice, ténacité, résistance, cf l'excellent Speak goddamnit [« Parle, nom de dieu ! »] décrivant un interrogatoire sauce Gestapo), l'album se situe à la croisée du black metal norvégien traditionnel et des racines rock / heavy metal de la bande. On peut légitimement penser à un Motörhead ayant mangé tout cru Satyricon, après avoir saupoudré le plat d'un peu de Metallica et de Stooges - des influences revendiquées haut et fort. La filiation Windir fait le reste, amenant de nombreuses respirations atmosphériques qui permettent, par contraste, de décupler la hargne hypnotique des morceaux. Étant plus qu'amateur des deux excellents albums des rigolos Disiplin (à laisser traîner sur la table basse quand le copain gauchiste de votre sœur passe à la maison), j'ai trouvé que Vreid s'en rapprochait parfois tout en ne laissant aucune place à cette ambiguïté qui amuse tant les Disciplinés (et moi). Enfin, la voix déchirée et vindicative du géant Sture (rappelant parfois dans la diction et le débit celle du pauvre Valfar) parachève le climat militaro-sibérien du disque.

Milorg n'est pas l'album de l'année (on a parfois une impression de léger bâclage sur certaines compositions accompagné d'un sentiment persistant de potentiel non utilisé - manque de temps ?), mais il demeure bien meilleur que lesdites grosses sorties du moment, ne serait-ce qu'en regard du passionnant canevas qui lui sert de trame. On soulignera la sincère passion du compositeur principal pour le sujet traité - le bougre est prof (comme la moitié des musiciens de black metal en Norvège) et avoue que l'une des missions premières de Milorg est d'amener ses auditeurs à prendre un bouquin pour se rencarder un peu plus sur cette période de l'histoire. Vœu pieu mais qui mérite d'être signalé : c'est devenu trop rare de tomber sur du black metal intelligent et cultivé sans qu'il ne sombre dans la prétention ou la posture intellectualiste. Revenons au copain gauchiste de la sœur qui, prompt à sortir le mot « résistance » dès qu'un ministre centre-droit ouvre la bouche, risque cependant de ne pas plus apprécier Vreid que Disiplin s'il ne s'arrête qu'à la pochette. Mais on s'en fout : de toute façon, il a toujours tort.

Far away the sound of a symphony
Wagner the soundtrack to my tragedy
Broken ribs and bloody feet
Ripped off hair and knocked out teeth

Brutal assault with sadistic methods
Hell-bent for my knowledge
No means are too extreme
But I am not a rat

That will sell out my country
I'll rather die
Than contribute to your
Empirical dream

I will never lay at your feet
My lips are sealed
My will you cannot defeat
Goddamnit I will not speak

Marks of cigarettes burnt into my skin
Symbols of how I never gave in
My knowledge is limited to my own cell
To make my comrades avoid this hell

Death camp the last level
I will disappear in nacht & nebel
Disbanded like a devilish creation
I will die for my Norwegian nation

I will never lay at your feet
My lips are sealed
My will you cannot defeat
Goddamnit I will not speak

nota bene : pardon à MetalSucks, à qui j'ai piqué la moitié de mon titre - eux-mêmes l'ayant certainement emprunté à la compilation de Relapse « This Comp Kills Fascists ».

Having never been a big Windir fan I wasn’t familiar with Vreid’s material until now. What a fucktard can I be sometimes… Vreid is just pure fuckin’ genius – a black ‘n’ roll kind of metal, backed with a strong imagery relying on WWII aesthetics. Milorg is the brigade’s last release and stands easily as one of the year’s best releases. Revolving on Scandinavian Resistance and displaying a fascist, yet left-wing inspired artwork and layout (yup, that’s possible – just ask Kamarad Joseph), you’ll either think Motörhead or a thrashier, militaristic Satyricon while listening to it. Add a pinch of Windir-scented atmospheres, and here we go, only wishing it’s WWII again to spill some German blood in the nearby camping… Yeah, you’re right – this is not for the faint-hearted ! Suffering of suicidal, er, homicidal tendencies ? So come on, join the army ! Let’s mass-rape the world to the soundtrack of its tragedy.

Milorg (Indie Recordings, 2009)

01 Alarm

02 Disciplined
03 Speak Goddamnit
04 Blucher
05 Blucher Pt. ll
06 Heroes and Villains
07 Argumentum Ex Silentio
08 Milorg

Le
Myspace de Vreid.

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