« Forgé dans la Rage et l'Anarchie, aux heures délétères, Blackened Sorrows sème sur son passage de foudroyantes tempêtes de décibels métalliques... ». La tonitruante première phrase de la bio de ce jeune groupe donne le ton et, bon sang ne saurait mentir, reflète assez correctement l'impétuosité de l'escouade. Désespoirs Crépusculaires, une première démo, se compose de trois morceaux carrément honnêtes pour peu que l'on goûte le heavy-thrash tendance tradi, sinon fondamentaliste (laissons l'orthodoxie au black metal moderne).
Maldoror, classique opener, convoque directement l'esprit de Sortilège, le plus lettré des groupes de heavy français (au moins dans le phrasé et l'esprit à la Zouille, et pas forcément dans le timbre agréablement éraillé). Carrément sympathique, ça fait plaisir de constater que l'héritage de cette scène chamarrée, naïve et bon enfant reste vivace ! Au-delà de la filiation musicale, le thème reprend également un filon (et non pas un Villon) littéraire exploité avec constance par la french connection depuis les années quatre-vingt : on citera simplement Morsüre avec Baudelaire (dans un autre genre, j'en profite pour rendre un petit hommage à Forbidden Site et Malveliance qui adaptèrent, certes plus récemment, Artaud et Hugo) ! Bad Karma hésite un peu trop entre ses tendances old school et des références plus récentes (l'intro en harmoniques façon Machine Head) - le prix de la diversité se paie souvent comptant sur le zinc de l'auberge espagnole. Tout en arpèges résonnants, son break très marqué Bay Area (et plus particulièrement Death Angel) emmène tranquillement l'auditeur vers le dernier morceau auquel j'ai décidé de consacrer, fichtre, un paragraphe entier.
Prince des Ruines constitue sans aucun doute le premier hit de Blackened Sorrows : classieux, il explose complètement les deux autres titres et l'on franchit le seuil du « sympathique » pour embrasser celui de l'excellence (oui monsieur). La ténébreuse ligne mélodique sied à merveille à la thématique (ayant distingué le nom Tristelune, je suppose qu'il y est question d'Elric), et l'on ne peut s'empêcher de songer, à nouveau, à la très romanesque scène française de la première moitié des années quatre-vingt. Prince des Ruines est rehaussé d'une chouette partie instrumentale estampillée NWOBHM, solo à tiroirs compris, et trace, avec son agressive mélancolie, un chemin sacrément prometteur pour la bande. Un mot au sujet de la production : c'est fait maison, ça bouffe le chant (d'autant plus dommage que les textes semblent mériter le détour), mais c'est suffisant... pour l'instant ! Il serait bête de passer à côté de Désespoirs Crépusculaires : la maîtrise instrumentale est là, et la personnalité naissante (à chercher, à mon avis, dans le lyrisme puissant du troisième morceau) s'affirmera à coup sûr. A écouter et, bien sûr, à acheter : l'espoir fait vivre, c'est sûr, mais ça ne suffit pas toujours... en particulier dans le metal. A fortiori français.
French young blood, have at you ! Here comes Blackened Sorrows’ first outing, beautifully called Désespoirs Crépusculaires. Descending from a shadowing line of mighty forefathers such as Sortilège, this band is all blue, white and red, while managing to nod to American masters such as Metallica, Megadeth – and also paying its homage to the whole melodic NWOBHM scene. I don’t feel like writing too much about Blackened Sorrows : despite the lack of a good-enough sound, these youth-gone-wild misfits don’t need my words as much as your ears and curiosity. So check’em out on their MySpace (Prince des Ruines is a killer, harking back to the French nostalgic mood of our cultural heritage). And last but not least – hail David, and good luck with the upcoming album !
Désespoirs Crépusculaires (autoproduction, 2008)
01 Maldoror
02 Bad Karma
03 Prince des Ruines
Le Myspace de Blackened Sorrows.
Maldoror, classique opener, convoque directement l'esprit de Sortilège, le plus lettré des groupes de heavy français (au moins dans le phrasé et l'esprit à la Zouille, et pas forcément dans le timbre agréablement éraillé). Carrément sympathique, ça fait plaisir de constater que l'héritage de cette scène chamarrée, naïve et bon enfant reste vivace ! Au-delà de la filiation musicale, le thème reprend également un filon (et non pas un Villon) littéraire exploité avec constance par la french connection depuis les années quatre-vingt : on citera simplement Morsüre avec Baudelaire (dans un autre genre, j'en profite pour rendre un petit hommage à Forbidden Site et Malveliance qui adaptèrent, certes plus récemment, Artaud et Hugo) ! Bad Karma hésite un peu trop entre ses tendances old school et des références plus récentes (l'intro en harmoniques façon Machine Head) - le prix de la diversité se paie souvent comptant sur le zinc de l'auberge espagnole. Tout en arpèges résonnants, son break très marqué Bay Area (et plus particulièrement Death Angel) emmène tranquillement l'auditeur vers le dernier morceau auquel j'ai décidé de consacrer, fichtre, un paragraphe entier.
Prince des Ruines constitue sans aucun doute le premier hit de Blackened Sorrows : classieux, il explose complètement les deux autres titres et l'on franchit le seuil du « sympathique » pour embrasser celui de l'excellence (oui monsieur). La ténébreuse ligne mélodique sied à merveille à la thématique (ayant distingué le nom Tristelune, je suppose qu'il y est question d'Elric), et l'on ne peut s'empêcher de songer, à nouveau, à la très romanesque scène française de la première moitié des années quatre-vingt. Prince des Ruines est rehaussé d'une chouette partie instrumentale estampillée NWOBHM, solo à tiroirs compris, et trace, avec son agressive mélancolie, un chemin sacrément prometteur pour la bande. Un mot au sujet de la production : c'est fait maison, ça bouffe le chant (d'autant plus dommage que les textes semblent mériter le détour), mais c'est suffisant... pour l'instant ! Il serait bête de passer à côté de Désespoirs Crépusculaires : la maîtrise instrumentale est là, et la personnalité naissante (à chercher, à mon avis, dans le lyrisme puissant du troisième morceau) s'affirmera à coup sûr. A écouter et, bien sûr, à acheter : l'espoir fait vivre, c'est sûr, mais ça ne suffit pas toujours... en particulier dans le metal. A fortiori français.
French young blood, have at you ! Here comes Blackened Sorrows’ first outing, beautifully called Désespoirs Crépusculaires. Descending from a shadowing line of mighty forefathers such as Sortilège, this band is all blue, white and red, while managing to nod to American masters such as Metallica, Megadeth – and also paying its homage to the whole melodic NWOBHM scene. I don’t feel like writing too much about Blackened Sorrows : despite the lack of a good-enough sound, these youth-gone-wild misfits don’t need my words as much as your ears and curiosity. So check’em out on their MySpace (Prince des Ruines is a killer, harking back to the French nostalgic mood of our cultural heritage). And last but not least – hail David, and good luck with the upcoming album !
Désespoirs Crépusculaires (autoproduction, 2008)
01 Maldoror
02 Bad Karma
03 Prince des Ruines
Le Myspace de Blackened Sorrows.