vendredi 23 mars 2007

Read the Lightning

Il arrive parfois qu'entre mon code pénal et le dernier numéro de Terrorizer, se soit glissé un vrai livre. Un beau, un grand, avec plein d'images déjà coloriées et un peu de texte à lire. Metallica : Mots Pour Mots correspond en tous points à ces critères, quant à savoir s'il satisfait le principal - un nouveau bouquin sur Metalloche est-il réellement intéressant ? - on le saura à la fin de cette petite revue de presse. S'attachant principalement à commenter les textes hetfieldiens, l'objet s'ouvre sur une exergue frappée au coin du bon sens de Lars : « ce qu'il y a de plus génial dans les paroles de James, c'est que même avec le texte sous les yeux, il reste pleins de possibilités ».

Malheureusement, on se rend vite compte que la foultitude de portes ouvertes - toujours beaucoup de vent, derrière une porte ouverte - et le parti pris dithyrambique forcené (je suis mal placé, c'est donc dire !) ont vite raison du fond : ne cherchons pas d'analyse d'aucune sorte ici, et c'est dommage. Tout n'est pas noir cependant dans cette compilation de points de vue et de regards tant internes qu'extérieurs au groupe, mais commençons donc par ce qui fâche... Outre une interprétation ultra scolaire des paroles de James, dépourvue de toute finesse (au sujet de The Frayed Ends of Sanity : « les personnages à l'état mental extrême sont un sujet de choix pour Hetfield parce qu'ils correspondent à la réalité extrême de sa musique. La voix déformée ajoute encore à l'impression de démence »), on reste parfois stupéfait par l'amateurisme journalistique (seul commentaire de ce monument du heavy metal qu'est Orion : « c'est un bon instrumental, avec une ligne de basse toute bizarre au milieu »), voire atterré par l'inanité de la réflexion. Ainsi Enter Sandman, comptine ingénue-géniale symbolisant l'angoisse d'un James se voyant arrivé à l'âge de raison (mon interprétation), voit ses chouettes paroles réduites à la portion congrue : « elles n'auraient pas été déplacées dans Phantom Lord ou No Remorse ». Aïe... Ça fait mal pour le fan qui espérait autre chose : Hetfield est aussi un grand parolier et son travail aurait mérité mieux qu'une analyse lycéenne, convenue et battue en brèche par - c'est dire - n'importe quel hors-série Metallica qui pullulait en kiosque après la sortie du black album. Dommage, car l'essentiel du rédactionnel est justement constitué d'un passage en revue chronologique des morceaux de chaque album... Une méthodologie aussi plate qu'un quartier de Bagdad après un attentat, pour un résultat à l'avenant et donc décevant.

On distribuera tout de même quelques bons points : malgré la traduction infâme handicapant sérieusement la lecture, le court texte commentant l'excellent Through the Never rappelle intelligemment les changements de point de vue narratif adoptés successivement par Hetfield au fil des albums. Pour une fois pointu, le commentaire met aussi l'accent sur la beauté textuelle désacralisée dudit morceau : « notre planète, troisième caillou en partant du soleil... ». Dommage que Through the Never soit honteusement traduit par Dans le Jamais : pincez-moi je rêve, n'importe quel primo-étudiant en anglais aurait suggéré au minimum Au Travers du Néant, ou A Travers le Vide ! Dans le Jamais ? Jamais plus jamais ! Cependant ne soyons pas mesquin : ce bouquin a des qualités, et elles sont même particulièrement visibles puisqu'il est question ici de son iconographie qui représente largement plus de la moitié de l'objet. Les photos superbes, couleurs ou noir et blanc, documentent abondamment Metallica de l'époque No Life ‘till Leather à celle de St Anger. Alors des tonnes de tofs, c'est bien... mais des tofs plus que rares, c'est mieux : lisant à peu près tout ce qui concerne Metallica de près ou de loin depuis 1992, ayant lâché une thune dont je ne veux pas connaître le montant dans ces satanés hors-séries mentionnés plus haut, j'ai été étonné par le nombre de clichés qui m'étaient inconnus ! On retiendra donc, en vrac, que : putain, ce chien fou de Mustaine était impressionnant de flamboyance ; Burton avait beau passer son temps torse poil et en pattes d'eph', on l'aurait bien vu illustrer « la force tranquille » de Tonton en 1981 ; James n'a jamais été plus charismatique qu'à son époque viking du début des 90's (son esprit possède d'ailleurs fréquemment Johan Hegg d'Amon Amarth) ; quant à Lars, c'est clair : malgré un capital de départ plutôt faible, le moins que l'on puisse dire est que le passage des années le bonifie.

Pour en revenir au contenu écrit, quelques idées intéressantes se font parfois jour : la parenté évidente entre Creeping Death et Of Wolf & Man (la mise en musique d'une traque nocturne et silencieuse - celle du loup qui cherche l'homme, celle de l'assassin mandaté pour tuer le fils de Pharaon) ; la complexité d'un Hetfield en mutation perpétuelle, qui attend son cinquième album pour se persuader qu'écrire sur lui pouvait aussi être intéressant... Au rayon des évidences oubliées mais pourtant énormes, le bouquin rappelle que malgré l'hallali déclenché par Nothing Else Matters, le groupe n'aura finalement jamais écrit « sa » ballade sirupeuse, pourtant passage obligé de tous à l'époque - Nothing Else Matters ne parlant pas d'amour contrarié mais simplement de la solitude d'un homme découvrant le prix de la liberté. Intéressant également, le chapitre traitant de ...And Justice For All : ce skeud adulé - au moins par moi - ne trouvera décidément jamais grâce aux yeux du groupe... Un passage qui permet de mesurer l'immense puissance commerciale de Metallica avant même l'album noir : malgré un son jugé d'emblée atroce et indigne d'être présenté au public, la maison de disque ne sourcilla pas : « on fabrique, on distribue : c'est estampillé Metallica, quel que soit le son on sera multiplatine dans quelques jours »Quelques fulgurances s'imposent aussi avec humour, notamment quant à analyser les grandes différences d'écritures entre Metallica, Slayer et Anthrax. L'exemple de Ride the Lightning est bidonnant : si Metallica adopte le point de vue humain en faisant parler un condamné à mort avant son exécution, Anthrax se serait à coup sûr attelé à ciseler un texte social-contestataire aux échos gauchistes (Metallica y viendra presque avec son quatrième opus, et encore). Tandis que Slayer, ben... Slayer se serait fendu, au plus, d'un laconique « grille, connard ! ». Un peu caricatural malgré tout : Slayer n'est pas si monolithique et sa finesse instrumentale et parfois textuelle (Dead Skin Mask) échappe à beaucoup. Mais l'exemple fait sens, comme disent les anglo-saxons, et j'ai ri - c'est bien là le principal !

Un livre qui finalement n'a que peu d'intérêt pour l'amateur occasionnel, mais qui peut revêtir une certaine valeur aux yeux des metallibashers acharnés... ! Encore une fois, j'insiste sur son principal attrait qui est son impressionnante documentation photographique. De quoi passer un bon moment si l'on accepte de passer sur l'indigence de la traduction, ça m'a personnellement fait ressortir mes vieilles cassettes (et notamment réécouter Kill 'em All) et donné l'occasion d'écrire un article qui aura su (j'espère) vous intéresser, chers lecteurs ! On conclura en laissant la parole au principal intéressé :




To begin with, I’m tired of books about Metallica. “Metallica - Nothing Else Matters : The Stories Behind the Biggest Songs” is a new one and is mainly commenting the band’s songs, a risky exercise… The main problem here is that you won’t really learn anything. Hetfield’s lyrics are not the most cryptic ones to decipher, aren’t they ? I don’t need nobody to tell me that James “loves to bring up subjects like mental sickness because it fits metal oh so well”. Fuck, really ? Best is yet to come, as Orion, which is nothing less than a musical monument, is only granted this comment : “a good instrumental with a weird bassline in the middle”. What the fuckin’ fuck ?!? Orion is the milk and honey of humanity !!! Well, to be honest, all is not that bad, and it’s obvious this book has been absolutely slaughtered by a freakish translation. In fact, the movie Lost In Translation could be about it ! There’s a point though where this book is badass : its iconography. Lots (I mean lots) of never-seen-before pics, which was kind of a vexing surprise for a metallibasher such as myself. To sum it up in one word : may be of interest in its original version, to be avoided in its French translation.

Metallica : Mots pour mots de Chris Ingham & Tommy Udo (auteurs) et Cédric Perdereau (« translatage » ). Flammarion, octobre 2004. Titre original : Metallica - Nothing Else Matters : The Stories Behind the Biggest Songs.

...et toujours :

Vingt ans déjà !
SKOM : un divan pour le monstre

mardi 6 mars 2007

Ad Vacuum - Intimacy : vers un vide pourtant bien rempli...

Je pensais d'abord faire, avant l'après-midi studieuse qui m'attend à la B.U. (j'ai du Cannibal Corpse dans le lecteur mp3, je suis armé), une chronique du dernier Manowar. J'aurais même pu disserter sur l'état de santé mentale décidément préoccupant de l'ami Mustaine, qui vient de ré-enregistrer À Tout Le Monde avec miss Scabbia. Et finalement j'ai changé d'avis : plutôt que de gaspiller de l'encre numérique, tentons de faire rimer « essentiel » avec « confidentiel ». Et attardons-nous sur le troisième Ad Vacuum, Intimacy, faisant suite à Vertigo et Sweet Sour. Alors certes, ce focus sera du coup beaucoup moins lu que s'il s'était borné à décrire les slips glabres et les torses velus (ou vice et versa !) des « hommes de guerre ». Mais merde, récompensons le talent lorsqu'il se présente à nous de la meilleure des façons : en en parlant. Ad Vacuum propose un rock atmosphérique éthéré, se nourrissant d'influences diverses, allant des ténors de la scène metal / goth à la guitare folk / classique, en passant par une world music sombre évoquant parfois Dead Can Dance. Je pourrais faire mon Vincent Delerm et me risquer à un exercice de name-dropping (Tiamat, The Gathering ou encore Lacrimosa - écoutez la fin de Down), mais il est difficile de raccrocher Ad Vacuum à un genre précis sans limiter de façon létale son inspiration. Il est par ailleurs évident que les mentors du groupe sont pour certains des artistes que je ne connais pas ou peu. Le large spectre musical est donc un gage de surprise pour l'auditeur tout au long d'un album racé qui finit par mourir, à l'occasion de Saudavel, en une délicate bossa-nova.

Bien qu'Intimacy n'entretienne finalement que très peu de rapport au genre « d'origine » des musiciens de Ad Vacuum, à savoir le metal tendance extrême, de rares mais d'autant plus efficaces incursions métalliques viennent hanter la triste beauté acoustique de ces pièces... Incursions certes saturées mais demeurant extrêmement mélodiques (*), et qui sont un peu à Ad Vacuum ce que les démons de l'ancien monde sont à nous : le spectre d'un passé dont Ad Vacuum a besoin pour voir son avenir. Vu l'excellence et l'exquise beauté de ces passages, on se prend à fantasmer qu'Ad Vacuum accouche un jour d'un album foncièrement metal ! Il suffit d'écouter les bijoux que sont I'll slowly hate you ou encore Down dont le lyrisme des guitares nous entraîne quelque part entre Yearning et Tristitia - à ne pas confondre avec Tristania. Et si Away évoque l'Anathema récent, l'excellent Softly et son début à la fragrance de cœur de loup convoque directement l'esprit de Moonspell. A ce propos, le chant de Intimacy, dans la plus pure tradition goth, présente occasionnellement un mimétisme troublant avec celui du grand Fernando Ribeiro ! Il est néanmoins réussi, mieux posé que sur Vertigo, et confine parfois au sublime : quelle interprétation magnifique de Ajuda... Ce morceau a beau être une reprise (Madredeus), il est clairement l'un des sommets de l'album.

A l'heure du verdict, la balance de l'actif l'emporte sans coup férir sur le passif : malgré la profusion de références citées - il faut bien situer un groupe méconnu - Ad Vacuum possède un style, une patte personnelle très affirmée, et vient d'accoucher d'un album très pro malgré des moyens qui ne sont pas ceux de Nuclear Blast. Ouvrons le registre des griefs avant d'être accusé d'avoir reçu un chèque avec le cd : on pourra cependant regretter, paradoxalement, la trop grande richesse d'Intimacy : c'est un album très long (dix-sept morceaux !) qui cède parfois, fatalement, à quelques redondances - notamment sur certaines parties acoustiques instrumentales. Mais il vaudra toujours mieux un peu trop de tout que pas assez de rien : voici un grand album qui renferme un talent inversement proportionnel à la faible exposition dont il pâtira forcément. Bravo !

(*) finalement c'est peut-être cette évidence qui résume le mieux Ad Vacuum : un sens de la mélodie hors pair.

Ad Vacuum’s music is bittersweet and sometimes depressed, yet behind those beautifully composed acoustic songs interspersed with more powerful bits you’ll see the light of day. In fact, Ad Vacuum’s Intimacy manages to deal with somber, moody subjects (and I personally see a strong Anathema lyrical filiation) without ever giving it up to the darkest hour. Yet again, this tour-de-force is made possible through the use of nostalgic, yet solar and comfy guitar parts, always offsetting its gothic and sadder side. Ad Vacuum can’t be speak of as a metal band, despite some names coming to mind such as Moonspell, The Gathering, Tiamat – but whatever the fuck it is, it deserves your fullest attention. Do not miss songs such as Away, Softly, Down, nor the absolutely stunning take on Madredeus’ Ajuda. So do you a favour and use your next minute of life to roam Ad Vacuum’s Myspace.

Intimacy (autoproduction, 2007)

01 Entrance
02 Away
03 I will slowly hate you
04 I won't forgive a thing
05 Sleepless
06 Simply
07 Down
08 Less
09 What it seems
10 Softly
11 Tedio
12 Changes
13 Kill the lovely
14 Silver fine
15 Exit
16 Ajuda
17 Saudavel

Le Myspace de Ad Vacuum.

samedi 3 mars 2007

Musique enténébrée

J'ai pris le temps, après l'avoir évité à sa sortie de peur de me retrouver confronté à un « foutage de gueule », de me familiariser un peu avec MoRT, dernier opus obscur, abscons et « abîmé » de Blut Aus Nord. Peut-être même l'ai-je digéré, et encore. Voici donc une chronique plus « ressentie » que musicale et technique... Avant toute chose, et ce dès le visuel, l'album revendique sa laideur. Cependant je ne dirais pas que l'on a du mal à aller à son terme, car MoRT parvient à accrocher l'auditeur malgré tout. Pourquoi ? Comment ? Difficile à déterminer sans évoquer les sensations. Si l'écoute est assez pénible pour pouvoir devenir dérangeante - pour peu que l'on accorde à MoRT les conditions qu'il requiert -, elle ne le devient néanmoins jamais assez pour m'avoir fait ressentir le besoin de l'interrompre. Bien au contraire. Outre son côté poisseux et oppressant, ce qui est véritablement effrayant dans MoRT, c'est cette imitation de vie grotesque qu'il s'applique à contrefaire pendant sa quarantaine de minutes, dans une démarche toute baconesque.

Volontairement, excessivement dissonant, MoRT est un magma dilué à l'extrême (juste assez pour demeurer dans le champ de l'expression artistique tel que nous l'entendons) qui enveloppe une espèce de masse musicale que l'on sent palpiter loin, très loin en dessous malgré tout. Difficile de décrire cette musique, puisqu'il s'agit bien de cela malgré cette orientation bruitiste et illustrative... Ce que j'aime énormément dans cet album, et qui fait sa particularité et sa réussite, c'est donc un horrible côté charnel et organique ; la présence permanente d'une monstrueuse ossature black metal résiduelle et complètement dystrophiée, qui essaie tant bien que mal d'émerger de ce maelström bouillonnant. Ce lointain squelette, témoignant des racines de Blut Aus Nord, n'y arrive cependant jamais - Blut Aus Nord l'en empêche continuellement en le contraignant avec sadisme et intelligence. Mais on le sent, ce cœur black metal qui pulse, qui hurle de profundis, mis à mal par une gangue musicale qui le torture en lui imprimant contraptions et distorsions... Sous le bruit, le monstre supplicié.


MoRT n'est donc pas si « déshumanisé » que cela, loin s'en faut... et c'est bien là que réside l'aspect flippant de l'affaire : quelque chose vit au milieu de ces ténèbres sonores, transcrites par des guitares spectrales tant elles sont dépouillées d'attaque (emploi de guitares fretless, techniques de jeu peu conventionnelles certainement utilisés). Mais c'est quelque chose qui a été humain, et qui ne l'est certainement plus au terme du processus d'anéantissement systématique... Les multiples pistes vocales, hallucinées et plus souvent devinées qu'entendues, sont écrasées par ces percussions tribales qui résonnent comme les marteaux de la folie. Sur ce point précis, Blut Aus Nord a fait très fort en dotant ces dernières d'un écho industriel cauchemardesque, qui les font sonner comme des enclumes qu'on frapperait depuis les sous-sols d'une antique arcologie oubliée du monde. Une déstructuration totale au service d'une désolation non moins absolue.


Je ne sais pas si j'aime MoRT mais il m'a intrigué et intéressé, c'est certain. La pochette le résume à merveille : cet amas de chairs corrompues, adossé à un mur crasseux sans âge, suggère une humanité qui fut, indéniablement, mais qui n'est désormais plus que très difficilement reconnaissable. La parfaite métaphore visuelle de l'évolution de la musique de Blut Aus Nord, en somme... L'exercice n'était pas gagné car dans ce genre d'entreprise, sans talent, on fonce directement dans un mur constellé de clichés ridicules... mais je ne crois pas que ce soit le cas ici. Bref, peut-être pas l'expérience interdite - personne ne l'avait promise - mais foncièrement intéressant, à tout le moins. Pas besoin non plus d'être maso pour écouter MoRT et pour profiter de ses pics de terreur paroxystique qu'ont déjà généré des œuvres comme Silent Hill 2 ou Jacob's Ladder, il suffira simplement d'être curieux... à l'instar de cet album.


Even though their work was of importance in France (and elsewhere), and their name a trademark synonym of obdurate, hardened-in-bleakness black metal, I was never familiar with Blut Aus Nord’s music. How come did I buy MoRT ? Fuck, I don’t have a clue, I just know it’s spinning right now in my stereo and everything in my place is currently painted in black. Do not expect easy-listening black metal here ! Better ready your ears and brains for some baconesque, grotesque soundtrack expelled, yes, from a black metal vagina - but its mature shape is of no other kind. This is bruitist and tortured, this is the sound of falling and failing flesh, a nightmarish maelstrom living a life of its own – hear it crying, screaming and dying… Art is not made to look good, nor to be pleasant or comfortable and you better remember this when listening to that monster of a record ! Besides these dripping, degulining guitar tracks, industrial yet primal percussions are to be heard, along with some ghostly voices here and there – I swear you would sell, in vain, your sinful mother to have a gasp of fresh air. So is it a valid record, is it humanly possible to take it and, well, “appreciate” it ? I personally will not listen to it again for a long fuckin’ time… However I only know one thing : art has no boundaries (yup, like evil) and shall bow to no rule as long as it carries a message, and such is the case here. What message am I talkin’ about ? Well, Mr. Smartass, it’s up to you to find out. And don’t forget your fuckin’ flashlight in this hellhole.

MoRT (Candlelight, 2006)

01 Chapter I
02 Chapter II
03 Chapter III
04 Chapter IV
05 Chapter V
06 Chapter VI
07 Chapter VII
08 Chapter VIII

Le Myspace de Blut Aus Nord.

jeudi 1 mars 2007

Nature morte

Loin des huiles sur toile tapageuses sinon criardes qui ont orné tant de grands albums, du heavy metal vintage des eighties (Riggs, Wilkinson, etc) à sa frange obscure plus récente asphyxiée par les répétitifs travaux des Necrolord, Verwimp, Seagrave et cie ; loin des comiques pochettes photographiées et bigger than life du hard rock américain et ses excès (derrière un cliché de Mötley Crüe ou de Cinderella se cachent quinze sprays de laque, dix pots de gel, et pour les rails de coke, multiplier le nombre de prostituées présentes par le nombre de chicots restant encore accrochés dans la bouche de Mick Mars) ; plus loin encore de ces ignobles jaquettes photoshoppées/stéréotypées qui pullulent actuellement - en particulier l'infographie 3D, véritable catastrophe que l'on devrait réserver exclusivement aux albums présentant aussi peu d'âme que la technique en question (passez-moi les Mnemic)...

...Loin, très loin de tout cela donc, se situe cette pochette intemporelle au charme suranné, reproduisant une bien étrange photographie. Reflétant à merveille le contenu musical de l'œuvre qu'elle habille, cette scène atmosphérique, de laquelle sourd un sentiment diffus d'inquiétude et de malaise, reste avare de ses secrets. Où donc ce cliché a-t-il été pris ? Qui est cette femme, silhouette iconique statufiée pour l'éternité devant cette église dont le glas ouvre l'album ? Autant de questions qui ne méritent aucune réponse : le charme vénéneux de cette photo se suffit à lui-même. Aujourd'hui encore, il demeure mille fois plus impressionnant que les artifices d'une jaquette comme celle de l'excellent Dusk And Her Embrace (Cradle Of Filth), vraisemblablement très inspirée par le visuel de ce premier Black Sabbath. Une réussite totale, vieille de trente-sept ans (!) et dont la puissance évocatrice tient à son extraordinaire pouvoir de suggestion. Ce sont alors les « forces de l'esprit », chères à certains, qui prennent le relai.

« The cataract of darkness forms fully, the long black night begins, yet still, by the lake a young girl waits, unseeing she believes herself unseen, she smiles, faintly at the distant tolling bell, and the still falling rain... »

nota bene : Marcus Keef, auteur du cliché, a longtemps entretenu cette légende qui voudrait qu'aucun personnage n'ait été photographié ce jour-là, cette femme spectrale ne s'étant révélée qu'au stade du développement... Fear !

"The cataract of darkness forms fully, the long black night begins, yet still, by the lake a young girl waits, unseeing she believes herself unseen, she smiles, faintly at the distant tolling bell, and the still falling rain...". I don’t feel like adding anything to this eerie, evocative sentence, except that its profound darkness is more vivid than ever in this Marcus Keef’s Black Sab’ cover. Man, right now I only know two things : this is better than any of today’s over-photoshopped generic metal artwork, and, I never, ever want to see this solitary silhouette in my life ! Ya see, I’m a big boy now (well, sort of…), but it still gives me the fuckin’ creeps.


...et toujours :
Artistiquement vôtre !