jeudi 1 mars 2007

Nature morte

Loin des huiles sur toile tapageuses sinon criardes qui ont orné tant de grands albums, du heavy metal vintage des eighties (Riggs, Wilkinson, etc) à sa frange obscure plus récente asphyxiée par les répétitifs travaux des Necrolord, Verwimp, Seagrave et cie ; loin des comiques pochettes photographiées et bigger than life du hard rock américain et ses excès (derrière un cliché de Mötley Crüe ou de Cinderella se cachent quinze sprays de laque, dix pots de gel, et pour les rails de coke, multiplier le nombre de prostituées présentes par le nombre de chicots restant encore accrochés dans la bouche de Mick Mars) ; plus loin encore de ces ignobles jaquettes photoshoppées/stéréotypées qui pullulent actuellement - en particulier l'infographie 3D, véritable catastrophe que l'on devrait réserver exclusivement aux albums présentant aussi peu d'âme que la technique en question (passez-moi les Mnemic)...

...Loin, très loin de tout cela donc, se situe cette pochette intemporelle au charme suranné, reproduisant une bien étrange photographie. Reflétant à merveille le contenu musical de l'œuvre qu'elle habille, cette scène atmosphérique, de laquelle sourd un sentiment diffus d'inquiétude et de malaise, reste avare de ses secrets. Où donc ce cliché a-t-il été pris ? Qui est cette femme, silhouette iconique statufiée pour l'éternité devant cette église dont le glas ouvre l'album ? Autant de questions qui ne méritent aucune réponse : le charme vénéneux de cette photo se suffit à lui-même. Aujourd'hui encore, il demeure mille fois plus impressionnant que les artifices d'une jaquette comme celle de l'excellent Dusk And Her Embrace (Cradle Of Filth), vraisemblablement très inspirée par le visuel de ce premier Black Sabbath. Une réussite totale, vieille de trente-sept ans (!) et dont la puissance évocatrice tient à son extraordinaire pouvoir de suggestion. Ce sont alors les « forces de l'esprit », chères à certains, qui prennent le relai.

« The cataract of darkness forms fully, the long black night begins, yet still, by the lake a young girl waits, unseeing she believes herself unseen, she smiles, faintly at the distant tolling bell, and the still falling rain... »

nota bene : Marcus Keef, auteur du cliché, a longtemps entretenu cette légende qui voudrait qu'aucun personnage n'ait été photographié ce jour-là, cette femme spectrale ne s'étant révélée qu'au stade du développement... Fear !

"The cataract of darkness forms fully, the long black night begins, yet still, by the lake a young girl waits, unseeing she believes herself unseen, she smiles, faintly at the distant tolling bell, and the still falling rain...". I don’t feel like adding anything to this eerie, evocative sentence, except that its profound darkness is more vivid than ever in this Marcus Keef’s Black Sab’ cover. Man, right now I only know two things : this is better than any of today’s over-photoshopped generic metal artwork, and, I never, ever want to see this solitary silhouette in my life ! Ya see, I’m a big boy now (well, sort of…), but it still gives me the fuckin’ creeps.


...et toujours :
Artistiquement vôtre !

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