Quand on aime l'art, on aime aussi les artistes - Mustaine en est un, race des maudits, écorchés vifs et autres torturés de l'âme. Malgré une période catastrophique n'ayant pas, heureusement, dépassé deux albums (Risk et The World Needs A Hero, tous deux très faibles pour différentes raisons), je reste un fan hardcore et comme déjà mentionné dans une notule écrite à la sortie de United Abominations, Megadeth pourrait sortir un album de variétoche pourrie, avec pochette miteuse, ballades merdiques et tout le toutim que je l'achèterais quand même... Quoique à la réflexion, cet album existe, il s'appelle Risk, et il pue autant que le costard élimé de Vic Rattlehead. Revenons à notre sujet : peu le savent, mais Dave a été élevé par une horde de loups-garous et génétiquement modifié pour jouer comme personne - the man puts the « heavy » in heavy metal. Un jour, il sera cryogénisé pour revenir nous sauver quand le myspace-deathcore aura envahi la planète.
Dave Mustaine est beau - normal, d'origine française (in)contrôlée, grand (la légende dit qu'il se suspendait par les bras deux heures tous les soirs étant petit, histoire de dépasser un jour James Hetfield - il a réussi) et fort. Comme tout grand homme, Dave nous gratifie de ses pensées qui, à l'instar de celles de Mao, nous aident à vivre. Ainsi sur le mariage : « c'est super le premier mois, mais tout homme normalement constitué veut mourir après deux ans. Le problème d'Al Pitrelli, c'est qu'il venait de se marier quand il nous a rejoints : on aurait du arriver deux ans plus tard et il aurait trompé sa femme avec Megadeth au lieu de faire l'inverse ». On ne connaît pas sa position sur le PACS - revenons à son Art. L'unicité stylistique de Megadeth est quelque chose qui m'a toujours fasciné et intrigué. Thrash ? Pour le premier album, soit, mais dès Peace Sells..., bien réductrice est l'étiquette. Quant à Rust In Peace, n'en seraient ses guitares harmonisées, sa hargne teigneuse aurait presque un goût du hardcore d'alors. La suite est à l'avenant et Megadeth ne fera jamais plus que du Megadeth : la marque et le paradoxe des très grands groupes dits « de thrash » - tous extrêmement différents entre eux et ne suivant, rapidement, que leur propre chemin. La personnalité de Mustaine, écorché vif inapte au compromis et au self-control - voir ses multiples et profondes inimitiés - est aussi ce qui donne à Megadeth ce qui manque tant à d'autres : une véritable colère, ce fameux mean factor. En témoignent les paroles de nombreuses chansons, véritablement haineuses pour peu qu'on s'y attarde. A lire, et à écouter pour la morgue que Dave-Salieri y dispense, le récent Something That I'm Not adressé à Lars-Mozart...
Car sans faire de psychologie de zinc, c'est bien l'extraordinaire ressentiment à l'encontre de Metallica qui servira de carburant à sa vie, et pas seulement carrière - appeler son fils Justice et sa fille Electra ne s'invente pas... L'éviction scabreuse de Dave, c'est la tragédie humaine à l'échelle du metal et, je le crois, ça le tuera un jour que j'espère lointain ! A voir, notamment, le face-à-face entre lui et Lars dans Some Kind of Monster : aussi troublant et pathétique que soit ce moment, il ne suffit pas à rendre compte de vingt-huit années acrimonieuses, revanchardes et destructrices - il faut le supporter, ce poids des « et si... ». Certes Megadeth lui aura apporté femmes, villas et fortune, mais on mesure l'étendue des dégâts lorsque le bougre reconnaît se foutre des disques d'or et n'avoir jamais voulu autre chose que détrôner Metallica, chose qu'il sait être impossible (en terme de succès commercial j'entends). « Have you got an idea what I've been through ? » répète-t-il à l'envi... Steven Adler, ressassant semblable frustration, s'en sortira plus mal encore, infoutu de faire quoi que ce soit à l'exception de marques au creux de ses bras. Dave touche véritablement le fond avec The World Needs A Hero ; sortie peu inspirée d'une « vieille gloire » - ce qu'il était alors. On peut pardonner beaucoup, faute d'attentes, à un Dream Theater (l'ennui profond), Tankard (l'ennui profond et la nullité) ou In Extremo (l'ennui profond, la nullité et le mauvais goût), mais pas à Megadeth... Fort heureusement le monde a depuis repris son cours normal et son ordre naturel s'est rétabli : Dave est de nouveau à la mode tandis que rien n'est plus daté que le neo-metal (sauf le myspace-deathcore... bientôt). Branché ou pas, Dave refait donc parler la poudre - se forçant, au passage, à chanter un peu plus juste à chaque album. Ce qui n'est pas peu dire, considérant un capital de départ proche de celui notre Renaud national !
Mustaine, comme Megadeth, ne laisse donc personne indifférent : on l'aime ou on le déteste, on adule sa musique ou on conchie cette voix de chat écorché, mais c'est bien là la force de cette grande gueule : comme Blackie Lawless, comme Axl Rose, comme James Hetfield, Dave n'est jamais avare en conneries, mais a su marquer de façon indélébile le metal... Une intuition : ce génie un peu cinglé occupera une place dans l'histoire de sa musique que l'on ne soupçonne pas forcément encore aujourd'hui. Dave Mustaine, c'est le connard magnifique, le loser proverbial, l'emmerdeur molinaresque qui s'est toujours vécu comme tel sans voir quel fabuleux héritage il allait laisser à la scène, trop bouffé qu'il est par ses démons... Insupportablement attachant, on lui pardonne à peu près tout, même le mal nécessaire Risk. Sauf, peut-être, les atroces pochettes de United Abominations et Endgame.
Mustaine is one of metal’s accursed poets, a true artist in his own right plagued with a never-resting soul : in a twisted, baudelairian way, the man "souffre de ne pas être assez soi" and his personal Spleen was, is and will forever be Metallica. Simply put, Mustaine is a genius, which isn’t exactly a surprise given his part-French lineage (come on… just kidding). I don’t feel like writing too much about the man here – already done that in French. All I can say is that I’m deeply interested in his ability to use a world-sized frustration as a neverending fuel for Megadeth’s brightest hours. But hey, there’s so much pain encysted in here – can you believe he baptized his children Justice and Electra ! This fact alone is quite frightening isn’t it ? I won’t even bother to mention his teary-eyed appearance in SKOM : now you know what “personal tragedy” means. I’m amused (in the baddest way) when I read shit like on Blabbermouth, about Dave’s so-called newfound peace of mind : the man is an écorché-vif and he perfectly knows where, “après une subtile esquisse, on a enfoncé les vis”. There’s no peace of mind for such an artist, a giant, a master – along with James Hetfield (how strange), Dave is firmly enthroned atop my personal pantheon. Please, Messrs. Hetfield and Mustaine, give war a chance : play together again – not only for a gig, but for an entire knee-bending, jaw-crushing motherfuckin’ killing machine of a record.
...et toujours :
United Abominations : Return to "Anger"
Dave Mustaine est beau - normal, d'origine française (in)contrôlée, grand (la légende dit qu'il se suspendait par les bras deux heures tous les soirs étant petit, histoire de dépasser un jour James Hetfield - il a réussi) et fort. Comme tout grand homme, Dave nous gratifie de ses pensées qui, à l'instar de celles de Mao, nous aident à vivre. Ainsi sur le mariage : « c'est super le premier mois, mais tout homme normalement constitué veut mourir après deux ans. Le problème d'Al Pitrelli, c'est qu'il venait de se marier quand il nous a rejoints : on aurait du arriver deux ans plus tard et il aurait trompé sa femme avec Megadeth au lieu de faire l'inverse ». On ne connaît pas sa position sur le PACS - revenons à son Art. L'unicité stylistique de Megadeth est quelque chose qui m'a toujours fasciné et intrigué. Thrash ? Pour le premier album, soit, mais dès Peace Sells..., bien réductrice est l'étiquette. Quant à Rust In Peace, n'en seraient ses guitares harmonisées, sa hargne teigneuse aurait presque un goût du hardcore d'alors. La suite est à l'avenant et Megadeth ne fera jamais plus que du Megadeth : la marque et le paradoxe des très grands groupes dits « de thrash » - tous extrêmement différents entre eux et ne suivant, rapidement, que leur propre chemin. La personnalité de Mustaine, écorché vif inapte au compromis et au self-control - voir ses multiples et profondes inimitiés - est aussi ce qui donne à Megadeth ce qui manque tant à d'autres : une véritable colère, ce fameux mean factor. En témoignent les paroles de nombreuses chansons, véritablement haineuses pour peu qu'on s'y attarde. A lire, et à écouter pour la morgue que Dave-Salieri y dispense, le récent Something That I'm Not adressé à Lars-Mozart...
Car sans faire de psychologie de zinc, c'est bien l'extraordinaire ressentiment à l'encontre de Metallica qui servira de carburant à sa vie, et pas seulement carrière - appeler son fils Justice et sa fille Electra ne s'invente pas... L'éviction scabreuse de Dave, c'est la tragédie humaine à l'échelle du metal et, je le crois, ça le tuera un jour que j'espère lointain ! A voir, notamment, le face-à-face entre lui et Lars dans Some Kind of Monster : aussi troublant et pathétique que soit ce moment, il ne suffit pas à rendre compte de vingt-huit années acrimonieuses, revanchardes et destructrices - il faut le supporter, ce poids des « et si... ». Certes Megadeth lui aura apporté femmes, villas et fortune, mais on mesure l'étendue des dégâts lorsque le bougre reconnaît se foutre des disques d'or et n'avoir jamais voulu autre chose que détrôner Metallica, chose qu'il sait être impossible (en terme de succès commercial j'entends). « Have you got an idea what I've been through ? » répète-t-il à l'envi... Steven Adler, ressassant semblable frustration, s'en sortira plus mal encore, infoutu de faire quoi que ce soit à l'exception de marques au creux de ses bras. Dave touche véritablement le fond avec The World Needs A Hero ; sortie peu inspirée d'une « vieille gloire » - ce qu'il était alors. On peut pardonner beaucoup, faute d'attentes, à un Dream Theater (l'ennui profond), Tankard (l'ennui profond et la nullité) ou In Extremo (l'ennui profond, la nullité et le mauvais goût), mais pas à Megadeth... Fort heureusement le monde a depuis repris son cours normal et son ordre naturel s'est rétabli : Dave est de nouveau à la mode tandis que rien n'est plus daté que le neo-metal (sauf le myspace-deathcore... bientôt). Branché ou pas, Dave refait donc parler la poudre - se forçant, au passage, à chanter un peu plus juste à chaque album. Ce qui n'est pas peu dire, considérant un capital de départ proche de celui notre Renaud national !
Mustaine, comme Megadeth, ne laisse donc personne indifférent : on l'aime ou on le déteste, on adule sa musique ou on conchie cette voix de chat écorché, mais c'est bien là la force de cette grande gueule : comme Blackie Lawless, comme Axl Rose, comme James Hetfield, Dave n'est jamais avare en conneries, mais a su marquer de façon indélébile le metal... Une intuition : ce génie un peu cinglé occupera une place dans l'histoire de sa musique que l'on ne soupçonne pas forcément encore aujourd'hui. Dave Mustaine, c'est le connard magnifique, le loser proverbial, l'emmerdeur molinaresque qui s'est toujours vécu comme tel sans voir quel fabuleux héritage il allait laisser à la scène, trop bouffé qu'il est par ses démons... Insupportablement attachant, on lui pardonne à peu près tout, même le mal nécessaire Risk. Sauf, peut-être, les atroces pochettes de United Abominations et Endgame.
Mustaine is one of metal’s accursed poets, a true artist in his own right plagued with a never-resting soul : in a twisted, baudelairian way, the man "souffre de ne pas être assez soi" and his personal Spleen was, is and will forever be Metallica. Simply put, Mustaine is a genius, which isn’t exactly a surprise given his part-French lineage (come on… just kidding). I don’t feel like writing too much about the man here – already done that in French. All I can say is that I’m deeply interested in his ability to use a world-sized frustration as a neverending fuel for Megadeth’s brightest hours. But hey, there’s so much pain encysted in here – can you believe he baptized his children Justice and Electra ! This fact alone is quite frightening isn’t it ? I won’t even bother to mention his teary-eyed appearance in SKOM : now you know what “personal tragedy” means. I’m amused (in the baddest way) when I read shit like on Blabbermouth, about Dave’s so-called newfound peace of mind : the man is an écorché-vif and he perfectly knows where, “après une subtile esquisse, on a enfoncé les vis”. There’s no peace of mind for such an artist, a giant, a master – along with James Hetfield (how strange), Dave is firmly enthroned atop my personal pantheon. Please, Messrs. Hetfield and Mustaine, give war a chance : play together again – not only for a gig, but for an entire knee-bending, jaw-crushing motherfuckin’ killing machine of a record.
...et toujours :
United Abominations : Return to "Anger"