vendredi 8 décembre 2006

Stream of (social) Consciousness

Hormis sur ses deux premiers albums, consacrés aux sempiternels démons censés venir nous botter le cul pendant notre sommeil (toujours pas arrivés), Kreator a toujours pris soin de fignoler des textes coup-de-poing, au fil anarcho-gauchiste aussi tranchant que les riffs les portant. Enemy of God, dernière livraison en date, ne fait pas exception à la règle malgré un titre qui induirait en erreur quiconque n'y regarderait à deux fois. Mille Petrozza, toujours aussi révolté, continue d'inscrire son groupe dans le gros thrash social qui tâche, laissant bouchers éventreurs et autres démons cacochymes à ses compatriotes Destruction et Sodom. Ne parlons pas du nectar houblonneux, sujet d'inspiration infinie creusé avec bonheur - pour certains - et exclusivité par les poètes éthyliques de Tankard (au secours). Alors certes, d'aucuns diront que ça ne va pas pisser bien loin, et que ce n'est pas l'étude géopolitico-sociale la plus pertinente qu'il nous ait été donné de lire. Et c'est vrai ! Mais enfin, le but n'a jamais été d'écrire une thèse et cela reste de la musique, du thrash d'excellent niveau et hypermoderne pour un groupe de cet âge - notons même une coloration Gothenburg qui vient teinter la fin de l'album de sonorités rougeoyantes d'habitude plus scandinaves que germaniques.

Kreator n'a jamais prétendu faire d'essais politiques mais préfère, avec peut-être un peu plus de talent que de succès depuis la fracture Renewal, donner dans le pamphlet contestataire et descriptif. Enemy of God est donc un état des lieux, un constat d'urgence dressé par un Mille Petrozza consterné de se voir, chaque soir à vingt heures devant son poste, imposer une telle dose d'impossible brutalité. Sans rivaliser avec la force parolière d'albums tels que Cause For Conflict (eux-mêmes), ...And Justice For All (Metallica) ou encore Beneath the Remains (Sepultura), Enemy of God est cependant un grand disque que nous offrent ces punks allemands déguisés en thrasheurs, une sorte de BO idéale à cette ultraviolence incontrôlable et ascendante, alimentée pernicieusement par un inexorable système de vases communicants : les idéologies fondatrices s'effritant, ne reste désormais plus que la sauvagerie humaine toujours plus dénuée de règles. Fussent-elles critiquables elles-aussi. Une thèse assénée sur douze terribles morceaux !

Putting aside its first two releases, Kreator was always about politics and social awareness (and kick-ass thrash metal). Enemy of God is no exception and, despite its title suggesting some kind of church-burning black metal content, is another fist in the face of god (errr, of society, sorry) ! Sure it ain’t a postgraduate thesis but hey, we don’t need no more brains to understand it’s total social shit all over and everywhere right fuckin’ now. Got it ? I have to say that Cause For Conflict is maybe my favourite Kreator album as far as these topics are concerned – this release is criminally underrated : to say it is a major body of work is an understatement. However Enemy of God is a strong CD, almost punkish under its guise of barbaric thrash metal, and denouncing whatever there’s to denounce right here, right now. Man, I really do feel like a fuckin’ progressive proletarian writing these lines.

Enemy of God (SPV, 2005)

01 Enemy Of God
02 Impossible Brutality
03 Sucide Terrorist
04 World Anarchy
05 Dystopia
06 Voices Of The Dead
07 Murder Fantasies
08 When Death Takes It's Dominion
09 One Evil Comes - A Million Follow
10 Dying Race Apocalypse
11 Under A Total Blackened Sky
12 The Ancient Plague

Le site et le Myspace de Kreator.

...et toujours :
Heureusement qu'on se faisait ch**r dans les centres de jeunesse allemands !

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