Sworn to the Dark avait fait son effet en 2007 : la sainte-trinité cradoque et peinturlurée d'Uppsala, outre un don certain pour les travaux pratiques (voir l'attirail scénique), avait su policer son metal noir via une profondeur mélodique inédite et l'éloignant, c'est vrai, des cryptes et autres transis parfois monodimensionnels du black metal. Et malgré le fracas des chroniques positives, le consensus n'était pas au rendez-vous. Principal reproche (que je ne partage pas) : un côté Dissection trop prononcé. Et c'est vrai que Watain était alors, comme la femme de Cassavetes, sous influence : difficile de ne pas voir son metal teinté par le négativisme de Jon Nödtveidt lorsque l'on a ouvert pour la tournée Reinkaos et que l'on a, dans le cas de E, tenu la basse et réalisé des artworks pour Dissection.
Arrive Lawless Darkness, et quelle tarte tatin avec lui ! Fin dans sa brutalité, chaotique mais compréhensible, glacial tout en exhalant cette poussière cryptique garantie par le Necromorbus Studio, cet album est à mon avis le vrai tournant de leur carrière. Où se loge sa magie ? Dans cette mélopée constante et bruitiste, contrastée par ses accents heavy metal ? Dans le sempiternel de ses fondations rythmiques, artifice classique du style, agrémentées d'un riffing acéré comme jamais et décliné en de longs mouvements ? De Reaping Death, tuerie norvégienne commise par ces suédois et agrémentée d'un solo slayerien, à Total Death, berceuse dont on doit la prose primesautière à Helmkamp (Angelcorpse), en passant par l'égotique Wolves Curse, Lawless Darkness fait en tout cas ce qu'on lui demande : il ravage l'auditeur comme la syphilis ravageait la peau des femmes d'Henry VIII. Reste à mentionner la dernière piste (j'omets la reprise de Death SS qui jure avec le reste) : Waters of Ain et son ambiance « océan de mercure extraterrestre », distillant une furie peu à peu entamée par l'Entropie dont nous parle Watain depuis son premier album. Ou quinze minutes d'une habile montée en puissance, ponctuée par Carl McCoy de Fields of the Nephilim. On atteint le Beau sans le vouloir, paraît-il : Waters of Ain est le fermoir idéal de l'œuvre - peut-être pas un nouvel Inno A Satana, mais celui de Watain, c'est certain ! J'hésite à émettre un reproche qui concernerait la longueur de l'album, car Lawless Darkness a besoin de prendre son temps pour étendre ses ailes noires et décharnées. Est-il utile de rappeler qu'il s'écoute, comme tout grand album de black metal, au casque et loin du monde ?
Je ne vois pas par quelle magie noire les suédois pourraient pousser cette formule plus loin : Lawless Darkness est l'alpha et l'omega du black metal, en 2010 et pour quelques années à venir. Il faudra faire autre chose, et Watain est assez intelligent pour l'avoir compris au moment où il gravait ce requiem dans la granit du Necromorbus. La couronne de meilleur album black metal de l'année vient d'être ravie (presque) sans effort au nez et à la barbe d'Arckanum, que j'avais pourtant adoubé dans une notule dithyrambique. Enfin, et qualité non négligeable du groupe, Watain a le don comique de faire sortir du bois, à chaque sortie, tous les trous du kulte numériques de France et de Navarre : les forums des « gens qui savent » sont, actuellement, un délice à parcourir.
Sworn to the Dark did sell well, but the Watain guys stand by their old wardrobes and did not change anything as far as their appearance is concerned. Meaning, they still attach dead fuckin’ rats around their skinny necks. Rad, isn’t it ? Fuck, I want one, too. Music-wise, this is a whole other story, and I’m not sure I want to tell it here. Yeah, I’m afraid you’ll have to buy it. What I can say though, ‘cause I hear you insisting on here, is that Watain lost its Dissection-coloured edge characterizing the last album. More accurately, Watain did trade it for its own blades, rediscovering and, well, refining its identity along the way. Sure, they're not dwelling anymore underneath the underground. Sure, this is a bit more harmless, a bit less dirty and dusty. But still it reeks of rotten carrion and still it will blow your ass up ! So although more melodic and thrashier, Lawless Darkness is, I really do believe it, an instant classic. Energized with fist-pumping, heavy metal-inspired chorus and riffage, adorned in a stunning (not shitting you) digipack enhanced with over-the-top sinister artwork – not your classic fuckin’ Gustave Doré rip-off -, Lawless Darkness is a monstrous killing machine, ravaging and destroying everything with its melodic yet hyper-violent brand of black metal. As always, do not believe what you can read everywhere on the net – Watain is making it, without faking it. Now fetch all the rats saying otherwise, tie ‘em by their tails, sing Mütiilation’s “Rattenkönig”, and just eat ‘em up. This is my version of our French “La Souris Verte” song.
Lawless Darkness (Season Of Mist, 2010)
01 Death's Cold Dark
02 Malfeitor
03 Reaping Death
04 Four Thrones
05 Wolves Curse
06 Lawless Darkness
07 Total Funeral
08 Hymn to Qayin
09 Kiss of Death
10 Waters of Ain
11 Chains of Death
Le site et le Myspace de Watain.
Arrive Lawless Darkness, et quelle tarte tatin avec lui ! Fin dans sa brutalité, chaotique mais compréhensible, glacial tout en exhalant cette poussière cryptique garantie par le Necromorbus Studio, cet album est à mon avis le vrai tournant de leur carrière. Où se loge sa magie ? Dans cette mélopée constante et bruitiste, contrastée par ses accents heavy metal ? Dans le sempiternel de ses fondations rythmiques, artifice classique du style, agrémentées d'un riffing acéré comme jamais et décliné en de longs mouvements ? De Reaping Death, tuerie norvégienne commise par ces suédois et agrémentée d'un solo slayerien, à Total Death, berceuse dont on doit la prose primesautière à Helmkamp (Angelcorpse), en passant par l'égotique Wolves Curse, Lawless Darkness fait en tout cas ce qu'on lui demande : il ravage l'auditeur comme la syphilis ravageait la peau des femmes d'Henry VIII. Reste à mentionner la dernière piste (j'omets la reprise de Death SS qui jure avec le reste) : Waters of Ain et son ambiance « océan de mercure extraterrestre », distillant une furie peu à peu entamée par l'Entropie dont nous parle Watain depuis son premier album. Ou quinze minutes d'une habile montée en puissance, ponctuée par Carl McCoy de Fields of the Nephilim. On atteint le Beau sans le vouloir, paraît-il : Waters of Ain est le fermoir idéal de l'œuvre - peut-être pas un nouvel Inno A Satana, mais celui de Watain, c'est certain ! J'hésite à émettre un reproche qui concernerait la longueur de l'album, car Lawless Darkness a besoin de prendre son temps pour étendre ses ailes noires et décharnées. Est-il utile de rappeler qu'il s'écoute, comme tout grand album de black metal, au casque et loin du monde ?
Je ne vois pas par quelle magie noire les suédois pourraient pousser cette formule plus loin : Lawless Darkness est l'alpha et l'omega du black metal, en 2010 et pour quelques années à venir. Il faudra faire autre chose, et Watain est assez intelligent pour l'avoir compris au moment où il gravait ce requiem dans la granit du Necromorbus. La couronne de meilleur album black metal de l'année vient d'être ravie (presque) sans effort au nez et à la barbe d'Arckanum, que j'avais pourtant adoubé dans une notule dithyrambique. Enfin, et qualité non négligeable du groupe, Watain a le don comique de faire sortir du bois, à chaque sortie, tous les trous du kulte numériques de France et de Navarre : les forums des « gens qui savent » sont, actuellement, un délice à parcourir.
Sworn to the Dark did sell well, but the Watain guys stand by their old wardrobes and did not change anything as far as their appearance is concerned. Meaning, they still attach dead fuckin’ rats around their skinny necks. Rad, isn’t it ? Fuck, I want one, too. Music-wise, this is a whole other story, and I’m not sure I want to tell it here. Yeah, I’m afraid you’ll have to buy it. What I can say though, ‘cause I hear you insisting on here, is that Watain lost its Dissection-coloured edge characterizing the last album. More accurately, Watain did trade it for its own blades, rediscovering and, well, refining its identity along the way. Sure, they're not dwelling anymore underneath the underground. Sure, this is a bit more harmless, a bit less dirty and dusty. But still it reeks of rotten carrion and still it will blow your ass up ! So although more melodic and thrashier, Lawless Darkness is, I really do believe it, an instant classic. Energized with fist-pumping, heavy metal-inspired chorus and riffage, adorned in a stunning (not shitting you) digipack enhanced with over-the-top sinister artwork – not your classic fuckin’ Gustave Doré rip-off -, Lawless Darkness is a monstrous killing machine, ravaging and destroying everything with its melodic yet hyper-violent brand of black metal. As always, do not believe what you can read everywhere on the net – Watain is making it, without faking it. Now fetch all the rats saying otherwise, tie ‘em by their tails, sing Mütiilation’s “Rattenkönig”, and just eat ‘em up. This is my version of our French “La Souris Verte” song.
Lawless Darkness (Season Of Mist, 2010)
01 Death's Cold Dark
02 Malfeitor
03 Reaping Death
04 Four Thrones
05 Wolves Curse
06 Lawless Darkness
07 Total Funeral
08 Hymn to Qayin
09 Kiss of Death
10 Waters of Ain
11 Chains of Death
Le site et le Myspace de Watain.