All Shall Fall, dernier rejeton du puissant Immortal, fait partie de ces albums que l'on ne peut commenter, évaluer, juger à chaud. Trop vite menée, l'entreprise est piégeuse : All Shall Fall est, à première écoute, l'équivalent d'une tonne de glace qui vous dégringole sur la tête. Un blitzkrieg hivernal qui écrabouille consciencieusement, de son rythme ternaire pachydermique, l'auditeur qui n'avait pas demandé autant de glaçons dans son verre. Un 33 tonnes monstrueusement efficace - qui en aurait douté, Abbath touch oblige ? Encaisser un tel iceberg perturbe la réflexion : il fallait, avant de la commenter, que cette glace impactante ait quelque peu fondu. Crier au génie ou à l'ultime réussite serait trop facile : après la tarte, la raison commande de retrouver ses esprits - et donc une objectivité minimale. On devrait interdire de chroniquer un disque dès sa sortie. Fait-on un jogging après un restaurant italien ? Non, on digère d'abord. C'est la même chose avec Immortal, malheureusement pour All Shall Fall.
C'est ainsi : dans la galaxie metal, le vilain petit canard d'antan est certainement aujourd'hui le style le plus aseptisé et « poli » de la famille. Le black metal, celui qui se vend j'entends, est depuis longtemps déjà victime de cet intéressant paradoxe qui prouve, une fois de plus, que tout peut être récupéré. All Shall Fall est un bon album, mais certainement pas le meilleur de la période bleue de ses géniteurs (celle des glaciers et des fjords) : on ne refait pas un At The Heart of Winter. Il est même très inférieur à l'extraordinaire - et je pèse mes mots - Between Two Worlds, de I (qui se paie le luxe d'être plus épique). Et bien qu'All Shall Fall écrase sans coup férir et sans effort sa concurrence historique fatiguée (voir le dernier Satyricon), il est tout sauf « black metal » : policé, propre sur lui et ne portant aucun des stigmates historiques du genre, il n'est pas autre chose qu'un grand album de « super heavy metal », malheureusement victime du syndrome affectant les blockbusters de Nuclear Blast - un certain manque d'âme.
On notera bien sûr de très bons moments (la triste inexorabilité toute bathorienne d'Arctic Swarm, la thrasherie réfrigérée dispensée par Hordes To War, le blizzard hypnotique et sentencieux de Unearthly Kingdom), mais passé le choc initial, effectivement fracassant, on perçoit distinctement le désagréable ronronnement qui traverse l'album - celui du pilote automatique. Frostbitten ? Oui, plus que jamais. Grim ? Non, Immortal ne l'est plus depuis longtemps. Regardez la photo : après tout, Kiss n'a jamais été aussi près. Et l'héritage méphitique et vénéneux de Mayhem, aussi loin. Un bon album donc, ce qui, pour les frères Doom Occulta, est loin d'être suffisant. Je maintiens ma position : l'album black metal anno MMIX, c'est le dernier Arckanum.
Don't get me wrong - I am a big fan of Immortal's past works and I still put At The Heart of Winter in my insulated bag when I go on a picnic : there's no cooler more efficient than this white, cold-blooded monster. But I just can't take it anymore : we're since the mediocre SOND in a typical "same old story" (cold) case. This isn't fresh anymore albeit reasonably good, meaning not enough by any means given the band's ability. And man, I'm so embarassed when looking at these goofy Kiss-like pics. No, really, I feel abbathed.
All Shall Fall (Nuclear Blast, 2009)
01 All Shall Fall
02 The Rise of Darkness
03 Hordes To War
04 Norden On Fire
05 Arctic Swarm
06 Mount North
07 Unearthly Kingdom
Le site et le Myspace d'Immortal.
C'est ainsi : dans la galaxie metal, le vilain petit canard d'antan est certainement aujourd'hui le style le plus aseptisé et « poli » de la famille. Le black metal, celui qui se vend j'entends, est depuis longtemps déjà victime de cet intéressant paradoxe qui prouve, une fois de plus, que tout peut être récupéré. All Shall Fall est un bon album, mais certainement pas le meilleur de la période bleue de ses géniteurs (celle des glaciers et des fjords) : on ne refait pas un At The Heart of Winter. Il est même très inférieur à l'extraordinaire - et je pèse mes mots - Between Two Worlds, de I (qui se paie le luxe d'être plus épique). Et bien qu'All Shall Fall écrase sans coup férir et sans effort sa concurrence historique fatiguée (voir le dernier Satyricon), il est tout sauf « black metal » : policé, propre sur lui et ne portant aucun des stigmates historiques du genre, il n'est pas autre chose qu'un grand album de « super heavy metal », malheureusement victime du syndrome affectant les blockbusters de Nuclear Blast - un certain manque d'âme.
On notera bien sûr de très bons moments (la triste inexorabilité toute bathorienne d'Arctic Swarm, la thrasherie réfrigérée dispensée par Hordes To War, le blizzard hypnotique et sentencieux de Unearthly Kingdom), mais passé le choc initial, effectivement fracassant, on perçoit distinctement le désagréable ronronnement qui traverse l'album - celui du pilote automatique. Frostbitten ? Oui, plus que jamais. Grim ? Non, Immortal ne l'est plus depuis longtemps. Regardez la photo : après tout, Kiss n'a jamais été aussi près. Et l'héritage méphitique et vénéneux de Mayhem, aussi loin. Un bon album donc, ce qui, pour les frères Doom Occulta, est loin d'être suffisant. Je maintiens ma position : l'album black metal anno MMIX, c'est le dernier Arckanum.
Don't get me wrong - I am a big fan of Immortal's past works and I still put At The Heart of Winter in my insulated bag when I go on a picnic : there's no cooler more efficient than this white, cold-blooded monster. But I just can't take it anymore : we're since the mediocre SOND in a typical "same old story" (cold) case. This isn't fresh anymore albeit reasonably good, meaning not enough by any means given the band's ability. And man, I'm so embarassed when looking at these goofy Kiss-like pics. No, really, I feel abbathed.
All Shall Fall (Nuclear Blast, 2009)
01 All Shall Fall
02 The Rise of Darkness
03 Hordes To War
04 Norden On Fire
05 Arctic Swarm
06 Mount North
07 Unearthly Kingdom
Le site et le Myspace d'Immortal.