Quelques mois après sa sortie, il est temps d'opérer un petit retour en arrière afin de réhabiliter cette merveille musicale qu'est Reinkaos, testament de Dissection et lettre d'adieu hargneuse adressée au monde des vivants par un Jon Nödtveidt au paroxysme de sa folie. Assassiné avant même sa parution par une horde de prétendus spécialistes de Dissection, massacré sur l'autel de la bêtise à sa sortie par le lobby internaute des soi-disant puristes incapables de se faire à l'idée que le metal n'avait pas besoin d'un Storm of the Light's Bane II, Reinkaos n'a en réalité jamais eu sa chance, ou plutôt lui a-t-elle été d'emblée refusée. Un second Storm of... ? Allons, allons... Si fabuleux que soit cet album, après tout il n'est lui-même qu'un The Somberlain II ! Reinkaos est différent, restera unique - et pour cause -, mais est clairement plus proche d'un aboutissement personnel que d'une trahison. Et pour couper court à un débat qui n'a pas lieu d'être... c'est du pur Dissection garanti à cent pour cent, à tel point qu'il était inutile de mettre le nom du groupe sur la jaquette !
Dès le premier arpège toujours aussi élégamment ténébreux, dès la première attaque de cordes si caractéristiquement vicieuse, Dissection réaffirme son identité ; il est dès lors évident qu'aucune des notes jouées pendant les ¾ d'heure à venir n'auraient pu être émises par un autre groupe. Évident aussi le fait que Dissection était Jon Nödtveidt et personne d'autre : malgré un line up remanié de fond en comble autour du charismatique leader, l'identité du combo n'a pas muté d'un iota. En revanche, le changement notable concerne le style ! Reinkaos, ce n'est plus du black-death, ce n'est même plus du metal extrême. Non, c'est du heavy metal pur et dur, mais plus noir encore que le cœur d'une pierre d'onyx, plus froid que de l'acier cryogénisé et plus virulent que jamais. Rétrospectivement, la haine crachée par Jon Nödtveidt à l'encontre de la Vie, de la Construction et de la Chair apparaît pour ce qu'elle était vraiment : non feinte et annonciatrice de son suicide, envisagé par le musicien comme point d'orgue de sa carrière artistique.
Ceci étant dit, la musique prime et il est fortement conseillé de se foutre du reste. Le phrasé si particulier (unique) de Nödtveidt participe directement à la qualité de l'ensemble : ses élucubrations venimeuses vouant l'Univers aux gémonies sont éructées via cette voix typée black metal mais si bien articulée que l'on saisit sans peine chaque mot, chaque phrase. Il me semble ici devoir établir un parallèle entre Dissection et Metallica afin de rendre immédiatement compréhensible ce qui a tant choqué : les titres de Reinkaos sont à ceux de Storm of... ce que Enter Sandman est à Battery. Nödtveidt propose ici une musique raffinée et épurée, ni meilleure ni moins bonne, simplement différente et reposant sur un canevas bien plus rock 'n' roll que thrash. La vitesse a ainsi été sacrifiée au bénéfice exclusif de l'efficacité : le puissant mid tempo qui règne majestueusement sur Reinkaos est absolument implacable et convoie sans discontinuer des riffs monstrueusement mélodieux, ne cessant de surprendre l'auditeur à chacune de leurs interventions. Si Dissection a toujours été soucieux de cet aspect de pure musicalité, Reinkaos enfonce sur ce point ses prédécesseurs. Quoi de plus étonnant ? Nödtveidt, surdoué de la guitare et rejeton obscur des Maiden, Priest et autre King Diamond, se montre plus que jamais digne de cette filiation et laisse exploser son sens de la mélodie dans cet ultime travail. Reinkaos est transcendé par cette multitude de lacis enchevêtrés de motifs lead, brodés à l'infini autour de géniales rythmiques heavy metal qui donneraient des complexes à beaucoup.
Un tel talent laisse une impression de malaise quand on connaît la fin : comment en arriver là, comment tout foutre en l'air à ce point alors que l'on est assis sur un tas d'or... Ou plutôt, en l'occurrence, que l'on a de l'or en barre dans les doigts ? Quoi qu'il en soit, Reinkaos doit être instamment réhabilité et il faut faire fi de toutes les énormités lues ici où là et proférées par des no life ayant découvert l'option « commentaires » de Vs Webzine juste après Limp Bizkit. Sans même l'avoir entendu dans son intégralité, il va sans dire. Le troupeau de Panurge est infini... Petit conseil : commencer éventuellement par l'écoute de Dark Mother Divine, hymne posthume évident et représentatif des richesses de Reinkaos avec ses lead sublimes et sa rythmique hetfieldienne en diable. Que ce soit bien clair : non, le dernier Necrophobic (au demeurant plutôt bon) n'est pas l'album qu'aurait dû sortir Dissection (rires). Reinkaos, en sus d'être la seule option artistiquement valide (pourquoi refaire ce qui a déjà été fait ?) et digne de son illustre grand frère, doit être écouté pour ce qui reste la meilleure des bonnes raisons : c'est un putain d'album de metal à des années-lumières de l'actualité. On peut ne pas l'aimer, mais dire qu'il s'agit d'une trahison (un bien grand mot) est ridicule : inutile de se racheter une paire d'oreille, c'est le cerveau qui doit être changé.
Reinkaos never got a chance in the first place : dumbass motherfuckers all over the web destroyed it even before it was released. Man, there’re so many fucktards on this rocky debris roaming this universe… I can’t believe it. Reinkaos’ musical orientation, which makes it the “Black Album” of Dissection, was the right one and there’s no point arguing about that. Whoever the fuckin’ fuck would need another Storm of the Light’s Bane ? There’re enough copycats already doin’ it, don’t ya think ? So what we have here is pure frozen swedish heavy metal, a la Dissection (‘cause it IS Dissection, remember ?), still pissed-off as fuck against whatever you want – well, mainly life, it seems. Sure it ain’t a bullet-speeding record, but what we got here is total metal efficiency, complete with state-of-the-art songwriting and musicianship and rounded by killer melodies reminding of Maiden, Mercyful Fate or Priest. Heavy fuckin’ metal at its finest and darkest, like I love it to be. Do not listen to your friends : I know better (or else you won’t be here instead of trolling on Blabbermouth).
Reinkaos (Black Horizon Music, 2006)
01 Nexion 21802 Beyond the horizon
03 Starlessaeon
04 Black dragon
05 Dark mother divine
06 Xeper-I-set
07 Chaosophia
08 God of forbidden light
09 Reinkaos
10 Internal fire
11 Maha kali
Le site et le Myspace de Dissection.
...et toujours :
R.I.H.
Dès le premier arpège toujours aussi élégamment ténébreux, dès la première attaque de cordes si caractéristiquement vicieuse, Dissection réaffirme son identité ; il est dès lors évident qu'aucune des notes jouées pendant les ¾ d'heure à venir n'auraient pu être émises par un autre groupe. Évident aussi le fait que Dissection était Jon Nödtveidt et personne d'autre : malgré un line up remanié de fond en comble autour du charismatique leader, l'identité du combo n'a pas muté d'un iota. En revanche, le changement notable concerne le style ! Reinkaos, ce n'est plus du black-death, ce n'est même plus du metal extrême. Non, c'est du heavy metal pur et dur, mais plus noir encore que le cœur d'une pierre d'onyx, plus froid que de l'acier cryogénisé et plus virulent que jamais. Rétrospectivement, la haine crachée par Jon Nödtveidt à l'encontre de la Vie, de la Construction et de la Chair apparaît pour ce qu'elle était vraiment : non feinte et annonciatrice de son suicide, envisagé par le musicien comme point d'orgue de sa carrière artistique.
Ceci étant dit, la musique prime et il est fortement conseillé de se foutre du reste. Le phrasé si particulier (unique) de Nödtveidt participe directement à la qualité de l'ensemble : ses élucubrations venimeuses vouant l'Univers aux gémonies sont éructées via cette voix typée black metal mais si bien articulée que l'on saisit sans peine chaque mot, chaque phrase. Il me semble ici devoir établir un parallèle entre Dissection et Metallica afin de rendre immédiatement compréhensible ce qui a tant choqué : les titres de Reinkaos sont à ceux de Storm of... ce que Enter Sandman est à Battery. Nödtveidt propose ici une musique raffinée et épurée, ni meilleure ni moins bonne, simplement différente et reposant sur un canevas bien plus rock 'n' roll que thrash. La vitesse a ainsi été sacrifiée au bénéfice exclusif de l'efficacité : le puissant mid tempo qui règne majestueusement sur Reinkaos est absolument implacable et convoie sans discontinuer des riffs monstrueusement mélodieux, ne cessant de surprendre l'auditeur à chacune de leurs interventions. Si Dissection a toujours été soucieux de cet aspect de pure musicalité, Reinkaos enfonce sur ce point ses prédécesseurs. Quoi de plus étonnant ? Nödtveidt, surdoué de la guitare et rejeton obscur des Maiden, Priest et autre King Diamond, se montre plus que jamais digne de cette filiation et laisse exploser son sens de la mélodie dans cet ultime travail. Reinkaos est transcendé par cette multitude de lacis enchevêtrés de motifs lead, brodés à l'infini autour de géniales rythmiques heavy metal qui donneraient des complexes à beaucoup.
Un tel talent laisse une impression de malaise quand on connaît la fin : comment en arriver là, comment tout foutre en l'air à ce point alors que l'on est assis sur un tas d'or... Ou plutôt, en l'occurrence, que l'on a de l'or en barre dans les doigts ? Quoi qu'il en soit, Reinkaos doit être instamment réhabilité et il faut faire fi de toutes les énormités lues ici où là et proférées par des no life ayant découvert l'option « commentaires » de Vs Webzine juste après Limp Bizkit. Sans même l'avoir entendu dans son intégralité, il va sans dire. Le troupeau de Panurge est infini... Petit conseil : commencer éventuellement par l'écoute de Dark Mother Divine, hymne posthume évident et représentatif des richesses de Reinkaos avec ses lead sublimes et sa rythmique hetfieldienne en diable. Que ce soit bien clair : non, le dernier Necrophobic (au demeurant plutôt bon) n'est pas l'album qu'aurait dû sortir Dissection (rires). Reinkaos, en sus d'être la seule option artistiquement valide (pourquoi refaire ce qui a déjà été fait ?) et digne de son illustre grand frère, doit être écouté pour ce qui reste la meilleure des bonnes raisons : c'est un putain d'album de metal à des années-lumières de l'actualité. On peut ne pas l'aimer, mais dire qu'il s'agit d'une trahison (un bien grand mot) est ridicule : inutile de se racheter une paire d'oreille, c'est le cerveau qui doit être changé.
Reinkaos never got a chance in the first place : dumbass motherfuckers all over the web destroyed it even before it was released. Man, there’re so many fucktards on this rocky debris roaming this universe… I can’t believe it. Reinkaos’ musical orientation, which makes it the “Black Album” of Dissection, was the right one and there’s no point arguing about that. Whoever the fuckin’ fuck would need another Storm of the Light’s Bane ? There’re enough copycats already doin’ it, don’t ya think ? So what we have here is pure frozen swedish heavy metal, a la Dissection (‘cause it IS Dissection, remember ?), still pissed-off as fuck against whatever you want – well, mainly life, it seems. Sure it ain’t a bullet-speeding record, but what we got here is total metal efficiency, complete with state-of-the-art songwriting and musicianship and rounded by killer melodies reminding of Maiden, Mercyful Fate or Priest. Heavy fuckin’ metal at its finest and darkest, like I love it to be. Do not listen to your friends : I know better (or else you won’t be here instead of trolling on Blabbermouth).
Reinkaos (Black Horizon Music, 2006)
01 Nexion 21802 Beyond the horizon
03 Starlessaeon
04 Black dragon
05 Dark mother divine
06 Xeper-I-set
07 Chaosophia
08 God of forbidden light
09 Reinkaos
10 Internal fire
11 Maha kali
Le site et le Myspace de Dissection.
...et toujours :
R.I.H.