mercredi 26 septembre 2007

Sans foi(e) ni loi

WASP, pour votre serviteur, a toujours été au metal californien ce que Joe Dante est à Spielberg. Sa face obscure, son côté moins avouable, sa... mauvaise conscience, en quelque sorte. WASP, c'est un peu un Bon Jovi ou un Kix à qui l'on aurait donné à bouffer après minuit : une saloperie de gremlin (pour ne pas dire un critter - je vous renvoie au clip de Scream Until You Like It) prêt à prendre en levrette tous les gizmos de la terre (par le petit trou).

Mais WASP, toujours pour votre serviteur, c'est aussi et surtout un personnage : Blackie Lawless. Maître-chanteur en chef, ce pétroleur intérimaire chez les NY Dolls acheva de ciseler son style dans Sister et London au côté de Nikki Sixx, avant de former le groupe le plus outrageux et décadent - le Crüe - de son époque. Indien d'origine (encore un, y'a sûrement quelque chose à gratter si l'on voulait faire de la socio de comptoir), géant bagarreur dans son adolescence au point de refaire le portrait d'un instructeur militaire à quinze piges, notre homme est plus complexe qu'il n'y paraît et a su donner toujours plus de corps, de densité, de sens à son groupe au fil de sorties pas toujours géniales, mais au minimum dignes d'intérêt. Mais surtout, surtout, convaincu d'être un entertainer avant tout, Lawless reste emblématique de ce statut très anglo-saxon que le faible rayonnement du metal hexagonal n'aura jamais permis de faire éclore ici... à de rares exceptions près (on sait qu'un Hreidmarr, par exemple, connaît son petit WASP illustré sur le bout des doigts).

Au-delà de la musique, dont on pourrait causer un moment tant WASP était différent (qui d'autre a su se nourrir ainsi de ce feeling NWOBHM, loin des légèretés chiées par Ratt, Poison et autres Cinderella ? Qui d'autre arrivait à injecter dans son art ce côté classic rock emprunté tant aux Kinks, qu'aux Beatles ou qu'aux Who ? Qui d'autre aura su si bien passer en quatre albums des couilles [WASP, 1984] à la cervelle [The Headless Children, 1989] ?...), ce que j'aime par-dessus tout c'est la voix de Lawless. Hurlée ou chantée, éraillée et puant le bourbon autant que gorgée d'émotion, elle possède ce grain unique de mélancolie tragique qui, s'il était là dès le début (Hellion, Sleep In The Fire), sera finalement dompté à partir du génial et cathartique The Crimson Idol, un album indispensable à toute discothèque, metal ou pas, digne de ce nom.

Stakhanoviste, perfectionniste, Lawless a arrêté voilà bien longtemps de se fournir chez Doctor Rockter (connu par d'autres sous les noms de Doctor Feelgood ou Mr. Brownstone) et continue de sortir album sur album. Le dernier n'a qu'un tort, être sorti trop tard pour devenir un classique, mais j'avoue me contenter largement des cinq (six en comptant le Live... In the Raw) premiers. Autrefois assis sur le trône crasseux de la scène glam de L.A., Blackie est aujourd'hui un froid contempteur de son pays, plus du tout poseur mais peut-être un peu donneur de leçon, et dont le discours se situe quelque part entre ceux d'un Jourgensen et d'un Mustaine. Une chose reste certaine : même s'il ne découpe plus des nonnes dénudées et crucifiées (Arkhon, tiens-toi bien), même s'il ne balance plus des quartiers de bidoche à son public (Mayhem, tiens-toi bien), et même s'il ne transforme plus son sexe en scie à métaux (une électrocution l'en a dissuadé il y a bien longtemps !), ce cher Steven Duren reste un véritable Rebel in the F.D.G.... et plus qu'un de nos pairs, un de nos pères.

En bonus, l'ahurissante interview du mean man Chris Holmes, devant la camera de Penelope Spheeris (et devant sa mère atterrée) pour le film culte The Decline of Western Civilization Pt. II

WASP was to Cali glam metal what Joe Dante is to Spielberg – a fuckin’ critter always ready to tear everything apart. Dictator-in-chief Blackie Lawless is a bigger than life character – the boy cut his teeth with a short run in NY Dolls and a stint in London, a great, time-forgotten L.A. act serving as a springboard for future hellions such as Nikki Sixx, Lizzie Grey or, fuck me, mighty Izzy Stradlin. You don’t know London ? Well, get that hard rock maverick that is Non Stop Rock. But let’s get back to Blackie ! As a true American entertainer, our part-Native American giant took WASP to the stars and beyond, armed and dangerous with a handful of killer songs (and as much quarters of meat and shocking pictures). It should be noticed that WASP was a total, full-on heavy metal band whereas its contemporaries were often leaning on the more commercial side of it all. Hear Blackie’s gritty, fateful voice screaming his guts out and join him in the Fuckin’ Decadent Generation !

Le site et le Myspace de WASP.

...et toujours :
With your bitch slap rappin' and your cocaine tongue / You get nuthin' done